Rencontre avec Jacques Calonne à la librairie Tropismes (Bruxelles), le 2 avril 2015.
Une soirée inoubliable
Qui plus que Balthus ou Rainer Maria Rilke, indirectement, n’eut pensé , si d’aventure ils l’eurent connu , que Mitsou et ses neuf vies avait connu la renaissance et reconnaissance, ce jeudi soir, en la personne de Jacques Calonne, qui en améliorait la performance de ses 15 vies en une ?
Et qui ne pouvait mieux évoquer cette extraordinaire personnalité, que notre cher intendant des menus plaisirs, son ami de toujours, Frédéric Baal.
Car c’est lui, c’est ce dernier qui allait nous conter, en pages éblouissantes, les non moins éblouissantes performances de ce vieux Mitsou, comme ce chat que nous connaissons tous, nonchalamment étendu sur la cuisante brûlure du radiateur, qui en ce jeudi soir, l’œil tantôt mi clos, tantôt perçant, venu de l’Abyssinie mystérieuse, nous considérait, la soixantaine de spectateurs, comme s’il eût été pas peu fier de son dernier coup pendable qu’il appelait mes « Noctuelles ».
Et moi qui venait de le retrouver après tant d’années, je ne pouvais que me remémorer ces deux vers de Baudelaire (dans son poème « Les Chats »), auquel Baudelaire, géographiquement, notre Jacques succéda en l’hôtel du Grand Miroir.
« Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin »
Mais le chat qui félin, fait l’autre, au détour de notre pourtant grande attention, entre une bombe savamment préparée et l’orbe orchestrale, hors toute conception astronomique, soudain sort d’une fausse torpeur , émet ses phéromones transmises telles des perceptions extra sensorielles diffuses, engendrant un étonnant tropisme dans un sourire lumineux et énigmatique.
Une extravagante métalepse met nos sens cul par-dessus tête où qui trope embrasse mal éreinte et le vieux chat de retourner, satisfait de son dernier tour de malice, dans sa petite boutique paisible des souvenirs qui conquièrent enfin l’éternité.
Merci à toi Jacques.
Cristian Ronsmans