samedi 29 mars 2014

Exister en ton sein, Océan





   Partir au matin
pieds nus sur le sable fin
ailes déployées / courir /
à mes côtés folâtre et gambade / truffe en alerte
Nouka ma fidèle au pelage noir et luisant
   Scruter l'immensité bleue déclinée
en mille gammes aux lumières parfumées
d'écume piquetée / venant lécher
la coque des voiliers
Ecran géant à peine né de la brume
   Rêver - parfois pleurer -
      l'émotion est si forte
t'apercevoir ce dernier été /   Toi
amoureux des mers des plages des marées
enfant exilé déraciné
étoile scintillante au plus haut du firmament


   Emplir mes poumons
gonfler mon coeur de tes saveurs /  Océan
   toujours recommencé
langue gourmande sur mes lèvres
de sel imprégnées
   M'asseoir un instant
caresser le sable / contempler / chaque grain
entre mes doigts écoulé
murmurer ton prénom
   M'élancer dans la fraîcheur des flots
hélée par vos voix mêlées
             me laisser dériver
   Quitter le rivage m'éloigner -   Puis
lancer au ciel des mots presque des cris
gorgés d'embruns et de sel


   Frémir sous les baisers par les ondes déposés
sur chaque fibre de ma peau assoiffée
  - m'abandonner -    nager loin si loin
            par l'Océan emportée
sous les nuées de goélands moqueurs
qui tournent alentour étouffant mes émois et mes cris d'amour
toujours plus loin      - me perdre -
me laisser bercer caresser par les vagues apaisées
audacieuses sensuelles
comme tes doigts découvrant mon corps


   Plisser les yeux / éblouis par le soleil qui décline et
sombre en ton sein    - mer bien-aimée -
J'ai vu sur les ondes des gerbes d'étoiles phosphorescentes
j'ai vu le rose le mauve l'orange de tes flammes
              les nappes de sang répandues
déposés par le pinceau magicien de Merlin
la palette divine de quelque korrigan
ou de l'Artiste caché
en l'Univers

©  F.R

crédit photo fruban

vendredi 28 mars 2014

Un dernier souvenir ( Fabrice L. )




Ne pas faire ses valises
Et pourtant dire adieu
Sur un port arrimé
Regarder vers le large
...Et entendre ta voix
A l’écoute du vent

Sur un embarcadère
Au milieu des filets
Ouvrir enfin les yeux
Vers une destinée
Attendre la marée
Aux cris des goélands
Et que dans mes cheveux
Se révèle le vent

Quitter sa terre, déraciné
Laisser tomber le passé
Je n’avais rien demandé
Enfant du monde exilé.

Relever les amarres
Pour mettre enfin les voiles
Affronter les embruns
Sous le ciel grisé
Vers l’horizon bleuté
S’enivrer de ces rires
Et ne plus croire en moi
Que quelques fois

Quitter sa terre, déraciné
Laisser tomber le passé
Je n’avais rien demandé
Enfant du monde exilé.

Oublier les amers
Sous un soleil mouillé
Sur des vagues brisées
Dessiner par l’écume
Au-delà des nuages
Sur une autre jetée
Pouvoir apercevoir
La lumière espérée.

Quitter sa terre, déraciné
Laisser tomber le passé
Je n’avais rien demandé
Enfant du monde exilé.

     ©   Fabrice L.

Tous droits réservés
Protégé par copyright

in recueil "L'Âme des marées" paru en octobre 2014 (éd épingle à nourrice)

crédit photo F.R

mercredi 26 mars 2014

Vivre... ton héritage



De ses parents on hérite qualités ou défauts
Certaines valeurs parfois
Mon coeur me dit
Que j'hérite de toi
Mon fils
Depuis qu'un janvier glacé t'a emmené loin
              là-bas... là-haut
             Où... je ne sais pas
             Au sein d'une Etoile


Nos passions se ressemblaient
Nos impulsions se heurtaient
Nos mots s'échangeaient
Au profond de la nuit
devant la cheminée aux flammes incandescentes
qui réchauffaient les longues soirées d'hiver
Au coeur de l'été flamboyant
nous étions réunis autour de l'immense table
dans le jardin parfumé
   Senteurs de basilic de romarin de chèvrefeuille
     parsemés
            ici
              et là


Le gouffre de l' Eternité t'a happé
Et ton départ
brusquement
a tout cassé
tout brisé
éparpillé
    A jamais


J'ai noirci des pages et des pages
J'ai rassemblé tes photos tes écrits mais
Tout
était
figé...
Froid
Dénué de sens
Choc
Stupeur
Colère


Et puis un matin de brume pâle
C'était en septembre
Le piano est apparu
Psaume ou Sonate montaient
Vers toi
Me venaient de toi
De Toi
Mon fils
Mon fils...musicien poète philosophe
Amoureux de la Vie de la Beauté
Toi dont la route fut quête inassouvie
Perpétuelle
Vers ce Graal aux visages flous
indéfinis multiples exigeants et
   Toujours
   Passionnés
Vers ce Rivage
  inaccessible
       que tu entrevis
Terre Sainte
Ô Jérusalem...


Je le sais
En mon âme tu vivais
En mon coeur tu chantais
En ma vie tu mêlais tes pas
Car l' Amour
jamais
ne meurt
Tout devenait signe
Ton sang nourri de passions
Parfois folles impétueuses et brûlantes
S'est soudain mêlé au sang glacé de mes veines
Mince filet de sève
Très vite torrent
    effréné
       fougueux
L'enfant nourrissait sa propre mère


Je t'entends
dans les notes égrenées maladroites
Je t' 'entends
dans ces mots déposés ici
sur les mystères d'un écran vierge


Je t' entends
quand rugit
puis me caresse tendrement doucement
l'Océan
  cet Infini
  Où
  Tu
  Vis

© F.R
le 3 juin 2012

in recueil à paraître en septembre 2014

Tous droits réservés
Protégé par copyright

crédit photo F.R

mardi 25 mars 2014

Mani ( poème de Fabrice et texte de Martine C.)

Au jardin de Mani

Ce soir ce billet est une douce reconnaissance
à un auteur peu connu, c’est un peu comme un frère.
Il se prénomme Fabrice, il n’habite plus la vie d’ici mais j’écris
« se prénomme » car notre vie l’abrite toujours.
Sans cesse en quête spirituelle, il écrit ce texte qui rend grâce à Mani,
fondateur d’une religion antique et penseur engagé.
Je sais que Fabrice est au Jardin des Poètes en train de parler avec lui,
je sais aussi qu’il est une part manquante à ses plus proches.
Il me vint cet écho pour toutes les mères à qui le désordre de la vie retire
leurs enfants, qu’elles leur aient donné le jour, ou non.

Martine C

                                                   *****


Mani

Enfant du pays de Babel
Fils de Patig, enfant de celle
Aux bras de qui t’ont arraché
Ces fous de Dieu, de vérité
Peintre boiteux des palmeraies
Du roi des rois le conseiller
Tu sus convaincre une Zénobée
Et devenir le messager
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait ?
Toi le médecin, le messager
On dit de toi que tu étais
De Jésus l'un des apôtres
Un disciple de Zoroastre
Bouddha d’un pays lumière
Comme les fleuves vont à la mer
Mille sagesses passeront par toi
Pour n'être plus qu'une seule voix
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait
Pèlerin sans but tu cheminais
Mais il fallu pourtant rentrer
Faire tes adieux, les préparer
A préserver la vérité
Dernier voyage à Beth-Lapat
Ultime étape, dernier combat
Ceux qui t'envient d'être l'élu
Lâcheront leurs chiens en pleine rue
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait

Fabrice, auteur.
(Texte protégé de la copie)

Comme un écho, la mer
Incomparables ces moments doux passés avec toi
Que ma chair ne passe pas
Comparables
A l’incandescence à deux doigts
D’attiser le bûcher où l’on jeta
La pureté vive hors de toi
Tu as comparu devant la chienne loi
Blême tu as pâli encore
A la vue des failles obscures
Où tu devais te faire ouvrière de toi-même
Jetant la chaux vive sur tes pleurs
La musique d’un piano parfois rédempteur
La fierté de l’Art d’habiter en ce coeur
Le digne don de ce regard ce pont
Le pont entre les continents et l’océan que traversera
La lame de fond l’horizon
De soi trop longuement
Mis à l’écart de l’écrin du temps
Sur l’arche solide et ivre
Tu es l’otage involontaire d’un monde à part
Où tu attends que l’apaisement ne s’évanouisse pas
« Tu apparais dans la brume de mes pas
Plus clair que l’aube où tu es né
Hors de ma portée Tu
Et j’oscille entièrement entre ta paix et mon manque »
Les rêves pourtant les plus simples n’appartiennent pas à la réalité
Alors « Pèlerin sans but tu cheminais »
Jusqu’à l’enfant qui ce soir pleure un point de côté sur la droite infinie
S’étirant jusqu’à tes cheveux en chagrin d’argent
Tu marches sur les loasées de ton sang sensuel
Où repose le ventre amputé de ta féminité
Tu soupires entre les filaments de tes cils
le vent qui ploie ton regard
vers la tombe de ceux qui aiment librement
Elle marche dans des traces de pas abondants de vide
Désire le chant du fils sans y croire marche encore vers
L’écume d’un coucher qui vient s’étouffer dans l’onde
La mère la mer pénètre la terre où la tombe est là pour rien
Au monde elle est leur flanc
A flanc de terre de mère ce flanc broyé par l’inadvertance de la vie
Parfaite la mer ne flanche pas
Défie le blanc de la perfection
Défie la hanche qui l’a vu naître
Défie le creux du ventre soustrait
Au féminin pluriel
Ecarte le rideau de la nuit apprend avant d’ ivre-vivre
Les vagues allantes venantes qui savent
Ce qu’il faut taire et prier
Pour être encore Être sous la protection d’une patience mutine
Vaine patience qui sait faire sans te brusquer elle te prend
Elle inonde sa paix dans ta gorge hurlante
Elle fait sa louve se lovant sous ton pouls
Là où il n’y a plus d’instants
Les rêves pourtant les plus simples n’appartiennent pas au monde réel
Alors -moi particule de Voca me je chante
Je suis ton silence intérieur après ta pluie
Je berce ton ventre commotionné
Je te retrouve au comble d’un nous sans t’avoir connue
Je ne peux rien en cet automne morne que d’attendre
A ton flanc que s’enflamme l’ange
Sorte de moine à part liant
Dieu et dieu comme Mani
Qu’il joigne femme et enfant
Entre faille et puits
L’ange fleurissant « Ton jardin de lumière… »
Lui seul veille sur l’épanouissement de ta pluie
Martine C


Photos : F.R., l'océan de Fabrice.
Note : dans « Les jardins de lumière », Amin Maalouf raconte la vie de Mani, qui a écrit :
« Aux commencements de l’univers, deux mondes existaient, séparés l’un de l’autre : le monde de la
Lumière et celui des Ténèbres. Dans les Jardins de Lumière étaient toutes les choses désirables, dans les
ténèbres résidait le désir, un désir puissant, impérieux, rugissant. Et soudain, à la frontière des deux mondes,
un choc se produisit, le plus violent et le plus terrifiant que l’univers ait connu. Les particules de Lumière se
sont alors mêlées aux Ténèbres, de mille façons différentes, et c’est ainsi que sont apparus toutes les
créatures, les corps célestes et les eaux, et la nature et l’homme…En tout être comme en toute chose se
côtoient et s’imbriquent Lumière et Ténèbres. Dans une datte que vous croquez, la chair nourrit votre corps,
mais le goût suave et le parfum et la couleur nourrissent votre esprit. La Lumière qui est en vous se nourrit
de beauté et de connaissance, songez à la nourrir sans arrêt, ne vous contentez pas de gaver le corps. Vos
sens sont conçus pour recueillir la beauté, pour la toucher, la respirer, la goûter, l’écouter, la contempler.
Oui, frères, vos cinq sens sont distillateurs de Lumière. Offrez-leur parfums, musiques, couleurs. Epargnezleur
la puanteur, les cris rauques et la salissure. »
Source :
http://latrace.wordpress.com/2011/03/03/les-jardins-de-lumiere-damin-maaloufhttp://latrace.wordpress.com/2011/03/03/les-jardins-de-lumiere-damin-maalouf

Mani ( Fabrice L. )




Mani
Enfant du pays de Babel
Fils de Patig, enfant de celle
Aux bras de qui t’ont arraché
Ces fous de Dieu, de vérité
Peintre boiteux des palmeraies
Du roi des rois le conseiller
Tu sus convaincre une Zénobée
Et devenir le messager
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait ?
Toi le médecin, le messager
On dit de toi que tu étais
De Jésus l'un des apôtres
Un disciple de Zoroastre
Bouddha d’un pays lumière
Comme les fleuves vont à la mer
Mille sagesses passeront par toi
Pour n'être plus qu'une seule voix
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait
Pèlerin sans but tu cheminais
Mais il fallu pourtant rentrer
Faire tes adieux, les préparer
A préserver la vérité
Dernier voyage à Beth-Lapat
Ultime étape, dernier combat
Ceux qui t'envient d'être l'élu
Lâcheront leurs chiens en pleine rue
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait

Fabrice L.

©Tous droits réservés
protégé par copyright

Ton océan Fabrice
crédit photo F.R



Mani *

Mani **



lundi 24 mars 2014

J'explique certaines choses (Pablo Neruda)


Vous allez demander: Où sont donc les lilas ?
Et la métaphysique couverte de coquelicots ?
Et la pluie qui frappait si souvent
vos paroles les remplissant
de brèches et d'oiseaux?
Je vais vous raconter ce qui m’arrive.
Je vivais dans un quartier
de Madrid, avec des cloches,
avec des horloges, avec des arbres.
De ce quartier on apercevait le visage sec de la Castille ainsi qu'un océan de cuir.
Ma maison était appelée
la maison des fleurs, parce que des tous côtés
éclataient les géraniums : c'était
une belle maison
avec, des chiens et des enfants.
Raoul, te souviens-tu ?
Te souviens-tu, Rafael ?
Federico, te souviens-tu
sous la terre,
te souviens-tu de ma maison et des balcons où
la lumière de juin noyait des fleurs sur ta bouche ?
Frère, frère !
Tout
n'était que cris, sel de marchandises,
agglomérations de pain palpitant,
marchés de mon quartier d'Arguelles avec sa statue
comme un encrier pâle parmi les merluches :
l'huile arrivait aux cuillères,
un profond battement
de pieds et de mains emplissait les rues,
métros, litres, essence
profonde de la vie,
poissons entassés,
contexture de toits cernés d'un soleil froid dans lequel
la flèche se fatigue,
délirant ivoire des fines pommes de terre,
tomates recommencées jusqu'à la mer.
Et un matin tout était en feu
et un matin les bûchers
sortaient de terre
dévorant les êtres vivants,
et dès lors ce fut le feu,
ce fut la poudre,
et ce fut le sang.
Des bandits avec des avions, avec des maures,
des bandits avec des bagues et des duchesses,
des bandits avec des moines noirs pour bénir
tombaient du ciel pour tuer des enfants,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement, comme du sang d'enfants.
Chacals que le chacal repousserait,
pierres que le dur chardon mordrait en crachant,
vipères que les vipères détesteraient!
Face à vous j'ai vu le sang
de l'Espagne se lever
pour vous noyer dans une seule vague
d'orgueil et de couteaux!
Généraux
de trahison :
regardez ma maison morte,
regardez l'Espagne brisée :
mais de chaque maison morte surgit un métal ardent
au lieu de fleurs,
mais de chaque brèche d'Espagne
surgit l'Espagne,
mais de chaque enfant mort surgit un fusil avec des yeux,
mais de chaque crime naissent des balles
qui trouveront un jour l'endroit
de votre coeur.
Vous allez demander pourquoi votre poésie
ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles,
des grands volcans de votre pays natal ?
Venez voir le sang dans les rues,
venez voir
le sang dans les rues,
venez voir le sang
dans les rues !


Pablo Neruda

Résidence sur la Terre, Editions Gallimard , 1969, traduction de Guy Suares, revue par Mélina Cariz




Version originale




Preguntaréis: Y dónde están las lilas?
Y la metafísica cubierta dé amapolas?
Y la lluvia que a menudo golpeaba
sus palabras llenándolas
de agujeros y pájaros?
Os voy a contar todo lo que me pasa.
Yo vivía en un barrio
de Madrid, con campanas,
con relojes, con árboles.
Desde allí se veía
el rostro seco de Castilla
como un océano de cuero.
Mi casa era llamada
la casa de las flores, porque por todas partes
estallaban geranios: era
una bella casa
con perros y chiquillos.
Raúl, te acuerdas?
Te acuerdas, Rafael?
Federico, te acuerdas
debajo de la tierra,
te acuerdas de mi casa con balcones en donde
la luz de junio ahogaba flores en tu boca?
Hermano, hermano!
Todo
eran grandes voces, sal de mercaderías,
aglomeraciones de pan palpitante,
mercados de mi barrio de Arguelles con su estatua
como un tintero pálido entre las merluzas:
el aceite llegaba a las cucharas,
un profundo latido
de pies y manos llenaba las calles,
metros, litros, esencia
aguda de la vida,
pescados hacinados,
contextura de techos con sol frío en el cual
la flecha se fatiga,
delirante marfil fino de las patatas,
tomates repetidos hasta el mar.
Y una mañana todo estaba ardiendo
y una mañana las hogueras
salían de la tierra
devorando seres,
y desde entonces fuego,
pólvora desde entonces,
y desde entonces sangre.
Bandidos con aviones y con moros,
bandidos con sortijas y duquesas,
bandidos con frailes negros bendiciendo
venían por el cielo a matar niños,
y por las calles la sangre de los niños
corría simplemente, como sangre de niños.
Chacales que el chacal rechazaría,
piedras que el cardo seco mordería escupiendo,
víboras que las víboras odiaran!
Frente a vosotros he visto la sangre
de España levantarse
para ahogaros en una sola ola
de orgullo y de cuchillos!
Generales
traidores:
mirad mi casa muerta,
mirad España rota:
pero de cada casa muerta sale metal ardiendo
en vez de flores,
pero de cada hueco de España
sale España,
pero de cada niño muerto sale un fusil con ojos,
pero de cada crimen nacen balas
que os hallarán un día el sitio
del corazón.
Preguntaréis por qué su poesía
no nos habla del sueño, de las hojas,
de los grandes volcanes de su país natal?
Venid a ver la sangre por las calles
venid a ver
la sangré por las calles,
venid a ver la sangre
por las calles!











dimanche 23 mars 2014

Credo ( Leon Felipe)

http://www.poemas-del-alma.com/leon-felipe-credo.htm

CREDO




Aquí estoy...
En este mundo todavía... Viejo y cansado... Esperando
a que me llamen...
Muchas veces he querido escaparme por la puerta maldita
y condenada
y siempre un ángel invisible me ha tocado en el hombro
y me ha dicho severo:
No, no es la hora todavía... hay que esperar...
Y aquí estoy esperando...
con el mismo traje viejo de ayer,
haciendo recuentos y memoria,
haciendo examen de conciencia,
escudriñando agudamente mi vida...
¡Qué desastre!... ¡Ni un talento!... Todo lo perdí.
Sólo mis ojos saben aún llorar. Esto es lo que me queda...
Y mi esperanza se levanta para decir acongojada:
Otra vez lo haré mejor, Señor,
porque... ¿no es cierto que volvemos a nacer?
¿No es cierto que de alguna manera volvemos a nacer?
Creo que Dios nos da siempre otra vida,
otras vidas nuevas,
otros cuerpos con otras herramientas,
con otros instrumentos... Otras cajas sonoras
donde el alma inmortal y viajera se mueva mejor
para ir corrigiendo lentamente,
muy lentamente, a través de los siglos,
nuestros viejos pecados,
nuestros tercos pecados...
para ir eliminando poco a poco
el veneno original de nuestra sangre
que viene de muy lejos.
Corre el tiempo y lo derrumba todo, lo transforma todo.
Sin embargo pasan los siglos y el alma está, en otro sitio...
¡pero está!
Creo que tenemos muchas vidas,
que todas son purgatorios sucesivos,
y que esos purgatorios sucesivos, todos juntos,
constituyen el infierno, el infierno purificador,
al final del cual está la Luz, el Gran Dios, esperándonos.
Ni el infierno... ni el fuego y el dolor son eternos.
Sólo la Luz brilla sin tregua,
diamantina,
infinita,
misericordiosa,
perdurable por los siglos de los siglos...
Ahí está siempre con sus divinos atributos.
Sólo mis ojos hoy son incapaces de verla...
estos pobres ojos que no saben aún más que llorar.