http://www.wsws.org/fr/articles/2014/aou2014/bare-a01.shtml
Par Fred Mazelis
1 août 2014
Au
milieu de l’hystérie chauviniste attisée en Israël et les mensonges et
la propagande soutenant l’Etat sioniste diffusée par les médias, une
voix éminente s’est élevée avec courage s’opposant à la dernière attaque
contre Gaza, qui déjà coûté la vie à plus de mille Palestiniens, y
compris des centaines de femmes et d’enfants.
Daniel Barenboim
Daniel
Barenboim, le chef d’orchestre et pianiste israélien mondialement
connu, qui s’est opposé depuis de nombreuses années à l’occupation de la
Cisjordanie et de Gaza, a émis une déclaration
brève mais venant du fond du cœur, « Tant les Israéliens que les Palestiniens sont les perdants de ce conflit », qui a été publiée dans le journal britannique
Guardian.
La
toute première phrase de la déclaration de Barenboim a une connotation
inhabituelle et cruciale : « J’écris ces paroles en tant que détenteur
de deux passeports – un israélien et un palestinien. »
Le
musicien juif, qui est né en Argentine et est arrivé en Israël avec sa
famille quand il avait dix ans, défie les sionistes droitiers, en fait
l’entier
establishment sioniste, en osant parler en tant que
Palestinien et en tant qu’Israélien. Il parle de la « profonde
compassion pour la peur dans laquelle vivent mes compatriotes israéliens
aujourd’hui », mais il ajoute: « j’éprouve une profonde compassion pour
la détresse de mes compatriotes Palestiniens à Gaza, qui vivent dans la
terreur et pleurent chaque jour des pertes si accablantes. »
«
Il n’y a pas de solution militaire », écrit Barenboim, s’opposant aux
attaques meurtrières entreprises régulièrement par les militaires
israéliens contre Gaza ces dernières années.
Barenboim reflète
l’opinion de nombreux Israéliens dont la voix est noyée dans la campagne
visant à mobiliser l’opinion publique derrière l’invasion la plus
récente. Des milliers ont protesté, et beaucoup plus encore ont commencé
à voir que la militarisation de la société israélienne est une impasse,
de même que le fait d’attiser délibérément la sorte d’arriération
sociale qui a récemment mené au meurtre par vengeance d’un jeune
Palestinien.
A un moment où des éléments fascistes font de la
mobilisation, en Israël, avec le slogan « mort aux Arabes », la
sympathie de Barenboim pour les Israéliens et Palestiniens ordinaires en
fait, pour ces forces réactionnaires, une cible de haine et même de
menaces de violence.
C’est précisément parce que Barenboim
exprime la pensée de beaucoup de Juifs en Israël et dans le monde entier
que les deux journaux les plus importants de l’
establishment aux commandes en Amérique, le
New York Times et le
Washington Post, ont complètement ignoré sa prise de position. Le
Times
consacre au contraire dans son édition du 27 juillet presque une page
entière à un reportage sur la popularité du premier ministre israélien
Netanyahou et la prétendue unanimité de l’opinion publique israélienne
en faveur de la guerre.
Le
Times fait référence à la «
teinte antisémite des manifestations pro-palestiniennes dans le monde ».
Cette diffamation révoltante vise les millions de gens qui s’opposent à
l’oppression du peuple palestinien et appellent, comme Barenboim, à
l’unité des Israéliens et des Arabes. Le
Times ne fournit pas
de preuve pour son mensonge, prenant apparemment pour acquis que ses
lecteurs vont simplement accepter que des protestations impliquant des
gens d’origine moyen-orientale sont équivalentes à de l’antisémitisme.
Dans
le cas de l’Ukraine, il vaut la peine de souligner que les éléments
vraiment fascistes et antisémites qui furent à la tête du putsch de
février dernier et maintenant des attaques contre les séparatistes
pro-russes, sont ignorés par ces même médias qui soutiennent le
sionisme.
Barenboim est un humaniste sincère, dans la tradition
de feu le violoniste et chef d’orchestre Yehudi Menuhin et d’Albert
Einstein. Il est connu en particulier pour son travail avec l’
Orchestre du Divan occidental-oriental (West-Eastern Divan Orchestra,
article en anglais) fondé il y a quinze ans par lui-même et feu son ami
intime Edward Said, le savant palestino-américain. Cet orchestre, qui
réunit de jeunes musiciens arabes et juifs, a donné des concerts partout
dans le monde, avec un succès toujours croissant.
La prise de
position franche et courageuse de Barenboim contre la guerre et
l’oppression du people palestinien mérite le plein soutien de tous les
travailleurs et socialistes partout dans le monde.
(Article original paru le 29 juillet 2014)