dimanche 25 mars 2018

L'été en plein coeur, in Chorégraphie de cendres, par Martine Cros


Mon amie Martine Cros a choisi ce poème de mon dernier recueil qui a guidé ses pinceaux vers ce superbe tableau. Et lui a inspiré un très beau poème.
Tous deux publiés sur ses blogs.
C'est pour moi un cadeau inestimable dont je la remercie encore ici. FR




Martine Cros, "Abel et son Agneau" - détail -, tableau en cours, acrylique sur toile, 50x61, 22.03.18.






L'été en plein coeur











Juillet flocons de paille voltigeurs

arômes de fruits mûrs

soufflés en bourrasques __ Eau

ruisselante torrentielle crachée par le ciel

larmes chaudes d'une terre meurtrie - S'entretuent

Abel et Caïn bras armé glaive vengeur





Juillet s'en est allé emportant mon coeur





Hier encore tu croyais tu rêvais __ folle tu étais ! --

tu respirais... de langueurs t'enivrais

Ô interminables nuits Ô voyages

- des lagons turquoise à l'Océan

ressacs d'écume blanche fracassant les rochers

guérissant ton âme chahutée écervelée

flux et reflux terre de sel - presque une île -

un refuge un élan un départ __ Voyage voyage...









Août en sa maturité tant espérée

tes ailes a brûlées __ Ce fut chant du cygne

tu le voudrais Phénix - mais

les cendres éparpillées à jamais restent froides

Et tourne tourne en ton esprit égaré

d'un train fantôme grincements grondements





__ Dis-moi Âme mon amie ma mie sommes-nous

si loin encore de l'inaccessible rivage __ Il s'éloigne

s'éloigne...





Tu griffes la voûte étoilée où roulent

nuages blancs nuages gris __ Perverse la lune

joue à cache-cache inonde ton coeur

émotions noires encore plus noires __ Et pourtant

quelle beauté démoniaque en cette traversée - immobile

t'entraîne la Voie lactée __ Jusqu'où ?

Tu crains que demain tout ne s'arrête





Août... le pilote a quitté le train

rideaux noirs sur les vitres tirés __ Tunnel __ où

ténèbres d'enfer t'engouffrent

- Tu te souviens Graham Greene

"The tunnel is long and dark,

but the end is bright ang light" __ Mais

où la Lumière espérée ?

Vite vite siffle le vent ! __ Mais tu l'aperçois

qui s'éloigne s'éloigne par d'autres alizés emporté

voile rouge sur les flots noirs















Françoise Ruban, extrait de Chorégraphie de Cendres, poésie,

éditions épingle à nourrice, avril 2017, pages 25-26.





"Il y a dans ce recueil l'évidence de l'offrande.
L'offrande c'est le sacrifice au sens étymologique du terme : "Sacrum facere". Faire du Sacré.
Il faut mourir à soi, aux préjugés et à la mort de l'autre pour, étant passé par sa propre mort, renaître enfin".

Extrait de la préface, par Cristian Ronsmans, page 7.


Blog de MC, Aller aux essentiels


http://allerauxessentiels.over-blog.com/2018/02/choregraphie-de-cendres- francoise-ruban.html

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23 mars 2018

NE SACRIFIE




Ne sacrifie qui veut

Seule la Promesse a ce pouvoir





Le Sacrifice est aimé par celui,

Et seulement lui, qui va rejoindre

Ce qui est promis





Ne promet qui veut

Seul

Le Juste

Sait

Que sa promesse

Est nue l’espérance blanche

Elle demande la main de la réalité

Nul besoin de javelot

Pour le Juste

Il sait d’amour mourir

Avant d’être traversé







Ils s’aiment car ils sont du même

Sacrifice.









(à Satine)

MC, 22.03.18, Ne sacrifie,

Sur le blog de MC, Bleu mouvant de la nuit




https://bleumouvantdelanuit.com/2018/03/23/ne-sacrifie/


2 commentaires:

  1. Un très beau recueil, chère Satine, que je garde à mon chevet de grande mélancolique, et d'amie tout simplement, où s'épousent chagrins et joies de vivre, comme en la Vie, comme en Nerval, à qui j'ai pensé, te lisant : "les mystères du monde se révélaient à [nous]." A travers l'écriture, les mystères de nous se révèlent peu à peu, comme dit Barthes : "intégrer mon chagrin à une écriture" (Journal de deuil), et permettre par là qu'un autre être, lisant, fasse de même.... Et simplement, prendre de la joie à te lire, imaginer l'or des flocons de paille, l'été, dansant des dumki dans la brise, les "Nocturnes à bras croisés" veillant sur nos pas sur nos peurs, nos espérances.... Merci! Martine.

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    1. Ma douce amie mélancolique, ma poète-peintre, quels jolis mots tu poses sur mon petit recueil, cette Chorégraphie de cendres écrite dans des moments d'émotions vives, joyeuses ou colère ou tristesse... tout ce qui fait notre Vie ici bas.
      Il m'est précieux que tu le gardes près de toi.
      Je t'embrasse tendrement. Merci Tinou !

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