samedi 1 mars 2014

Ballade ou Credo, de Françoise Ruban



Ballade ou Credo

 

© photo fruban



 

Mots offerts
nectar emperlé de cristal
butineuses abeilles d' émotions fleuries
aux couleurs fragiles des arcs-en-ciel
Mots reflets de notre vie
délicates arabesques ou noires esquisses
irisant ou diabolisant le miel
déposé par la plume de nos doigts
sur une page à la blancheur immatérielle

Mots précieux écrin
soyeux et mystérieux secret
des nuits de pleine lune
des nuits de solitude enténébrée
Mon âme puise les caresses
se nourrit de ces offrandes
Saveur d'amour
Douceur d'amande

Paroles échangées
mélodiques cantiques
nés de lèvres que seule reçoit
l' oreille d'or de mon coeur
Fulgurance de l'instant suspendu
Souffle court  gorge serrée
lèvres assoiffées
Paroles volatiles éphémères
enfuies déjà
-Que te restera-t-il
de la sonate ou du concerto...

Mots gravés
miel de ma ruche
enrubannés de papillons couleurs de l'âme
Paroles cigales
qu'emporte le vent du large
Paroles ô tendre cantique
Demain
Où êtes-vous
Où les pianissimo où les crescendo
où l'émoi de la Voix aimée...

Paroles brûlante lave
évanescente
bûcher ardent
rameaux de givre
Paroles cordon ombilical
et fil d'Ariane
bouteilles perdues en Mer
balbutiement de l'Amour naissant
oraison pour la mort des amants

Toutes ces Paroles captives retenues
libérées     __    enfin !
Murmures chuchotés
Cris           __   Liberté !
Alarmes  des larmes
Sanglots

       Ballade des mots
      Cantique de l'émoi
      Cordes de ta voix
      Caresses de mes doigts


F.R
le 10 août 2012
© Tous droits réservés
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in, L'Âme des marées (2014)
éd épingle à nourrice (ene)


Sonnet XVII ( Pablo Neruda , La Centaine d'amour )


Sonnet XVII

Je ne t'aime pas comme rose de sel, ni topaze
Ni comme flèche d’oeillets propageant le feu:
Je t’aime comme l’on aime certaines choses obscures,
De façon secrète, entre l’ombre et l’âme.

Je t’aime comme la plante qui ne fleurit pas
Et porte en soi, cachée, la lumière de ces fleurs,
Et grâce à ton amour dans mon corps vit l’arôme
Obscur et concentré montant de la terre.

Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où,
Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil:
Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement,

Si ce n’est de cette façon sans être ni toi ni moi,
Aussi près que ta main sur ma poitrine est la mienne,
Aussi près que tes yeux se ferment sur mon rêve.

Pablo Neruda
La Centaine d'amour








vendredi 28 février 2014

Nocturne ritenuto

Nocturne ritenuto




Se lover en la Nuit _____ tu y vois le Jardin d'Eden
quand sous ta couverture de peine
timide son sourire luit
Ta main dessine le miel et le fruit
tendrement aimés ______ tu y vois du rêve la vérité

Kaléidoscope de sensations _______ S'entremêlent

aux morsures du passé les lendemains
d'un présent d'émotions _____ s'y noie la réalité
sous de fantasmagoriques vagues ____ brûlante douceur et folle passion
Se laisser glisser

par les ondes caresser
assouvir de ton ventre vide l' insatiable faim


L'aube pâlie se fait reine _____ tu clos tes paupières
- Ô retenir en toi du rêve la chaleur première

t'engloutir en ses bras d'ombre tissée de blanc
Mélancolie rebelle et fière ______ tu dis non à la lumière

pardon aux reflets de rose

pardon à ce chant

qui s'élève _________ épanoui au Levant



Quelques pas sur le sable emmêlé

Traces retrouvées respirées _________ parfums puissants embruns

dans tes cheveux envolés boucles déliées

Enfin

t'abreuver à la source du jour opalescent

chassant de tes nuits la sinistre blancheur

Caressantes empreintes _____ souffle gravé

comme sève en ton sang



Statue de sel

automate balbutiant ______ tu oses un tout premier pas

t'élances en une danse fiévreuse amoureuse

vertigineuse en son cri _______ tu défies la Vie

d'écho en écho de flux en reflux

______ bien au-delà des vagues

Porté chahuté par le ressac _____ endiablé

ton corps balance et danse ____ tourbillon ouvert


à la lumière offert


si loin


de la nuit


© F.R


le 20 avril 2013


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publié dans L'Âme des marées (2014)

éditions épingles à nourrice (ene)




crédit photo F.R

mercredi 26 février 2014

Ne viens pas avec toute la vérité ( Olav H.Hauge )

Ne viens pas avec toute la vérité,
ne viens pas avec l'océan pour ma soif,
ne viens pas avec le ciel quand
je demande une lampe,
mais viens avec une étincelle,
de la rosée,
un flocon,
comme les oiseaux emportent
des gouttelettes après le bain
et le vent
un grain de sel.

Olav H.Hauge
Nord profond
trad.François Monnet


© photo fruban

mardi 25 février 2014

Le peuple des morts

Il n'y a pas d'asphodèles, de violettes ni de jacinthes
Comment parler avec les morts ?
Les morts ne connaissent que le langage des fleurs.
C'est pourquoi ils se taisent, endurent et se taisent
Chez le peuple des songes, chez le peuple des songes

Giorgos Seferis
crédit photo F.R

dimanche 23 février 2014

Eros et Thanatos

Eros et Thanatos




Une dalle de granit

Sur laquelle j'aime me reposer

Quelques plantes déposées par l'Amour

Pour l'immortalité de ton séjour

Pour que tu n'oublies pas

Notre jardin sauvage véritable labyrinthe où tu te promenais

Absorbé et pensif

Une flore à la main

En quête à cet instant de ta vie

Du mystère des fleurs


Mes yeux s'enfuient au loin dans un brouillard profond

Et soudain se dessinent

Ton regard clair

Tes cheveux bouclés

Ton sourire tendre et malicieux

Dis-moi est-ce Toi

Qui m'envoies

Cette énergie de Vie

Ces désirs nouveaux

Ces mots qui s'échappent presque incontrôlés de mon âme

Comme une flamme qui jamais ne me brûle

Mais n'en finit pas de danser

Au rythme du piano retrouvé

Au rythme des marées

Au rythme des mots des mots qui jaillissent

Et se posent ici

A l'orée de mes nuits étoilées


La rumeur océane toute proche

Berce ton sommeil

Sur le sable mouillé tes traces embrassent mes pas

Ta Voix murmure et...

Un matin de novembre une autre Voix s'est mêlée

A ta Voix


Dis-moi est-ce Toi

Qui m'envoies cette lueur d'espoir

Ces frissons ces désirs qui m'envahissent

Chaque soir

Douceur d'un Amour qui jamais encore

Ne s'était révélé

Ou j'avais oublié

Ou je le refusais...

Antigone la rebelle avait renoncé

Devant la loi des Hommes

Elle avait abdiqué

Elle s'était recroquevillée

Créon trois fois vainqueur souriait de la voir pleurer


Une dalle de granit

Sur laquelle j'aime me reposer

Et bavarder avec Toi


© F.R

le 28 mars 2012

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