samedi 12 décembre 2020

André Comte Sponville sur France Culture



                                    © crédit photos du Net







À présent
Par Frédéric Worms
LE VENDREDI DE 21H À 22H

André Comte-Sponville fait partie de ceux qui, avec et après Pierre Hadot, ont pensé la philosophie comme « manière de vivre ». Il en développe sa propre conception, depuis le "Petit traité des grandes vertus", qui définit les vertus comme puissances vitales.

Pourtant, André Comte-Sponville refuse de réduire notre existence à la vie « au sens biologique » et cela s’est entendu pendant le débat sur la pandémie où la santé lui a semblé devenir tyrannique. Mais alors qu’est-ce qui est vital selon André Comte-Sponville et qu’y a-t-il de vital avec lui ? Qu’y a-t-il dans notre vie au-delà de la vie, sur quoi se fonde la sagesse, depuis l’Antiquité, Montaigne, Spinoza, dont il se réclame ? Est-ce d’un autre ordre que la vie ou bien est-ce encore vital au sens où, sans cela, nous mourons tout aussi sûrement que de faim ou de soif ? Ce ne sont pas des questions abstraites, elles sont au cœur du présent. Et nous en débattons de manière vitale, cela va de soi !


"J'ai fait un "Petit traité des grandes vertus" parce qu'il faut aussi nous pardonner les uns les autres et chacun soi-même, notre propre médiocrité. 

La santé est très précieuse et peut être le plus grand des biens comme disait Montaigne ; mais la liberté comme valeur me préoccupe davantage. J’ai dit et je répète : je préfère attraper la Covid-19 dans une démocratie plutôt que de ne pas l'attraper dans une dictature et j’espère bien ne pas être le seul à avoir cette opinion-là. 

Si on prend la vie dans son entier, les plus fragiles, les plus vulnérables sont les jeunes en général et les enfants en particulier. Je refuse qu'on sacrifie le sort de deux générations à la santé de leurs parents ou de leurs grands-parents. 

C'est quoi la philosophie ? C'est une pratique théorique qui a le tout pour objet, la raison pour moyen et la sagesse pour but. "
ACS



France Culture




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jeudi 10 décembre 2020

La Louve, Barbara






Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l'hiver,
Je suis la louve solitaire.

J'allais sur mes terrains de guerre,
Cachée, chassant sur mes chemins.
Soudain, sur un socle de pierre,
Il m'est apparu un grand chien

Et moi la louve, moi la reine,
Et moi la faim, et moi l'instinct,
J'ai posé ma tête de fauve
Dans la fourrure du grand chien

Et le chien, au midi frileux,
A suivi ma piste et ma chasse
Et j'ai cru voir dedans ses yeux
Le reflet d'un éclair qui passe.

Il faut croire qu'il était fou
Quand il me suivit dans la neige.
N'étant qu'un chien, il se crut loup
Et prit sa patte dans mon piège.

Mais moi la louve, moi la reine
Et moi la faim, et moi l'instinct,
J'ai ouvert le piège de fer
Et mordu sa cuisse de chien

Mais au nid, au doux crépuscule
Entre chien et loup, au palais,
Couchés sur notre lit d'épines,
Moi, la louve, j'ai léché ses plaies.

Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l'hiver,
Je reste la louve solitaire,
Solitaire, solitaire, solitaire...

F.Wertheimer / Barbara