vendredi 21 novembre 2014

Défi à l'Infini, "L'Âme des marées", de Françoise Ruban - par Cristina Castello








photo Cristina Castello
Cristina Castello, grande poète et journaliste argentine, vit actuellement entre la France et l'Argentine. Nous nous connaissons maintenant depuis plusieurs années, et son oeuvre poétique - « Soif », « Orage », « Ombre », "Le Chant des sirènes" - m'accompagne très souvent. Nous sommes devenues amies en poésie, amies et soeurs de coeur. Lorsque j'ai choisi l'expression poétique, c'est Cristina qui m' a encouragée, soutenue, donné l'élan nécessaire. Je lui dois beaucoup si « L'Âme des marées » a vu le jour en octobre 2014.
Nous avons en commun l'amour de la Beauté, de la Justice, de l'Art sous toutes ses formes. La Poésie « como un arma cargada de futuro » / « la poésie comme une arme chargée de futur » (Gabriel Celaya).
Aujourd'hui, Cristina me fait l'honneur et le grand bonheur d'écrire pour moi cet article si beau que je l'ai lu les larmes aux yeux.
Gracias Cristina !


Sur le blog de Cristina Castello





«L’Âme des marées », de Françoise Ruban

Défi à l’Infini


« Monte la voile du courage/ Hissons-la sans hésiter/
Demain nous saurons pourquoi/ Quand nous aurons triomphé »
Paul Éluard


Dans «L’âme des marées», Françoise Ruban se fonde en Poésie et – de là -, met l'Infini au défi de dévaster l'horreur.
La voix de l'auteure est une fureur douce et puissante, qui nous jette un gant au visage et nous pousse à l'Amour.
¿Y a-t-il 36 poèmes ou est-ce –du début à la fin- un seul grand poème?
Ce sont 36 poèmes et un seul: une invocation à l'Éternité.
Entre les strophes peuvent danser les magnolias ou un piano; Chopin, Lorca, Neruda ou Desnos; les cauchemars, la rébellion ou la pertinence de l'aube; l'épouvante devant l'horreur du monde, ou le silence tissé comme un mot. Et toujours l'océan.
Tout peut danser et tout danse, harmonique, dans les flux et reflux mais en tous, Fabrice est omniprésent.
Fabrice, dont le premier nid fut le ventre de notre poète; Fabrice, dans « l'Étoile la plus lumineuse de toutes » depuis 2009 :


«De ses parents on hérite qualités ou défauts
   Certaines valeurs parfois
...Mon cœur me dit
   Que j’hérite de toi
   Mon fils
   Depuis qu’un hiver glacé t’a emmené loin
                      là-bas… là-haut…»


La beauté des vers de Françoise ne cède à aucune facilité, ne fait pas de concessions, et ne se donne pas pour vaincue devant la mort; même si Thanatos guette, accable, harcèle:


«— J’y vois des taches de sang
Ma pensée mélancolique vire au cauchemar
ILS ont assassiné à Gaza
ILS ont assassiné en Grèce
Inlassablement se déroule le film de tant de mises à mort»

Plus que la nostalgie du fils éteint pour ce monde, le verbe de Françoise laisse des traces; également et plus encore: comme celles des ondulations de ces bigoudis qu'on a ôtés. Et il laisse le sillon de la douleur, permanent.
Mais même dans «la Nuit des ténèbres/ la Nuit glacée», vit le cœur de l'Amour.

«L’âme des marées», contient la totalité de l'univers rubanien :
On aime tout ce qui est Beau ou l'on n'aime rien; et ce "tout" inclut le silence:
«De ma chambre écrin de ma folie
dansent sur la pointe des pieds des notes amies
             Nocturne de Chopin Adagio de Mozart
             Puis
             Le silence
                         la Solitude»
Silence. Comme celui de Rimbaud, quand, à dix-huit ans, il acheva Une saison en enfer; comme celui de Hölderlin entre un poème et un autre. Silence, comme celui d'un adagio dans le désert. Silence, également, synthèse de contraires – d'Éros et de Thanatos – et qui est, en outre, un instant d'Éternité, car toujours «meurent et s’allument les étoiles». Comme la Vie, pleine de Grâce.



Cristina Castello
Traduction du castillan : Denise Peyroche


« L’âme des marées »    http://editozap.jimdo.com/livres/
Françoise Ruban
 Éditions « Épingle à nourrice »
ISBN: 979-2. 919521-26-5
15 €
Octobre 2014




«El alma de las mareas», de Françoise Ruban
Desafío al Infinito


Alza la vela el coraje/ Icémosla sin vacilar/
Mañana sabremos por qué/ cuando alcancemos la victoria"
Paul Éluard

En «El alma de las mareas» («L’âme des marées»)/, Françoise Ruban se funda en Poesía y -desde allí-, reta al Infinito a devastar el horror.
La voz de la autora es un furor dulce y potente, que nos arroja el guante y nos desafía al Amor.
¿Son 36 poemas o es –del principio al fin- un gran poema?
Son 36 y es uno: una invocación a la Eternidad.
Pueden, entre las estrofas, danzar las magnolias o un piano; Chopin, Lorca, Neruda o Desnos; las pesadillas, la rebeldía o la pertinacia del alba; el espanto ante el horror del mundo, o el silencio tejido como una palabra. Y siempre el océano.
Todo puede danzar y todo danza, armónico, en las mareas; pero es  Fabrice la omnipresencia en todas.
Fabrice, cuyo nido primero fue el vientre de nuestra poeta; Fabrice, desde 2009 en la
«Estrella, la más luminosa de todas»:
«De los padres heredamos cualidades y defectos
  Ciertos valores, a veces
...Mi corazón me dice
  Que yo heredo de vos
  Mi hijo
  Desde que un invierno helado te llevó lejos
                     allá… arriba…»

La belleza de los versos de FR no se rinde a ninguna facilidad, no hace concesiones, ni se vence ante la muerte; aunque Tánatos aceche, agobie, hostigue:
«— Veo manchas de sangre
Mi pensamiento melancólico se vuelve pesadilla
Asesinaron en Gaza
Asesinaron en Grecia
Incansablemente se celebra la película de tantas muertes»
Más que nostalgia por el hijo clausurado para este mundo, el verbo de Françoise tiene huellas; también y aún: como las de las caricias a aquellos rulos que ya no están. Y  tiene  el surco del dolor, perpetuo.
Aún en  «la Noche de las tinieblas/la Noche helada», vive el  corazón del Amor.

«El alma de las mareas»,  alberga la totalidad del universo rubadiano: Pero se ama todo lo Bello o no se ama nada; y este «todo» incluye el silencio:


"En mi cuarto estuche de mi locura
Bailan de puntillas las notas amigas
Nocturno de Chopin Adagio de Mozart 
Luego 
El Silencio
La Soledad"
         

Silencio. Como el de Rimbaud, cuando a sus dieciocho terminó Una temporada en el infierno;  como el de Hölderlin, entre poema y poema. Silencio, como el de un adagio en el desierto. Silencio, también, síntesis de contrarios –de Eros y Tánatos- y que es, además,  un instante de Eternidad, porque siempre «mueren y se encienden las estrellas». Como la Vida, llena de Gracia.

Cristina Castello
(texto y traducción de los extractos de poemas)

« L’âme des marées »
Françoise Ruban
Éditions « Épingle à nourrice »
ISBN: 979-2. 919521-26-5
15 €
Octobre 2014




photo Cristina Castello





jeudi 20 novembre 2014

Rémi Fraisse, victime d'une guerre de civilisation, par Edgar Morin (sociologue et philosophe)

Le Monde, 04-11-2014

Le sociologue et philosophe Edgar Morin, le 20 octobre 2012.
Le sociologue et philosophe Edgar Morin, le 20 octobre 2012 - FRED DUFOUR - AFP

A l'image d'Astérix défendant un petit bout périphérique de Bretagne face à un immense empire, les opposants au barrage de Sivens semblent mener une résistance dérisoire à une énorme machine bulldozerisante qui ravage la planète animée par la soif effrénée du gain. Ils luttent pour garder un territoire vivant, empêcher la machine d'installer l'agriculture industrialisée du maïs, conserver leur terroir, leur zone boisée, sauver une oasis alors que se déchaîne la désertification monoculturelle avec ses engrais tueurs de sols, tueurs de vie, où plus un ver de terre ne se tortille ou plus un oiseau ne chante.
Cette machine croit détruire un passé arriéré, elle détruit par contre une alternative humaine d’avenir. Elle a détruit la paysannerie, l’exploitation fermière à dimension humaine. Elle veut répandre partout l’agriculture et l’élevage à grande échelle. Elle veut empêcher l’agro-écologie pionnière. Elle a la bénédiction de l’Etat, du gouvernement, de la classe politique. Elle ne sait pas que l’agro-écologie crée les premiers bourgeons d’un futur social qui veut naître, elle ne sait pas que les « écolos » défendent le «vouloir vivre ensemble ».
Elle ne sait pas que les îlots de résistance sont des îlots d’espérance. Les tenants de l’économie libérale, de l’entreprise über alles, de la compétitivité, de l’hyper-rentabilité, se croient réalistes alors que le calcul qui est leur instrument de connaissance les aveugle sur les vraies et incalculables réalités des vies humaines, joie, peine, bonheur, malheur, amour et amitié.
Le caractère abstrait, anonyme et anonymisant de cette machine énorme, lourdement armée pour défendre son barrage, a déclenché le meurtre d’un jeune homme bien concret, bien pacifique, animé par le respect de la vie et l’aspiration à une autre vie.

Nouvel avenir

A part les violents se disant anarchistes, enragés et inconscients saboteurs, les protestataires, habitants locaux et écologistes venus de diverses régions de France, étaient, en résistant à l’énorme machine, les porteurs et porteuses d’un nouvel avenir.
Le problème du barrage de Sivens est apparemment mineur, local. Mais par l’entêtement à vouloir imposer ce barrage sans tenir compte des réserves et critiques, par l’entêtement de l’Etat à vouloir le défendre par ses forces armées, allant jusqu’à utiliser les grenades, par l’entêtement des opposants de la cause du barrage dans une petite vallée d’une petite région, la guerre du barrage de Sivens est devenue le symbole et le microcosme de la vraie guerre de civilisation qui se mène dans le pays et plus largement sur la planète.
L’eau, qui, comme le soleil, était un bien commun à tous les humains, est devenue objet marchand sur notre planète. Les eaux sont appropriées et captées par des puissances financières et/ou colonisatrices, dérobées aux communautés locales pour bénéficier à des multinationales agricoles ou minières. Partout, au Brésil, au Pérou, au Canada, en Chine… les indigènes et régionaux sont dépouillés de leurs eaux et de leurs terres par la machine infernale, le bulldozer nommé croissance.
Dans le Tarn, une majorité d’élus, aveuglée par la vulgate économique des possédants adoptée par le gouvernement, croient œuvrer pour la prospérité de leur territoire sans savoir qu’ils contribuent à sa désertification humaine et biologique. Et il est accablant que le gouvernement puisse aujourd’hui combattre avec une détermination impavide une juste rébellion de bonnes volontés issue de la société civile.
Pire, il a fait silence officiel embarrassé sur la mort d’un jeune homme de 21 ans, amoureux de la vie, communiste candide, solidaire des victimes de la terrible machine, venu en témoin et non en combattant. Quoi, pas une émotion, pas un désarroi ? Il faut attendre une semaine l’oraison funèbre du président de la République pour lui laisser choisir des mots bien mesurés et équilibrés alors que la force de la machine est démesurée et que la situation est déséquilibrée en défaveur des lésés et des victimes.
Ce ne sont pas les lancers de pavés et les ­vitres brisées qui exprimeront la cause non violente de la civilisation écologisée dont la mort de Rémi Fraisse est devenue le ­symbole, l’emblème et le martyre. C’est avec une grande prise de conscience, capable de relier toutes les initiatives alternatives au productivisme aveugle, qu’un véritable hommage peut être rendu à Rémi Fraisse.

Edgar Morin (sociologue et phiosophe)


mercredi 19 novembre 2014

Crosse en l'air, par la Compagnie Poudre d'Or

Mise à jour


Dates des prochains spectacles sur ce site




       
4 juillet 2015

- A parly (89) à 10h45 - avec la Ligue des Droits de l'Homme de l'Yonne
dans le cadre des commémorations et de la demande de réhabilitation des fusiliiers pour l'exemple

3 août 2015

- A Vaudeur (89) à 10h45 - avec la Ligue des Droits de l'Homme de l'Yonne
dans le cadre des commémorations et de la demande de réhabilitation des fusiliiers pour l'exemple

29 août 2015

- A Pontigny (89) à 10h45 - avec la Ligue des Droits de l'Homme de l'Yonne
dans le cadre des commémorations et de la demande de réhabilitation des fusiliiers pour l'exemple

Compagnie Poudre d’Or « Crosse en l’air » : Le 30 novembre à Montsauche (58) au bar Associatif l’Esquipot à 15h. Goûter-spectacle

samedi 15 novembre 2014 par Compagnie Poudre d’Or
Association Poudre d’Or
12, impasse du clos
89000 Auxerre
Contacts programmation, diffusion :
Yves Petident au 06-60-74-97-47 –yves.p89@gmail.com
Poèmes de Noëlie DROUS, Marcel MARTINET, Marc de LASSIGNY de Civrieux, Eugène DABIT et ANONYMES
Poètes militants, reconnus ou anonymes, poètes soldats, poètes civils, femmes et hommes de poésie qui ont écrit pour dénoncer la guerre, avant qu’elle n’éclate et sur le champ de bataille, en pleine tourmente,
leurs textes sont forts, ils ont risqué leur vie pour les écrire, dans ce contexte historique de Sainte Alliance, d’Union Nationale où la moindre voix contradictoire devait être réduite au silence.
Ces poèmes puissants, parfois désespérés, dénonçant les horreurs de la guerre, appelant à la désobéissance, exhortant les femmes et les hommes à dépasser leur condition, sont tous emprunts d’un humanisme bouleversant qui trouverait toute sa place dans la poésie d’aujourd’hui.
Tous les poèmes joués dans le spectacle ont été écrits entre 1914 et 1918 - à l’exception des chansons « Gloire au 17ème » (1907) et « Adieu m’amour » (1901)
Si le thème est grave, les textes parfois douloureux et toujours poignants, le spectacle est vivant.
Nous l’avons voulu ainsi et non pesant.
Musique de Charles Koechlin (né à Paris le 27 novembre 1867 et décédé au Canadel (Var) le 31 décembre 1950)
La musique de Charles Koechlin (sonatines...) n’a sans doute pas été écrite pour illustrer ces poèmes, pourtant elle s’est imposée lors de la recherche des œuvres poétiques et musicales. Par sa beauté à la fois légère et profonde, la musique de Koechlin correspond en tous points à l’esprit du spectacle.
« L’esprit de mon œuvre et celui de toute ma vie est surtout un esprit de liberté. »
Charles Koechlin fut un humaniste, ami de Romain Rolland, il chercha, notamment pendant la première guerre mondiale, à toujours transcender les angoisses de la guerre par une activité créatrice et militante.
Œuvres choisies : Cinq Sonatines - op. 59 - 1915-1916 – Éditeur Salabert
Le spectacle
Le spectacle s’ouvre avec la chanson « Gloire au 17ème » , chanson hommage aux soldats du 17ème régiment qui, en 1907 avaient refusé de tirer sur les vignerons en grève et, pour symboliser leurs refus d’obéissance avaient levé leurs fusils, crosses en l’air.
On retrouvera la musique de cette chanson pour une scène savoureuse autour d’un document de la censure postale qui avait intercepté une lettre adressée à un soldat du front, contenant une chanson antimilitariste, qui se chantait sur la mélodie de « Gloire au 17ème ».
Il se poursuit sur une chansonnette d’amour « bonsoir m’amour », créée en 1901 et qui sera reprise pour la fameuse « Chanson de Craonne ». Le parallèle entre la chanson de variété et l’hymne aux refus de combattre est intéressant et montre comment une bluette écrite près de 15 ans avant la guerre devait toujours être dans l’esprit des soldats au front.
Ensuite, les poèmes de Noëlie Drous, militante féministe et ouvrière, Marcel Martinet, s’enchaînent, s’entrecroisent avec ceux d’Eugène Dabit, Marc de Lassigny de Civrieux, d’anonymes ou inconnus soldats du front.
Les sonatines de Koechlin sont toujours présentes, se mariant aux mots avec force et finesse.
Ce spectacle se situe entre le théâtre, le tour de chant, le conte et la lecture de poèmes.
L’expression « crosse en l’air » symbolise l’acte de rébellion des soldats qui refusent d’exécuter les ordres de leurs supérieurs en tenant leurs fusils la crosse en l’air et le canon vers le bas.
En juin 1907 les soldats du 17ème régiment de Béziers, les « pioupious », envoyés pour mater une manifestation de viticulteurs, d’ouvriers des vignes, refusèrent d’exécuter l’ordre de tirer sur les manifestants. Ils se rendirent à la mairie de la ville, crosse en l’air suivis par une foule importante. La chanson « Gloire au 17ème » rend hommage à ces soldats de la République qui ont refusé de tirer sur leurs concitoyens.
En 1916, dans les tranchées, les actes de rébellion, de refus d’obéir aux ordres absurdes se multiplient. Un des plus connus est celui de Craonne. Au milieu de la boucherie sans fin du « Chemin des dames », des soldats lèvent la crosse de leurs fusils, refusant de monter au front. On en fusillera « pour l’exemple » les accusant de haute trahison. Les mutins de Craonne avaient écrit le magnifique texte « La chanson de Craonne » pour motiver leur geste. Cette chanson, sur un air de chanson d’amour est devenu un des symboles les plus connus de la rébellion militaire.
Interprètes  :
Laurence Gemble (Piano)
Yves Petident (Voix)
Sur une idée originale de : Sandrine Boirel
Recherche et sélection des textes : Yves Petident
Coach artistique : Sylvianne Germanique
Voix off : Sandrine Boirel
Contacts programmation, diffusion :
Yves Petident au 06-60-74-97-47 – yves.p89@gmail.com
Régisseur son et lumière :
Remy Gemble
Association Poudre d’Or
12, impasse du clos
89000 Auxerre

forum



  • Compagnie Poudre d’Or « Crosse en l’air » : samedi 8 et dimanche 9 sur France Bleu Auxerre, dans l’émission « Zic Zag Café »
    7 novembre 2014, par Yonne Lautre
    Poèmes de Noëlie DROUS, Marcel MARTINET, Marc de LASSIGNY de Civrieux, Eugène DABIT et ANONYMES
    Poètes militants, reconnus ou anonymes, poètes soldats, poètes civils, femmes et hommes de poésie qui ont écrit pour dénoncer la guerre, avant qu’elle n’éclate et sur le champ de bataille, en pleine tourmente,
    leurs textes sont forts, ils ont risqué leur vie pour les écrire, dans ce contexte historique de Sainte Alliance, d’Union Nationale où la moindre voix contradictoire devait être réduite au silence.
    Ces poèmes puissants, parfois désespérés, dénonçant les horreurs de la guerre, appelant à la désobéissance, exhortant les femmes et les hommes à dépasser leur condition, sont tous emprunts d’un humanisme bouleversant qui trouverait toute sa place dans la poésie d’aujourd’hui.
    Tous les poèmes joués dans le spectacle ont été écrits entre 1914 et 1918 - à l’exception des chansons « Gloire au 17ème » (1907) et « Adieu m’amour » (1901)
    Si le thème est grave, les textes parfois douloureux et toujours poignants, le spectacle est vivant.
    Nous l’avons voulu ainsi et non pesant.
    Musique de Charles Koechlin (né à Paris le 27 novembre 1867 et décédé au Canadel (Var) le 31 décembre 1950)
    La musique de Charles Koechlin (sonatines...) n’a sans doute pas été écrite pour illustrer ces poèmes, pourtant elle s’est imposée lors de la recherche des œuvres poétiques et musicales. Par sa beauté à la fois légère et profonde, la musique de Koechlin correspond en tous points à l’esprit du spectacle.
    « L’esprit de mon œuvre et celui de toute ma vie est surtout un esprit de liberté. »
    Charles Koechlin fut un humaniste, ami de Romain Rolland, il chercha, notamment pendant la première guerre mondiale, à toujours transcender les angoisses de la guerre par une activité créatrice et militante.
    Œuvres choisies : Cinq Sonatines - op. 59 - 1915-1916 – Éditeur Salabert
    Le spectacle
    Le spectacle s’ouvre avec la chanson « Gloire au 17ème » , chanson hommage aux soldats du 17ème régiment qui, en 1907 avaient refusé de tirer sur les vignerons en grève et, pour symboliser leurs refus d’obéissance avaient levé leurs fusils, crosses en l’air.
    On retrouvera la musique de cette chanson pour une scène savoureuse autour d’un document de la censure postale qui avait intercepté une lettre adressée à un soldat du front, contenant une chanson antimilitariste, qui se chantait sur la mélodie de « Gloire au 17ème ».
    Il se poursuit sur une chansonnette d’amour « bonsoir m’amour », créée en 1901 et qui sera reprise pour la fameuse « Chanson de Craonne ». Le parallèle entre la chanson de variété et l’hymne aux refus de combattre est intéressant et montre comment une bluette écrite près de 15 ans avant la guerre devait toujours être dans l’esprit des soldats au front.
    Ensuite, les poèmes de Noëlie Drous, militante féministe et ouvrière, Marcel Martinet, s’enchaînent, s’entrecroisent avec ceux d’Eugène Dabit, Marc de Lassigny de Civrieux, d’anonymes ou inconnus soldats du front.
    Les sonatines de Koechlin sont toujours présentes, se mariant aux mots avec force et finesse.
    Ce spectacle se situe entre le théâtre, le tour de chant, le conte et la lecture de poèmes.
    L’expression « crosse en l’air » symbolise l’acte de rébellion des soldats qui refusent d’exécuter les ordres de leurs supérieurs en tenant leurs fusils la crosse en l’air et le canon vers le bas.
    En juin 1907 les soldats du 17ème régiment de Béziers, les « pioupious », envoyés pour mater une manifestation de viticulteurs, d’ouvriers des vignes, refusèrent d’exécuter l’ordre de tirer sur les manifestants. Ils se rendirent à la mairie de la ville, crosse en l’air suivis par une foule importante. La chanson « Gloire au 17ème » rend hommage à ces soldats de la République qui ont refusé de tirer sur leurs concitoyens.
    En 1916, dans les tranchées, les actes de rébellion, de refus d’obéir aux ordres absurdes se multiplient. Un des plus connus est celui de Craonne. Au milieu de la boucherie sans fin du « Chemin des dames », des soldats lèvent la crosse de leurs fusils, refusant de monter au front. On en fusillera « pour l’exemple » les accusant de haute trahison. Les mutins de Craonne avaient écrit le magnifique texte « La chanson de Craonne » pour motiver leur geste. Cette chanson, sur un air de chanson d’amour est devenu un des symboles les plus connus de la rébellion militaire.
    Interprètes  :
    Laurence Gemble (Piano)
    Yves Petident (Voix)
    Sur une idée originale de : Sandrine Boirel
    Recherche et sélection des textes : Yves Petident
    Coach artistique : Sylvianne Germanique
    Voix off : Sandrine Boirel
    Contacts programmation, diffusion :
    Yves Petident au 06-60-74-97-47 – yves.p89@gmail.com
    Régisseur son et lumière :
    Remy Gemble
    Association Poudre d’Or
    12, impasse du clos
    89000 Auxerre

mardi 18 novembre 2014

Ici, poème d'Alain H

http://amimots.blogspot.fr/2014/11/ici.html?spref=fb

Un blog délicat que je vous recommande

vendredi 14 novembre 2014


ici

ici je passe comme est le vent sur ton visage
il sait l'empreinte et devient chant
l'odeur et puis la grâce
des bras tenant les jours vivants

et puis le jeu des jambes 
à la voile mise les jambes du vent
quand elles croisent superbes et soumises
ton rire enfant

est-ce un tambour qui respire
et qui étreint plus haut?
le rythme devient barbare
pourtant les autres moins subtils
s'oublient comme le soir se fait couchant

la terre devient fruit entre des lèvres d'argent


crédit photo A.H. 

lundi 17 novembre 2014

Art moderne et procédés usés, de Jean-Louis Garac

Un très beau et riche blog que je vous conseille de visiter, tant pour les réflexions sur l'Art que pour la Poésie.
Jean-Louis se présente lui-même ainsi :
"Je m'appelle Jean-Louis Garac, je vis à Nice et suis passionné par la littérature et la poésie, l'art et le cinéma. J'aime également écrire sur des sujets divers des "billets d'humeur". J'ai une maîtrise de lettres modernes et mon sujet de mémoire a été consacré à Colette."

http://espacecreationjeanlouis.blogspot.fr/2014/11/art-moderne-et-procedes-uses.html#comment-form


L’Art Moderne, en matière de sculpture notamment, a dès le départ « révélé » et « réinventé » des objets manufacturés du quotidien ! Ces objets méprisés, banalisés, personne ne les voyait plus. Si peu considérés dans la production industrielle qui les générait à volonté dès la fin du XIX°s, ils doivent à l’art moderne cette prise de conscience étonnante et fulgurante ; en effet l’art moderne les a sortis de leur contexte « utilitaire » pour en proposer autre chose de plus mystérieux, de plus énigmatique aussi, et de plus « violent », tel un miroir tragique devant nos sociétés ! On se rappelle le célèbre « urinoir » de Duchamp, rebaptisé « Fontaine », qui a osé renvoyer à une activité humaine rarement abordée. Quoi qu’on en pense les objets communs, et non plus seulement les objets nobles et décoratifs que l’on retrouvait dans les natures mortes (vases, lampes, porcelaines diverses etc.), ont pris une nouvelle place dans notre perception du monde et de l’art.


De nombreux « designers » ont également accédé depuis un siècle à un statut équivalent à celui des « artistes » et ils ont été considérés comme des créateurs à part entière et reconnus pour les formes et les styles donnés aux objets et meubles de notre quotidien. Il y a eu un double mouvement presque parallèle, d’abord celui cru et incisif qui renvoie à l’image aliénante et déshumanisée des objets de consommation courante, démultipliés à l’infini, mouvement lancé par ces artistes qui ont fondé l'Art Moderne et le Pop Art, et cette prise en compte du travail de ces concepteurs d’objets usuels, rebaptisés « designers ». L'objet démultiplié, mais repensé, redessiné, a ainsi acquis ses lettres de noblesse, dans ses nouvelles formes plus fluides et stylisées, idem pour les emballages ou contenants, les graphismes, les couleurs et les matières sélectionnées.

Mais pour revenir au « ready-made » on peut souligner que ces objets déjà faits sont devenus les symboles de cet art iconoclaste, provocateur, et irrévérencieux que l’on appelle « L’Art Moderne » ! Depuis, on a mille fois proposé des objets divers, on les a également cassés, compilés, écrasés, découpés, barbouillés, ou reproduits à l’infini.

Les mêmes procédés ont touché les représentations les plus célèbres, picturales ou sculpturales, dont le David de Michel-Ange, la Vénus de Milo, la Joconde de Léonard de Vinci (Toujours Duchamp avec la « Joconde LHOOQ »). En sculpture, comme en peinture, le rappel ou le renvoi à une œuvre ancienne, universellement reconnue, est devenu un procédé d’intericonicité tout à fait courant dans l’art moderne, et quasiment un jalon incontournable de l’art d’aujourd’hui. 

On connaissait déjà les « dialogues » que l’on devinait entre tel ou tel tableau de deux peintres contemporains, tels ceux de Picasso et Matisse qui en sont un bel exemple, ou les « dialogues » hors du temps si l’on veut, puisque unissant pour les circonstances deux époques bien différentes, tel Bacon se référant à Vélasquez ! A cela il faut aussi rajouter désormais la reprise d’une image, ou d’un détail de cette image, pour être le support d’une « nouvelle œuvre ». 

Il ne s’agit d’ailleurs pas forcément d’une « critique », ou d’une « dénonciation », voire d’une « profanation », mais d’une sorte de continuation poétique et d’une nouvelle œuvre en écho, déclinée comme un objet de consommation courante et dans des versions différentes, un peu à la façon des objets dérivés de telle ou telle réalisation (film, livre, musique etc.). 

On remarquera aussi au passage que l’artiste moderne ne réalise pas tout de ses propres mains, il devient très souvent et uniquement un concepteur qui fait exécuter par des techniciens ou autres plasticiens ses projets de créations, ou alors il compile, reprend et retouche des objets, ou des reproductions déjà existantes !

Nombre de ces procédés me semblent devoir beaucoup aux procédés mêmes de la « caricature » : déformation, grossissement, détournement de sens, détail mis en avant, stylisation, animalisation ou végétalisation, utilisation d’un autre contexte ! L’objet, ou l’œuvre au cœur de cette réutilisation, devient un symbole et porte une critique ironique, humoristique, voire agressive, notamment au début de l’art moderne. Mais cette désacralisation de l’œuvre de référence comporte aussi tout simplement une forme d’appropriation, l’art naît de l’art et se métamorphose en se reproduisant sans cesse avec lui, comme dans ce que l’on nomme le « Pop’Art », qui n’est pour moi que la continuation logique de l’art moderne.

Cependant, le regain d’intérêt du public pour des œuvres plus « lisibles » et plus confortables en quelque sorte, intellectuellement parlant, donc antérieures à l’art moderne, ou s’inscrivant dans un courant actuel plus traditionnel, peut faire réfléchir sur ces procédés si abondamment utilisés depuis un siècle et qui finissent par lasser, comme toute répétition, et rediffusion peuvent l’être, surtout lorsqu’un soupçon de facilité ou d’opportunisme vient se mêler à ce constat.

Le problème est de savoir jusqu’où le public pourra suivre ces jeux d’association, de recomposition, de multiplication, de grossissement, de projection, d’application hors contexte et de décalage permanent, parfois cinglants et parfois totalement gratuits, voire inutiles, dans l’image que les « artistes » donnent de nos sociétés contemporaines. Certes, cette «distance » entre les artisans d’un art toujours en quête de renouveau et le grand public n’est pas nouvelle, ce qui l’est en revanche c’est la distance entre les bases d’une vraie culture et le grand public, d’où un certain repli vers des références considérées comme indépassables. 

L’épisode récent de l’œuvre de Paul McCarthy, plug vert géant érigé sur la place Vendôme, souligne, en dehors de tout jugement sur l’œuvre elle-même, que l’humour, la distance et les discussions parfois animées mais pacifiques, ou du moins pacifiées depuis quelques décennies, laissent dorénavant la place libre aux vandales, au refus net et catégorique et au retrait pur et simple du sujet litigieux. 

Toutefois, je constate que l'artiste, reconnu par quelques actions ou réalisations d'éclat, est devenu de nos jours quasiment un homme d'affaires. A côté d'hommes et encore de trop peu de femmes qui ont une démarche sincère et totalement engagée dans leur art, on peut souligner que beaucoup occupent une place d'artistes parce qu'ils savent utiliser certaines ficelles ou facilités, ou dirai-je crédulités, qui accompagnent le snobisme des milieux financiers privés ou publics... Le "roi est nu" mais on n'ose pas toujours le lui dire... Des artistes moins connus, dont l'ego est souvent inversement proportionnel à leur talent, mais qui n'ont pas l’entregent nécessaire, peinent malheureusement à faire reconnaître leur travail et à trouver leurs mécènes.

Devant tous ces « messages », touchant au grotesque de notre société et à toute forme de dénonciation acide ou bon enfant des abus de ladite société, le risque est de voir, par un effet boomerang, l’art lui-même déstabilisé et décrédibilisé! Ainsi, peut-être est-il temps à l’Art, comme ànos contemporains, de se « réinventer » une nouvelle fois et de proposer des voies et des « images » plus en adéquation par exemple avec les techniques qui révolutionnent aujourd’hui nos vieilles civilisations et plus en harmonie avec les aspirations de tous, car l’Art ne peut-être un pré-carré élitiste ou prétendu tel coupé du reste du monde. 

Au hasard des rues à Marseille
Mis à part le « Street-Art », qui a eu au moins le mérite de faire descendre les couleurs de vie dans des milieux bétonnés et tristes, de donner du relief, de l'humour, des pistes de réflexions et d'ouvrir un nouvel espace autant aux œuvres qu'à leur cadre, je ne vois guère de renouveau en ce moment.





Notes