mardi 29 décembre 2020

Est-ce ainsi que les hommes vivent, par Moran









Est-ce ainsi que les hommes vivent
Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faÏence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent


Louis Aragon
Le Roman inachevé




Né à Montréal au Québec en 1973, Jeff Moran (aussi connu sous les noms de Jean-François Moran et Moran) est un auteur-compositeur-interprète, poète et réalisateur actif sur les scènes musicales québécoise et française.



Reconnu pour ses textes, il est l’auteur de chansons figurant sur les albums d’artistes tels que Catherine Major, Daniel Lavoie, La Bronze, Daran, Luce Dufault, Sylvie Paquette et Valérie Carpentier. On a pu entendre certains de ses titres à la télévision, notamment la chanson Ma voix, présentée en ouverture de la 5e saison de l’émission La Voix, diffusée sur les ondes de TVA.

En 2005, il remporte le concours Ma première place-des-Arts en se voyant décerner le premier prix dans les catégories « Auteur-compositeur-interprète » et « Chanson de l’année ». Il reçoit le prix Gilles-Vigneault remis par la SPACQ en 2006. Il est également deux fois lauréat du Coup de cœur francophone de l'Académie Charles-Cros (2008 et 2013).

En 2010, il est nominé au Gala de l'ADISQ dans la catégorie « Auteur-compositeur de l’année ».

Discographie
2016 : Le Silence des chiens
2012 : Sans abri
2009 : Mammifères
2007 : Tabac
Vidéographie
2016 : Chez toi (vidéoclip officiel), réalisation Michel Langlois, Jeff Moran et Tiphaine Roustang

Récompenses
2012 : Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros (France)
2008 : Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros (France)
2007 : Prix Tremplin Découvertes du festival Les Déferlantes francophones de Capbreton (France)
2006 : Prix Gilles-Vigneault décerné par la SPACQ
2005 : Grand gagnant du concours Ma première place-des-Arts dans les catégories « Auteur-compositeur de l’année » et « Chanson de l’année »
Notes et références
« Moran: le poids de la plume » sur Magazine SOCAN - Paroles & Musique, 30 juin 2016

(sur Wikipedia)




dimanche 13 décembre 2020

Doucement la lumière s'efface, FRuban

 


Doucement la lumière s'efface. Doucement la nuit prend place. Doucement les gouttes de pluie se transforment en neige. Doucement le silence s'installe. Mes pensées s'envolent au loin, encore plus loin. Mes yeux se fatiguent à regarder cet écran. Je m'interroge alors...

12 décembre 

© texte et photo fruban 




samedi 12 décembre 2020

André Comte Sponville sur France Culture



                                    © crédit photos du Net







À présent
Par Frédéric Worms
LE VENDREDI DE 21H À 22H

André Comte-Sponville fait partie de ceux qui, avec et après Pierre Hadot, ont pensé la philosophie comme « manière de vivre ». Il en développe sa propre conception, depuis le "Petit traité des grandes vertus", qui définit les vertus comme puissances vitales.

Pourtant, André Comte-Sponville refuse de réduire notre existence à la vie « au sens biologique » et cela s’est entendu pendant le débat sur la pandémie où la santé lui a semblé devenir tyrannique. Mais alors qu’est-ce qui est vital selon André Comte-Sponville et qu’y a-t-il de vital avec lui ? Qu’y a-t-il dans notre vie au-delà de la vie, sur quoi se fonde la sagesse, depuis l’Antiquité, Montaigne, Spinoza, dont il se réclame ? Est-ce d’un autre ordre que la vie ou bien est-ce encore vital au sens où, sans cela, nous mourons tout aussi sûrement que de faim ou de soif ? Ce ne sont pas des questions abstraites, elles sont au cœur du présent. Et nous en débattons de manière vitale, cela va de soi !


"J'ai fait un "Petit traité des grandes vertus" parce qu'il faut aussi nous pardonner les uns les autres et chacun soi-même, notre propre médiocrité. 

La santé est très précieuse et peut être le plus grand des biens comme disait Montaigne ; mais la liberté comme valeur me préoccupe davantage. J’ai dit et je répète : je préfère attraper la Covid-19 dans une démocratie plutôt que de ne pas l'attraper dans une dictature et j’espère bien ne pas être le seul à avoir cette opinion-là. 

Si on prend la vie dans son entier, les plus fragiles, les plus vulnérables sont les jeunes en général et les enfants en particulier. Je refuse qu'on sacrifie le sort de deux générations à la santé de leurs parents ou de leurs grands-parents. 

C'est quoi la philosophie ? C'est une pratique théorique qui a le tout pour objet, la raison pour moyen et la sagesse pour but. "
ACS



France Culture




                                   ©  crédit photos du Net

jeudi 10 décembre 2020

La Louve, Barbara






Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l'hiver,
Je suis la louve solitaire.

J'allais sur mes terrains de guerre,
Cachée, chassant sur mes chemins.
Soudain, sur un socle de pierre,
Il m'est apparu un grand chien

Et moi la louve, moi la reine,
Et moi la faim, et moi l'instinct,
J'ai posé ma tête de fauve
Dans la fourrure du grand chien

Et le chien, au midi frileux,
A suivi ma piste et ma chasse
Et j'ai cru voir dedans ses yeux
Le reflet d'un éclair qui passe.

Il faut croire qu'il était fou
Quand il me suivit dans la neige.
N'étant qu'un chien, il se crut loup
Et prit sa patte dans mon piège.

Mais moi la louve, moi la reine
Et moi la faim, et moi l'instinct,
J'ai ouvert le piège de fer
Et mordu sa cuisse de chien

Mais au nid, au doux crépuscule
Entre chien et loup, au palais,
Couchés sur notre lit d'épines,
Moi, la louve, j'ai léché ses plaies.

Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l'hiver,
Je reste la louve solitaire,
Solitaire, solitaire, solitaire...

F.Wertheimer / Barbara






vendredi 6 novembre 2020

Lettre aux instituteurs et institutrices de Jean Jaurès

 

Pour rendre hommage à Samuel Paty, une minute de silence et une lecture de la Lettre aux instituteurs et institutrice, de Jean Jaurès, seront proposés aux élèves. © stephane Lefèvre




Jean Jaurès a écrit des chroniques publiées dans les colonnes du journal La Dépêche. C’est dans ce quotidien qu’a été publiée, le 15 janvier 1888, sa « Lettre aux instituteurs et institutrices ». Ce texte a été lu lors de l’hommage à Samuel Paty à la Sorbonne et sera lu, ce lundi, dans tous les établissements scolaires. Nous le publions dans son intégralité.

« Lettre aux instituteurs et institutrices »

« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse.


Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.


Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler.


"Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage."


JEAN JAURÈS

J’entends dire, il est vrai : À quoi bon exiger tant de l’école ? Est-ce que la vie elle-même n’est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d’une démocratie ardente, l’enfant devenu adulte ne comprendra point de lui-même les idées de travail, d’égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? Je le veux bien, quoiqu’il y ait encore dans notre société, qu’on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d’abord, amitié avec la démocratie par l’intelligence ou par la passion. La vie peut mêler, dans l’âme de l’homme, à l’idée de justice tardivement éveillée, une saveur amère d’orgueil blessé ou de misère subie, un ressentiment et une souffrance. Pourquoi ne pas offrir la justice à des cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d’enfance, c’est-à-dire de générosité pure et de sérénité.


Comment donnerez-vous à l’école primaire l’éducation si haute que j’ai indiquée ? Il y a deux moyens. Il faut d’abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu’ils ne puissent plus l’oublier de la vie et que, dans n’importe quel livre, leur œil ne s’arrête à aucun obstacle.


Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clef de tout. Est-ce savoir lire que de déchiffrer péniblement un article de journal, comme les érudits déchiffrent un grimoire ?


JEAN JAURÈS

J’ai vu, l’autre jour, un directeur très intelligent d’une école de Belleville, qui me disait : « Ce n’est pas seulement à la campagne qu’on ne sait lire qu’à peu près, c’est-à-dire point du tout ; à Paris même, j’en ai qui quittent l’école sans que je puisse affirmer qu’ils savent lire. » Vous ne devez pas lâcher vos écoliers, vous ne devez pas, si je puis dire, les appliquer à autre chose tant qu’ils ne seront point par la lecture aisée en relation familière avec la pensée humaine. Qu’importent vraiment à côté de cela quelques fautes d’orthographe de plus ou de moins, ou quelques erreurs de système métrique ? Ce sont des vétilles dont vos programmes, qui manquent absolument de proportion, font l’essentiel.


J’en veux mortellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maître et aussi la bonne foi de l’enseignement, en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître.


Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité.


JEAN JAURÈS

Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine !


Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu’il enseigne. Il ne faut pas qu’il récite le soir ce qu’il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu’il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu’il se soit émerveillé tout bas de l’esprit humain, qui, trompé par les yeux, a pris tout d’abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l’infini de l’espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque, par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d’une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l’émotion de son esprit.


Ah ! sans doute, avec la fatigue écrasante de l’école, il vous est malaisé de vous ressaisir ; mais il suffit d’une demi-heure par jour pour maintenir la pensée à sa hauteur et pour ne pas verser dans l’ornière du métier. Vous serez plus que payés de votre peine, car vous sentirez la vie de l’intelligence s’éveiller autour de vous. Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l’enseignement aux enfants que de le rapetisser.


"Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes, des commencements d’idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre : il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur."


JEAN JAURÈS

Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs.


Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. » 


Jean Jaurès


L'Yonne républicaine 



vendredi 23 octobre 2020

Octobre rose, Patrick Ochs et Valérie Chaussade

 






Diaporama avec sérigraphies de Jihel, photos de Patrick Ochs sur la chanson " En octobre rose" Paroles: Patrick Ochs, Valérie Chaussade Musique: Patrick Ochs Voix: Patrick Ochs, Alexandra Fohl Musiciens: Gilles Puyfages à l'accordéon Vincent Lamoure à la guitare Olivier Leani aux percussions Michel Trény à la contrebasse. 




 Bonjour mes amies et mes amis. Alexandra Fohl et moi chantons cette chanson En Octobre Rose pour la ligue contre le cancer24 que j'ai co écrite avec Valerie Chaussade qui a assuré la coordination de ce projet. On peut se procurer ce single auprès de la ligue contre le cancer24. On peut nous laisser un message en Mp.Merci à Jacques Camille Lardie Jihel pour son beau clip. Merci à Janick Jacquet. Merci aux amis musiciens Vincent Lamoure à la guitare Gilles Puyfages à l'accordéon Michel Trény à la contrebasse et Olivier Leani aux percussions. Merci à Landry Chaminade. Merci à France bleu Perigord. Amitiés à toutes et tous!


 


© Photo pochette Patrick Ochs 



Il est disponible à #liguecontrelecancerdordogne #octobrerose la chanson "en octobre rose" vendue au profit de la ligue contre le cancer Dordogne. une petit cadeau à faire ? ;) et une cause à soutenir ! MERCI Valerie Chaussade Alexandra Fohl Patrick Ochs

mardi 20 octobre 2020

Couvre-feu, Paul Eluard




Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez-vous la ville était matée
Que voulez vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

Paul Eluard
in Poésie et Vérité, 1942




© PICASSO Pablo - Portrait de Paul Éluard. 1956.




dimanche 13 septembre 2020

Impossible, Erri de Luca







                                                Impossible (Erri de Luca)


Avec toi, j'ai appris le mot « amour » et les jours œufs de Pâques, chacun avec une surprise à l'intérieur.
J'avais déjà été amoureux avant de te connaître, mais jamais longtemps. Je cessais de l'être aux premières contradictions.
Avec toi, j'ai appris l'amour qui maintient sa prise et sa dureté au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu'à les aimer aussi. C'est l'amour pour ton air contrarié, tes explosions et le retour des sourires ensuite.
C'est comme en montagne, toutes les expressions me plaisent, même la pluie, la saucée prise en grimpant qui ne refroidit pas le corps et n'a pas besoin d'abri.
Aussi ai-je décidé que ma définition du mot « amour » était : toi. Je t'appelle « ammoremio » ou bien « ammoremi ». Tu dis que ça devrait être plus que ça, que je dois t'aimer encore plus. Je ne sais pas ce qu'est ce « plus », en quoi il consiste.
Je reconnais que je suis médiocre avec toi.

Erri de Luca

Impossible 

Gallimard p 29








"Le romancier italien Erri De Luca donne dans Impossible (Gallimard) paru le 20 août dans la rentrée littéraire, la quintessence de ce qui anime son œuvre et sa vie depuis ses débuts.

Dans son précédent ouvrage, Le tour de l'oie, un dialogue avec le fils qu'il n'a jamais eu, le romancier Italien de 70 ans entamait déjà une forme d'introspection, un état des lieux d'une existence riche et singulière.

Avec Impossible, Erri de Luca dessine un personnage qui compte avec lui-même de nombreux points communs. Dans un dialogue entre un juge d'instruction et un homme soupçonné de meurtre et placé en garde à vue après la mort accidentelle d'un autre en montagne, l'auteur de Montedidio met en scène tous les grands thèmes qui lui sont chers : la justice, la liberté, le combat politique, la trahison, l'amour et la montagne... Tout ça dans une forme quasi platonicienne." (extrait article France Culture)


Impossible Erri de Luca





mardi 25 août 2020

Patrick Ochs, La java de l'ours dans l'aquarium




"La java de l'ours dans l'aquarium". Un jour, l'un des vendeurs que j'encadrais dans une grosse entreprise ,nationale de bâtiment qui m'employait dans les années 90 m'a vu arriver dans ma supercinq Renault de l'époque et m'a dit que je ressemblais à un ours dans un aquarium! Vous voyez de quoi s'inspirent les chansons? Depuis, j'ai inclus la Danse de l'ours dans le spectacle et d'autres chansons et numéros où l'ours pointait sa silhouette à travers ma voix rauque et mon corps maladroit que je mettais en scène. Actuellement nous jouons cette chanson sur un tempo moins mélancolique.Nous l'avons enregistrée dans deux albums différents en différentes versions. Celle là a été enregistrée en 2010 je crois avec Gilles Puyfages à l'accordéon et Loïc Le Guillanton à la guitare. C'est comme ça: Les chansons bougent et évoluent avec les musiciens et les chanteurs. A un moment, j'en ai trouvé une traduction en Allemand dans un bouquin destiné aux jeunes qui apprenaient le français. c'est plutôt flatteur. Enfin, j'en sais rien! C'est toujours sympa quand une chanson voyage. Bonne journée à tous. P.






© photo Patrick Ochs






mercredi 19 août 2020

Ce soir plus que jamais, Françoise R

 


Ce soir, plus encore que ces derniers temps, je ressens ici, d'étranges sensations. Le monde entier m'arrive d'un peu partout, avec ses crimes, ses guerres, le sang inutilement versé. Nous partageons, nous indignons, essayons de masquer notre impuissance. Personnellement, je ne sais plus ce que je dois faire. Jamais encore je n'avais éprouvé un tel malaise.

Dans le même temps, m'arrivent des plages éblouissantes, des rires, des musiques, des poèmes, des peintures.... des envies de bonheur, de gaieté, de légèreté. C'est l'été, les vacances, alors je comprends, du moins j'essaie.

Dans ma tête et dans mon coeur tous ces flashes d'infos, ces partages dramatiques, puis hilarants, parfois stupides.... s'entrechoquent, se mélangent, m'entraînent dans une valse à mille temps qui me déboussole totalement.

Au milieu de tout et son contraire, je me sens prise de balbutiements... j'ai envie de me taire, de m'enfuir.


© fruban







© fruban






mardi 18 août 2020

Orages du 14 août, Françoise R


 Pluies torrentielles, ciel tourmenté, le Soleil se cache pour pleurer. Et les poètes, la tête entre les mains, le coeur écorché vif, ne trouvent que mots noirs. Plus envie de chanter la Beauté et l'Amour, quand ici et là-bas, tout n'est que ruines et cendres froides. La Nature prend le deuil et refuse le ciel bleu et la mer d'huile. Humain, trop humain.


fruban

orages du 14 août 





© photo fruban




lundi 17 août 2020

Erri de Luca, France culture


Emission A voix nue 


Une série d'entretiens proposée par Delphine Japhet. 

Ecrivain, traducteur et poète, Erri De Luca a tenu sa vie durant ses engagements politiques et littéraires : « ouvrir sa bouche pour le muet », donner les mots à ceux que l’on tente de faire taire.




Erri De Luca au Festival du Film de Trente en 2012• Crédits : Niccolò Caranti
                                          





https://www.franceculture.fr/emissions/voix-nue/erri-de-luca-lecrivain-des-vents-contraires


L'écrivain des vents contraires




























Rue de la Muette, la vache qu'un garçon

 




"La vache qu'un garçon était en train de traire"


(Ochs/Ochs/Puyfagès/Mondy/Jaccard) extrait vidéo du sixième cd de Rue de la Muette "Ombres Chinoises"


Dans la rue un chien aboyait une dame qui passait lui a dit se taire

Un chat est rentré dans la maison. Une vache qu'un garçon était en train de traire

Pleurait à cause du petit veau qu’un boucher ce matin tôt avait mis dans sa bétaillère


Le chat a bu un peu de ce lait; quelque part dans son palais le gout de la souris grise

Qu’il avait croquée pour son 4 heures lui donnait des hauts le cœur. Ça c’était une bêtise

Qui gâchait une belle journée. Il est parti digérer au chaud sa friandise 


Le battement des ailes du papillon dans le bec d’un oisillon, caché sous la glycine-

Tu l’avais taillée au sécateur avant de briser mon cœur. J’ai cherché dans la cuisine

Un vase pour y mettre quelques fleurs. Elles ont entrouvert leurs cœurs pour qu’une abeille y butine


Chacun mange plus petit que soi- c’est la vie !- c’est comme ça ! j’ai coupé sous la cellophane

Un petit bout du petit cochon. Avec le coin du torchon, j’ai essuyé mes larmes

En regardant dans une émission une gazelle qu’un lion mangeait dans la savane


Et longtemps  j’ai attendue.  Tu n’es jamais revenue. Qu’est ce que j’ai pu te faire ?

Le chat ronronnait dans la maison et la vache qu’un garçon était en train de traire

Pleurait à cause du petit veau qu’un boucher ce matin tôt avait mis dans sa bétaillère

Avait mis dans sa bétaillère…


© Patrick Ochs juillet 2014




dimanche 16 août 2020

C'est devenu un rituel, par Françoise Ruban

 


C'est devenu un rituel au fil des mois, venir rêver près des eaux calmes. Rêver et rire des facéties des canards abondamment nourris par les passants. Comme j'aimerais vivre près d'une rivière, tellement plus reposante que l'Océan, même si Celui-ci s'est immiscé dans mes gènes !

Belle journée à vous !

















© photos fruban

mardi 21 juillet 2020

Patrick Ochs, La Muette à Drancy





"Comme partout en Europe, on entendait les bottes et les bottes des nazis/Mes parents ont dit hop ! il y en a plein les bottes on s’en va à Paris/Mon petit frère voulait voir les tigres affamés du cirque d’hiver/Moi j’aurais préféré les girls déshabillées des folies bergères/De la gare de l’Est, reste quelques photos/J’avais ma vieille veste et lui mon vieux manteau/On a planqué 6 mois chez le cousin Léon/Sur les grands boulevards, il y avait une fanfare, il y avait un orphéon

Comme partout en Europe tous les peuples à la botte faisaient porter l’étoile/Mes parents ont dit hop ! il y en a plein les bottes faut mettre les voiles/A pied ou a vélo, sur les routes de campagne/Mais on s’est arrêtés sans se faire arrêter bien avant la montagne/ On a planqué 6 mois chez le cousin Dupont/Les fils du chef de gare faisaient péter des pétards et jouaient au ballon/J’ai embrassé cousine dans l’arrière cuisine sur le bout du menton/La main sur sa poitrine au fond de ma poitrine j’entendais l’orphéon

Que l’été était beau, que la vie était chouette/Qui nous a dénoncés qui nous a embarqués Cité de la Muette ?
Dans le camp de Drancy, barbelé vert de gris du côté de Paname/Qui sont ces pauvres gens, ces femmes et ces enfants gardés par des gendarmes/Je te piquais tes ballons, je collais des gnons mais je te regrette Si j’avais su t’aimer, je t’aurais emmené ailleurs sur la planète/Oh mon petit frangin, je t’écris 3 fois rien 3 mots qu’au vent je guette/Vite sortez-nous d’ici, loin du camp de Drancy, Cité de la Muette/Oh mon petit frangin, je t’écris 3 fois rien 3 mots qu’au vent je guette/Vite sortez-nous d’ici, loin du camp de Drancy, Cité de la Muette

Mes parents, mes amis, vite sortez-nous d’ici/Les hommes creusent une galerie secrète/Pour s’enfuir du camp de Drancy la Muette/Tous. Avant la tombée du soir/Avant que le dernier train quitte la gare/Je traîne mon petit frère dans le métro/Pour voir les tigres du cirque Médrano/En remontant le boulevard/J’ai dans mon cœur le cœur de la fanfare

Vite sortez-nous d’ici
Sortez-nous tous d’ici
Loin du camps de Drancy
Sortez-nous tous d’ici…"

Paroles et musique: Patrick Ochs/ Rue de la Muette






Patrick Ochs, le 16 juillet 2020

Triste anniversaire de la rafle du vel d'hiv . Ca finit par un cri. Tous les ans je vous diffuse ma chanson là-dessus. Merci de faire découvrir notre travail si vous jugez que ça en vaut la peine. Abonnez vous à notre chaîne YouTube. Partagez et commentez!


Ma chaîne YouTube


https://www.youtube.com/user/patrickochs1/videos




lundi 29 juin 2020

Note de lecture sur Ostraka de Cristian Ronsmans, par Julien Miavril




Julien Miavril est doté d'une sensibilité très aiguisée. Elle lui permet de traquer les moindres sursauts de l'âme d'un auteur jusque dans ses encoignures et plus infimes recoins et les rehausser pour mieux les mettre dans un écrin de lumière.
Il se livre alors à une analyse fouillée tel un horloger spécialisé dans l'horlogerie ancienne, capable tout en pénétrant dans le ventre d'une comtoise ou d'une pendule à jaquemart, au fur et à mesure de la dépose des différentes pièces, ressorts, engrenages et autres, de nous expliquer dans les plus subtils détails détails le mécanisme et le fonctionnement avec une grande pertinence.
Je lui suis très reconnaissant pour cette note de lecture. (Cristian R)



"Ostraka", livre paru aux éditions du Pont de l'Europe, de Cristian Ronsmans, note de lecture

Par Julien Miavril

Prends-bien garde, ô lecteur, de ne point trop t'égarer en ces contrées philosophiques, toutes emplies de fiel et de sagesse, qui forment la trame de l'ouvrage de Cristian Ronsmans. Tu pourrais avoir à y goûter ce nectar empoisonné et salvateur, que contient tout philtre d'amour au-delà même du secret de sa composition. Le titre choisi fait référence à ces éclats de calcaire, qui n'existent qu'unis et réunis, et sur lesquels est inscrit le brûlant langage des dieux, proches et lointains par essence. Comme une pharmacopée cosmogonique et magique dont le secret aujourd'hui nous échappe. La philosophie qu'y déploie le poète donne, d'un bout à l'autre, à entendre ce rire dionysiaque qui se fait aussi léger que son mal d'amour est profond. Car il semble que la langue de l'Amant blessé qui forme la scène primitive, soit en faillite et comme meurtrie dans son vigoureux essor. Cristian Ronsmans s'échine en effet à pourfendre une à une les différentes figures de l'amour - soudain ou immortel, irruptif ou courtois, déssaisissant ou mortel voire ennuyeux, désespérant ou alors profondément salvateur - Le philosophe assène des coups de marteau en même temps qu'il instaure un nouvel ordre impérieux où mythologie, métaphysique et philosophie se fondent et se confondent :

"Le jour, en effet, où l'Homme acceptera de renouer avec son féminin dont il s'est séparé et quand la femme cessera toute rébellion contre son masculin, viendra enfin le temps de l'anthropos, de l'Humain réconcilié. Un Humain dans la plénitude de toute sa dimension retrouvée. (...) C'est l'Humain, dans sa finitude qui façonne le sort de l'Humanité, son destin dans l'infini de l'Univers où tout est déterminé, qui le dépasse mais où la permission lui est donnée."

Nouvelle eschatologie où l'Homme et la Femme se fondent dans l'Humain, où ils ressuscitent à eux-mêmes dans un geste réconciliateur de rééquilibrage des polarités, où le retour à l'Adam primordial signe l'arrivée d'un homme nouveau, et où la finitude humaine porte et contient l'infinitude en acte et en puissance. Mystification ou pas, démystification au pas, il ne reste qu'à "ouvrir les portes de l'Alphée", autrement dit de l'Eden originel. Arcadie mythique où les nymphes restent victimes de la colère des dieux et où l'aimée transparaît à travers son absence fatale.

Le poète ne tarde pas à nous conduire dans une méditation qui puise sa sève directement depuis les racines de l'arbre du monde, ou l'axis mundi - propriété gardée des géants primordiaux qui voyagent entre Terre et Ciel. Ainsi de ce vieil homme, en dialogue avec son "frère feuillu" à qui il consacre des offrandes, et qui se sacrifie, tel le dieu Odin s'étant pendu à l'arbre premier pour y recevoir le fruit de la connaissance initiatique et sacrée. Sagesse de l'éphémère qui a valeur d'absolu, elle est celle qui se décline au théâtre, sur le ton de la fable, partout où l'Amour fait loi.

Vanité des vanités ! Le poète nous instruit ensuite de la moindre valeur de l'or matériel au regard de l'or de la connaissance. Il décline une puissante parabole sur le thème du Veau D'Or. On y renoue avec la sagesse de l'Ancien testament, comme avec celle contenue dans les traités alchimiques sur les métaux précieux, et qui nous détournent du danger de convoitise guettant celui qui part en quête des trésors de l'Abîme. "Moine au désert de la vie", tel est celui qui s'exile de lui-même pour mieux se retrouver lui-même dans le silence des mondes. Car l'Art exige à la fin patience et empire sans partage. "L'Art est long, mais le temps est court." comme l'affirmait Baudelaire. Et le poète !? "Rien qu'un passager du vent que le vent finira par emporter." Tout est poussière et pâture de vent pour reprendre les mots de "l'Ecclésiaste". Et le poète ne trouve véritablement son lieu que dans la "contemplation de l'univers, dans la matrice du silence sidéral", là où la psyché humaine fusionne avec le Tout.

À cela s'ajoutent de superbes tableaux impressionnistes, par moments surréalistes et troublants, à d'autres plus naturalistes, qui forment la matière d'un double spleen toulousain et bruxellois. Rassemblement de visions intimes et diffuses, le Réel s'y trouve tout à la fois dénudé et transfiguré dans un ultime acte sacrilège de célébration. Aussi, c'est sur la scène d'un "théâtre", où tous sont réduits à n'être que "palpitations sous les tréteaux du monde. Et rien d'autre", que se joue et se noue le drama. Ce théâtre est celui d'une cruauté dont l'éclat est rendu à sa vérité première. Aucune place pour le masque ou le mensonge - pas même le jeu ou la simulation - car la vérité qui s'y expose, déchire en même temps qu'elle délivre "l'éternel indécis" qui trône seul sur la scène.

Et bientôt, le verbe du poète même s'éploie en une théophanie du visage, lieu d'inscription de l'infini et de l'altérité de l'homme en l'homme. Après avoir opéré une distinction entre forme de méditation béate et contemplation sincère et authentique, le poète nous ouvre les portes du cosmos. Il devient ce "matador en habit de lumière éternelle", en même temps que ce "taureau apeuré" qui se constelle dans le ciel même, objet de son extase contemplative. Et l'ombre qui y inscrit son règne, se change en "orage de feu" destiné à se dissoudre dans la nuit. Le combat se poursuit dans l'arène avec "l'Ange des ténèbres", jadis figure démiurgique et créatrice d'amour, et qui emprisonne désormais tout être dans le filet de ses sortilèges vengeurs. Au contact des épaisses ténèbres, et au terme de cette nuit noire dont l'Ange assure la traversée, jaillit enfin la lumière du Royaume où vie et mort s'épousent et où il ne suffit plus de "saper les piliers de l'antique sagesse." Il incombe au contraire de réinventer la Genèse et de troubler le Seuil qui sépare le royaume de la nuit et des morts, de celui de la lumière et des vivants. Le poète y apparaît alors comme ce passeur de plus d'une rive qui inquiète l'ordre voulu par l'Esprit divin. Et au travers d'une écriture puissante, lyrique, fulgurante et lumineuse, Cristian nous révèle les arcanes de cette Sophia Perennis, ou Sagesse première, qui fait la sève rutilante de toute méditation poétique authentique.

Julien Miavril, Strasbourg le 26 juin 2020


mardi 23 juin 2020

Angélique Ionatos, site officiel mis à jour





© Photo : Yann Orhan

Le magasin en ligne d'Angélique Ionatos ouvre ses portes. Retrouvez y une sélection d'albums ainsi que son livre de traductions de poèmes d'Odysseas Elytis

ci-dessous

Angélique Ionatos



RESTE LA LUMIÈRE - MENEI TO ΦΩΣ
CD - 12 TITRES - 2015

LE MONDE

“ Il y a un style Ionatos, que l'on reconnaît, même après huit ans d'un silence discographique... Il fait pleurer pour enfin entendre les mélodies qui iront avec les mots...”
LE JOURNAL DU DIMANCHE

“ Superbe.”
FRANCE CULTURE

“ ‘ Reste la lumière’, est sombre et d'une beauté pure, en réponse à la situation de son pays.”
TÉLÉRAMA

Angélique Ionatos conjugue avec toujours autant de force musique et poésie. Et c'est là que réside son immense talent.
LIBÉRATION
“ La guitariste, aux montées d'arpèges au style inimitable, rayonne de grâce et de détermination.”
LES INROCKUPTIBLES
“ C'est un grand et beau disque, terrible et courageux à l'image de l'artiste d'exception qui l'a conçu.”


Visitez son site et le magasin en ligne dont je ne vous propose ici qu'un tout petit extrait (F Ruban)


https://angelique-ionatos.com/?fbclid=IwAR0kOg66niTmv_6FO8-0sd5vh837xVIp2OecNSWV8q4UrSDi9Ykv189H9Fk



vendredi 19 juin 2020

Le racisme est un virus, par Dany Laferrière



Bon, soyons clair, le racisme naît, vit et pourrait même mourir un jour. Il est contagieux, et se transmet d’un être humain à un autre. Toutefois, sa rapidité de contagion varie selon le lieu ou la situation. On peut d’ailleurs créer de toutes pièces des situations qui augmenteraient sa vitesse et sa puissance, alors que d’autres la diminueraient.

À certains moments on annonce de nouvelles vagues à l’horizon. On s’en étonne alors que des signes avant-coureurs avertissaient de l’imminence du danger. Le chômage, la misère, la violence urbaine, l’absence de courtoisie sont des agents capables d’accélérer son éclosion dans un lieu où sa présence était embryonnaire.

Mais le racisme a cette particularité de ne jamais naître à l’endroit où on se trouve. C’est un virus qui vient toujours d’ailleurs. Si le chômage fait soudain rage, on montre alors du doigt les nouveaux venus qui conservent en eux, semble-t-il, ce gène de la misère qui permet au racisme de féconder. C’est en voyant un malade qu’on apprend l’existence du virus, sinon il reste invisible. Ce qui fonde l’idée que le malade est responsable de la maladie.

Si le Blanc pense que c’est avec le Noir que ce virus est arrivé en Amérique, le Noir croit, lui, que c’est la cupidité du Blanc à vouloir exploiter son énergie qui le garde encore vivant. Il n’y a pas de Noir sans Blanc comme il n’y a pas de Blanc sans Noir. Chacun devant son existence à l’autre.

Voilà un nouveau produit identitaire aussi américain que le hamburger. Une identité créée par un virus. On aimerait assister à cette naissance en laboratoire. Quant aux Amérindiens ils sont encore en confinement dans les réserves.

Le moment historique

On se demande quand tout a commencé en Amérique ? Il y a 400 ans avec le commerce d’esclaves. Les premiers bateaux négriers sont arrivés à ce moment-là sur les côtes d’Amérique. Cela peut sembler lointain, mais sur un plan historique c’était hier.

Les petits-fils d’esclaves font tout pour se rappeler « ces siècles sanglants » tandis que les petits-fils de colons font tout pour les oublier. On ne pense pas toujours à la même chose au même moment. On peut faire remonter la conception du virus quand l’Europe s’est mise à fantasmer sur cette énergie gratuite et inépuisable : la force de travail de l’esclave.

Le but c’est l’argent. Faire travailler les autres gratuitement, avec droit de vie et de mort sur eux. On trouve encore des gens aux États-Unis qui pensent avec nostalgie à cette époque.

Je dis États-Unis parce que les derniers événements s’y sont déroulés, mais je souris de voir l’Europe s’étonner de la violence du racisme américain, oubliant qu’elle était à l’origine de toute cette histoire. C’était la première pandémie puisqu’au moins trois continents étaient impliqués : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique.

Le mystère

Il y a un point qui reste mystérieux : le racisme est capable d’apparaître dans les régions les plus reculées, là où il n’y a ni misère, ni chômage, ni même un Noir. On croyait pourtant connaître son mode de fonctionnement.

Son territoire est-il illimité ? Son temps, infini ?

Il y a tant de choses qu’on ignore dans le comportement du virus. On navigue à vue. La seule évidence, c’est la souffrance qu’il produit sur un seul groupe : les Noirs. On serait étonné de la diversité des études faites sur le comportement du virus.

Par exemple, le virus peut-il passer de l’homme à l’animal ? On pourrait le croire en voyant dans le sud des États-Unis, il n’y a pas si longtemps, des endroits publics où il est affiché : « Interdit aux Nègres et aux chiens ».

On pourrait croire que c’est la fantaisie d’un chercheur en laboratoire, en réalité cela fait partie d’un processus de déshumanisation.

 Si le Blanc pense que c’est avec le Noir que ce virus est arrivé en Amérique, le Noir croit, lui, que c’est la cupidité du Blanc à vouloir exploiter son énergie qui le garde encore vivant.

La déshumanisation

Pour que l’esclave puisse accepter sa condition de bête de somme, cela requiert une participation de tous les corps de métier qui ont une certaine influence sur la société.

L’élite politique, intellectuelle et religieuse de l’époque s’est engagée à convaincre l’esclave qu’il est à sa place dans l’organisation de la société coloniale. Ce qu’il est ? Une simple marchandise qu’on cherche à vendre au plus offrant. L’Église lui fait comprendre que tant de souffrance sera récompensée par une place certaine au paradis. Un article du Code noir qui régit tous les aspects de la vie de l’esclave stipule que « le Nègre est un bien meuble ». On est en plein siècle des Lumières.

Pourtant, l’esclavage va fleurir durant cette époque de haute philosophie et de progrès scientifique. On se demande même si le Noir possède une âme. On remarque alors que plus le virus s’installe, plus la police se croit puissante. Une fois qu’il est là, c’est difficile de l’extirper du corps. On cherche ou on fait semblant de chercher un vaccin pour le tuer.

Ce vaccin-là, c’est le siècle des Lumières qui le propose avec l’idée du progrès dans tous les domaines. La Révolution française a tenté un bref moment de tordre le cou à l’esclavage (« périssent les colonies plutôt qu’un principe ! » Robespierre sur l’esclavage).Mais en fait, c’était compter sans la pièce maîtresse : l’argent. Car tout le monde cherche à s’enrichir par la traite négrière. Même les philosophes — Voltaire en tête — possédaient des actions à la Compagnie des Indes.

L’argent

C’est l’argent qui a permis au virus de se propager. Il se nourrit du désir insatiable de l’homme de s’enrichir à peu de frais. Des ouvriers qu’on n’a pas à payer.

Aux États-Unis, Abraham Lincoln croit que l’esclavage ne va pas avec son projet d’une Amérique nouvelle. Guerre de Sécession. Le Nord gagne. Massivement les Noirs montent au nord pour devenir des salariés. On déchante rapidement. Les anciens esclaves devenus ouvriers avaient maintenant un salaire, mais ils travaillaient presque autant qu’avant et devaient vivre dans des taudis à rats qu’ils payaient cher. Ils découvrent que l’ouvrier est un esclave qui règle lui-même ses factures. Mais sa condition n’est pas si différente de celle d’avant. Le problème reste entier.

L’esclavage est dur, mais le capitalisme n’est pas une plaisanterie non plus. Le Nord est un Sud exempt de culpabilité. Le virus s’adapte rapidement à la nouvelle situation. Pour toucher du doigt le problème, il faudrait mettre le Blanc (Nord et Sud) sur le divan du docteur Freud, car le virus s’est caché si bien dans les replis du corps social qu’il est impossible de le débusquer. Au point que le raciste se demande de quoi on l’accuse.

Un peu comme quand le violeur se met à croire que c’est la petite fille qui l’a provoqué.

La distanciation sociale

Si l’Afrique du Sud l’a perfectionné avec l’apartheid, l’Amérique avait compris longtemps avant qu’il fallait une distance sociale. Étrangement cette fois, la distanciation sociale permet au virus de garder sa vigueur.

Rapidement, les États du Sud ont mis en place un système sanitaire qui écarte dans tous les actes de la vie quotidienne le Blanc du Noir. Il ne fallait pas qu’ils soient ensemble dans la même pièce, ni qu’ils passent par la même porte pour entrer dans un lieu public ou privé (les Noirs par la porte de derrière, les Blancs par la porte de devant). Il ne fallait pas qu’ils fréquentent les mêmes bars, sauf s’il y avait deux entrées et deux salles qui ne communiquaient pas. Ils ne mangeaient pas, ne dansaient pas, ne dormaient pas dans la même maison (la maison des maîtres, et au fond de la cour les baraques des esclaves).

Les règles étaient strictement observées à l’époque, car les châtiments étaient lourds. C’était aux Noirs de se tenir à distance. Le Blanc pouvait circuler partout, même dans la case du Noir, mais c’était à ce dernier d’éviter de se trouver sur son chemin, même s’il le trouvait avec sa femme.

Un virus particulier

Je ne sais pas par quel étrange raisonnement on a conclu que le virus du racisme n’était pas chez le Blanc mais chez le Noir, qu’il n’était pas chez le maître mais chez l’esclave. Comme on a cru que la femme était responsable de son viol. C’est pour cela qu’on a mandaté la police pour qu’elle protège le Blanc du Noir. Car c’est de sa faute si le Blanc est raciste. On ne lui reproche rien d’autre que d’être noir. Des penseurs ont affirmé que n’importe qui peut être raciste. N’importe qui peut être un salaud ou un tueur, mais le racisme est un virus particulier. Il a besoin d’un porteur qui se croit supérieur à tout autre individu différent de lui, tout en pensant que le Noir est au bas de l’échelle. Il faut qu’il soit aussi membre d’un groupe puissant et dominateur. Il faut surtout qu’il croie que sa supériorité remonte à des temps immémoriaux.

D’un autre côté, le système doit faire en sorte que le Noir accepte ce bouquet de privilèges comme une évidence.Résultat : quand un Blanc croise un Noir, même dans cette Amérique, il sait qu’il y a quelques siècles cet homme aurait été son « bien meuble ».

Les porteurs sains

Pendant longtemps on a cru que le raciste ressemblait à ces hommes qui portent des cagoules pointues et de longues robes blanches pour se réunir la nuit sous de grands arbres avec des torches et une croix en flammes. Ils font des discours haineux qui affirment la suprématie des Blancs.

Plus tard, on a cru aussi que la nouvelle génération était formée de jeunes punks racistes au crâne rasé et au regard aussi pointu que leur couteau qui monologuent un sabir fait de borborygmes qu’ils accompagnent de saluts nazis en vendant de vieux exemplaires de Mein Kampf. On sait aujourd’hui que le virus a atteint presque tout le monde après quatre siècles. Et que la plupart des porteurs sont sains, c’est-à-dire qu’ils l’ont, mais n’en souffrent pas. Le pire c’est qu’ils peuvent le transmettre.

Supposons que nous en sommes tous atteints : ceux qui subissent comme ceux qui infligent, et qu’il n’y a pas de guérison possible sans un effort collectif. Vous avez vu l’énergie et l’argent dépensés pour l’autre virus, et cela même sans espoir d’une éradication totale. Si nous mettons le même effort, même s’il faut bloquer un moment le système, pour éradiquer une fois pour toutes ce virus du corps humain. Juste un effort pour détruire le virus, sans le relier à une race, ou à un passé même sanglant, même injuste.

Ce sera un très lent processus, mais si nous réussissons, nous aurons l’impression d’être moins idiots et de pouvoir rire en racontant plus tard aux enfants qu’il y a à peine quelques décennies le monde était divisé en races et qu’un individu pouvait mourir à cause de la couleur de sa peau.

Dany Laferrière


LEDEVOIR



Photo: Pedro Ruiz Le Devoir






vendredi 12 juin 2020

Un monde unique, par Jean-Fran






Un monde unique

Lorsque l’on fait la fenaison, l’avenir est à trois jours. Nous avons le nez collé sur la météo, essentiellement trois sites : Pleinchamp, France agricole et Météociel. Le jour où on décide de faucher doit être suivi de deux jours de beau temps si on veut botteler du bon foin.

Cela faisait donc une dizaine de jours qu’on avait « le nez collé au guidon », des préoccupations à court terme. La fenaison est finie, il est temps de prendre du recul pour mieux préparer l’avenir. Deux événements survenus aujourd’hui permettent de prendre du champ.

Un événement majeur : le décès de la première propriétaire à m’avoir fait confiance et donné des terres en fermage. Cette femme qui dans sa jeunesse a été fermière et qui a quitté avec bonheur pour devenir professeur de lettres classiques et modernes. Une carrière d’enseignante prolongée après sa retraite par son attirance pour la Grèce, sa langue et sa culture. Ce qu’elle a su transmettre à ses enfants puisqu’aucun ne fut encouragé à reprendre l’exploitation, la réussite consistant plutôt à en sortir. De fort belles réussites, par ailleurs.

Un autre événement, mineur celui-ci : la livraison de blocs de sel et de seaux de minéraux à lécher. Ce sont pratiquement les seuls aliments achetés pour nos vaches. Le livreur effectue sa dernière livraison, en retraite à la fin du mois, il se laisse aller à ses souvenirs de jeunesse. Il faisait les foins, en petits ballots, chez un voisin qui avait l’âge de l’expérience sur une petite ferme de 40 ha et 20 vaches. Il garde de bons souvenirs et en parle comme si c’était hier.

Je rencontre beaucoup de personnes qui me parlent de bons souvenirs de vacances passées à la ferme.

Une génération, bien sûr !

Je crois quant à moi que ces deux mondes ne doivent pas être opposés. On ne peut se désintéresser ni de l’apprentissage du grec ancien, ni de la culture de la luzerne.

Nous vivons dans un monde unique

JFB

Ce texte est extrait du blog de mon ami Jean-fran. Le poème qui a été lu aux obsèques était "Ithaque" de Konstantin Kavafis. Lu d'abord en grec, par la petite-fille, helléniste elle aussi.

J'ajoute que l'on peut être paysan, aimer écrire et partager son travail, ses passions, ses difficultés.

FR

Jeudi 11 juin 2015




Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, 
Si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer
que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d'été,
où (avec quelles délices !) tu pénétreras
dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d'entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes,
et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d'y parvenir,

mais n'écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu'il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu'Ithaque t'enrichisse.

Ithaque t'a donné le beau voyage :
sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n'a plus rien d'autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé.
Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences,
tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.

 Konstantin Kavafis

Traduction de Marguerite Yourcenar


© photo JFB 



dimanche 7 juin 2020

Gris le ciel en cendre, dit par Pascal Huvet











 Gris
                                                             ... le Ciel en cendre



Je n'y vois que du gris

Gris le ciel
gris mes mots
gris mon coeur
gris l'espace sans lueur
La cendre a tout pénétré
Le souffle s'est envolé
En silence je t'ai appelé
Le vent a refusé de porter ton prénom


Je n'y vois que du gris

Gris le monde
des hommes gris
gris tous ces morts qui jamais plus
ne verront se lever l'aube
grise la chape sur le sang séché
La noire barbarie s'est abattue
La Vie s'est arrêtée net
Des larmes des cris de peur d'horreur
Le silence m'assourdit


Je n'y vois que du gris

Gris ce petit con
grises les blessures infligées
à ton cœur pur petite princesse
gris ces gamins déboussolés
Violence absence de repères
Arrogance bestiale des mal-aimés
Domination ces morsures à l'âme
ces coups à l'autre portés
Hurlements de l'enfance confisquée


Je n'y vois que du gris

Et pourtant un matin gris
le soleil se lève le bleu resplendit
bleues tes caresses murmurées
bleu ton sourire de tendresse habillé
Ta main me conduit sur les sentiers
Empreintes chéries du passé
dans les pas des Hommes aimés
Compassion ou Amour fou
Mais surtout baisers sucrés dans le cou


© fRuban

5 décembre 2015

publié dans Chorégraphie de cendres (2017)
ene épingle à nourrice éditions

dimanche 26 avril 2020

Notre Vieux Pont, par Françoise Ruban


© photo fruban





Notre Vieux Pont

Petite fille je ne te voyais pas
mais tu servais de refuge pour la fête foraine
et comme tous les enfants je l'attendais
Les promenades sur les bords de l'Yonne
manèges et barbe à papa

Adolescente je t'ignorais tout autant
pourtant je découvrais le vieux bistro
et nos premiers flirts non loin de toi
Nous préférions l'Aqueduc ou le bois de sapins
les balades main dans la main

Adulte j'ai déserté mes terres d'enfance
encore plus le Vieux Pont que je ne regardais pas
nous avions d'autres repères d'autres habitudes
Jusqu'à cette année 2015 où tu devins mon confident
après le mois de novembre et ses tragédies

Tout a commencé en avril la maison de ma mère
la ferme de mes grands-parents maternels
les terres les bois le chagrin
Je revins souvent et pour la première fois
je t'ai regardé Toi échappé au bombardement

Je pris l'habitude d'aller te voir t'admirer
une photo à chaque fois avec les cygnes
avec les canards et les eaux calmes de la rivière
En novembre ce fut le Bataclan la stupeur
tout recommençait après Charlie

Nous sommes allés nous réchauffer au café le Baroque
observer les gens écouter les paroles
en terrasse pour respirer et fumer des clopes
Depuis je suis venue à chaque saison
je te parlais Vieux Pont

Aujourd'hui confinée à cause d'un sale virus
je ne me déplace plus jusqu'à Toi
je regarde les photos avec tristesse
Quand te reverrai-je Vieux Pont
te reverrai-je un jour.....


fruban

26-27 mars 2020





© photo fruban




© photo fruban



samedi 25 avril 2020

Fils de novembre, retour de lecture de Cristian R



Ma chère Françoise,

Comment te remercier de ce recueil que tu m'as adressé; lequel, aux bons soins de l'intendance des postes belges, a su se faire désirer.

Mais cette attente a été bien récompensée par la lecture de ce petit bijou de sensibilité poétique, où j'ai pu apprécier ta belle maîtrise.

En matière d'Art, la poésie est un Art royal. En ce sens que, tel un Lévite dans le Temple, gardien de l'Arche, le poète va orchestrer le rite avec une telle rigueur, une telle simplicité, et une telle pudeur qu'elle est la marque du talent, .

Quoi de plus beau et touchant à l'essentiel que ce peintre, qui d'un seul trait de crayon dessine un oiseau, dans la majesté de son envol, pour dire l'essentialité d'un message

Ma chère Françoise, tu fais exactement cela. Tu écris à main levée d'un seul trait, sans ornementations superfétatoires et prétentieuses, sans artifices d'illusionniste, mais avec juste ce qu'il faut de densité pour atteindre le cœur de ton lecteur ou de ta lectrice.

Je suis très impressionné par cette œuvre qui relève, pour mes yeux d'infidèle, de la cérémonie, avec son introït, son kyrie et son sanctus pour un Requiem en poésie majeure.

J'ai été, entre autres, ému, jusques aux larmes, à la lecture de Volga.

Tu as l'étoffe d'une grande poétesse, mais cela je l'avais deviné, il y a un bon bout de temps. Et la confirmation tu l'apportes ici et maintenant.

Je ne peux terminer cet humble commentaire d'un lecteur enchanté sans féliciter la qualité éditoriale. J'aimerais que tu le dises à Véronique et que tu la remercies pour moi de ce magnifique travail.

Je t'embrasse avec respect et grande tendresse

Ton vieux cachalot

Cristian














vendredi 24 avril 2020

La Muette à Drancy,Rue de la Muette


© photoDawa Salfati, juillet 2018




"Comme partout en Europe, on entendait les bottes et les bottes des nazis/Mes parents ont dit hop ! il y en a plein les bottes on s’en va à Paris/Mon petit frère voulait voir les tigres affamés du cirque d’hiver/Moi j’aurai préféré les girls déshabillées des folies bergères/De la gare de l’Est, reste quelques photos/J’avais ma vieille veste et lui moi vieux manteau/On a planqué 6 mois chez le cousin Léon/Sur les grands boulevards, il y avait une fanfare, il y avait un orphéon

Comme partout en Europe tous les peuples à la botte faisaient porter l’étoile/Mes parents ont dit hop ! il y en a plein les bottes faut mettre les voiles/A pied ou a vélo, sur les routes de campagne/Mais on s’est arrêtés sans se faire arrêter bien avant la montagne/ On a planqué 6 mois chez le cousin Dupont/Les fils du chef de gare faisaient péter des pétards et jouaient au ballon/J’ai embrassé cousine dans l’arrière cuisine sur le bout du menton/La main sur sa poitrine au fond de ma poitrine j’entendais l’orphéon

Que l’été était beau, que la vie était chouette/Qui nous a dénoncés qui nous a embarqués Cité de la Muette ?
Dans le camp de Drancy, barbelé vert de gris du côté de Paname/Qui sont ces pauvres gens, ces femmes et ces enfants gardés par des gendarmes/Je te piquais tes ballons, je collais des gnons mais je te regrette Si j’avais su t’aimer, je t’aurais emmené ailleurs sur la planète/Oh mon petit frangin, je t’écris 3 fois rien 3 mots qu’au vent je guette/Vite sortez-nous d’ici, loin du camp de Drancy, Cité de la Muette/Oh mon petit frangin, je t’écris 3 fois rien 3 mots qu’au vent je guette/Vite sortez-nous d’ici, loin du camp de Drancy, Cité de la Muette

Mes parents, mes amis, vite sortez-nous d’ici/Les hommes creusent une galerie secrète/Pour s’enfuir du camp de Drancy la Muette/Tous. Avant la tombée du soir/Avant que le dernier train quitte la gare/Je traîne mon petit frère dans le métro/Pour voir les tigres du cirque Médrano/En remontant le boulevard/J’ai dans mon cœur le cœur de la fanfare

Vite sortez-nous d’ici
Sortez-nous tous d’ici
Loin du camps de Drancy
Sortez-nous tous d’ici…"

Paroles et musique: Patrick Ochs/ Rue de la Muette











Nos enchanteurs publie à nouveau le 23 avril 2020



Version 2003

( cd en 2003 et vidéo en 2008 )








La chanson a été réenregistrée dans l’album de 2018, Partenaires  qui reprend le répertoire du groupe, avec Gilles Puyfagès à l’accordéon, Eric Jaccard aux percussions et Vincent Mondy aux Vents.

Sur le site de Patrick Ochs

Article de Michel Kemper le 18 avril 2018 lors de sa sortie








lundi 20 avril 2020

On the Rock à Saint-Nazaire



C'était un 29 novembre 2013


Suite du reportage sur Saint-Nazaire commencé sur ce blog

ICI

Théâtre de St Nazaire


Réhabilitation de l'ancienne gare ferroviaire

Au début des années 2000, la municipalité décide d'implanter un théâtre sur le site de l'ancienne gare ferroviaire de Saint-Nazaire afin de finaliser la réhabilitation des friches portuaires, proches du centre-ville, débutée dans les années 1990.
Projet conçu par Karine Herman, après concours.
Ouvrir la culture à tous, telle était l'ambition de ce projet mené par Karine Herman et Jérôme Sigwalt de l'agence K-Architecture.


Inscrit dans le projet Ville-Port - depuis la fin des années 90, faire se rejoindre la ville avec son port, l'estuaire et la mer.
Le Théâtre a une forme architecturale totalement moderne, mais qui rend également hommage au passé historique du site en étant inséré dans les vestiges de la gare du 19e siècle. Modernisme et strates du passé se mêlent.

Le 8 septembre 2012, le premier spectacle est intitulé "Il était une fois une gare"


© photo fruban

Un ancien blockhaus a été aménagé et le théâtre fut construit sur ce site - ce que l'on appelle la Ville Port
Ancienne gare ferroviaire réhabilitée.




© photo fruban

Se mêlent différentes architectures, parfois des arcades classiques de style haussmanien comme la plupart des gares du 19è siècle.



© photo fruban

Nous venions assister à la journée On the Rock !
Au programme quelques grands dont Albert Marcoeur!







Sur cette photo se voient mêlés les silos de Cargill,les fumées... à l'architecture parfaitement néo-classique du Théâtre



© photo fruban

Petite dégustation à l'intérieur du théâtre, dans l'immense hall d'entrée.
Le hall du Théâtre où Albert Marcoeur "Et bien d'autres" nous a régalés de ses textes, de sa voix, sa table sonore, percussions... avec Julien Baillod et Jean-Vincent Huguenin aux guitares électriques.




© fruban

Ambiance sympathique et chaleureuse. Chacun se regroupe pour apercevoir les artistes, hélas cachés sur ma photo...




Une architecture néo-classique sur ce site du bunker qui abritait la base sous-marine allemande. Il y en avait sur toute la côte atlantique.
Saint-Nazaire fut une poche de résistance, détruite entièrement, reconstruite dans l'urgence dès les années 1950.
Dans la première partie de ce mini reportage-photos (voir renvoi ci-dessus), je développais ces autres aspects.
Un Eco-musée retrace l'histoire de la ville.



© photo fruban

Encore une autre architecture.... ce qui fait l'originalité et le charme de la Ville-Port. ll y a quelque chose de surréel et baroque dans l'assemblage, que j'aime plus que tout. Ici, ce n'est pas le béton mais des plaques de châtaignier qui recouvrent les murs.






La perspective m'avait semblé intéressante


Aux dernières nouvelles, ce Théâtre a pris le nom de Théâtre Simone Veil


© photo fruban

Dans le fond brumeux, le fameux pont de StNazaire et au premier plan, une petite partie du monument qui célèbre la libération des esclaves (voir dans 1ère partie de ce reportage).




© photo fruban

Un autre aspect du port, la base navale, les chantiers de l'Atlantique. Ici, un navire de guerre qui devait être livré à la Russie...


© photo fruban

Je terminerai sur le vieux phare et l'estuaire qui voit passer tant d'énormes paquebots, des cargos.... où perdure cependant la pêche à la civelle.

Ceci sera une autre histoire....


© photos et textes fruban