samedi 28 juin 2014

Les Chimères ( Gérard de Nerval )

Mondial de la honte

Nicolas de Staël, Les footballeurs (1952)




On me dit, le Mondial rassemble les peuples...

Rassemblement des peuples, ces cris sauvages, ces maquillages, ces maillots, ces gadgets, aux couleurs de sa «  patrie » ?
Certes, le temps d'un match, on se sent fier de son pays, et on veut en découdre avec l'adversaire,jusqu'à la morsure sauvage. Dans le passé, combien de blessés, de morts, de populations expulsées, même une guerre déclarée !

Rassemblement des peuples, descendre hurler, casser, klaxonner dans les rues, afin de montrer sa supériorité, de prendre sa revanche sur l' Histoire ?

Rassemblement des peuples, alors que tout n'est qu'affaire de fric, alors que les problèmes des peuples persisteront après la victoire finale ?

En réalité, dressés les uns contre les autres, écrasés par la misère,les peuples se détesteront un peu plus, et les supporters écervelés et déchaînés attisent cette haine de l'autre.
Cette vaste hystérie collective n'est qu'une échappatoire providentielle autant qu' éphémère. Demain, les pauvres seront encore plus pauvres, les riches encore plus riches. Les joueurs à la tête de revenus indécents, seront achetés, vendus, corrompus... comme du bétail !

On me dit, rassemblement des peuples,mais ce qu'on ne dit pas – ou que l'on se dépêche d'oublier, d'occulter – c'est jusqu'où l'on est capable d'aller pour obtenir la victoire d'une équipe ou d'un club. Corruption, matches truqués, joueurs « achetés »...Les annales du foot professionnel et du Mondial sont riches de ces beaux « rassemblements » !

Quant au patriotisme exacerbé tel qu'il se déchaîne ici, il a des relents nauséabonds de nationalisme, de xénophobie, de racisme.

Non, le sport et le foot en particulier, ce ne sont pas ces mascarades politico-financières!

Oui, en dehors de ce contexte et de ces enjeux, j'aime regarder un beau match !

Oui, à l'origine le football est un sport populaire !

Françoise Ruban
jeudi 27 juin 2014


On peut écouter Eric Cantona qui sait ce dont il parle...

https://www.youtube.com/watch?v=5L2A34WGbI0






jeudi 26 juin 2014

Poème d'Odysseas Elytis, Monogramme III

photo du web





III

Ainsi je parle de toi et moi

Parce que je t’aime et dans l’amour, je sais

Comment prendre la tête comme une pleine lune

De toutes les directions, pour ton petit pied dans les feuilles de vastes

Jasmins en plumet et j’ai le pouvoir

Endormi, de souffler et de t’attraper

À travers des passages de clair de lune et des grottes marines secrètes

D’hypnotiques arbres avec des araignées argentées

Les vagues ont entendu parler de toi

Comment tu caresses , comment tu embrasses

Comment tu murmures le « quoi » et le « Hé »

Autour de ton cou, en cette baie

Nous sommes toujours la lumière et l’ombre

Tu es toujours la petite étoile et je suis toujours le navire sombre

Tu es toujours le port et je suis la lumière sur la droite.

La jetée humide et les paillettes sur les avirons

Élevé sur la maison de la vigne éden

Les roses liées, l’eau fraîche

Tu es toujours la statue de pierre et je suis toujours l’ombre grandissante

Toi le fermoir qui pend , moi le vent qui l’ouvre

Parce que je t’aime et je t’aime

Tu es toujours la monnaie et je suis le culte qui lui donne sa valeur :

Comme la nuit, comme le rugissement du vent

Comme la chute de l’air, comme l’immobilité

Comme la mer majestueuse

Arche du paradis remplie des étoiles célestes

Comme la moindre de tes respirations

Que n’ai-je plus rien d’autre

Dans les quatre murs, le plafond, le sol

t’appeler et que mon propre écho me frappe

Sentir ton parfum et les gens se mettent en colère

Car ceux qui n’ont pas testé , ces étrangers

ne peuvent le supporter et il est tôt, m’entends -tu

Il est encore tôt dans ce monde mon amour

Pour parler de toi et moi.




Regard littéraire sur la crise grecque

http://www.grecehebdo.gr/2014/06/regard-litteraire-sur-la-crise-grecque.html#.U6wgWdTwqv8.blogger
Regard littéraire sur la crise grecque


 La crise grecque alimente la littérature. Marie-Diane Meissirel a vécu à Athènes de 2009 à fin 2013. Fruit de ce séjour, un roman témoignage, un récit bouleversant et tendu intitulé ‘’Un héritage grec’’.
Ce roman paru aux éditions Daphnis et Chloé ambitionne selon son auteur de permettre à ses lecteurs de mieux comprendre la Grèce contemporaine dans sa complexité, ses nuances et son humanité.

Voici un résumé de ce roman: « Août 2009, Théodora s’envole vers Athènes pour régler la succession de sa grand-mère maternelle. Elle ne se doute pas alors que la Grèce est sur le point de plonger dans l’une des crises économiques les plus violentes de son histoire ni que sa vie va, elle-aussi, basculer. À vingt-cinq ans, c’est la première fois qu’elle se rend dans le pays de sa mère défunte et qu’elle rencontre sa famille grecque. Elevée en France, par son père, elle n’a jamais su pourquoi sa mère avait tiré un trait sur son passé. Alors qu’elle n’était partie que pour quelques jours, Théodora va se laisser happer par une quête de ses racines, au sein d’une famille tourmentée qui se déchire au rythme où la Grèce s’effondre ».

mardi 24 juin 2014

Moisson d'ocre et d'azur

crédit photo fruban





Engranger la blondeur du fruit
sel et sueur du labeur
Blés  couleur de pain chaud
à peine sorti du four et
craquant sous la dent

Tout autour de moi ronronnent
d'étranges et monstrueuses sauterelles
aux ailes vrombissantes
aux carapaces presque irréelles

Adieu coquelicots
gouttes de sang de la terre
Adieu bleuets  marguerites
cocardes enrubannées
vagues d'enfance déroulées...

Déjà les gerbes d'or éclosent leurs grappes
se préparant à célébrer
en une cène festive et joyeuse
le repos des hommes de la terre
Des papillons multicolores en un ballet léger
agitent avec élégance leurs ailes
éphémères et graciles
les épanouissent
les referment
sur les pétales mauve des budléias sucrés

Une enivrante brise chaude et odorante
caresse sur mon front
les perles de rosée
Mes yeux se plissent
Les feuillages amis s'élancent fiers
en une mystérieuse chorégraphie
s'écartent avec pudeur et dévoilent
 Ton visage
derrière leurs arabesques folles

Ce matin encore
ta photo me souriait
de ce sourire lumineux
pétillant de désir et de vie
- Tu sais comme j'aime ton regard heureux
encadré de boucles folles-
Ce sourire
aux bulles de malice
explose
au plus profond
de mon coeur
Amoureux

Ici
je vis parmi l'ocre et le vert
Là-bas
tes rêves s'éveillent
sur l'infini azur
- Comment pourrais-tu cacher
les reflets de ton âme...

Notre moisson
que sera-t-elle...

S'il y eut de belles semailles
entre les terres brunes
et les vagues sur la dune
Les aléas de la vie
ne les ont pas nourries

Comment maîtriser les vents contraires

        comment balayer la noirceur des nuages...

©F.R
le 25 juilllet 2012

extrait du recueil "L'Âme des marées" paru en octobre 2014

Editions épingle à nourrice


crédit photos fruban

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Protégé par copyright




Agios Efstratios, la simplicité d'une île

lundi 23 juin 2014

Ce sera un jour parfait ( Martine Cros )




ce sera un jour parfait

le vent sera sauvage

le soir mouillera l'or des blés

que l'orage vient désaltérer






rincées nous allumerons un feu

et bord à bord le consumons

la nuit vient laper à nos lèvres

le lait des mots que nous dirons






si rien ne nous prononce plus

nous pourrons laisser aller

l'archet aux cordes sensibles

nous y pendre comme à un baiser


 17/06/2014





[ce sera un jour parfait]
Pablo Picasso, Nu bleu, 1902






dimanche 22 juin 2014

Hélène Cadou ( 1921-2014)

Sur le site 

http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2012/05/h%C3%A9l%C3%A8ne-cadou-%C3%A0-contre-silence.html

 

23/05/2012

Tombeau de Romain Gary, Nancy Huston ( 1995 )

Tombeau de Romain Gary, de Nancy Huston


(...) En même temps, de façon assez déroutante, au lieu de te révéler un peu plus avec chaque livre que je lisais, chaque fait que j'apprenais, il m'a semblé que tu t'esquivais, te soustrayais et t'effaçais progressivement, non seulement parce que ton existence était striée de contradictions de toutes sortes, mais parce que, d'un bout à l'autre de cette existence, tu as menti de façon invétérée, éhontée, superbe. Oui : jusqu'à ta dernière pirouette magistrale – claquement de doigts – l'homme se supprime et nous adresse la parole en ricanant depuis l'au-delà : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »
C'est faux.
Tu ne t'es pas amusé du tout. S'il y avait une chose pour laquelle tu n'étais pas doué, c'était l'amusement. De même tes mots de prédilection - « léger », « insouciant » - étaient aux antipodes de ta personnalité. Tu étais lourd et bourré de complexes, un gros souci en chair et en os. Aucun écrivain, Romain, ne m'a semblé aussi rétif que toi à la compréhension, au sens étymologique de « faire le tour, tenir entre ses mains »...
Je m'aperçois que je te tutoie, c'est très impoli de ma part. Mais par quelle personne te prendre ? « Il » ne me convient pas; « vous » non plus. Je sais avec certitude que si je t'avais rencontré, au cours des sept années que nous avons passées dans la même ville, tu m'aurais déplu : à cause de tes manières extravagantes de macho, ta voix au timbre graveleux et aux accents prétentieux, ton éloquence française frisant la logorrhée, ta façon d'être toujours ailleurs, distrait, nerveux jusqu'au frénétisme... Mais toi non plus, tu ne te supportais pas : tu détestais le son de ta propre voix, disant que ta vraie voix, celle qui était profondément toi, avait été usurpée par la basse russe Chaliapine, et que, de même, ta tête de Tartare dur, cruel et indifférent ne correspondait pas à ce que tu étais à l'intérieur; nous sommes donc rapprochés par ce dégoût de ce que tu donnais à voir et à entendre au monde, et c'est ce qui m'autorise à te dire tu.

Tombeau de Romain Gary
Nancy Huston
Actes Sud, 1995
Babel p 12-13


Photo site Web
http://www.babelio.com/auteur/Romain-Gary/2075/photos