vendredi 29 septembre 2017

Arlequin est mort aujourd'hui, poème de Cristian Ronsmans



Arlequin est mort aujourd'hui




Aujourd’hui, après un dernier verre de vin rouge, Arlequin s’en est allé.
Arlequin est mort, aujourd’hui.
Il n’a fait ses adieux à personne. Pas même à son meilleur comparse et ami, Brighella.
Il ne voulait pas d’un salut, comme ceux, qu’après une bonne farce, il répéta des milliers de fois sur les tréteaux de Messine ou de Venise.
Il est parti, presque en s’excusant d’être venu.
Usé, sa chair et ses os ont quitté l’arc-en-ciel de son costume kaléidoscopique,
Une dépouille pantelante gît sur le sol dans une mare de deuil.
Il sait qu’un monde, le sien, s’achève, et il ne regrette rien.
Il a fait ce qu’il avait à faire. Peut-être ?
Dans le magasin des souvenirs du théâtre, il sait qu’avec le temps, son déguisement, son masque bosselé, son calot informe et sa batte menaçante n’auront plus aucun message à délivrer. Et de toute façon, personne pour les décrypter.
Arlequin est mort aujourd’hui.
Il ne va rejoindre personne. Car il n’y a personne. Les étoiles ne sont que pour les vivants, qu’elles soient mortes ou filantes. Les morts ne voient pas les étoiles ne deviennent pas étoiles et ne sont même pas un grain de poussière.
Alors, lui, Arlequin,il part. Il part dans le grand sommeil éternel et infini du néant.
Le néant qui ne signifie rien. Pas plus que le vide ou le rien ne signifient quoi que ce soit.
Arlequin est mort aujourd’hui.
Que la fête commence !

© Cristian Ronsmans

le 29 septembre 2017


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Picasso, Arlequin penchant (1916)
photo du Net

mardi 26 septembre 2017

Un voeu, poème fruban


                                           Un voeu
           


Je veux

taire dissimuler oublier ____  le pourrai-je
Essayer.  Ne plus jamais penser à
     ces visages émaciés
     ces dalles de granit
     ces fleurs déposées


Je veux

de la blanche noirceur de mes nuits
chasser tant de cauchemars  __  Bête traquée
je hurle menacée pourchassée
Danse infernale d'idées sombres incrustées
en mon esprit et mon cœur meurtri


Je veux

ne plus réprimer refouler transcender  __  autant dire
nier renier abandonner
      mes désirs brûlants
      mes folles passions
      mes rêves perdus dans la galaxie


Je veux

laisser le soleil lécher de sa caresse
ma peau assoiffée
fermer les yeux sur le plaisir
inviter les plus tendres souvenirs
sensualité libérée  ___  hors d'ici Thanatos !
m'enivrer de la douceur parfumée
comme si c'était le dernier été


Je veux

transgresser les codes  __   Ne plus être
ce que l'on attend
__  Oser
__  Dire
       aux donneurs de leçons
       aux bons citoyens
       aux beaux parleurs

              Non



© fruban

le 8 juin 2015

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recueil en cours



© photo fruban