vendredi 18 septembre 2015

Nuit, poème de Costas Karyotakis

  NUIT


Peinture Takis Eleftheriadis
     Toute la nuit durant, les amours traînent
leur lassitude sur les routes,
par les fenêtres lentement la douleur goutte,
que les volets retiennent.

Dessus les toits s'est accrochée la lune
versant des larmes de détresse,
et des roses d'ici l'odorante tristesse
s'en va dans la nuit brune.

Le dos bien droit, blême, le réverbère
garde, mystérieux, le silence,
et ma porte s'ouvrant, on dirait que s'avance
un mort, pour qu'on l'enterre.

Le lit couvrant de sarcasmes leur joie,
ces gens-là, naïfs, s'imaginent
qu'il grince. Ils n'ont pas vu ce que le lit devine:
la mort qu'on leur envoie.

Dans les tavernes, des voix attendries
pleurent la nuit et ses étoiles
que l'amour devrait boire, et partout se trimbale
l'orgue de barbarie.

Et les oublis délectables attendent,
qu'on nous a versés dans nos verres;
voici venir l'instant où parlent les chimères
afin que tous entendent.

De nos malheurs quotidiens cimetière
le jardin public est fébrile,
quand soudain le traverse un mort qui va, tranquille
dormir dans la bruyère.

Costas Karyotakis

trad Michel Volkovitch

Publié sur le site de Grèce hebdo

mercredi 16 septembre 2015

mardi 15 septembre 2015

13 septembre, poème de Martine Cros

Photographie Françoise Ruban







taire

                      __ et garder enfouie __





cette frontière __ sans l'être __ qui joint     épouse l'eau     le sel

piment de perle

                                  et d'air











jamais

                       les tourments ne sont ensevelis sous les vagues de gris









cette ligne en habit mat blanc / noirci

hors du temps et en dedans de lui

tant il noce, dans ce septembre indéfini,

l'or des fêtes galantes de

la mélancolie







orgies __ vives tablées de sable qui nous fuient

et n'échappent à la passante qui prie  __ muée en roseau jonc sans pliure et sans bruit





















Ce jour, sur une photographie de Françoise Ruban, poète ,

à qui je dédie ces quelques mots.





dimanche 13 septembre 2015

Un jour en septembre, poème de FRuban





Un jour en septembre


Fraîcheur de l'aube       Prémices
au feuillage ambre de l'automne
douce langueur laine glissée
sur mon coeur      
quand chante le silence  
mélodie de ton absence

 Cocon à peine éclos      Mes mots
avalanche de nuit blanche
dansent sous la Lune
ronde radieuse lumineuse
Federico l'écho de ta romance  
évanescence d'ombres bleues
sur ta sonate Ludwig

Es-tu rêve ou bien sève    Enivrées
mes lèvres t'espèrent entrouvertes
sur cet automnal crépuscule
l'Amour est champagne
tes baisers pétillantes bulles
Ô ivresse des saveurs

Immobile voyageuse    Temps suspendu
aux souvenirs éperdus
palette d'arpèges aux senteurs estivales  
féerique symphonie que fredonne
mon âme solitaire et fière
le manque de Toi pour unique lien
pour unique bien
D'abord pâle          le Soleil
brûle  mon corps alangui    et m'emporte
translucide opaline la vague de cristal
Regard égaré au fond du ciel     Vega
sera Muse  et déploiera pour nous
le lit d'une immortelle étreinte

© F.Ruban
le 25 septembre 2013
   extrait du recueil "L'Âme des marées"
éditions épingle à nourrice

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crédit photo fruban