vendredi 2 mai 2014

Je ne sais par où tu commences ( Moustaki )

Tu portes ma chemise
Et je mets tes colliers.
Je fume tes gitanes,
Tu bois mon café noir.
Tu as mal à mes reins
Et j'ai froid à tes pieds.
Tu passes mes nuits blanches
Et j'ai tes insomnies.

Je ne sais pas où tu commences,
Tu ne sais pas où je finis.
Tu as des cicatrices
Là où je suis blessé.
Tu te perds dans ma barbe,
J'ai tes poignets d'enfant.
Tu viens boire à ma bouche
Et je mange à ta faim.
Tu as mes inquiétudes
Et j'ai tes rêveries.
Je ne sais pas où tu commences,
Tu ne sais pas où je finis.
Tes jambes m'emprisonnent,
Mon ventre te retient.
J'ai ta poitrine ronde,
Tu as mes yeux cernés.
Ton souffle me réchauffe
Et j'étouffe tes cris.
Je me tais quand tu m'aimes,
Tu dors quand je le dis.

jeudi 1 mai 2014

Mai ( Guillaume Apollinaire )



Crédit photo F.R
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales fleuris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

Guillaume Apollinaire
 Alcools 1913

Chorégraphie de cendre


Cendres lactescentes
arabesques élégantes et dansantes
chorégraphie de la mélancolie _________ ô hirondelles !
Croisant votre chemin en sa toute puissante beauté
       guette l'épervier
Envole-toi petite      ______  vite !


Mon coeur nourris-toi
de ces bourgeons  éclatés
sur le marronnier déjà naît la fleur        _____ une promesse
     pour demain
Hier  en attente     ______  un fruit
neuf mois de tendresse


En ce jour le sel se pose
sur la plaie vive         ______   brûlante
Suppliques au gingko  païennes prières
se sont perdues        ______ le ciel est si vaste
là-haut nul écho
nulle compassion
    et tu partis


Dernier jour d'avril
    Ton avril
Le jardin  rempli de parfums
l'herbe humide sous mes pas un bain de vigueur mélancolique
tes empreintes nichées en mon coeur
La légèreté du merle et les arabesques folles des hirondelles
allument un sourire       _____ qui se voile

Que serons-nous en mai ?

© F.R
4 avril - 30 avril 2014


Tous droits réservés
Protégé par copyright

©   crédit photo F.R

mardi 29 avril 2014

Journal et poèmes d'Alejandra Pizarnik (extraits sur France Culture)






Photo sur le Net


Dans le cadre du 16ième Printemps des poète, France Culture a choisi de rediffuser cette Fiction, diffusée le 19 Septembre 2012 la première fois, Les ateliers de la nuit participent tout au long de cette semaine à cet évènement

Choix de Poèmes et d’extraits du Journal par Béatrice Leca
Réalisation   Juliette Heymann

« Ecrire c’est donner un sens à la souffrance. »
Des années 1950, alors qu’elle était âgée d’à peine 20 ans, jusqu’à son suicide en 1972, Alejandra Pizarnik n’a cessé de chercher ce sens à travers le journal intime, qu’elle tint régulièrement en parallèle à ses écrits en prose et à ses poèmes.
Née en 1936 à Buenos Aires dans une famille juive émigrée d’Europe de l’Est où l’on parlait encore le yiddish, elle a fait de l’espagnol non seulement sa langue, mais aussi sa cause, son combat, sa vie. Son œuvre entière est un corps-à-corps avec les mots, seules bouées possibles dans le naufrage sans fin que fut pour elle l’existence dès sa naissance. La solitude et le sentiment d’abandon étaient ses maladies natives ; elle en fit un drame du langage. Car comment dire la difficulté d’être quand la lucidité sur sa propre impuissance est si aiguë qu’elle vous brûle ? Comment trouver sa voix quand on étouffe ? Chronique des jours malades, mais aussi registre des lectures passionnées et des hommages à ses maîtres (Lautréamont, Rimbaud) ou à ses frères et sœurs en écriture (V. Woolf, Kafka, Pavese…), le journal d’Alejandra Pizarnik est également une sorte de laboratoire littéraire pour celle qui rêvait d’écrire des romans et ne réussit qu’à livrer des poèmes aussi secs et brillants que des diamants bruts.


Dit par  Julie Denisse
Avec les Voix de Joaquina Belaunde et Christine Culerier

A la Contrebasse  Erwan Ricordeau

Prise de Son, Montage et Mixage   Pierric Charles et Sylvain Dangoise
Assistante à la Réalisation   Chloé Mauduy

Les passages du journal sont édités dans Journaux 1959-1971, traduction d'Anne Picard, Paris, José Corti, 2010

Les poèmes dans œuvres poétiques, traduit par Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon, Actes Sud 2005

Lettre à un jeune danseur, de Maurice Béjart

Comprendre
Un grand immeuble comprend une centaine d’appartements, chaque appartement ne peut pas comprendre un immeuble.
Les humains veulent « comprendre » Dieu mais le GRAND reste incompréhensible pour le petit.
L’Amour seul permet au petit de s’élever pour de brefs moments au niveau de l’incompréhension qui cependant est si proche de nous.
Le prière chrétienne dit :   « Notre père qui êtes aux cieux. » J’aime mieux le Coran qui déclare : « Il est plus près de toi que ta veine jugulaire. » Il est là, il n’y a rien à comprendre, rien à posséder, rien à attendre et surtout pas d’une vie future. Saisir le présent, présent, présent… Surtout lorsque tu danses, totalement, il est là, le seul, l’unique, le multiple.
« Je ne pourrais croire qu’à un dieu qui saurait danser. »
UN
La religions dites polythéistes multiplient à l’infini les manifestations de la divinité, il y a le dieu du feu, le dieu du tonnerre, la déesse du printemps, le dieu du vin, celui de la lumière, etc. Toute classification, en effet, aide les professeurs et les ménagères à mettre ce qu’ils appellent de l’ordre dans ces forces qui les dépassent et où ils recherchent une divinité à l’échelle de l’homme qui, sûrement, n’existe pas, du moins de la manière dont nous, humains, pouvons la concevoir.
Il en est de même en danse où chaque jour des « spécialistes » trouvent une nouvelle terminologie pour définir telle ou telle forme de mouvement et créer du même coup une chapelle, une secte, une exclusion.
La danse est UNE et en mouvement. Toute découverte en entraîne une autre sans abolir le passé, qui n’est pas démodé mais, un pas franchi et non aboli, nécessaire à une évolution constante d’un art qui est celui de l’éphémère, du renouveau, du fragile, du profond puisqu’il est l’art de l’instant et que seul l’instant existe. Mais basé sur la connaissance intime de cet instrument qu’on n’a pas fini de découvrir, d’analyser : le corps humain ou l’esprit de manifeste.
Les classifications en danse ont créé une sorte de racisme et Dieu sait si le racisme, absurde théorie, empêche toujours une vision, évolution véritable.
Il n’est de grande période artistique que de métissage, entre un passé retrouvé et un nouvel horizon découvert entre un pays découvert et un passé réactualisé, entre des cultures et des techniques en apparence antagonistes mais en réalité complémentaires :
Naissance
Renaissance
Je suis contemporain, post-africain, pseudo-classique, minimo-japonisant, moderno-argentin, folklorico-rétro et indo-petipatiste…
Vive la Danse

Et maintenant, je dois t’avouer que je ne suis pas sûr d’être chorégraphe… je suis même certain de ne pas l’être car il m’est impossible d’imaginer le moindre mouvement de danse sans savoir qui va l’exécuter. C’est l’interprète qui, avec son corps, sa psychologie, sa puissance émotive vient susciter, exciter mon imagination et me lancer dans ce mouvement qui, contrairement aux apparences, vient de son génie et non de ma créativité.
Je ne sais ce que c’est qu’une « arabesque ». Je n’ai jamais vu d’arabesque (oui, je l’ai souvent répété) mais j’ai vu Mme X et M. Y exécuter cette forme que les danseurs nomment « arabesque ».
J’aime mes interprètes à la folie et, plus cet amour est profond, plus le résultat a de chance d’être une réussite. J’ai raté de nombreux ballets mais je ne crois pas avoir jamais raté une danseuse ou un danseur !
Toi… Sois « l’artisan furieux » que chante René Char.
Lutte, travaille et envole-toi !
Salve !

« Celui qui apprendra à voler aux hommes de l’avenir aura déplacé toutes les bornes ; pour lui, les bornes mêmes s’envoleront dans l’air, il baptisera de nouveau la terre, il l’appellera « la légère. » »

NIETZSCHE
Photo Wikimedia, Commons

lundi 28 avril 2014

Ta Voix...d'Ailleurs



Les embruns de novembre
Ont gonflé mes poumons
         comme gonflent des voiles
T'en souviens-tu
Mon coeur t'en souviens-tu
Tu as frémi t'es enflammé...à l'écho des mots
     Une Voix
        Sa Voix
Mêlés aux rumeurs océanes




Des désirs brûlants
Perdus dans une Nuit glacée
     une Nuit de ténèbres
Ont empourpré les joues
    de Pénélope
Tissant la mélancolie sur une toile grise
Illuminée... Soudain
Aux couleurs d'un espoir Arc-en-ciel



Elle a souri malicieuse
De l'exil des prétendants
Lorsque victorieuse des sirènes magiciennes
            surmontant les flux et reflux
                 les tempêtes de l'Immensité marine....

   Avec ses murmures
   Avec ses caresses
   Avec son sourire
         Son feu
         Ses désirs fous...



La Voix... venue d'Ailleurs

   Délicatement
   Fougueusement
   A déposé le Bleu
       puis le Rouge
          sur la toile sans fin
               la toile de la Mélancolie
                   dans la Nuit des ténébres
                 

la Nuit glacée...


© F.R
14 février 2012
extrait de "L'Âme des marées", recueil paru en octobre 2014, chez épingles à nourrice édition
http://editozap.jimdo.com/livres/
Tous droits réservés
Ta voix est à jamais mêlée à la rumeur océane
Protégé par copyright












                                                                                   © crédit photo F.R