samedi 15 mars 2014

L'arbre de Diane ( 1962, extrait )


Elle dit qu’elle ne sait rien de la peur de la mort de l ‘amour
Elle dit qu’elle a peur de la mort de l’amour
Elle dit que l’amour c’est la mort c’est la peur
Elle dit que la mort c’est la peur c’est l’amour
Elle dit qu’elle ne sait pas

Alejandra Pizarnik (1936-1972)
Arbre de Diane (Árbol de Diana, 1962)

jeudi 13 mars 2014

Tornades

Tornades

Chaos d'un monde fracassé
injustice oppression inégalité ________ en cascades
roulent les larmes
ricanent les financiers __________ arrogance
vers les paradis dorés évasion
Les vents de corruption s'abattent
sur les plus démunis
les sans travail
sans respect
sans abri
Tornade
Guerres assassines fratricides
des fous de Dieu
intégristes de la haine
Femmes emprisonnées lapidées décapitées _____ toujours
pour assouvir vos mâles superstitions
vos insatiables appétits de pouvoir
vos stupides interprétations de la Loi
vos frustrations imbéciles
Tornade
Terre de Palestine occupée écartelée
résolutions onusiennes bafouées violées _______ lettre morte
Ô Jérusalem tes extrémistes
plénipotentiaires ou suicidaires
chassent tout rêve de paix ___________ à jamais
et le sang balayé par les vents de haine
en flots noirs se répand
sur les oliviers déracinés
sur les colombes foudroyées
Tornade
La Planète meurtrie ________ libère
les vents ravageurs les flots indomptés
soulève les éléments vengeurs
sur les terres craquelées des déserts
et en quelques instants de fureur ________ noire et rouge
balaie les maisons des hommes
les vies des hommes
dont il ne reste qu'amas de décombres ruines fumantes
odeurs pestilentielles
sous le glaive impitoyable de Gaïa ______ mater dolorosa
Tornade
Mon âme s'enflamme ______ puis
déboussolée se noie
de soubresauts en soubresauts
de mots de miel en silences d'amertume
de rires lumineux d'espérance
en nuits noires où _____ sans toi
mon coeur se perd
L'Amour est triste
nos vies misérables ______ fétus de paille
emportés demain
par la Mort
en
tornade

© fruban
le 23 mai 2013
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extrait d'un recueil paru en octobre 2014, L'Âme des marées (éditions épingle à nourrice)

Site des éditions


© crédit photo fruban

mercredi 12 mars 2014

Elégie du silence

Elégie du Silence


 Silence
duvet de cygne blanc
déposé par magie
sur le Sophora
arbre au miel
cocon de ta douleur

Solitude apprivoisée

Etouffer le sel des larmes
Respirer les murmures de la nuit
Fuir la cacophonie infernale
de toutes ces sirènes d'alarmes hurlantes
de tous ces morts jetés en pâture aux chacals
et aux hyènes ricanantes et goulues

Silence
hydromel caressant
de ses bras enlaçant les spasmes
de ton coeur
dénudé

Il te cajole te berce te console
t'offre les couleurs de l'arc-en-ciel
où les flammes crépitent
un beau soir d'automne

Silence habité des amants
Prélude célébré à l'orée des nuits
Tu te faisais sirène
te lovais en cette alcôve chaude
Ton âme fut tant caressée
- sortilège damné-
ses corolles déployées
Ô cruel réceptacle du venin...

Silence
que tu réclamais
loin de l'Agora
Silence
qui t'enveloppe et te laisse là
pelotonnée asphyxiée
vite ensevelie sous la vague tentaculaire
qui déjà
t'engloutit...

Silence
prince des Ténèbres
glas orchestré des oraisons funèbres

Ce Silence

- Ô ce Silence assourdissant-

te séduit
te protège
te  captive
pour mieux t' emprisonner
dans les rets resserrés
interminables

de l'attente

©  F.R
le 18 juillet 2012 

in recueil à paraître en septembre 2014
 
Tous droits réservés
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La Flache des requins


Il est certains êtres
que les rives de la Destinée
ont bercés de leurs rayons caressants
Des ruisseaux d'or            jaillissant
              des tétines nourricières

Dolce Vita comme au cinéma

De Sirènes en Calypso
ils  fourbirent leurs ailerons ces damoiseaux
Et leurs embarcations pour Cythère
ne furent jamais coques de noix
ni frêles esquifs livrés aux fureurs déchaînées des océans
Ils frôlèrent les rochers mais
 sous la protection  de parrains  requins
      entraînés              
dans la plus folle des danses
                 avec arrogance
         et  outrecuidance

Capitaines au long cours
faisant fi de la loi  des basses-cours
Ces maîtres des mers bleues
avides de terres            vierges            inexplorées
refaisaient le monde
           dans les bras de Cunégonde
    - A nous la planète des fous
       la ruée vers l'or et l'Eldorado ! -
Se prenant pour Rimbaud
ils sillonnèrent la Terre ronde
à bord de leurs bateaux ivres...

Dolce Vita comme au cinéma

Des appétits insatiables
ont enflé ces pitoyables      grenouilles
               devenues             grasses fripouilles
Aux rictus de gargouilles
           Et...
De l'Eden
    qu'ils croyaient éternel
    on les expulsa

Finie la Dolce Vita

Leurs pépites bien à l'abri
On les croise
         parfois
                     à l'orée de la nuit
Grimaçant sous leurs masques vénitiens
Des pauvres ils défendent la cause
              Mais
fins limiers     flair acéré
   ils reniflent              traquent
Messaline
   ou Colombine
       ailes déployées
             gorge offerte
                          coeur assoiffé....

Ils leur parlent        de cinéma       et

              de  Dolce Vita...

Sur vos embarcations
Restées à quai
Pauvres Casanova
Pauvres clones

        E finita

        la Commedia..


©F.R

le 16 août 2012

in recueil à paraître en septembre 2014

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crédit photo F.R  ©

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mardi 11 mars 2014

Allégeance


Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?

René Char
Extrait de Eloge d'une soupçonnée,
Poésie/Gallimard

lundi 10 mars 2014

Les Saisons de l'Ame



Les Saisons de l'Ame

"Il pleut chez moi, chez toi le soleil est de plomb
Quand pourrons-nous enfin, marier nos saisons "

Barbara et Moustaki 


L'Amour vogue

sur le fleuve

des saisons de l'Ame

Hiver de glace impitoyable

dentelle de givre déposée

sur le Sophora sacré

ange de tes nuits

témoin de tes cris

gardien de tes prières muettes



- Ô douleur



D'En-Haut

se déversèrent des larmes diluviennes

le jour où s'entrouvrit la terre.



Le coeur prisonnier et vengeur

hérissé de glaçons acérés

- Ah... mordre le Monde entier et le Ciel avec !

au fil des lunes... se surprit à frémir

Pour la Chandeleur

Pierrot et Colombine s'élancèrent

en une subtile pantomime

valse lunaire

et masques rieurs ....

Ténu



un souffle



nouveau



irrigua mon sang

ranima le désert aride

de mon ventre creux



- Mystérieux murmures aux lueurs de l'aube

Attentes fébriles rires partagés



Jamais iris n'eurent si noble élégance

dans la fierté de leur robe bleue

Jamais terre enneigée ne s'était parée

de notes si délicates et fleuries



Au coeur de mon âme

imperceptibles d'abord

de menus battements ...



La Vie est là !



Âme purifiée

dépouillée libérée

soudain

de ses oripeaux de colère

de l'aveugle violence

dont l'avait affublée la Camarde

doigts crochus

ailes charbonneuses de rapace faucheuse





Parfums de lilas et de roses

Flux et reflux de baisers au rythme de l'Océan

Souffle perdu

vite retrouvé

Le coeur s'enflamme la vague incendie

l' âme ruisselle irradiante incontrôlée

les joues s'empourprent

couleurs de l'été finissant



Nuits blanches

Nuits d'émoi

Regard pâle

Sourire étale

Sanglots... au-delà des mots



- Comme il fait froid....



Je tremble et ce n'est plus l'hiver



Les arbres s'habillent de flammes

dansantes alléchantes

tournoyantes incandescentes...



Eclats de la Vie

Flamboiements de la Passion



Aimer



Emotions... fulgurances folles follement diffusées



Merveilleux naufrages



Irréels et sublimes orages !





Le corps et l'âme apaisés

Le coeur riche de cet Amour

Amour au-delà d'Eros

Amour par trois fois vainqueur de Thanatos





Amour



qui rira

te suivra

me guidera



Amour



tu prendras ma main



chaque jour



chaque saison



de tous nos lendemains..





© F.R.

le 09 septembre 2012

  in recueil "L'Âme des marées", épingle à nourrice éditions (2014) p 46 à 49

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