vendredi 1 avril 2016

La petite fille assassinée, poème d'André Chenet

La petite fille assassinée

à Israa, à Yasmine, à Leïla

Hier une petite fille palestinienne été tuée de façon ignoble par des troufions de Tsahal.
Elle gisait dans son propre sang entre deux soldats armés, casqués et bottés
ses cheveux noirs et sa robe rougis sur un trottoir gris
Ces saloperies commises jours après jours ne figurent pas dans votre journal mais
nous sommes traités d'antisémites dès que nous les dénonçons.
Qui pleurera cet ange si humain à part sa famille et ses proches?
Elle n'était pas européenne, bien sûr. La douleur et les larmes, les cris de révolte
sont-ils alors permis?
En France, les soldats franco-israëliens qui servent
sous le drapeau d'Israël bénéficient de réductions d'impôts, le saviez-vous?
La petite fille ne ressuscitera pas, les oliviers derrière les barbelés résistent en silence
ils attendent la fin des temps de l'occupation.
Les princes laïques venus de France se coiffent de la kippa lorsqu'ils viennent se prosterner devant le mur des lamentations sans jamais condamner les massacres quotidiens
Netanyahu se fait gloire de tout ce sang palestinien versé qui nourrit la chair du peuple élu
La politique impériale fait loi qui oblige les familles des victimes a expier
les crimes commis dans le temples de Jérusalem dédiés au veau d'or des multinationales, des banquiers et des marchands d'armes
Terres volées, populations enterrées vivantes sous les ruines du terrorisme
international
Les avocats et les agrumes de Sion ont un goût d'amertume de sang innocent
Le sacrifice d'Abraham en pays de Canaan n'en finit pas de se répercuter
comme une malédiction s'étendant au monde entier
Un Léviathan cynique et aveugle propage la haine en crachant la mort infernale
à travers délires religieux et idéologiques
Serez-vous palestiniens aujourd'hui gens de biens, l'étiez-vous lorsque Gaza s'écroulait sous les bombes incendiaires??
Il y a sur cette terre, disait le poète palestinien Mahmoud Darwich "la peur qu’ont les tyrans des chansons,/ Il y a sur cette terre ce qui mérite de vivre : / il y a sur cette terre, le commencement des commencements, / la fin des fins, / On l’appelait Palestine et on l’appelle désormais Palestine". Quel est le prénom de la petite fille assassinée froidement? Israa, Yasmine, Leïla ?
Elle n'aura pas eu le temps de vivre parmi les fleurs du printemps et ne rencontrera jamais son amant.

Quelque part dans le monde, le 29/03/2016


© André Chenet

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© photo André Chenet

mercredi 30 mars 2016

Bernard Haillant, auteur, compositeur, interprète (1944-2002)


photo Stéphane Speiser






Bernard Haillant (1944-2002)

Son site

Pour lui rendre hommage, le site d'Antoine Fetet

J'ai découvert Bernard Haillant en écoutant Angélique Ionatos







Je vis en négritude
Dans un monde de blancs,
Je vends mes inquiétudes
Dans un monde d’argent,
Heureux comm’ d’habitude
Dans un monde de sang,
Je suis en solitude
Dans un troupeau de gens ;

Si je suis un voyeur
C’est que le monde est clos,
Et je suis un voleur
D’avoir ce qu’il me faut,
Et je suis un menteur
Quand je pèse mes mots,
Je suis lâche et j’ai peur
De devenir idiot ;

Pourtant faut vivre (bis)
Mais je n’y crois pas trop,
Je prends ça comm’ ça vient,
Mais je n’y crois pas trop
Sinon gare au chagrin !

J’ai si mal à mes mains
Qui ne se tendent pas,
J’ai si mal à tes poings
Qui se tendent déjà,
Mal à l’humanité,
Mal aux temps que voilà,
J’ai mal à l’amitié,
Mal à vous, mal à moi ;

J’ai mal à mes désirs,
J’ai mal à mes émois,
J’ai mal à mon plaisir,
À ton plaisir à toi,
J’ai si mal aux amours
Que je n’oserai pas,
Oui, mal à mes amours,
Mal à ma mort déjà…

Pourtant je chante (bis)
Mais n’y croyez pas trop,
Prenez ça comm’ ça vient,
Mais n’y croyez pas trop
Sinon gare au chagrin !

J’écris des mots obscurs,
J’écris des mots absents,
J’écris des mots qui eurent
Un sens en d’autres temps,
Des mots qui se figurent
Qu’ils franchiront le temps,
De pauvres mots qui durent
Ce que dure le vent ;

Un jour j’inventerai
Des mots chair, des mots sang,
Un jour j’enfanterai
Comme des oiseaux blancs,
Des mots pour t’envoler
Là-bas où l’on t’attend,
Des mots bons à croquer
Comme des joues d’enfants ;

Un jour j’aurai des mots
Qui respireront fort,
Un jour quand je dirai
Ton nom tu prendras corps,
Un jour je banderai
Un cri contre la mort,
Alors je te ferai
L’amour d’entre les morts

Pour que tu vives (bis)
Mais tu n’y crois pas trop,
Tu prends ça comm’ ça vient,
Mais tu n’y crois pas trop,
Nom de Dieu, quel chagrin !

Paroles et musique Bernard Haillant (1981)

Des mots chair, des mots sang
Grand Prix de l'Académie Charles Cros 1982