vendredi 8 août 2014

L'été en plein coeur





Juillet flocons de paille voltigeurs
arômes de fruits mûrs
soufflés en bourrasques __ Eau
ruisselante torrentielle crachée par le ciel
larmes chaudes d'une terre meurtrie - S'entretuent
Abel et Caïn bras armé glaive vengeur
Juillet s'en est allé emportant mon coeur


Hier encore tu croyais tu rêvais __ folle tu étais ! ___
tu respirais... de langueurs t'enivrais
Ô interminables nuits ô voyages - des lagons turquoise à l'Océan
ressacs d'écume blanche fracassant les rochers
guérissant ton âme chahutée écervelée
flux et reflux terre de sel - presque une île -
un refuge un élan un départ __ Voyage voyage...



Août en sa maturité tant espérée
tes ailes a brûlées ___ Ce fut chant du cygne
tu le voudrais Phénix - mais
les cendres éparpillées à jamais restent froides
Et tourne tourne en ton esprit égaré
d'un train fantôme grincements grondements
___ Dis-moi Âme mon amie ma mie sommes-nous
si loin encore de l'inaccessible rivage ___ Il s'éloigne s'éloigne...


Tu griffes la voûte étoilée où roulent
nuages blancs nuages gris __ Perverse la lune
joue à cache-cache inonde ton coeur
émotions noires encore plus noires __ Et pourtant
quelle beauté démoniaque en cette traversée - immobile
t'entraîne la Voie lactée ___ Jusqu'où ?
Tu crains que demain tout ne s'arrête


Août... le pilote a quitté le train
rideaux noirs sur les vitres tirés __ Tunnel __ où
ténèbres d'enfer t'engouffrent - Tu te souviens Graham Greene
« The tunnel is long and dark, but the end is bright and light » __ Mais
où la Lumière espérée ?
Vite vite siffle le vent ! __ Mais tu L'aperçois
qui s'éloigne s'éloigne par d'autres alizés emporté
voile rouge sur les flots noirs

© F.R

le 8 août 2014

Tous droits réservés
Protégé par copyright

in, "L'Âme des marées", paru en octobre 2014
éditions épingle à nourrice


crédit photo F.R






jeudi 7 août 2014

mardi 5 août 2014

En Méditerranée ( Jo Moustaki ), tellement d'actualité en ce mois d'août 2014









Dans ce bassin où jouent
Des enfants aux yeux noirs,
Il y a trois continents
Et des siècles d´histoire,
Des prophètes des dieux,
Le Messie en personne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Il y a l´odeur du sang
Qui flotte sur ses rives
Et des pays meurtris
Comme autant de plaies vives,
Des îles barbelées,
Des murs qui emprisonnent.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Il y a des oliviers
Qui meurent sous les bombes
Là où est apparue
La première colombe,
Des peuples oubliés
Que la guerre moissonne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Dans ce bassin, je jouais
Lorsque j´étais enfant.
J´avais les pieds dans l´eau.
Je respirais le vent.
Mes compagnons de jeux
Sont devenus des hommes,
Les frères de ceux-là
Que le monde abandonne,
En Méditerranée.

Le ciel est endeuillé,
Par-dessus l´Acropole
Et liberté ne se dit plus
En espagnol.
On peut toujours rêver,
D´Athènes et Barcelone.
Il reste un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.









Marina Tsvetaeva, poèmes extraits de Insomnie, Le Ciel brûle



Dans ma vaste ville – c’est la nuit.
De ma maison en sommeil, je vais – loin
et l’on pense : c’est une femme, une fille -
mais je me rappelais seulement – la nuit.
Le vent de juillet me balaie – la route,
quelque part, à une fenêtre de la musique – à peine.
Ah, qu’il souffle maintenant jusqu’à l’aube – le vent
par les frêles parois de ma poitrine – dans ma poitrine.
Il y a un peuplier noir, à une fenêtre – une lueur,
un tintement dans une tour, et dans la main – une
fleur,
et il y a ce pas – personne – il ne suit,
et il y a cette ombre, mais moi – je ne suis.
Les feux sont des fils de colliers d’or,
j’ai le goût de la feuille de nuit – dans la bouche,
libérez-vous des liens du jour,
amis, sachez-le, je vous parais en rêve.

Moscou, 17 juin 1916

Insomnie et autres poèmes 
 Insomnie © Editions Gallimard 2011

                                                   *********

J’ai aimé tes mains, ces mains
Autoritaires, je le répéterai
Vers la fin de notre amour,
À la veille de la séparation,
Et tes yeux – qui n’offrent pas
Leur regard à n’importe qui -
Et qui demandent raison
Pour un regard fortuit.
Toi, tout entière, et ta passion
Trois fois damnée – Dieu la voit ! -
Toi, qui exiges réparation
Pour un soupir fortuit.
Fatiguée encore, je dirai :
- Ne te presse pas d’écouter ! –
Ton âme s’est posée
En travers de mon âme.
Et je dirai encore :
- Qu’importe – c’est la veille ! -
Cette bouche était jeune
Avant tes baisers.
Et ce regard hardi et clair,
Avant ton regard, et ce cœur
- Avait cinq ans…Heureux
Qui n’a pas croisé ton chemin.
28 avril 1915

Insomnie et autres poèmes 
 Insomnie © Editions Gallimard 2011


.... J'aimerais vivre avec vous
Dans une petite ville,
Aux éternels crépuscules,
Aux éternels carillons.
Et dans une petite auberge de campagne __
Le tintement grêle
D'une pendule ancienne __ goutte à goutte de temps.
Et parfois, le soir, montant de quelque mansarde __
Une flûte,
Et le flûtiste lui-même à la fenêtre.
Et de grandes tulipes sur les fenêtres.
Et peut-être, ne m'aimeriez-vous même pas...
Au milieu de la chambre __ un énorme poêle de faïence,
Sur chaque carreau __ une image :
Rose, coeur et navire.
Tandis qu'à l'unique fenêtre __
Il neige, neige, neige.
Vous seriez allongé tel que je vous aime : paresseux,
Indifférent, léger.
Par instants le geste sec
D'une allumette.
La cigarette brûle et se consume,
Et longuement à son extrémité,
__ Courte colonne grise __ tremble
La cendre.
Vous n'avez même pas le courage de la faire tomber __
Et toute la cigarette vole dans le feu.

10 décembre 1916


Marina Tsvétaïéva
Le ciel brûle, suivi de Tentative de jalousie

Poésie/Gallimard p 99-100



Il en tomba combien dans cet abîme
Béant dans le lointain !
Et je disparaîtrai un jour sans rimes
Du globe, c’est certain.
Se figera tout ce qui fut, - qui chante
et lutte et brille et veut :
Et le vert de mes yeux et ma voix tendre
Et l’or de mes cheveux.
Et la vie sera là, son pain, son sel
Et l’oubli des journées.
Et tout sera comme si sous le ciel
Je n’avais pas été !
Moi qui changeais, comme un enfant, sa mine
- Méchante qu’un moment, –
Qui aimais l’heure où les bûches s’animent
Quand la cendre les prend,
Et le violoncelle et les cavalcades
Et le clocher sonnant…
– Moi, tellement vivante et véritable
Sur le sol caressant.
A tous – qu’importe. En rien je ne mesure,
Vous : miens et étrangers ?! –
Je vous demande une confiance sûre,
Je vous prie de m’aimer.
Et jour et nuit, voie orale ou écrite :
Pour mes « oui », « non » cinglants,
Du fait que si souvent – je suis trop triste,
Que je n’ai que vingt ans,
Du fait de mon pardon inévitable
Des offenses passées,
Pour toute ma tendresse incontenable
Et mon trop fier aspect,
Et la vitesse folle des temps forts,
Pour mon jeu, pour mon vrai…
– Ecoutez-moi ! – Il faut m’aimer encore
Du fait que je mourrai.


8 décembre 1913
Marina Tsvetaïeva

in, Tentatives de jalousie et autres poèmes, traduits du russe et présenté par Eve Malleret, La Découverte, 1986, p. 79.






Ses correspondances







Marina Tsvétaïeva à Rilke


« Je t'aime et je veux coucher avec toi, cette concision n'est pas permise à l'amitié. Mais je le dis d'une autre voix, presque dans le sommeil, profondément dans le sommeil. Je sonne tout autre chose que la passion. Si tu me prenais contre toi, tu prendrais contre toi - les plus déserts lieux. »


Marina Tsvétaïeva, de France où elle vit exilée, entre en contact épistolaire avec Rilke, en mai 1926. À sa lettre, brûlante de dévotion envers celui qui est pour elle l'incarnation même de la poésie, Rilke répond profondément touché. S'ensuit une correspondance passionnée de part et d'autre, une histoire d'amour et de mots. Entre ces deux poètes que séparent l'âge, la langue maternelle et le style, l'échange est admirable d'entente, de profondeur et de franchise.






Ecouter sur France Culture

https://www.franceculture.fr/recherche?q=Marina+Tsv%C3%A9tai%C3%ABva






lundi 4 août 2014

Lettre de Gaza ( Salma Ahmed )

http://blogs.mediapart.fr/blog/elisabeth-chaudansonhttp://blogs.mediapart.fr/blog/elisabeth-chaudanson/020814/tous-les-gazaouis-ecrivent-des-poemes-damour-pour-lelectricite-qui-les-abandonnes-salma-ah

TOUS LES GAZAOUIS ÉCRIVENT DES POÈMES D'AMOUR POUR L'ÉLECTRICITÉ QUI LES A ABANDONNÉS. SALMA AHMED

" Voici un autre lettre de Salma Ahmed, professeur de français à Gaza, qui nous raconte sa vie sous les bombes, avec ses enfants. Ses récits poignants nous arrachent des larmes, et même au coeur de la détresse, Salma, comme tous les Gazaouis, ne perd pas son sens de l'humour. " M. Kacimi 

Chers amis,
Vous savez très bien que depuis des années, Gaza est devenue une grande prison à ciel ouvert.
Depuis le début de l’offensive sur Gaza, notre prison est devenue encore plus petite. Nous sommes prisonniers, chacun chez soi et on ne peut pas sortir facilement ! Imaginez cette vie de prisonnier pleine de peurs et de patience, ou peut-être d’impatience, je ne sais plus !
Hier soir, Israël a déclaré une trêve de 72 heures qui devait commencer vendredi à 8h00 du matin. Tout le monde était content mais aussi pas rassuré ! On parlait de 72 heures sans angoisse et sans peur, 72 heures de « liberté » dans la grande prison qui a beaucoup changé après la destruction de milliers de bâtiments. J’avoue que j’avais peur de sortir le matin et de voir « la nouvelle Gaza » qui pourrait me briser le cœur. Mais j'étais heureuse d'annoncer à mon fils, Tayssir, la bonne nouvelle :
- Oui, on va pouvoir sortir aujourd’hui, passer la journée chez tes grands-parents et tu vas pouvoir jouer avec tes cousins.
- Ils ont arrêté les bombardements alors, n’est-ce pas ?
- Oui mon chéri !
- Alors demain, on ira acheter les jouets et les vêtements pour les enfants comme on en a parlé. Je peux acheter un jouet pour moi ? Je jouerai avec Ahmed.
Tous les mots ne peuvent décrire la joie que j’ai vu aux yeux de mon fils.
Mais, vers midi, c'est la catastrophe, Israël annonce la fin de la trêve.
On est de nouveau déprimés. Tous nos projets partent en fumée. On ne va pas encore pouvoir voir le ciel de Gaza, la seule chose qui n’a peut-être pas changé.
Tayssir ! Que puis-je lui dire ? comment lui expliquer les raisons qui nous empêchent de sortir ?
J’ai besoin de vos conseils, mes amis. Dites-moi ce que je peux dire à un enfant de 4 ans s’il vous plait !
Dois-je lui expliquer toute la situation ?
Lui avouer qu’il y a des gens dans ce monde qui nous détestent et qui tuent nos enfants partout où ils sont ?
Lui dire que ces gens ne sont pas palestiniens comme nous ? Lui qui ne sait même pas que veut dire « palestinien » !
Lui qui connait les couleurs du drapeau palestinien sans savoir que veut dire un drapeau !
J’étais bien sûr obligée de lui dire qu’on ne pouvait plus sortir parce que les bombardements ont recommencé.
Il a pleuré et m’a demandé d’arrêter immédiatement tous ces avions qui nous bombardent !
Moi, arrêter les avions ! Comment ? Une maman est capable de beaucoup de choses, mais les F16 !
Il fallait l'occuper d'urgence, je lui ai donné des crayons et du papier, il a dessiné : ma mère, mon père, leur maison, leur rue et ses cousins.
Quant à mon papa qui attendait notre visite avec impatience, il a dû m’appeler pour me demander ne pas sortir à cause de la fin de la trêve.
J’ai deviné les larmes dans ses yeux qui nous attendaient.
Mes parents habitent à 2 km de chez moi et je ne peux pas les voir. Alors, quel est le sentiment des gens dont les familles habitent loin de chez eux ? Quel est le sentiment des gens qui ont perdu leurs familles sans pouvoir les revoir ?
Depuis ce matin, l’armée israélienne commet des massacres indescriptibles à Rafah. Beaucoup de civils sont les victimes de ces criminels. Ils continuent à raser la bande de Gaza.
Chers amis,
Nous avons de l'électricité deux heures par jour au maximum. J'ai la chance d’avoir un générateur à la maison pour charger nos portables, nos ordinateurs, les lampes chargeables, pour quelques heures alors que le carburant est très cher et rare ! Je ne mets plus rien au frigo car tout pourri très vite.
Il y a des quartiers où il n’y a pas de courant ni d’eau depuis 24 jours, oui 24 jours !
Il est même très difficile d’acheter l’eau potable aujourd’hui.
Les Gazaouis font la queue durant trois heures pour acheter le pain, les boulangeries n’arrivent pas à assurer l'approvisionnement à cause des coupures d’électricité et du manque de farine.
Tous les Gazaouis écrivent des poèmes d’amour pour l’électricité qui les a abandonnés !
Salma AHMED ELAMASSIE - Gaza le 2 août 2014 -

dimanche 3 août 2014

Yannis Livadas

Yannis Livadas [Népenthès N°7/Juillet 2013]

Posté le 17 juillet 2013 par bernardlherbier dans Yannis Livadas
Yannis Livadas [Népenthès N°7/Juillet 2013] dans Yannis Livadas livadas
Yannis Livadas est né en Grèce, en 1969. Il est poète, éditeur, chroniqueur et traducteur. Il a fait une grande variété de travaux dans sa vie. Ses poèmes ont paru en langue grecque, américaine, française, indienne, croate, irlandaise, espagnole et serbe. Il vit à Paris.
Bibliographie:
Réaction expressionniste (Athènes, Akron 2000), Réception de la poésie de détail (Athènes, Akron 2002), L’annexe de l’émotion tempérée (Athènes, Indiktos 2003), Novembre dans le monde (Athènes, Akron 2005), Les Vers suspendus de Babylone (Athènes, Melani 2007), John Coltrane et 12 Poèmes pour Jazz (Athènes,  Apopeira 2007), Victoire Aptère /Business/Sphinx (Athènes, Heridanos 2008), John Coltrane et 15 Poèmes pour Jazz (C.C. Marimbo San Francisco, USA 2008), 40a (Athènes 2009), l’Étoile Espace électrique / Une anthologie internationale des écrivains marginaux [Est inclus avec 4 poèmes] (Inde, Graffiti Kolkata, 2010), Les marges d’un homme central (Inde, Graffiti Kolkata 2010), Ati – Poèmes Dispersés 2001-2009 (Athènes, Kedros Publications 2011), Kelifus (France, Cold Turkey Press 2011), Ravaged By The Hand Of Beauty (France, Cold Turkey Press 2012), Bezumlje (Serbie, Peti Talas 2012), La Chope Daguerre et poèmes de Coquille (Athènes, Kedros Publications 2013).
Site: http://livadaspoetry.blogspot.fr
__________________________________
Sans titre

Ceci est la coutume de l’écriture d’un poème
dans la vigile de Noël –
attrapé certaines fois au piège
de la conclusion il boit à son propre sang
avec Dex Gordon une chaise crasseuse
et des mégots –
hélas dans cet isolement esthétique
il se sent un peu joyeux là où il se sent un peu
enivré un peu joyeux pour peu de temps
depuis des années maintenant dans cette coutume dissolvante
un peu plus encore attristé avec ce
torse inébranlablement emporté des soupirs ;
les notes dansent avec la poussière sur le plancher
il agrippe le bras de la chaise
un océan qui empoigne
ses lèvres s’ouvrent et se ferment silence
on dirait qu’il y a du silence
il regrette de se souvenir
mais c’est la coutume d’un poème
(il va écrire à nouveau à présent)
le monde s’assure en éteignant les lampes
lui il a la nuit pour costume
et l’obscurité pour
lumières intérieures.
 __________
 Samedi

Samedi
Je suis là
lui
Qui vient et vit
Ma vie
Quelque chose nous rapproche
Une chaussette usagée de la mort
Et d’autres choses
Je vois l’utérus de sa mère
Qui s’est desséché à attendre son retour
L’utérus de ma propre mère
Qui à l’entour a étalé des journaux
Pour au plus tôt m’entendre arriver
Je marche sur les premières pages
Habillé en l’autre et il me reconnaît
Samedi
Je reste immobile
Je fais comme si j’attendais que le poème
Soit passé.
 __________
 Capra Black

Des odes enterrées
Usurpées
Souvent je les vois qui balayent
Les allées que j’avais l’habitude de contempler
À travers ces yeux –
Mais à présent il faut que je me taise à nouveau
Et peut-être a-t-il prouvé son erreur cet
Oracle qui parla de quelque chose qu’avait montré
La télévision –
Des arbres qui parlèrent dans leur sommeil
Avec le rêve de l’étrangeté de leur voix.
Loin de villes que je connus
De carrières inexprimables
Où la lune gravait la forme d’un
Bouddha.
Le silence
Dit-on (!)
Il apparaît tel un funambule
Et d’en dessous des troncs gigantesques
Des arbres de la Mort fleurissent
à chaque mouvement.

Je bois donc à ta coupe
Comme le mort à ton âme.
__________ 
 Poème Lacune

C’est le premier poème
Le premier que j’écris éveillé
Avec les cloches liées à mes mains
Semblables aux
Meules émoussées
Par l’usage aux endroits ordinaires

Je ne veux pas que ce que j’écris
Soit

De meilleurs mots
Les mots ne m’intéressent pas

Le poème c’est la fougue dans le poème

Pantalons retroussés aux jambes de la mort

Ce premier poème est
Comme tout le
Reste
Tu ne viens que de loin

Par conséquent persévère

Je t’attends
À l’intérieur.
 __________
 Je m’assieds sur toutes les chaises

Je m’assieds sur toutes les chaises
Parce qu’il n’y a pas de place
Pour l’art
Quand a commencé
2008 2011
Ou 2012

Des gouttes de ma chemise
Qui sèche
Les carillons de Sainte Geneviève

Vu que les branches ne sont pas des dépositaires
Les démocrates sont faits
Pour tomber des nuages.

L’impitoyable en tête.
Une couronne de nuit dans l’évidence.
Les problèmes sont solution.

Mes os soupe
À l’intérieur dans la boue
de ma tombe.
 __________
 Ma poésie

1.
Ma poésie
Brûle dans tous les feux du monde
Billet d’entrée
Mon cœur
Avec les flammes venant de tous les cœurs du monde
Passeport
Les rythmes des moyennes
Latitudes
J’écris de l’intérieur de mon estomac
Chaque petit rien ouvert
À demi fermé
Et aussi les lignes qu’ont sur elles mes paumes
La lombalgie du temps ;
Toutes ces choses adviennent
Pour que je ne parle pas à nouveau
C’est si inadéquat
Que tu parles
D’une certaine manière.
Laisse-moi.

 2.
Ier Juillet 2009 2:21
Je passe la nuit avec du vin de liqueur
Et je fais que cesse un recommencement
Comme quelqu’un qui change le papier toilette quand il n’y en a plus
Je suis un homme qui ne pense pas
Et n’a qu’une deuxième personne
La première personne je l’ai flinguée un matin
Qui voulait me contraindre par force
Mais des mois ont passés depuis
Et elle est éradiquée
Et vint Juillet
Je compte mes sous : je ne gagne pas de quoi finir le mois
Mais c’est exactement ce dont j’ai besoin
Pour le voyage non justifié de ma vie
Tout ce que je peux dire
emporte au loin les mots
Et les viole.
 _________________________
Tous textes : © Yannis Livadas
Traductrice : Anne Personnaz 

http://paraphes.unblog.fr/2013/07/17/yannis-livadas-nepenthes-n%C2%B07juillet-2013/?fb_action_ids=790756527621329&fb_action_types=og.likes&fb_source=feed_opengraph&action_object_map={%22790756527621329%22%3A331850256947537}&action_type_map={%22790756527621329%22%3A%22og.likes%22}&action_ref_map=[]