vendredi 26 décembre 2014

A l'orée de l'hiver, de F.Ruban

crédit photo fruban
             


Déjà bien fatiguée
lire écrire un peu   __  plonger
dans les méandres de la poésie
partager avec l'écran froid émotions noctambules
Un poème instinctivement choisi
parle d'étoiles à l'aube
d'une montagne hostile sous le froid et la neige

Dehors la pluie le vent immobilisés
lune à peine voilée  __  drapée
d'une aura d'opaline orangée
Vega étincelle de mille feux
L'hiver raidit le corps qui crie
écrire écrire dos meurtri

Soudain surgi de l'ombre je te vois
tu es là près de moi
sourire timide deviné
tes yeux si doux
                  Bonne nuit je t'aime
Ô caresser tes lèvres frôler tes doigts
Heures propices de ma vie à cet instant complices


Quand le soleil ferme la Nuit
sensuels les mots dessinent la tendresse
Amour et monde en liesse
Dans la pénombre du jour naissant  __  recroquevillée
vent en rafales dehors dedans flammes brûlantes
réfugiée auprès de l'âtre crépitant
enveloppée d'un lourd engourdissement


Je songe  __  Fil si rouge parfois si noir
fil magique déroulé de toi à moi
L'aurais-je imaginé tissé avec les fibres de mon coeur ?
Frapper aux vitres du Ciel comme
frappent mes doigts sur le clavier ___ sempiternel et mécanique
Interroger le Cosmos infini si proche
Lune à portée de mes paumes

Quand le ciel épouse la terre
lune empreinte de Vie et pourtant
pâles lueurs du Soleil
La Nuit noire a avalé les arbres engloutis de ténèbres
lugubres hululent les hiboux
En l'absence de dieux et de croyances
façonner seule le cours de l'amour les rives de la vie de la mort


Quand le Ciel est vide
mon âme se nourrit de Toi  __  là-haut
mon étoile aux boucles blondes
Mon souffle ma respiration
je les puise en Toi   __  ici-bas
tes yeux mélancoliques ta mer turquoise
pour moi incommensurable force

fruban

23 décembre 2014

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in, Chorégraphie de cendres (ene), 2017


Poème de Yannis Stiggas


XIII

Nous sommes enlacés
       elle a la vision du vide
c'est une paix aveugle
qui surveille la poitrine
épingles à cheveux aux lèvres


J'ai vécu ainsi le spasme
qui argente les choses
     et je n'aime plus la lune
     et je n'aime plus la mer


je veux des craquements nus dans le sang
mon destin telle une vigne
ayant où elle peut pour fruit
le soleil à genoux
se tordant aux grillages


Pas question que je rouvre jamais
la porte
j'allumerai seulement mon ouïe
pour vous transmettre des sanglots
et l'amour
stagnera dans les tasses


Être enlacé veut dire
parfumer le vide



Traduction: Michel Volkovitch

Yànnis Stìggas, né en 1977, est l’un des plus talentueux poètes grecs d’aujourd’hui. Il a fait des études de médecine.


Ses poèmes sont traduits en français, anglais, allemand, suédois, espagnol, bulgare et serbe.

Α retenir parmi  ses titres: Vagabondages du sang (2004), La vue recommencera (2006), Blessure ex æquo (2010), Le chemin vers le kiosque (2012), Je vois le cube Rubik dévoré (2014).

Yànnis Stiggas a parlé à GrèceHebdo.


Peut-on parler aujourd’hui en Grèce à propos des jeunes poètes d’une «génération de la crise»?

Je ne suis pas d’ accord avec le terme «génération». Oui, la crise est visible autour de nous, mais si quelqu’un veut parler du présent, c’est mieux d’utiliser une polaroid! La poésie avance autrement et ne cède pas aux regroupements faciles. Elle parle du présent avec les termes d’une éternité éclatée, elle parle de la nature de la douleur et c’est pour cela que la poésie c’est le feu lui-même. C’est pourquoi les poètes demeurent peu nombreux. D’ ailleurs chaque poète reste unique comme l’âme de chacun. La poésie est avant tout un phénomène psychique.

La réalité des «collectivités digitales» de masse (Ιnternet etc.) facilite les contacts du «grand nombre» avec la poésie?

Je ne crois pas. Les contacts dont vous parlez présupposent une certaine disponibilité intérieure. Ce n’est pas une question d’accès technologique. Les poèmes demandent un effort considèrable de la part du lecteur. Je vous rappelle les paroles de Jorge Luis Borges: «on trouve plus facilement un bon poète qu’un bon lecteur». Je partage son point de vue. Parfois la solitude des poèmes est  terrifiante et un “like” sur “facebook” ne parvient pas à faire face à cette solitude.

Εst-ce qu’il y a de la place pour l’humour au sein de l’univers énigmatique de la poésie?

Tsezare Pavese affirme dans son «métier de vivre», ce journal intime étonnant, que la grande poésie est de l'ordre ironique. Je partage cette approche. Je vous rappelle que NikosKarouzos a intégré une blague entière dans l’un de ses poèmes. Α noter également l’ironie subtile d’ Engonopoulos ou l’autosarcasme désespéré de Livaditis. L’humour est la santé du regard, l’antidote à l’égotisme et au sentimentalisme nocif. L’humour est sans doute notre seul luxe dans ce monde.




http://www.grecehebdo.gr/2014/12/interview-de-yannis-stiggas-la-poesie.html

mercredi 24 décembre 2014

Nuits de fête, de Spyros K


crédit photo Spyros K
Les nuits de fête sont différentes
Si Père Noël se manifeste
Il sait être horrible peste
Ou généreux et bienveillant...
               **
Il peut être une seule personne
Illuminant une nuit si blanche
Seul un soleil l' a transporté
Et ses rayons  ont confondu
Les chaleurs si proches
Du temps et de l'Amour...
                  **
Un sourire qui peut être repas
Ou main ferme comme l'espoir...
Une promesse qui sonne en soi
Si on a la force encore d'y croire
Un signe aussi qu'on a senti
Et dont son empreinte rassure....
                   **
Père Noël est imposture
Si il est dans une zone à risque
Ainsi nommée par ceux qui tirent
Sur les âmes de tant d'enfants...
                   **
Père Noël est aussi ordure
Car les mensonges sont éloquents
Il est difficile de s'en sortir
Face à des yeux innocents
Qui se lavent rien qu' en pleurant...
                  **
Père Noël cherche des chemins
Pour expliquer dans toutes les langues
Que son rouge n'est pas de sang
Sa barbe et sage et gentille
Ses cadeaux des livres savants
Qui permettront à d'autres enfants
D'espérer pouvoir transmettre
Les ferments des esprits
Pour que dansent un jour les guenilles
                   **
Père Noël a autant d'allures
Que la bonté a d'utopies
Il ressemble à une fêlure
Dont nous ne sommes qu'une pâle copie...


Spyros K

23 décembre 2014

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