mardi 10 mars 2015

Mon fil d'Ariane , de Sylvie Mantafounis (Editions Thélès)



 C'est comme un grand silence, une nuit douce éclairée par les miroitements de la Seine, et bercée par ses clapotements, un bonheur insaisissable qui glisse sans exigence, un accostage sur la rive d'en face.
  Nos chuchotements parmi le va-et-vient du fleuve, les effluves de la Seine témoins de notre enchantement. Le vent frais et moi tout contre toi qui enfouis mon visage près du tien. Ta moustache qui chatouille ma joue et tes yeux sombres qui me regardent. Ma petite main glissée dans la tienne, je me sens confiante au son de ta voix dont l'accent m'engourdit. Mon enfance, c'est un peu comme une traversée d'un pays à un autre.
  Je veux arrêter là le temps, mais la Seine ne cesse de couler, le vent de souffler et la vie de battre. Pour certains. Je voudrais revenir à ce moment présent qui fait partie du passé, appuyer sur pause, ne pas vivre le futur qui m'attend.
  Reprendre un morceau de vie qui surgit tout à coup du passé, pour que mes nuits ne soient plus hantées par ces images qui ne cessent de me tenir en éveil. Mais le destin m'a tracé un chemin, que j'emprunte malgré moi. De ma première vie, il ne me reste que ces images un peu floues où amour rimait avec bonheur.
   Un précipice sépare mes deux vies.
                              incipit p 7-8 , Mon fil d'Ariane (Sylvie Mantafounis), éditions Thélès

A vingt-neuf ans, Clio perd son fils Yannis âgé de treize mois. Les effets et les circonstances de sa disparition provoquent une onde de choc qui s'exprime encore vingt ans plus tard. C'est à ce moment précis qu'elle trouve refuge dans ses souvenirs d'enfance, puis dans l'histoire de son père Stefanos, au travers de la Grèce, seul lieu qui les unit. Elle tente ainsi de repousser la dépression insidieuse qui s'est emparée d'elle.

Un très beau roman qui parle de l'amour d'une mère pour son fils et qui est un bel hommage au pays natal, que ce soit celui de la maternité ou celui de la culture. Reconquête de soi, difficulté dans les relations familiales, souffrance du deuil, autant de sujets abordés dans ce titre qui tente de répondre avec justesse à la question : comment survivre à la mort de son enfant ?
                                                          quatrième de couverture



http://www.theles.fr/auteur/sylvie-mantafounis

Emission sur RFI le 1er octobre 2009

Très belle émission que j'ai écoutée plusieurs fois, me rendant encore plus proche mon amie Sylvie Mantafounis.

Les choix musicaux de Sylvie Mantafounis, au cours de cette émission

Angélique Ionatos Les enfants du Pirée

Haris Alexou Otan pini mia gineka

Léo Ferré Les anarchistes

Notis Sfakianakis Ola ta S'agapo

Jean Olivet Le visiteur du soir



http://www.rfimusique.com/radiofr/editions/108/edition_481_20091001.asp

Sylvie Mantafounis est un écrivain d’origine grecque, née à Paris. Elle vit une enfance baignée dans la culture grecque, rue St Honoré ou se trouve l’atelier de son père. C’est à 20 ans qu’elle découvre la Grèce et apprend la langue paternelle. L’héroïne de son premier livre Mon fil d’Ariane, ressemble étrangement à l’auteur. Elle effectue d’incessants voyages en Grèce en quête de ce père qui n’a cessé de semer outre sa culture, son originalité et son affection. L’héroïne a perdu un petit garçon nommé Yannis. Quelques années plus tard, elle va trouver refuge dans ses souvenirs d’enfance, puis dans l’histoire de son père, au travers du pays qui les unit. Comme par magie, l’enchantement qu’il lui a légué dès l’enfance fait son oeuvre au-delà de la découverte de la Grèce, de l’histoire familiale et de ses drames que l’héroïne va mettre à jour auprès des amis restés sur place. Ce premier livre est un hymne à l’amour, il nous invite à explorer les méandres de l’amour filial et maternel et le travail de deuil.
                   ( à lire sur le lien ci-dessus)

Sylvie, voici ce que je t'écrivais, lorsque j'ai découvert ton livre pour la première fois :

Chère Sylvie,
J'ai lu et relu " Mon fil d'Ariane"... J'ai été captivée et bouleversée, certains passages sont de vraies fulgurances que j'ai eu besoin de lire plusieurs fois, pour m'imprégner de tant de belle et douloureuse émotion. Vous dites si bien l'inacceptable, l'impossibilité du deuil et ces deux vies que doit affronter une femme qui perd son enfant..
J'ai beaucoup aimé et ressenti aussi ce que vous dites de l'exil loin de la Grèce, de la vie de vos parents,de votre papa, de la mort de son frère, de votre grand-mère...
La "fugue" en Grèce, lorsque l'amour puissant pour les vivants ne permet pas de se reconstruire, de trouver sa place en ce monde. Oh fuir fuir... disparaître, trouver un refuge, un cocon protecteur, ses racines, les parfums, la lumière du pays auquel on appartient.Redevenir Femme... une autre femme. Et puis, échouer.. avec le désir de tout arrêter.
C'est un livre magnifique et bouleversant.. J'aime aussi beaucoup votre écriture incisive, simple , dépouillée et si puissante, en harmonie parfaite avec le sujet. Chaque mot a une grande charge émotionnelle.
Je relirai encore ce beau récit
Merci à vous
Pensées chaleureuses
                             ( le 24 juin 2012)

Depuis, je l'ai relu plusieurs fois, avec toujours la même émotion... Notre destin si proche nous a encore rapprochées, et tu as su accueillir mon recueil de poèmes, "L'Âme des marées", avec tant de chaleur humaine et d'empathie.
              FRuban

J'ajoute que l'on peut trouver ce livre, à la FNAC, chez Amazon... et la plupart des libraires en ligne. Vous pouvez aussi contacter Sylvie Mantafounis, sur Facebook.

https://www.facebook.com/sylvie.mantafounis?fref=ts

lundi 9 mars 2015

Nostalgie amère, par Chantal Savenier

NOSTALGIE AMÈRE.
Il disait : "Quand on met le mot « algie », cela renvoie à une souffrance. "
Et il avait répondu à un journaliste :
Qu'elle image aimeriez-vous laisser ?
Georges Moustaki. "Je ne sais pas si cela répond à votre question, mais j'ai envie de faire une fondation. Une fondation pour réunir la richesse des instruments, les partitions, les beaux objets, des réalisations que j'ai créées ou qu'on a créées autour de moi. Pour ne pas que ce que j'ai fait tout au long de ma carrière, soit dispersé. J'ai peut-être été traumatisé par ce qui est arrivé à Barbara. Quand elle est morte, tout a été dispersé. J'aimerais réunir des choses qui me tiennent à coeur aujourd'hui, non pas pour en faire des icônes, mais simplement, quand je ne serai plus là, savoir qu'elles existent. C'est une idée que j'ai depuis longtemps. Je me souviens, après la disparition de Barbara et de cette dispersion un peu choquante, Jean-Claude Brialy m'a dit : « Il ne faut pas mourir. » Voilà quelqu'un qui est parti en réglant tout avec ses proches, ses amis, le public. Il a laissé un état des lieux impeccable." (L'Humanité- 23 mai 2013)

Chantal Savenier
Photo Catherine Domain.

crédit photo Catherine Domain
le piano de Jo Moustaki déménagé






Chantal Savenier a écrit plusieurs ouvrages sur Georges Moustaki (voir ci-dessous). Elle a ouvert un site très riche sur cet artiste (autourdemoustaki), malheureusement en pause pour quelque temps encore.




 - Chantal Savenier, Voyage ethnographique au sein d'un lexique chantant — De la symbolique de la femme et de la féminité dans la séduction Moustakienne, format : 14,8 × 21, 191 pages, Éditions Les Sentiers Écartés, 2009-
- Chantal Savenier, Moustaki, pour que ça ne tombe pas aux oubliettes, format 14,8 X 21, 147 pages, Editions les Sentiers Écartés, 2014 (ISBN 978-2-9533806-1-3)
- Sophie Delassein, La vie avec Moustaki, Éditions du Moment, 150 pages, 2014