mardi 27 mars 2018

Volga





Volga, 2015
© fruban




Volga


Tu réclames le soleil glacé
en ces jours de mars
Comment te retenir
Je t'observe depuis quelques jours
Tes poils se sont terni
Tes yeux tristes se creusent
Toi dont on riait des rondeurs
Tu es légère comme une plume
Je te parle tu me regardes
Ton faible ronronnement me dit
combien tu m'aimes
Tu as compris que la vie c'est aussi cela
J'ai peur et je pleure
sans que tu me vois
Volga accroche-toi même si
c'est toi qui sais

Je souriais en te voyant suivre le soleil
t'en gorger encore et encore
Fuir le vent du nord t'abriter sous les rayons
Tu viens de rentrer épuisée
tu dors dans ta litière propre
Nouka ne comprend pas
Watcha notre tigresse miaulait
Que se passe-t-il ?

Ce soir tu t'installes dans le panier de la chienne
un peu gênée elle te laisse
Cette nuit elle ira sur le canapé
Petits arrangements entre amies
Tu vois je souris et pourtant
j'ai peur très peur de te dire bonsoir
A demain ma douce blanche

Ce matin et toute la journée
en accord avec le ciel gris
tu ne t'es pas levée
Toujours dans le panier de Nouka
Le souffle léger
Le regard perdu quand je te caresse
Juste avant de monter bouquiner
quelle surprise de te voir quitter ta couche !
Comme chaque soir j'espère
Est-ce insensé ?
Non juste l'amour que je te porte
qui me souffle d'y croire encore
même si j'appréhende chaque matin
Reste encore Volga
Même Nouka te le murmure tout bas
sa truffe sur ta petite tête assoupie

Volga ma douce ma câline
Après deux jours de soins
quelques photos de toi au soleil de mars
j'ai cru que la vie l'emportait
Ce matin je ne sais plus
Ton petit corps fragile refuse
allongé presque raidi
Et puis deux heures plus tard
tu t'es relevée tête droite
Que dois-je faire... dis-moi
Retourner chez le soigneur
te laisser tranquille chez toi ?

Et cet après-midi tout est fini

Volga ma si douce
J'ai mal
je dois me cacher pour pleurer
Ne pas attrister Nouka et Watcha

Maintenant tu reposes dans ton jardin
au milieu des jonquilles
Dors bien tu seras toujours en moi.


Elle dort la petite Volga


26 mars 2018

© fruban

quelques jours en mars





Volga, 2017
© fruban




Volga, 2017
© fruban


Volga vit ses derniers jours



Volga, mars 2018





Volga; mars 2018















Volga, mars 2018








Volga, mars 2018









Volga, dernière photo, mars 2018


Texte et photos fruban
©Tous droits réservés

dimanche 25 mars 2018

L'été en plein coeur, in Chorégraphie de cendres, par Martine Cros


Mon amie Martine Cros a choisi ce poème de mon dernier recueil qui a guidé ses pinceaux vers ce superbe tableau. Et lui a inspiré un très beau poème.
Tous deux publiés sur ses blogs.
C'est pour moi un cadeau inestimable dont je la remercie encore ici. FR




Martine Cros, "Abel et son Agneau" - détail -, tableau en cours, acrylique sur toile, 50x61, 22.03.18.






L'été en plein coeur











Juillet flocons de paille voltigeurs

arômes de fruits mûrs

soufflés en bourrasques __ Eau

ruisselante torrentielle crachée par le ciel

larmes chaudes d'une terre meurtrie - S'entretuent

Abel et Caïn bras armé glaive vengeur





Juillet s'en est allé emportant mon coeur





Hier encore tu croyais tu rêvais __ folle tu étais ! --

tu respirais... de langueurs t'enivrais

Ô interminables nuits Ô voyages

- des lagons turquoise à l'Océan

ressacs d'écume blanche fracassant les rochers

guérissant ton âme chahutée écervelée

flux et reflux terre de sel - presque une île -

un refuge un élan un départ __ Voyage voyage...









Août en sa maturité tant espérée

tes ailes a brûlées __ Ce fut chant du cygne

tu le voudrais Phénix - mais

les cendres éparpillées à jamais restent froides

Et tourne tourne en ton esprit égaré

d'un train fantôme grincements grondements





__ Dis-moi Âme mon amie ma mie sommes-nous

si loin encore de l'inaccessible rivage __ Il s'éloigne

s'éloigne...





Tu griffes la voûte étoilée où roulent

nuages blancs nuages gris __ Perverse la lune

joue à cache-cache inonde ton coeur

émotions noires encore plus noires __ Et pourtant

quelle beauté démoniaque en cette traversée - immobile

t'entraîne la Voie lactée __ Jusqu'où ?

Tu crains que demain tout ne s'arrête





Août... le pilote a quitté le train

rideaux noirs sur les vitres tirés __ Tunnel __ où

ténèbres d'enfer t'engouffrent

- Tu te souviens Graham Greene

"The tunnel is long and dark,

but the end is bright ang light" __ Mais

où la Lumière espérée ?

Vite vite siffle le vent ! __ Mais tu l'aperçois

qui s'éloigne s'éloigne par d'autres alizés emporté

voile rouge sur les flots noirs















Françoise Ruban, extrait de Chorégraphie de Cendres, poésie,

éditions épingle à nourrice, avril 2017, pages 25-26.





"Il y a dans ce recueil l'évidence de l'offrande.
L'offrande c'est le sacrifice au sens étymologique du terme : "Sacrum facere". Faire du Sacré.
Il faut mourir à soi, aux préjugés et à la mort de l'autre pour, étant passé par sa propre mort, renaître enfin".

Extrait de la préface, par Cristian Ronsmans, page 7.


Blog de MC, Aller aux essentiels


http://allerauxessentiels.over-blog.com/2018/02/choregraphie-de-cendres- francoise-ruban.html

                                                            *****




23 mars 2018

NE SACRIFIE




Ne sacrifie qui veut

Seule la Promesse a ce pouvoir





Le Sacrifice est aimé par celui,

Et seulement lui, qui va rejoindre

Ce qui est promis





Ne promet qui veut

Seul

Le Juste

Sait

Que sa promesse

Est nue l’espérance blanche

Elle demande la main de la réalité

Nul besoin de javelot

Pour le Juste

Il sait d’amour mourir

Avant d’être traversé







Ils s’aiment car ils sont du même

Sacrifice.









(à Satine)

MC, 22.03.18, Ne sacrifie,

Sur le blog de MC, Bleu mouvant de la nuit




https://bleumouvantdelanuit.com/2018/03/23/ne-sacrifie/