mardi 22 janvier 2019

Dans l'univers de Denis Tellier















A propos de la sortie de "Adrien de la vallée de Thurroch" (2012)

Où se trouve la vallée de Thurroch ? Si on y regarde bien plusieurs pistes sont données dans le livre mais la vérité c'est que ce lieu a été totalement imaginé par Denis Tellier, 63 ans, Ballayriot.

S’inspirant des Ardennes, l’auteur donne un cadre enchanteur à son premier roman Adrien de la vallée de Thurroch où il s’adonne à une écriture en prose souvent sombre mais entrecoupée de passages beaucoup plus amusants. L’ouvrage est sortie aux éditions Lunatique le 18 juin « pour l’appel du général De Gaulle », plaisante-t-il.
Voyageur, rêveur et artiste.

Denis Tellier, né à Paris en 1949, a été elevé par sa grand-mère à Grandpré. Il a eu une vie pleine de rebondissements. « J’ai toujours été bien où je me trouvais que ce soit à Paris, à Toulouse ou dans les Ardennes. J’ai fait plein de choses : pompier, berger, poseur de coq sur les clochers, bûcheron et même Père-Noël ! Quand j’ai réemménagé dans les Ardennes parce que j’avais rencontré quelqu’un, j’ai formé des jeunes au métier de bûcheron au CAT (Centre d’aide par le travail) de Belleville-sur-Bar. »
Il est aussi artiste. « En 1972, un tiroir s’est ouvert. J’ai pris un couteau et j’ai sculpté du bois. J’ai aussi fait de la peinture et j’ai exposé dans de grandes galeries. J’essaie de faire en sorte que ce soit amusant ou qu’il y ait un message. » Il a par exemple imaginé un instrument en bois qui aurait pu être utilisé sous Louis XIV : le claque-joues. Les femmes en auraient possédé un pour se rougir les joues avant le passage du roi. Mais Denis Tellier aime ce qui dérange et n’hésite pas à faire des oeuvres qui peuvent lui valoir la censure, comme ce tableau qui représente un enfant « qui s’est fait exploser au Vietnam. »
Tout au long de ce parcours hors du commun et de ses voyages, ses cahiers ne le quittaient jamais.
« J’y écrivais des phrases de temps à autre. Puis, j’ai sorti un premier livre de poésies où je racontais des scènes que j’observais ou que j’ai vécues. Parfois, c’était “ hard “ mais bon c’est comme ça que j’écris. J’y décrivais pas exemple un tas d’ordures », se rappelle-t-il.

Un ouvrage qui parle des Ardennes et des Ardennais

Dans ce premier roman, à travers les yeux d’Adrien, on retrouve toutes les idées qui font la personnalité de l’auteur. «Je m’en prends beaucoup aux curés et aux militaires », lance-t-il. L’histoire prend place dans le sud des Ardennes au lendemain de la Première guerre mondiale comme un clin d’oeil aux membres de sa famille qui ont péri au cours de cette guerre – trois de ses grands oncles. Son grand-père, lui, n’a pas survécu à la Seconde guerre mondiale. « Il fallait que je dise quelque chose pour ces hommes mais aussi pour dénoncer la guerre parce que je trouve ça scandaleux. »
Le personnage Adrien, fermier de métier, revient meurtri du combat et diminué après avoir reçu en plein visage de nombreux éclats d’obus. Il décide alors de travailler de ferme en ferme et après chaque jour de travail, il écrit pour se soulager de sa douleur dans un cahier. Il raconte la guerre mais aussi des scènes qu’il a vécues ensuite. Le récit est parfois dur et critique, parfois amusant, mais l’amour du personnage pour les hommes transparaît toujours, malgré sa solitude.
« Je ne sais pas pourquoi je l’ai appelé Adrien, ce n’est une référence à personne de ma famille. Ce que je sais c’est que toutes petites déjà, mes filles me disaient : “ Papa, il faudrait que tu le sortes ton livre sur Adrien de la vallée de Thurroch depuis le temps que tu en parles  ! ". Il y avait au moins mille pages sur Adrien, alors j’ai dû retravailler beaucoup le texte pour qu’il soit publié. J’ai dû supprimer beaucoup de passages. »  Pour les éditions Lunatique, le livre a été un véritable coup de coeur puisqu’il a été sélectionné par elles pour concourir au prix Léo Ferré à Grigny, dans le Rhône.
Aujourd’hui, Denis Tellier écrit sur une petite table en bois qui porte l’inscription Gabriel Garcia Marquez car il est jaloux de son écriture, toujours dans ses cahiers et toujours à la plume. Un nouvel ouvrage racontant les aventures non encore publiées d’Adrien verra peut-être le jour prochainement ou alors toute autre chose, qui sait ce qui trotte dans la tête de ce personnage débordant d’imagination.

Orianne Roger


La Semaine des Ardennes

mardi 14 août 2012