samedi 5 avril 2014

Furtif et frémissant





crédit photo fruban



Dans l'air
imperceptible d'abord
née à l'improviste  une douceur        -  furtive
sous les rayons opalescents
Pépiements d'amour mutin
osés par ce couple de merles
jusqu'alors solitaires

Ici puis là
la terre enflée   
livre ses verts secrets       -  tendrement dressés
vers le ciel en ses voiles bleus
Une fraîche fragrance
annonciatrice de naissance
mûrit sur l'herbe salie
Mes pas s'enfoncent dans un tapis glissant
feuilles mortes non enfouies    



En mon coeur
pure et délicate    une émotion tremble
prête à fleurir               -   Enivrée !
Des rêves m'emportent au-delà de ce jardin
           Maison bleue de St Cado
           isolée sur son ilot    
Amour lointain          presque  à portée de ma main
De l'iode et des embruns
du ressac l'amical rugissement             - une présence
Frémissements            
                  comme d'un printemps



Pourtant
L'hiver de mon âme
connaîtra    encore et encore     chaos et soubresauts
gelées nocturnes de la mélancolie
tristesse des jours de cendre         - rétifs
reviendront         jusqu'à
l'éclatement des bourgeons
 Eclosion  devinée  espérée        
     derrière les nuages amoncelés    - mais déjà
déchirés   effilés     légers  si légers     légers
      presque envolés    

Buée et rosée

    de l'Aurore


F.R
le 03 février 2013
extrait du recueil "L'Âme des marées" publié en octobre 2014
Ed Epingle à nourrice éditions


crédit photo F.R

© Tous droits réservés
Protégé par copyright

Noir comme la mer ( Louis Guillaume )


Noir comme la mer

Tout ce que je ne puis te dire
à cause de tant de murs,
tout cela qui s’accumule
autour de nous dans la nuit,
il faudra bien que tu l’entendes
lorsqu’il ne restera de moi
que moi-même à tes yeux caché.
Tout ce que je ne puis te dire
et que tu repousses dans l’ombre
à force de trop désirer,
cet amour noir comme la mer
où venaient mourir les étoiles
et ce sillage de lumière
que je suivais sur ton visage,
tout ce qu’autrefois nous taisions
mais qui criait dans le silence,
tout ce que je n’ai pu te dire
le sauras-tu sur l’autre bord
quand nous dormirons bouche à bouche
dans l’éternité sans paroles ?

Louis Guillaume (1907-1971)

crédit photo F.R

vendredi 4 avril 2014

Poème XV ( Pablo Neruda )



Tu me plais quand tu te tais
( Mi gustas cuando callas )

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente,
Et tu m'entends de loin, et ma voix point ne te touche.
On dirait que tes yeux se seraient envolés
Et on dirait qu'un baiser t'aurait scellé la bouche.

Comme toutes les choses sont emplies de mon âme
Tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
Et tu ressembles au mot mélancolie.

Tu me plais quand tu te tais et sembles distante.
Et tu sembles gémir,papillon dans la berceuse.
Et tu m'entends de loin, et ma voix ne t'atteint pas:
Laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence
Clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, muette et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et simple.

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente.
Distante et endolorie comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et la joie que ce ne soit pas vrai, la joie m'emporte.




Pablo Neruda
Poésie/Gallimard, juillet 2013 pour la dernière édition ( bilingue).
Traduction de Claude Couffon et Christian Rinderknecht.



 Ce poème m'a été offert par mon amie Martine C. pour le jour anniversaire de Fabrice.
Je la remercie du fond du coeur

mercredi 2 avril 2014

Au rythme des marées




L'histoire des Hommes se dessine

dans le flux et le reflux

des marées océanes

Je regarde

Ton ciel bleu

Ta mer turquoise

L' Amour et la sensualité gourmande

Les arômes puissant nectar

L' Ivresse de tes voyages au long cours



Soudain

Les voiles de brumes à la blancheur de nacre se font lourds

Aucun rayon

Aucune lumière

Ne les traverse plus désormais

Un mur se dresse

L' horizon roule la cendre grise de tornades folles qui enténèbrent

Ta Vie

Tes voiles déchirées ton mât brisé ta coque éclatée



Le regard perdu

Le sourire convenu

Dans le silence

tu cries

à mots retenus

sur ta lyre

désaccordée



Les flots roulent et grondent et engloutissent sauvagement

les prières et les attentes

les luttes les cris de révolte

Sourds aux battements de ton coeur

Qui s'affole qui s'affole... chahuté entraîné vers les bas-fonds

Gouffre béant

De la misère

Linceul de toutes les victimes dénudées broyées par la voracité féroce

De la Bête immonde



Là-bas

Des yeux chéris se sont éteints

Là-bas

Un homme s'est immolé

Là-bas

Des enfants abandonnés rejoignent la cohorte de l'innocence sacrifiée

du présent effacé

de l'avenir noyé



Ma main perd le fil

Mes mots

baisers

déposés

caressés

murmurés

Mes mots

Criés

Mes mots

Ne savent plus le miel qui console

Mes mots te font mal

Mes mots ne sont que des mots

Les Muses t'abandonnent



Ô Capitaine garde le cap !

Au profond des tempêtes

Une Ile se dessine

Elle te hèle

Elle te sourit

Ses rivages adorés sauront te bercer te caresser t'insuffler

Ces Instants

d' Eternité...





© F. R

le 10 avril 2012



publié dans L'Âme des marées (2014)



© photo fruban

mardi 1 avril 2014

Sous l'à-pic ( Olav H.Hauge )


Sous l'à-pic

Tu vis sous l'à-pic
tu le sais
mais tu sèmes ton jardin
tu consolides ton toit
tu laisses tes enfants jouer
tu te couches
comme si de rien n'était.

Peut-être
appuyé sur ta faux
un soir d'été
tes yeux se fixent là-haut sur la paroi.
Là, dit-on,
se trouve
la faille.
Peut-être
allongé, éveillé
tu entends
la chute d'une pierre,
une nuit.

Et quand l'éboulement survient
cela ne t'étonne pas.
Alors tu déblaies
le petit arpent vert
sous la montagne.

Si tu es encore en vie.

Olav H.Hauge
Nord profond
Bleu autour


crédit photo F.R

dimanche 30 mars 2014