samedi 11 avril 2015

Autour de Jacques Calonne (Noctuelles) - suite - Article de Cristian Ronsmans, photos, interview Frédéric Baal

Rencontre avec Jacques Calonne à la librairie Tropismes (Bruxelles), le 2 avril 2015.







Une soirée inoubliable

Qui plus que Balthus ou Rainer Maria Rilke, indirectement, n’eut pensé , si d’aventure ils l’eurent connu , que Mitsou et ses neuf vies avait connu la renaissance et reconnaissance, ce jeudi soir, en la personne de Jacques Calonne, qui en améliorait la performance de ses 15 vies en une ?
Et qui ne pouvait mieux évoquer cette extraordinaire personnalité, que notre cher intendant des menus plaisirs, son ami de toujours, Frédéric Baal.
Car c’est lui, c’est ce dernier qui allait nous conter, en pages éblouissantes, les non moins éblouissantes performances de ce vieux Mitsou, comme ce chat que nous connaissons tous, nonchalamment étendu sur la cuisante brûlure du radiateur, qui en ce jeudi soir, l’œil tantôt mi clos, tantôt perçant, venu de l’Abyssinie mystérieuse, nous considérait, la soixantaine de spectateurs, comme s’il eût été pas peu fier de son dernier coup pendable qu’il appelait mes « Noctuelles ».
Et moi qui venait de le retrouver après tant d’années, je ne pouvais que me remémorer ces deux vers de Baudelaire (dans son poème « Les Chats »), auquel Baudelaire, géographiquement, notre Jacques succéda en l’hôtel du Grand Miroir.
« Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin »
Mais le chat qui félin, fait l’autre, au détour de notre pourtant grande attention, entre une bombe savamment préparée et l’orbe orchestrale, hors toute conception astronomique, soudain sort d’une fausse torpeur , émet ses phéromones transmises telles des perceptions extra sensorielles diffuses, engendrant un étonnant tropisme dans un sourire lumineux et énigmatique.
Une extravagante métalepse met nos sens cul par-dessus tête où qui trope embrasse mal éreinte et le vieux chat de retourner, satisfait de son dernier tour de malice, dans sa petite boutique paisible des souvenirs qui conquièrent enfin l’éternité.
Merci à toi Jacques.

Cristian Ronsmans








dimanche 5 avril 2015

Et le vent, de Martine Cros


Et Le Vent














celle qui va et qui revient
entre les strates de Sylvine
collision de paupières fines
et de larmes de gypse creux
les bégaiements sont silencieux

et le vent dans
les noiseraies
étend ses bras longs et soyeux
devenir ce vent je l'aime
et ton cou semble un noyer
et la seule chose au monde
est un soupir qui vient mourir
dans les rameaux de tes vergers
tu les cultives sans savoir
que mes yeux sont retranchés
au sein de ton coeur de colombe
dans ta chair d'épouvantail

et le vent dans
les noiseraies

secoue la paille

qu'elles sont fragiles
les entailles
enracinées
tempête lève l'oripeau
et donne à voir un nu d'enfer
couvert de lanières de sang
et rose de désirs de feu
et ridé de destins douteux
l'hivers vient occulter
les secrets et mensonges
au coin du feu c'est bon
d'inventer tous les songes
en flammes donne l'illusion
au dehors il ne reste
qu'une branche vermillon
échine de l'épouvantail
à ses pieds une plume blanche

vaut-il mieux taire ou avouer
celle qui va et qui revient
à la forêt
faut il être forte et rester
sur cette terre étrange fruit
de ces vastes vergers fleuris
où la seule chose au monde
qui m'arrache les deux yeux
est de ne pas savoir qui tu es




5 avril 2015

Texte et photo Martine Cros

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