jeudi 16 juillet 2015

Mon île, de Spyros K

photo Spyros, île de Kefalonia



Mon île...


Mon île a les yeux bleus
Du turquoise au pervenche
De l'azur à l'éthéré
Va de la Mer à l'horizon...
***
Mon île sait danser
Comme un tremblement de terre
Epicentre le coeur
La pensée à l'unisson...
***
Mon île sait affronter
Mais préfère caresser
Comme tes doigts sur moi
Essaimant le miel...
***
Mon île est aussi la tienne
Dès que tu sais l'aimer
L'avoir sans qu'elle soit tienne
La voir sous sa beauté...
***
Mon île est surtout médecin
Alternatif comme le courant
Elle a un mystère diffus
Dans les veines des rêves osés...
***
Mon île sait chanter
Et si Ulysse sût résister
Je n'ai pas la bêtise d'un Roi
A la vue de ma sirène...
***
Mon île endort les peines
Seulement sur place
Et comme le vin de Mavrodaphne
Le temps efface les illusions...
***
Mon île est vérité
Ses montagnes embaument le thym
Alors que les feuilles argentées
De l'olivier bercé
Par un zéphyr aimant
Enfoncent dans notre être
Les certitudes nécessaires
Pour une Vie aussi belle
Que la simplicité...

Spyros K

le 14 juillet 2015

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mercredi 15 juillet 2015

Le soleil sait (extrait), d'Odysseas Elytis, traduction d'Angélique Ionatos

Jaquette Le soleil sait





ANNIVERSAIRE


« ...même la rivière la plus lasse
Finit par arriver à la mer. »1 


J'ai mené ma vie jusqu'ici
Jusqu'à ce point qui lutte
Toujours près de la mer
Jeunesse sur les rochers, torse
Contre torse face au vent
Où peut donc aller un homme
Qui n'est rien d'autre qu'un homme
Mesurant à l'aune de ses rosées ses instants verdoyants
Au gré des ondes les visions de son ouïe,
A coups d'ailes ses remords
Ah ! Vie
De l'enfant qui devient un homme
Toujours près de la mer quand le soleil
Lui apprend à respirer là où s'efface
L'ombre d'un goéland.


J'ai mené ma vie jusqu'ici
Compte blanc sombre addition
Peu d'arbres et une poignée
De galets mouillés
Doigts légers pour caresser un front
Quel front
Tout au long de la nuit pleuraient les espérances
Et il n'y a plus personne
Pour faire résonner un pas libre
Pour faire se lever une voix reposée
Pour que de la jetée les proues écumantes
Inscrivent sur leur horizon un nom d'azur étincelant
Quelques années et quelques vagues
L'aviron délicat
Autour des havres de l'amour.


J'ai mené ma vie jusqu'ici
Entaille amère qui s'effacera sur le sable
...Qui a vu deux yeux effleurer son silence
Et a fait s'épouser leur éclat pour embrasser mille mondes
N'a qu'à rappeler aux autres soleils son sang
Plus près de la lumière
Il est un sourire dont la flamme est le prix
Mais ici dans ce paysage indifférent qui se perd
Dans une mer ouverte et impitoyable
La réussite se déplume
Tourbillon d'ailes
Et d'instants rivés au sol
Un sol dur sous les impatientes
Semelles, un sol façonné pour le vertige
Volcan défunt.


J'ai mené ma vie jusqu'ici
Pierre promise à l'élément liquide
Plus loin que les îles
Plus profond que la vague
Dans le voisinage des ancres
...Lorsque passent les impétueuses carènes déchirant
Un nouvel obstacle et l'emportent victorieuses
Et que l'espoir brille de tous ses dauphins
Privilège du soleil dans le cœur de l'homme
Les filets du doute ramènent
Une effigie de sel
Ciselée avec peine
Blanche et indifférente
Qui tourne vers la haute mer ses yeux vides
Portant l'infini.

Odysseas Elytis
Orientations, 1940
(Extrait)

1 – AC Swinburne, The Garden of Proserpine

Traduction AngéliqueIonatos
in, « Le soleil sait, Une anthologie vagabonde »






odysseus elytis par angélique ionatos par chiranne

dimanche 12 juillet 2015

Il pleure des étoiles filantes, poème de Françoise Ruban

       
crédit photo fruban
                         



   Il pleure des étoiles filantes





Nuit d'été loin des marées océanes
le cœur déchiré par
un espoir levé un rêve inachevé
c'était hier en Grèce
mon cœur a saigné


Je te cherche comme on cherche un frère
un ami un idéal une passion une Âme soeur
C'était hier t'en souviens-tu
il y eut l'écume caressante
il y eut les déferlantes
il y eut la houle les ressacs les rochers
où j'ai cru me fracasser


En ce jardin d'été je t'ai appelé
hélé comme le font les sirènes
douleur et pleurs se sont mêlés
Un fil s'est tendu je l'ai tissé
comme tisse sa toile l'araignée du matin
Et ce fut doux et ce fut lisse


Je cherche ton visage en mes rêves diurnes
le caresser       ___   mais j'ai peur
j'ai peur de la peur des enfants qui crient
dans les rues d'Athènes
les enfants qui refusent misère injustice
la loi austère des créanciers
Pour eux s'est fracassé le rêve
et la peste brune étend ses ombres et guette


Vers toi je me tourne quand
me retourne la vague et mon cœur fatigué
fatigué de toutes ces houles hurlantes
mon cœur s'ouvre et se fend
s'ouvre et se rend lâche prise
refuse encore et encore toutes ces méprises


Je te cherche parmi les étoiles
l'air frais lèche mes bras nus
je t'attendais tu n'es pas venu
Ici comme là-bas chacun tourne les yeux
de l'autre côté         ___   quand moi je regarde au-delà
Une étoile a filé
Ô sur ses ailes m'envoler
comme vole ta plume
Toi mon brouillard et ma brume


Et puis
comme on pressent
un frère un ami une passion un idéal
porté sur les rayons
d'un soleil pâle
Tu apparus


© fruban

le 11 juillet 2015

Tous droits réservés
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in, Chorégraphie de cendres, avril 2017 (éditions épingle à nourrice)




Tableau Van Gogh, Nuit étoilée