vendredi 6 novembre 2015

Lettre de Gustave Flaubert à Louise Colet (août 1846)

colet flaubert


Deslettres









Du 8 au 9 août 1846

Le ciel est pur ; la lune brille. J’entends des marins chanter qui lèvent l’ancre pour partir avec le flot qui va venir. Pas de nuages, pas de vent. La rivière est blanche sous la lune, noire dans l’ombre. Les papillons se jouent autour de mes bougies, et l’odeur de la nuit m’arrive par mes fenêtres ouvertes. Et toi, dors-tu ? Es-tu à ta fenêtre ? Penses-tu à celui qui pense à toi ? Rêves-tu ? Quelle est la couleur de ton songe ? Il y a huit jours que s’est passée notre belle promenade au bois de Boulogne. Quel abîme depuis ce jour-là ! Ces heures charmantes, pour les autres, sans doute, se sont écoulées comme les précédentes et comme les suivantes, mais pour nous ça a été un moment radieux dont le reflet éclairera toujours notre cœur. C’était beau de joie et de tendresse, n’est-ce pas, ma pauvre âme ? Si j’étais riche, j’achèterais cette voiture-là et je la mettrais dans ma remise, sans jamais plus m’en servir. Oui, je reviendrai, et bientôt, car je pense à toi toujours, toujours, je rêve à ton visage, à tes épaules, à ton cou blanc, à ton sourire, à ta voix passionnée, violente et douce à la fois comme un cri d’amour. Je te l’ai dit, je crois, que c’était ta voix surtout que j’aimais.

Merci de ta bonne lettre, mais ne m’aime pas tant, ne m’aime pas tant, tu me fais mal ! Laisse-moi t’aimer, moi ; tu ne sais donc pas qu’aimer trop, ça porte malheur à tous deux ; c’est comme les enfants que l’on a trop caressés étant petits, ils meurent jeunes ; la vie n’est pas faite pour cela ; le bonheur est une monstruosité ! punis sont ceux qui le cherchent.

[…] Avant de te connaître j’étais calme, je l’étais devenu. J’entrais dans une période virile de santé morale. Ma jeunesse est passée. La maladie de nerfs qui m’a duré deux ans en a été la conclusion, la fermeture, le résultat logique. Pour avoir eu ce que j’ai eu, il a fallu que quelque chose, antérieurement, se soit passé d’une façon assez tragique dans la boîte de mon cerveau. Puis tout s’est rétabli ; j’avais vu clair dans les choses, et dans moi-même, ce qui est plus rare. Je marchais avec la rectitude d’un système particulier fait pour un cas spécial. J’avais tout compris en moi, séparé, classé, si bien qu’il n’y avait pas jusqu’alors d’époque dans mon existence où j’aie été plus tranquille, tandis que tout le monde au contraire trouvait que c’était maintenant que j’étais à plaindre. Tu es venue du bout de tes doigts remuer tout cela. La vieille lie a rebouilli, le lac de mon cœur a tressailli. Mais c’est pour l’Océan que la tempête est faite ! Des étangs, quand on les trouble, il ne s’exhale que de malsaines odeurs. Il faut que je t’aime pour te dire cela. Oublie-moi si tu peux, arrache ton âme avec tes deux mains, et marche dessus pour effacer l’empreinte que j’y ai laissée. Allons, ne te fâche pas.

Non, je t’embrasse, je te baise. Je suis fou. Si tu étais là, je te mordrais ; j’en ai envie, moi que les femmes raillent de ma froideur et auquel on a fait la réputation charitable de n’en pouvoir user, tant j’en usais peu. Oui je me sens maintenant des appétits de bêtes fauves, des instincts d’amour carnassier et déchirant ; je ne sais pas si c’est aimer. C’est peut-être le contraire. Peut-être est-ce le cœur, en moi, qui est impuissant.

La déplorable manie de l’analyse m’épuise. Je doute de tout, et même de mon doute. Tu m’as cru jeune et je suis vieux. J’ai souvent causé avec des vieillards des plaisirs d’ici-bas, et j’ai toujours été étonné de l’enthousiasme qui ranimait alors leurs yeux ternes, de même qu’ils ne revenaient pas de surprise à considérer ma façon d’être, et ils me répétaient : A votre âge ! à votre âge ! vous ! vous ! Qu’on ôte l’exaltation nerveuse, la fantaisie de l’esprit, l’émotion de la minute, il me restera peu. Voilà l’homme dans sa doublure. Je ne suis pas fait pour jouir. Il ne faut pas prendre cette phrase dans un sens terre à terre, mais en saisir l’intensité métaphysique. Je me dis toujours que je vais faire ton malheur, que sans moi ta vie n’aurait pas été troublée, qu’un jour viendra où nous nous séparerons (et je m’en indigne d’avance). Alors la nausée de la vie me remonte sur les lèvres, et j’ai un dégoût de moi-même inouï, et une tendresse toute chrétienne pour toi.

D’autres fois, hier par exemple, quand j’ai eu clos ma lettre, ta pensée chante, sourit, se colore et danse comme un feu joyeux qui vous envoie des couleurs diaprées et une tiédeur pénétrante. Le mouvement de ta bouche quand tu parles se reproduit dans mon souvenir, plein de grâce, d’attrait, irrésistible, provocant ; ta bouche, toute rose et humide, qui appelle le baiser, qui l’attire à elle avec une aspiration sans pareille…

Un an, deux ans, dix, qu’est-ce que cela importe ? Tout ce qui se mesure passe, tout ce qui se compte a un terme.

Il n’y a, en fait d’infini, que le ciel qui le soit à cause de ses étoiles, la mer à cause de ses gouttes d’eau, et le cœur à cause de ses larmes. Par là seul il est grand, tout le reste est petit. Est-ce que je mens ? Réfléchis, tâche d’être calme. Un ou deux bonheurs le remplissent, mais toutes les misères de l’humanité peuvent s’y donner rendez-vous ; elles y vivront comme des hôtes.

Tu me parles de travail ; oui, travaille, aime l’Art. De tous les mensonges, c’est encore le moins menteur. Tâche de l’aimer d’un amour exclusif, ardent, dévoué. Cela ne te faillira pas. L’Idée seule est éternelle et nécessaire. Il n’y en a plus, de ces artistes comme autrefois, de ceux dont la vie et l’esprit étaient l’instrument aveugle de l’appétit du Beau, organes de Dieu par lesquels il se prouvait à lui-même. Pour ceux-là le monde n’était pas ; personne n’a rien su de leurs douleurs ; chaque soir ils se couchaient tristes, et ils regardaient la vie humaine avec un regard étonné, comme nous contemplons des fourmilières.

Tu me juges en femme. Dois-je m’en plaindre ? Tu m’aimes tant que tu t’abuses sur moi ; tu me trouves du talent, de l’esprit, du style… Moi ! moi ! Mais tu vas me donner de la vanité, moi qui avais l’orgueil de n’en pas avoir. Regarde comme tu perds déjà à avoir fait ma connaissance. Voilà la critique qui t’échappe, et tu prends pour un grand homme le monsieur qui t’aime. Que n’en suis-je un ! pour te rendre fière de moi (car c’est moi qui suis fier de toi. Je me dis : C’est elle pourtant qui t’aime ! est-il possible ! (c’est celle-là). Oui, je voudrais écrire de belles choses, de grandes choses et que tu en pleures d’admiration. Je ferais jouer une pièce, tu serais dans une loge, tu m’écouterais, tu entendrais m’applaudir. Mais, au contraire, me montant toujours à ton niveau, est-ce que la fatigue ne va pas te prendre ?… Quand j’étais enfant, j’ai rêvé la gloire comme tout le monde, ni plus, ni moins ; le bon sens m’a poussé tard, mais solidement planté. Aussi est-il fort problématique que jamais le public jouisse d’une seule ligne de moi et, si cela arrive, ce ne sera pas avant dix ans au moins.

Je ne sais pas comment j’ai été entraîné à te lire quelque chose, passe-moi cette faiblesse. Je n’ai pas pu résister à la tentation de me faire estimer par toi. N’étais-je pas sûr du succès ? quelle puérilité de ma part ! Ton idée était tendre de vouloir nous unir dans un livre ; elle m’a ému ; mais je ne veux rien publier. C’est un parti pris, un serment que je me suis fait à une époque solennelle de ma vie. Je travaille avec un désintéressement absolu et sans arrière-pensée, sans préoccupation ultérieure. Je ne suis pas le rossignol, mais la fauvette au cri aigu qui se cache au fond des bois pour n’être entendue que d’elle-même. Si un jour je parais, ce sera armé de toutes pièces, mais je n’en aurai jamais l’aplomb. Déjà mon imagination s’éteint, ma verve baisse, ma phrase m’ennuie moi-même, et si je garde celles que j’ai écrites, c’est que j’aime m’entourer de souvenirs, de même que je ne vends pas mes vieux habits. Je vais les revoir quelquefois dans le grenier où ils sont, et je songe au temps où ils étaient neufs et à tout ce que j’ai fait en les portant.

A propos ! nous étrennerons donc la robe bleue ensemble. Je tâcherai d’arriver un soir vers six heures. Nous aurons toute la nuit et le lendemain. Nous la flamberons, la nuit ! Je serai ton désir, tu seras le mien et nous nous assouvirons l’un de l’autre, pour voir si nous en pouvons nous rassasier. Jamais, non, jamais ! Ton cœur est une source intarissable, tu m’y fais boire à flots, il m’inonde, il me pénètre, je m’y noie. Oh ! que ta tête était belle, toute pâle et frémissante sous mes baisers ! Mais comme j’étais froid ! Je n’étais occupé qu’à te regarder ; j’étais surpris, charmé. C’est maintenant, si je t’avais… Allons, je vais revoir tes pantoufles. Ah ! elles ne me quitteront jamais celles-là ! Je crois que je les aime autant que toi. Celui qui les a faites ne se doutait pas du frémissement de mes mains en les touchant. Je les respire ; elles sentent la verveine et une odeur de toi qui me gonfle l’âme.

Adieu ma vie, adieu mon amour, mille baisers partout. Que Phidias m’écrive, je viens. Cet hiver il n’y aura pas moyen de nous voir ; mais je viendrai à Paris pour trois semaines au moins. Adieu, je t’embrasse là où je t’embrasserai, là où j’ai voulu ; j’y mets ma bouche. Je me roule sur toi.

Mille baisers. Oh ! donne-m’en ! Donne-m’en !

Gustave Flaubert

jeudi 5 novembre 2015

Le monde, poème d' Yves Petident

photo YP









Le monde


Le monde

Une rivière qui trouve sa source
entre deux rochers.
Un cheval terminant sa course
dans l'herbe couchée.

Et ce zèbre qui boit et se ressource
avant que la lionne le digère.
Et si je suis la grande Ours
trouverais je sa tanière ?

Un passant se demande pourquoi il a peur
devant cet autre passant.
un moustique me réveille à toute heure
en suçant mon sang.

Et cette équation qui ne peut se résoudre
à être autre chose qu'une équation.
On se tait quand parle la poudre,
Elle ne pose pas de questions.

Un signal électrique pour impulser un rythme,
un échec commercial pour virer tout le monde,
un coup sec sur la nuque pour la frime,
un coup de trique pour la faconde.

Et entre ses cuisses se perdre
quand on a plus rien à gagner.
S'endormir sous un cèdre
quand la journée ne nous a rien épargné.

Un peu plus de lumière sur une joue,
un peu plus de vérité salée
qui coule sur la peau et déjoue
les rôles et les pis-aller.

Et tout ce que l'on croit posséder
et qui n'appartient qu'à l'autre.
Et ce gosse qui voudrait décider
avant que d'être

Cet ami qui n'existe plus quand
la justice s'en mêle.
Ce corbeau éloquent
qui noircit le ciel.

Accroché à mon monde
J'étreins sa lumière
je peins avec,
des éclats de jour.

Et cette mémoire qui n'en fini pas de trier
J'ai besoin d'elle pour pouvoir oublier.
Un arbre s'est embrasé dans l'orage
Tu m'as embrassé sans partage

Au matin un homme s'est pendu
de n'avoir su dire ses peurs.
Une eau claire éperdue
pourrait faire mon bonheur.

Je n'ai d'autre refuge que ce monde
d'autres subterfuges que d'exister
Je n'ai d'autres horizons à la ronde
que d'être multiple et résister.

Un pas dans la neige
Un rire sans retenue
Et ton fardeau que ces mains allègent
ces mains inconnues
Que tu craignais hier encore

te feront vibrer le corps.


© Yves Petident

22 octobre 2015

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Protégé par copyright


Un blog que je vous invite à découvrir

mercredi 4 novembre 2015

Piotr Anderszewski, voyageur intranquille

PIOTR ANDERSZEWSKI







voyageur intranquille


Tout chez Piotr Anderszewski est hors normes, non pas anormal, mais pourrait-on dire, spontanément, « normalement » hors normes.
Et en tout premier lieu évidemment, son talent de musicien. Désormais reconnu de façon à peu près universelle comme l’un des tous premiers pianistes de notre temps, il est avant tout un musicien, presque détaché du véhicule qu’il utilise pour exprimer sa pensée musicale. Ce n’est pas le piano, ni la musique de piano qui l’intéressent, mais la musique tout court, et si possible celle qui ne se soucie pas d’exploiter les ressources, habituellement si flatteuses, de l’instrument.
Hors normes, les débuts de sa carrière. Agé de seulement 20 ans, Piotr Anderszewski, alors tout à fait inconnu, participe au prestigieux Concours International de Leeds. Parvenu au stade des demi-finales du Concours, il inscrit à son programme les Variations opus 27 de Webern, ainsi que les monumentales Variations Diabelli. Le succès obtenu auprès du public comme de la presse est fulgurant. Il ne fait alors plus aucun de doute que, non seulement il accédera à la Finale du concours, mais qu’il s’y verra décerner le Premier Prix. Mais au moment où le Jury annonce les résultats qui le sélectionnent pour la Finale, Piotr Anderszewski a déjà repris le train à destination de Varsovie. Les offres d’impresarios affluent, de même que les propositions de contrats d’enregistrement. Il n’en a cure. Il est reparti à la poursuite de l’essentiel : l’approfondissement de son art. Malgré tout, une carrière est bel et bien lancée.
Hors normes, son répertoire. Les programmes de récital qu’il donne sont savamment composés à partir d’œuvres fanatiquement préparées et qui ont rarement pour source le répertoire passablement rabâché du récital de piano.
Hors normes, son intelligence et l’attrait qu’il exerce sur le public.
Hors normes enfin, la manière dont il soumet son activité d’interprète à un constant questionnement.
Tout cela, pour donner une idée de l’originalité du personnage, qui en fait le digne successeur, si l’on tient absolument à ce genre d’étiquette, des Richter, Michelangeli et autres Glenn Gould, autrement dit des plus importantes personnalités pianistiques du passé le plus récent.
Il n’était naturellement pas question de tenter de cerner la réalité d’un personnage aussi complexe en ayant recours aux recettes habituelles du portrait filmé. Un film qui lui serait consacré ne pouvait dès lors, lui aussi, qu’être hors normes. En accord avec Piotr, et avec sa très active participation, sinon à l‘écriture, du moins à la conception du scénario qui structurerait notre film, je retins pour celui-ci deux options fondamentales.

en tournage à Lisbonne, juillet 2008


Il s’agirait d’un film frontière, quelque part entre le documentaire et la fiction; le film aurait pour cadre un voyage hivernal à travers la Pologne, puis jusqu’en Hongrie, les deux pays dont Piotr est originaire, avant de nous rendre en Allemagne, à Londres, Paris et finalement Lisbonne, où il a décidé récemment de résider. Mais ce périple serait effectué selon un moyen de transport pas vraiment conventionnel. Piotr, tel un troubadour des temps modernes, ne se déplacerait ni en avion, ni en voiture, mais à bord d’un wagon particulier loué pour la circonstance, et qu’il ferait accrocher à tel ou tel train, en fonction des lieux qu’il souhaitait visiter ou dans lesquels il avait prévu de donner des concerts. La planification des concerts des années à l’avance, le caractère figé des salles de concert conventionnelles, sont autant de facteurs qui semblent à Piotr devoir être enfreints pour redonner à la musique sa dimension vivante, et pour casser le caractère routinier de l’activité du musicien en tournée.
Disposant d’un piano de travail installé dans son wagon, Piotr y travaillerait, s’arrêterait au gré de sa fantaisie, une église ou une place de village, en des lieux évocateurs de tel ou tel compositeur. On y débarquerait le matériel nécessaire pour y donner des récitals impromptus.


Un wagon ne pouvait évidemment constituer le décor unique d’un long métrage. Moyen de déplacement, il permettait d’avoir recours au flash back, comme pour circonscrire toute une série d’activités sédentaires : répétitions, séances d’enregistrement et de montage d’un disque etc. Mais, ce serait avant tout un lieu de méditation. D’où la deuxième option que nous avons retenue : il n’y aurait pas dans le film de situation d’interview. Tout ce que Piotr Anderszewski s’apprêtait à révéler de lui-même ferait l’objet d’une narration en voix off qui rythmerait le déroulement des diverses scènes envisagées.
Une structure cinématographique qui intégrait la métaphore ferroviaire, les activités musicales et le récit, était évidemment indispensable, car il était bien dans mon intention de faire en sorte que ce voyage hivernal ne relève pas de la simple anecdote touristique. J’étais bien-sûr convaincu que la juxtaposition de la poésie de l’hiver dans les contrées d’Europe orientale que nous visiterions, et du caractère éminemment cinématographique du parti qu’on pouvait tirer d’un train mis à notre disposition, filmé de l’intérieur aussi bien que de l’extérieur, ne manquerait pas d’avoir une grande force esthétique. Mais nous ambitionnions davantage. Nous faisions un film sur un musicien fascinant, un homme tourmenté et énigmatique. Il ne pouvait être question de sacrifier la musique à une simple esthétique de l’image. La musique devait rester le thème principal de cette aventure, et ce serait le savant mélange de tous ces ingrédients qui procurerait au film sa teneur émotionnelle.

en tournage sur les plages de Lisbonne, juillet 2008


Le répertoire musical au menu du voyage, des répétitions et concerts qui y sont donnés, s’appuie principalement sur des pages essentielles - et inattendues - de Bach, Mozart, Chopin, Beethoven, Brahms, Schumann et Szymanowski.
Quant aux réflexions très personnelles qui ponctuent ces plages musicales, elles naviguent dans les mêmes eaux profondes. Que leur auteur soit remercié ici de s’y être livré avec autant de pudeur que d’abandon.
Bruno Monsaingeon. Juin 2009
à propos du film « Piotr Anderszewski, voyageur intranquille »




www.anderszewski.net


http://www.anderszewski.net/