samedi 21 février 2015

Ils sont... et Faut vivre, de Françoise Ruban

Ils sont dessinateurs humoristes
Ils sont juifs
Ils sont chrétiens
Ils sont musulmans
Ils sont athées
Ils sont des hommes et des femmes qui revendiquent
LA LIBERTE
Liberté de dessiner d'écrire de dénoncer d'exister
Liberté de choisir leur destin leurs préférences leurs idéaux
Seuls des barbares avides de pouvoir
Seuls des tyrans faisant fi des vies humaines
Seuls des êtres que jamais je n'appellerai humains
tant ils sont sanguinaires impitoyables arrogants
Qu'on les appelle intégristes extrêmistes terroristes
Ils sont avant tout des fous dangereux auxquels
JAMAIS JAMAIS
je ne trouverai le moindre argument la moindre circonstance atténuante
Ils sont lâches
Ils sont mortifères
Ils sont les pires hyènes que notre terre ait portées

fruban
le 16 février 2015


Faut vivre
Respirer un instant l'odeur d'un box
Caresser une échine
Rire avec une enfant joyeuse
Admirer ses prouesses cavalières

Faut vivre
Quand les cimetières profanés
Les croyants exécutés ___ pas la bonne religion !
Encaisser le racisme de supporters avinés
Se plier à la rigueur et l'austérité

Faut vivre
Prendre quelques photos du ciel
Un crayon et un calepin
Et rêver espérer griffonner
Croire en l'Utopie de l'Amour

Faut vivre
Quand la bête immonde
Quand l'indifférence et la haine
Quand les serments trahis et les masques trompeurs
Quand la douleur ronge le coeur

©fruban
le 18 février 2015

Tous droits réservés
Protégé par copyright

Recueil en cours



jeudi 19 février 2015

Et tu n'es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens (Ed Grasset)

Ce livre vient d'arriver chez moi. Déjà je me précipite dans la découverte. Après avoir écouté Marceline Loridan-Ivens, d'abord sur France Inter, puis dans La Grande Librairie, j'étais si émue, bouleversée même, que j'ai voulu tout savoir de sa vie, notamment sa détention au camp de concentration de Birkenau. FR




J'ai été quelqu'un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon, pour se venger d'être triste et rire quand même. Les gens aimaient ça de moi. Mais je change. Ce n'est pas de l'amertume, je ne suis pas amère.C'est comme si je n'étais déjà plus là. J'écoute la radio, les informations, je sais ce qui se passe et j'en ai peur souvent.Je n'y ai plus ma place. C'est peut-être l'acceptation de la disparition ou un problème de désir. Je ralentis.
Alors je pense à toi. Je revois ce mot que tu m'as fait passer là-bas, un bout de papier pas net, déchiré sur un côté, plutôt rectangulaire.Je vois ton écriture penchée du côté droit, et quatre ou cinq phrases que je ne me rappelle pas.Je suis sûre d'une ligne, la première, "Ma chère petite fille", de la dernière aussi, ta signature, "Shloïme". Entre les deux, je ne sais plus. Je cherche et je ne me rappelle pas. Je cherche mais c'est comme un trou et je ne veux pas tomber.
incipit de Et tu n'es pas revenu, p 7-8

J'ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l'ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T'écrire m'a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m'enserre le coeur.
Je voudrais fuir l'histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille.
M.L.-L
quatrième de couverture, opus cité





Marceline Loridan-Ivens naît à Epinal le 19 mai 1928 de parents juifs polonais émigrés en France. Arrêtée avec son père par la Gestapo en 1944, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau puis au camp de Theresienstadt jusqu’à sa libération en mai 1945. Elle livrera une évocation poignante du difficile retour à la vie après le camp dans le film Chronique d’un été (1960) de Jean Rouch et Edgar Morin, dont elle est l’un des protagonistes principaux. Devenue journaliste et réalisatrice, elle coréalise avec Jean-Pierre Sergent Algérie année zéro (1962), qui montre les débuts de l'indépendance algérienne pour laquelle ils se sont engagés. En 1963, elle rencontre et épouse le documentariste Joris Ivens avec lequel elle travaillera jusqu’à la mort de ce dernier en 1989. Ensemble, ils réalisent des films sur la guerre du Viêt-Nam, sur le Laos,  une série de six films sur la Chine en pleine révolution culturelle (Comment Yukong déplaça les montagnes, 1976) et enfin Une histoire de vent. En 2003, Marceline Loridan-Ivens écrit et réalise son premier long-métrage de fiction, La Petite prairie aux bouleaux, très largement inspiré par sa vie et son expérience des camps. Elle a publié ses mémoires, Ma vie balagan, en 2008.
(France Inter)
http://www.franceinter.fr/personne-marceline-loridan-ivens

Vous pouvez regarder le replay de La Grande Librairie, en cliquant sur le lien ci-dessous :

http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie/marceline-loridan-ivens-209615













Marceline vient de nous quitter, alors il me faut passer un moment avec cette Grande Dame que j'aime. fruban, 18 septembre 2018

lundi 16 février 2015

Combats, recueil de poèmes de Jean-Louis Garac (extraits)

Je vous invite à visiter le blog de Jean-Louis Garac,si riche et si délicat. Que ce soient dans ses poèmes,  critiques d'Art, photos, Jean-Louis sait nous transmettre sa sensibilité, son empathie à l'égard de l'humanité souffrante, sa passion pour l'Art sous toutes ses formes.

http://espacecreationjeanlouis.blogspot.fr/

                                                                        ***

Plus de la moitié de l'année 2014 et le début 2015 ont été marqués par des événements sanglants, inhumains, et avilissants pour l'Homme dans ce monde devenue terre d'infamie. Et je ne parle même pas de ce travail de sape commencé depuis des lustres, intense, quotidien, qui fait de tant d'hommes des bourreaux de leur propre planète comme de leurs frères. Certains le font sciemment, d'autres par facilité et soif du lucre, d'autres enfin par manque de conscience et de volonté. Ajoutons à cela une société plus étonnamment tournée vers un passé mythique, donc menteur, que vers un engagement de Renouveau et de Partage.

Il y a quelques années l'idée d'un "choc des civilisations" avait marqué les esprits, et cette idée d'ailleurs continue ici et là à être exploitée afin de trouver un coupable idéal facilement identifiable. Cependant, cette idée me parait bien maladroite et bien erronée. Le "choc" que nous subissons depuis des décennies n'est que celui d'un mépris absolu sous le masque de la soif d'argent et du pouvoir. Les hommes qui sont atteints de cette folie proviennent de toutes les civilisations que l'on peut imaginer et trouver dans le monde. Ils sont manipulateurs, cupides, et leur état d'esprit est proche de celui des mafias et des assassins des régimes totalitaires; et toutes les civilisations en sont en fait contaminées et victimes. Et cela devient un combat entre Culture, Connaissance, Libertés face à l'asservissement, au délire des profits et à la destruction de l'Intelligence elle-même.

Devant les actes de barbarie commis ces derniers mois, je me suis demandé si je ne vivais pas dans un cauchemar. Les mots n'arrivent parfois même plus à concrétiser une émotion pris eux aussi dans les sables mouvants d'un monde devenu délirant ! Mais il ne faut surtout pas oublier ces personnes qui ont été ainsi sacrifiées sur l'autel de la folie humaine: comme ce guide de randonnée qui vivait dans les Alpes-Maritimes et qui a eu le malheur de rencontrer la mort sur un chemin de montagne (j'ai tant aimé moi-même randonner pendant des années...), comme pour tant d'autres hommes et femmes qui ont perdu la vie en France ou ailleurs dans le monde parce qu'ils voulaient simplement faire rire, informer ou aider, ou parce qu'ils représentaient un État libre ou une religion particulière. Tout cela résonne et raisonne dans nos cœurs et nos consciences, pour longtemps!
JL Garac

crédit photo JL Garac


Ce n’est pas ma tasse de thé,
Ce monde formaté !
Tous ces semblables sans visage :
Habits, cheveux, mots, pensées, rage
De vivre au prix de tout gâter !
Ce n’est pas mon dessin d’étude
 La grimace trop rude
 D’une histoire qui tourne en rond !
L’apocalypse est de saison,
Mais le « refus » cherche son Rude !
Ce n'est pas mon chemin d'extase
Ce sexe métastase
Qui vient pourrir tout l'être et tue
Le sentiment comme un rebut,
Trompant le plaisir qu'il écrase !
Ce n'est pas ma musique interne,
Ombre marquée de cernes,
D'imaginer des vies perdues !
Et de mourir sans mort, déçu
De n'être qu'un vouloir trop terne...
Ce n'est pas mon rivage immense
De délaisser la France,
Et d'oublier d'où nous venons,
Forêt de lettres, tourbillon
D'idéal, d'amour, d'élégance...


**
Aux premiers morts du débarquement du 6 juin 1944
 
Un miroir d’eau glacée, pareil au printemps-givre,
A tout pris de vos vies sur son reflet de plomb ;
C’était si évident que la fin allait suivre,
Et si presque normal d’éteindre vos chansons…
Le courage a donné son merveilleux visage,
Et de l’humilité son regard le plus fort !
Aux tremblements des mains, aux nausées, aux images
Serrées sur votre cœur, vous défiez la mort !
A ce sang d’agonie la terre se déchire,
Il en reste la marque indicible des pleurs,
Et comme transformée en creusets qui s’étirent
Là où vos mains tendues n’ont pas trouvé preneur…
C’est si vieux et si près, le temps d’un long nuage,
Le temps de la folie où la haine a vomi
Tout ce que l’homme a fait depuis la nuit des âges,
Tout ce qu’il a aimé, pensé, construit, écrit…
Il y a ces nations qui n'ont pas d'existence,
Qui ressemblent aux près faits de millions de fleurs,
D'Angleterre, Amérique, Australie et de France
Et dont chaque soldat agit du même cœur;
Il y a ce sursaut à l'impossible épreuve,
Ce besoin de sauver et de vivre demain,
Cette force toujours qui surgit comme un fleuve
Et disloque les croix gammées des assassins...
Un miroir d'eau glacée, pareil au printemps-givre,
A recouvert vos corps dans l'infini des mers,
Mais ce qui ne meurt pas patiemment nous délivre,
Et le soleil fond l'ombre où se cache l'enfer.

JL Garac

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F Varley