samedi 20 janvier 2018

Sur les pas de Rimbaud, par Denis Tellier


Denis Tellier est déjà connu des lecteurs de ce blog. En effet, je lui ai consacré de nombreux articles.
Ecrivain-poète, auteur notamment de "Adrien de la vallée de Thurroch" (éd. Lunatique, 2012), très beau roman sur la Grande Guerre de 14-18, où quatre de ses grands-oncles ont trouvé la mort.
Denis, originaire des Ardennes, a parcouru la France et exerça divers métiers (berger, bûcheron, poseur de coqs sur les clochers...). Il est aussi sculpteur, peintre, dessinateur... et exposa certaines de ses oeuvres dans les plus grandes galeries.
Aujourd'hui, de retour dans les Ardennes, il vit à quelques kilomètres du village d'Arthur Rimbaud, le "Rimbe". Ses pas le mènent quasi quotidiennement sur les traces de "l'homme aux semelles de vent". Ce fut le cas ces derniers jours. Il nous rapporta de bien beaux clichés, commentés par lui-même.
Je vous invite à le suivre... fruban, le 20 janvier 2018







La chapelle où madame  Rimbaud emmenait son fils  Arthur aux messes de Pâques par un petit chemin de traverse à 500 m de leur village "Roche" Ardennes





Le lavoir de "Roche" village natal de  Rimbaud, les gens disent que c'est en ce lieu que le poète maudit commença l'écriture  de "Une saison en enfer"






Centre du village de "Roche " village natal de Rimbaud " (Chuffilly - Roche -78 habitants).

A gauche l'ancien  corps de bâtiment, un pan de mur de la ferme des "Rimbaud" au centre une sculpture "merdique" retraçant l'itinéraire du poète et à gauche  une baraque  normale que vient d'acquérir - Patti Smith - Rock and Roll woman



















Dernier voyage pour le "Rimbe - Gare de Voncq  (Ardennes)- Marseille -terminus






Hier il y avait celle-ci dans le coin de la petite gare , des inondations... le bateau ivre



             C'est une  sculpture rappel de l'homme aux semelles de vent
                                                    (la sculpture merdique, sic)


© Denis Tellier, textes et photos

19 janvier 2018

Tous droits réservés


vendredi 19 janvier 2018

Silence des mots, poème fruban





Ça tape ça tape ça tape
Ça crie ça crie ça crie
Ça tape ça crie ça gueule
Et puis ça rotative 
Léo Ferré, Night and day



Silence des mots




Mots terrés au fond du cœur
Ils me fuient se cachent m'échappent
Emotions trop brûlantes en ce début d'hiver
Seules les flammes qui crépitent sous les braises
caressent la page vierge du poète

Mots disparates égrenés de lèvres muettes
Pauvres notes perdues dans les brumes
Vos accords sonnent faux
Phrases bancales autant que banales
Quelque chose comme le Silence
assoupi sous la terre
Parole fragile aux allures de luciole
tu n'éclaires plus les ténèbres du chemin

Mots muets au milieu de la cacophonie grinçante
qui se croit symphonie
Trop de tambours
Trop de cors triomphants
Serait-ce l'halali ?

Mots assis dans les livres
Les saisir du regard leur donner ma voix
Ressentir leur chaleur envahir tout mon être
Je m'y accroche comme bouée de sauvetage
au milieu des tempêtes
Je leur donne vie
Ils m'offrent le souffle

Puisque mes mots sont Silence


J'aimerais être un albatros le temps d'une marée montante


© fruban

le 19 janvier 2018

Tous droits réservés

Pour cet Ami albatros


...Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Baudelaire







Photo du Net

Brèves au fil des jours



 Une autre journée s'achève, et je trouve cet entre-deux réveillons un peu surréaliste et bien étrange. Regrouper en si peu de jours deux fêtes, des cadeaux multiples à tout un chacun, des repas un peu, beaucoup...trop longs...Pourquoi ne pas étaler ces rencontres, retrouvailles, offrandes, et tutti quanti ? Comme s'il fallait vite se mettre à profiter, savourer, aimer.. pour ensuite oublier toutes ces belles promesses, jusqu'à l'année prochaine ! Sentiment d'être dans une réalité illusoire, surfaite, imposée. Bien sûr, de beaux instants, mais pourquoi tout concentrer !

Il se fait tard et je cours réfléchir sous la couette ! Je vous souhaite une très belle nuit !



fruban



écrit le 27 décembre 2013, encore vrai





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Ciel gris une grande partie de la journée. Travail au bureau quand soudain... vers quinze heures, le soleil daigne montrer son museau malicieux. Vite, j'emmène Nouka faire une longue balade ! Au bas du pré, à côté de la maison... j'aperçois trois chevreuils, à quelques dizaines de mètres de nous.. Pas plus effarouchés que cela, ils nous regardent. Zut ! je n'ai pas pris d'appareil photos ! Fatigués de nous contempler -peut-être sont-ils un peu effrayés quand même..- ils s'enfuient tranquillement et en quelques bonds gracieux, les voilà disparus..Au retour, je les reverrai de l'autre côté de la route, tout près des habitations, se rassasiant des jeunes pousses vertes du blé ! Mais ce qu'ils préfèrent avant tout, ce sont les tendres feuilles du colza, à peine sorties de terre. Nous sommes rentrées sous un ciel d'une infinie beauté...Des blancs, gris, mauve, couleur feu...quelques taches bleues par-ci par-là.. Féerique !                                             



fruban, 10 décembre     





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 Ce matin, des perles de givre habillent les arbres noirs et nus. Comme des guirlandes de nacre sur mon coeur. Sur l'herbe verte, gisent encore de pauvres feuilles, les dernières flammes de l'automne. Bientôt, les couleurs de la vie auront disparu. Je guetterai, au fil des jours, les bourgeons, les premières pousses vertes, les perce-neige de l'espoir.

J'aimerais m'endormir moi-aussi, renaître avec un coeur vierge, reprendre une route de lumière, moins sinueuse, moins chaotique. Me laisser emporter par les vents...         



fruban, 3 décembre 2017





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Fenêtre ouverte. Le soleil éblouissant dépose une douce caresse sur la brise légère. Il tombe des pêches comme s'il en pleuvait. Senteurs de fruits mûrs distribués ici ou là. Le ciel prend une belle lumière d'ombres et de cuivre sur les feuillages si verts encore. Septembre quel joli temps murmure Barbara. Les paysans prédisent un hiver rude. Epaules recouvertes de laine, je suis prête... Bientôt, les flammes et la bonne odeur de bois brûlé. Quelques cendres. Et l'oubli.



fruban, 14 septembre





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Quelles photos prendre aujourd'hui, quand le gris la pluie et les premiers frimas envahissent tout, pas seulement ma campagne.

Dire mon valeureux pêcher qui croule sous des fruits aux couleurs sucrées de tes joues d'enfant.

Dire les collines vertes et rousses des champs dénudés, en attente d'autres semis, d'autres récoltes.

Avouer mes regrets d'avoir quitté les flots de l'Océan, parfois tumultueux et sauvages, parfois d'une tendresse bleue apaisée.

Verser quelques larmes sur cet ami en allé quand mon coeur encore et encore l'appelait.

Et puis me fâcher, et puis rire de toutes ces corvées qu'oblige la Vie.

Que sont-elles face aux terribles nouvelles qui s'abattent ici ou là-bas, dans ce monde qui bat de l'aile et n'en finit pas de se perdre ?



Fruban



C'était le 12 septembre 2015, je pourrais écrire exactement la même chose en 2017





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A force de voir défiler des propos xénophobes, racistes et haineux, sur certaines pages, dans certains groupes de soutien à la Grèce (on ne soutient pas à n'importe quel prix, la fin ne justifie en rien des moyens aussi bas ).... Je vais finir par ne plus aborder ici ce sujet. Les " révolutionnaires" purs et durs, qui encouragent ou ferment les yeux, ne sont pas finalement meilleurs que ceux qu'ils condamnent ! Et c'est toujours tellement facile de faire la Révolution bien planqué derrière son ordinateur ! Seuls ceux qui sont sur le terrain me semblent crédibles. Seul le peuple grec sait ce qu'il a enduré et continue à endurer. A lui de décider des actions à mener.

Que les militants militent, c'est le jeu de la démocratie. Mais en ce qui me concerne je me désolidarise totalement des relents de nationalisme qui puent le retour des fascismes à plein nez.

Depuis un moment, les "réseaux sociaux" déversent à flots la méchanceté, la vulgarité, la cruauté mentale, l'exclusion..... BASTA !!!!!



le 15 juillet 2015



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Ne parlons pas de paix quand les monstres sont là

Espérer est vain

Prier est vain

Pleurer est vain

Se déchirer en d'inutiles querelles est vain

Arrêtons-nous un instant

et réfléchissons ensemble

Ecoutons les enfants, adultes de demain

Eux seuls pourront changer ce monde

réussir où nous échouons davantage chaque jour



#Nice



le 15 juillet 2016



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Couleurs, vous êtes des jours



Comme le Rimbe pour les voyelles, sans le connaître à l'époque, depuis que je suis gamine, je vois les jours de la semaine en couleurs. Ne me demandez surtout pas pourquoi, je n'en sais fichtrement rien ! Je continue à les voir ainsi...

Dimanche rouge

Lundi blanc

Mardi gris pâle

Mercredi noir

Jeudi jaune

Vendredi gris

Samedi noir.



fruban, le 3 juin 2017







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Des cuicui incessants, des petits cris angoissés et inquiets, des appels stridents de panique... C'est notre Merlette qui veille avec amour sur sa couvée déjà envolée ! Depuis ces derniers jours, cela n'arrête pas, et je pense qu'il y a là un bel exemple d'amour maternel. Dès qu'un chat ou ma Nouka intéressée, s'approche d'un peu trop près, c'est terrible ! Surtout que les galopins n'en font qu'à leur tête ! Pendant ce temps, Monsieur Merle moqueur continue à chanter sur la plus haute branche, et.... à grappiller fraises et cerises...



fruban, le 2 juin 2017







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Pour le moment, c'est une guéguerre civile, sur les réseaux sociaux, où se déchaînent les rumeurs, la violence, la haine larvée. Demain, le sectarisme de certains conduira à une vraie guerre civile. C'est pathétique. Ce sera dangereux. Mais il sera trop tard. Une fois la machine infernale enclenchée, vous et moi n'aurons que nos yeux pour pleurer. Et comme de bien entendu, les grandes gueules se tairont, préférant dénoncer dans l'ombre, leur voisin de palier, leur adversaire politique, le réfugié du village voisin... "Anne ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"



fruban, le 28 avril 2017



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 Dimanche des Rameaux



Cette date n'a pour moi aucune connotation religieuse, puisque je n'appartiens à aucune religion, malgré une éducation catholique. Cependant, ce jour a toujours été pour moi la résurgence de souvenirs tendres et mélancoliques.

J'ai été élevée jusqu'à l'âge de six ans, par une grand-tante veuve de la Grande Guerre. Toute jeune mariée amoureuse, elle n'eut pas le temps d'avoir d'enfant, puisque l'amour de toute sa vie fut tué du côté de Verdun.

Elle consacra sa vie entière à travailler la terre avec son frère, mon grand-père maternel.

Le seul jour où elle se rendait à l'église ( elle n'en avait ni le temps, ni le besoin... l'église se trouvant à plusieurs kilomètres), le seul jour était le jour des Rameaux, pour faire bénir la branche de buis, qu'en rentrant elle accrochait au cadre de son époux bien-aimé. Je revois cette immense photo encadrée, d'un très bel homme aux moustaches fières et relevées. Il portait l'uniforme militaire.

A la mort de ma grand-tante, je reçus sa très belle chaîne en or, à laquelle était accroché un médaillon en forme de losange. A l'intérieur, la photo miniature de Maximin, la même que celle du cadre. Toute sa vie, ma grand-tante porta à son cou, ce qui lui restait de son amour.

Je porte quelquefois ce bijou, la photo est toujours là.



fruban



Jour des Rameaux









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Nouka et moi avions revêtu notre habit de jardinier, profitant de ces quelques jours sans pluie... Tailler, nettoyer, broyer, brûler... se réchauffer au plus près des flammes ! Respirer enfin, les premiers parfums de violette, la bonne odeur du bois brûlé. Regarder la vie qui éclate doucement, en une palette multicolore. Promesse pour des lendemains souriants.

Délaisser le travail de bureau, laisser s'empiler les livres et les écrits... Je le ferai plus tard, lorsque mon corps se sera nourri et fortifié de ces travaux de plein air, bien plus qu'une nécessité. Un plaisir et une fatigue immenses que je réclamais, après ces longs mois de grisaille. Retrouver ces petits instants d'éternité. Chasser le noir qui obscurcit, enlaidit, affaiblit... me laisse sans force et sans voix.



fr, 28 mars







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 La neige s'est perdue la pureté a fondu

partout la gadoue ruisselle

nos coeurs gris chancellent

l'esprit s'envole là-bas sur une Mer souillée

Ce soir les éoliennes infatigables virevoltent

rouges et folles

elles clignotent désinvoltes

Ma cigarette se consume

fumée légère éphémère

comme la Vie

Rejoindre les rives de la nuit.....



7 mars 2017



fruban







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Jean qui pleure et Jean qui rit... Ce matin ciel gris couvert de brumes gelées. Un peu de neige fondue. Un peu de lumière vite éteinte. De jolies perles s'égouttent des branches nues. Mésanges bleues et mésanges charbonnières picorent les dernières graines de fleurs laissées ici ou là. Le merle fouille les tapis de feuilles mortes. D'immenses nappes vertes sur les collines où s'étoffent les blés. Je souris à ces frémissements de Vie tellement doux et tendres. Oublier un instant que partout le monde saigne.Envie de te dire ces mots de Julos Beaucarne

« C'est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre, par l'amour, et l'amitié, et la persuasion. Sans vous commander, je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les coeurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir, il faut reboiser l'âme humaine. »



fruban, un jour de février







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Chaque auteur, chaque artiste, désire être reconnu, à juste titre. Ma curiosité est immense, j'aime découvrir de vrais talents, les partager avec vous. Cependant, mon coeur m'a toujours conduite vers les sentiers abrupts, ombragés. Je quitte les autoroutes, beaucoup trop bruyantes. Je me laisse séduire par la simplicité discrète. Je m'éloigne volontairement des poètes et des artistes dont le seul but est de quémander, avec lourdeur et insistance, reconnaissance et palmes honorifiques.

Une empathie simple et discrète est tellement plus vraie, plus humaine.



Fruban, 7 février 2017





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Janvier, mois noir, janvier s'achève... Je ne le regretterai pas et lui souhaite bon vent ! Si je pouvais le rayer du calendrier, ou hiberner dès qu'il s'annonce ! On me dira que ce découpage bien arbitraire du Temps est à ignorer, que la Vie et les émotions sont en nous seuls... D'ailleurs, on me le dit et d'ailleurs... j'en ris !

Déjà les jours s'allongent, la lumière a changé, malgré la pluie, le ciel de plomb, les nuages gris sale. La Nature ne m'est pas un simple décor, elle m'abrite en elle, je lui appartiens et la ressens au fond de moi. Tous les rationalismes du monde n'y pourront rien changer ! J'ai besoin pour me nourrir, pour respirer, de la sève qui monte et chasse les mélancolies. J'ai besoin de ces frémissements qui me disent : envole-toi, laisse derrière toi les noires idées de l'hiver en ton coeur !

Certes, il est possible de pleurer et de souffrir sous un soleil de plomb... La Nature est impuissante, mais elle berce et caresse de son mieux, lorsque tout renaît et fleurit et mûrit... Le coeur s'en imprègne, se réchauffe, se gorge d'espérance, et même les nuits me paraissent plus câlines.

Ecouter battre le coeur de la Nature, accorder mes pulsations à ses cycles, n'interdit pas de penser, réfléchir... avec lucidité, esprit critique (et auto-critique !)... connaître les règles de la société des Hommes !



fruban, le 31 janvier





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J'aime plus que tout lire les poètes , mais j'ai cessé depuis longtemps de lire les essais-critiques , les notes de lecture, les analyses, interprétations...des poètes . Je ne suis plus prof de Lettres, et ma rencontre avec la Poésie est uniquement guidée par ce qui passe entre le poète et moi. Je sais aujourd'hui , que nul n'est habilité à expliquer, commenter, classifier...à dire ce qu'a voulu exprimer le poète ! J'ai failli devenir critique littéraire... heureusement j'ai choisi une autre voie ! Les coulisses des sociétés littéraires, à de très rares exceptions près, sont un monde clos, intolérant, méprisant...que je méprise ! Où réside la Poésie, lorsqu'elle devient affaire "d'éminents spécialistes", querelles "d'écoles" ?





fruban, 29 janvier 2016 - 29 janvier 2017







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Ceci écrit il y a deux ans, que je rappelle en ce triste anniversaire



Lorsqu' UN PEUPLE se lève, au-delà de ses appartenances politiques, ethniques, religieuses, sociales... ce n'est sans aucun doute pas pour "rigoler", ni par naïveté ou un quelconque esprit 'bisounours"! C'est parce qu'il sait qu'il est essentiel de se rassembler, de rester debout, face à la barbarie et aux fascismes quels qu'ils soient. Défendre Charlie, c'est dire NON à tous ceux qui prétendent assassiner la Liberté. Liberté d'expression, liberté de croire ou non, liberté d'être impertinent et irrévérencieux, liberté d'aimer... Défendre Charlie, c'est revendiquer, imposer aux tyrans, nos droits à vivre dans la tradition de Rabelais, des philosophes des Lumières. C'est affirmer haut et fort que NUL n'a le droit de semer la terreur (arme des lâches) pour abattre les poètes, les artistes, lorsqu'ils tournent en dérision telle ou telle religion. Il n'y a pas blasphème car nous avons le droit d'être athée, dans un pays libre et démocratique.

Alors, OUI je suis Charlie

OUI j'achèterai le prochain numéro



fruban, le 13 janvier 2015





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J'écris beaucoup mais... la Poésie n'est pas à mes yeux une écriture comme les autres.

J'écris peu de poèmes.

Pour que viennent les mots de la poésie j'ai besoin de ressentir un besoin irrépressible.

Besoin né de fortes émotions.

Le monde qui chavire, ma vie qui chavire.

Une sensation forte de joie de plaisir... en regardant autour de moi.

Souvent, c'est la Nature qui guide ma plume

les ciels l'Océan, leur immensité et leurs mystères.



Jamais je ne réussis le moindre vers devant la page blanche.

M'attabler à heures fixes, me convaincre que je « dois » écrire... jamais cela ne marche !

Ecrire sous la contrainte, obéir à des règles, des injonctions

ce n'est pas pour moi !

Je n'envoie jamais de poèmes aux revues littéraires.

Je ne cherche pas d'éditeur, mais je ne les refuse pas !

Simple paresse dans ces démarches.

Timidité peut-être...



Ce que j'aime c'est parler au cœur des lecteurs

à leur cœur bien plus qu'à leur tête et encore moins à leurs normes.

Leur parler et lire leurs ressentis, établir une complicité un échange

Oui !

C'est un véritable instant de bonheur de trouver leurs mots.

Partages de mots à mots, le plus beau des cadeaux !

Et puis, j'écris aussi pour dire l'Amour

les amours perdues les amours bien en vie.

Pour dire la Mort injuste et cruelle.

La Vie en somme...



fruban



le 10 novembre 2016









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Pensée du soir



Pas facile d'oser un tout petit pas

dans le monde de ceux qui savent

le vrai savoir

la beauté belle

l'art et ses normes

Pas facile d'oser un tout petit mot

dans le monde de ceux qui discourent

des sujets dignes

des ponctuations nobles

des vers vraiment vers

Pas facile d'oser une toute petite liberté

dans le monde de ceux qui emprisonnent

la parole du coeur

les émotions du ventre

l'amour de la Vie

Pas facile de fuir les salons mondains

quand on aime les sentiers discrets

l'ombre du feuillage

les reflets et les caresses du soleil

les étoiles au ciel des nuits

Non pas facile

Mais je le fais

Je le ferai

Pour Toi

Pour Moi



27 octobre 2016

© fruban



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Dernière clope fenêtre ouverte sur la nuit.

Grand calme du ciel noir.

Pas un seul bruit ou bruissement.

Comme un instant de paix sur la terre.



fruban, 26 octobre 2016





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Tu viens chez moi

je te rejoins chez toi

Tu gardes tes distances

je te réponds par le silence

Tu m'offres quelques mots

je t'en offre un bouquet

Tu refuses les différences

je t'offre l'indifférence

Ce n'est qu'une ballade

un sourire un pied de nez

aux amis de la galaxie



fruban,18 octobre 2016





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Il est des jours où la Lumière explose de partout. Celle des soleils qui se dressent élégants dans mon jardin. Celle de sa Majesté solaire de là-haut, ne l'oublions pas Celui-là ! Non, il s'agit de cette Lumière qui jaillit sans crier gare et qui explose au fin fond de notre coeur. Cette Lumière qui caresse qui fait chaud qui nous fait crier de joie qui laisse perler quelques gouttes de rosée qu'évaporent les cils. Cet instant précis saisi en plein vol et qui nous accompagne si longtemps si longtemps. Cette Lumière amicale et généreuse que j'appelle Amour que j'appelle Bonheur. Merci !



fruban, 23 septembre 2016





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Dernière journée sur les lieux de mon enfance. Émotions diverses et grande fatigue accumulée. Prendre la route sous le soleil donne des ailes.

Je reviendrai bientôt.

Désolée de n'avoir pu être attentive à ce qui se passe ici. Chaque jour cependant j'ai fait de mon mieux pour offrir la beauté au-delà de ma petite histoire personnelle. Quelques amis s'en sont aperçu et je les remercie. La grande majorité des passants-voyeurs- n'ont rien vu, obsédés qu'ils sont par leur propre vie , remplie de Narcisse. Bon vent à eux !

En écrivant ces mots, je suis très amère, et pourtant je sais que Fb est à l'image des réalités actuelles. À l'image du mal-être et du mal-vivre qui m'entourent.

Baisser les bras et me taire, avant de devenir méchante...Oui, cela me tente. Rester indifférente sera sans doute préférable.



fruban, 20 septembre 2016





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En poésie j’apprécie les mots simples qui disent les choses de la vie.



Qui sont un regard sur le monde, celui qui souffre, celui de la Beauté.



La poésie conceptuelle, alambiquée, hermétique... ne me touche pas.



Pur exercice de style.



Certes, chacun trouve son miel où il le peut. Et comme l’a écrit Léo :



“Tu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poil

L’important c’est ce que ton ventre lui injecte.”



Oui, la Poésie monte des tripes.



Les mots de tous les jours, ciselés, rythmés comme une musique, sont le fil qui transmet.



La Poésie née dans la tête me paraît froide, me laisse de marbre.



fruban, 20 mai 2016



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Le vent souffle si fort, le ciel est si gris, les échos du monde et de la vie n'apportent que cendres, ruines et cris. Chercher un peu de bleu en nous sans oublier pour autant le silence indifférent de nos dirigeants.

L'Amour et la Beauté, les luttes et les combats de ces fous que l'on nomme poètes. Aimer à fleur de peau et résister encore et toujours. Debout surtout ! Ne jamais plier les genoux et préférer l'espoir à l'illusion.

Belle journée malgré tout !



fruban, 30 janvier 2016







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Tu peux porter la kippa

Si j'étais homme dans la synagogue je la porterais

Tu peux porter un foulard

Mon aïeule chrétienne se moquait

lorsque je sortais « en cheveux »

Tu peux à ton cou accrocher une croix

Je l'ai fait crois-moi

C'est ta Liberté

Je la respecte comme je respecte

la Laïcité

Je suis athée « grâce à Dieu »

chantait Mouloud

Je suis athée et je respecte tes croyances

comme une évidence une tolérance

Pouvoir vivre ensemble

Pouvoir nous aimer nous marier

Réclamer la diversité des cultes des rites

des couleurs des pensées

toujours riches de se croiser de se mêler

Ils le savent bien ces Inquisiteurs ces talibans

ces djihadistes ces fanatiques intégristes

Qui tuent la Vie l'Amour la Beauté

Qui réduisent en poussière les plus belles empreintes





fruban

le 14 janvier 2016

©







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Faut vivre



Respirer un instant l'odeur d'un box

Caresser une échine

Rire avec une enfant joyeuse

Admirer ses prouesses cavalières

Faut vivre

Quand les cimetières profanés

Les croyants exécutés ___ pas la bonne religion !

Encaisser le racisme de supporters avinés

Se plier à la rigueur et l'austérité



Faut vivre

Prendre quelques photos du ciel

Un crayon et un calepin

Et rêver espérer griffonner

Croire en l'Utopie de l'Amour



Faut vivre

Quand la bête immonde

Quand l'indifférence et la haine

Quand les serments trahis et les masques trompeurs

Quand la douleur ronge le coeur



FR

........ cela a la forme d'un poème, mais ce n'est qu'un instantané écrit d'un seul jet, donc ce n'est pas un poème ! Comme Canada dry !





18 février 2015




crédit photo fruban

mercredi 17 janvier 2018

Lettre de Nadejda à Ossip Mandelstam




Ossia, mon chéri, mon ami lointain !

Mon amour, les mots me manquent pour cette lettre que tu ne liras peut‑être jamais. Je l'envoie dans l'espace. Peut‑être ne serai‑je plus là lorsque tu reviendras. Ce sera alors le dernier souvenir que tu auras de moi.

Ossioucha, notre vie d'enfants à tous les deux, comme elle fut heureuse ! Nos disputes, nos querelles, nos jeux et notre amour. A présent, je ne regarde même plus le ciel. Si je voyais un nuage à qui le montrerais‑je ?

Te souviens‑tu des festins misérables que nous apportions dans nos pauvres habitations de nomades ? Te rappelles‑tu comme le pain est bon lorsqu'on se l'est procuré par miracle et qu'on le mange à deux ? Et notre dernier hiver à Voronej. Notre heureuse misère, et la poésie. Je me rappelle qu'une fois, nous revenions des bains après avoir acheté des œufs ou des saucisses. Une charrette de foin passa. Il faisait encore froid et je grelottais dans ma veste (c'est notre destin de grelotter je sais combien tu as froid !) Et j'ai gardé le souvenir de ce jour‑là : j'ai compris alors, jusqu'à en avoir mal, que cet hiver, ces journées, ces souffrances, c'était le plus grand et le dernier bonheur que nous devions connaître.

Chacune de mes pensées est pour toi. Chacune de mes larmes et chacun de mes sourires sont pour toi. Je bénis chaque jour et chaque heure de notre vie amère, mon ami, mon compagnon, mon guide d'aveugle, aveugle lui‑même.

Nous nous cognions l'un dans l'autre, comme des chiots aveugles, et nous étions heureux. Et ta pauvre tête délirante, et toute la folie avec laquelle nous brûlions notre existence ! Quel bonheur c'était, et comme nous avons toujours su que c'était cela le bonheur.

La vie est longue. Qu'il est long et difficile de mourir seul, ou seule. Est‑ce le sort qui nous attend, nous qui étions inséparables ? L'avons‑nous mérité, nous qui étions des chiots, des enfants, et toi qui étais un ange ? Et tout continue. Et je ne sais rien. Mais je sais tout, et chacune de tes journées et chacune de tes heures, je les vois clairement, comme dans un rêve.

Tu venais me rendre visite chaque nuit dans mon sommeil, et je te demandais sans cesse ce qui était arrivé mais tu ne répondais pas.

Mon dernier rêve : j'achète une nourriture quelconque au comptoir malpropre d'une boutique malpropre. Je suis entourée d'étrangers, et après avoir fait mes achats, je me rends compte que je ne sais pas où porter tout cela, car je ne sais pas où tu es.

A mon réveil, j'ai dit à Choura "Ossia est mort." Je ne sais pas si tu es en vie, mais c'est à partir de ce jour‑là que j'ai perdu ta trace. Je ne sais pas où tu es. Je ne sais pas si tu m'entendras. Si tu sais combien je t'aime. Je n'ai pas eu le temps de te dire combien je t'aimais. Et je ne sais pas le dire maintenant non plus. Je répète seulement : toi, toi ... Tu es toujours avec moi, et moi, sauvage et mauvaise, moi qui n'ai jamais su pleurer simplement, je pleure, je pleure, je pleure.
C'est moi, Nadia. Où es‑tu ? Adieu.

Nadedja Mandelstam.22 octobre 1938

Dernière lettre de Nadedja à Ossia Mandelstam




Nadejda Mandelstam




Ossip Mandelstam (1923)

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Je ne suis pas encore mort, encore seul,

Tant qu'avec ma compagne mendiante

profite de la majesté des plaines,

De la brume, des tempêtes de neige, de la faim.



Dans la beauté, dans le faste de la misère,

Je vis seul, tranquille et consolé,

Ces jours et ces nuits sont bénis

le travail mélodieux est sans péché.



Malheureux celui qu'un aboiement effraie

Comme son ombre et que le vent fauche,

Et misérable celui qui, à demi mort,

Demande à son ombre l'aumône.


Ossip Mandelstam



13-16 janvier 1937 Deuxième cahier de Voronej

Traduit par Philippe Jaccottet



Lettres d'Ossip Mandelstam

cliquer sur le lien








"Le présent volume regroupe deux cent quarante-sept lettres écrites ou dictées par Ossip Mandelstam, l'un des grands poètes russes du XXe siècle.
La première lettre dont nous disposons est de 1903 (Mandelstam a douze ans et demi). La dernière est écrite, en 1938, du Goulag, un mois et demi avant sa mort.
C'est un vrai "miracle" que ces lettres (une partie seulement de la correspondance ) aient été conservées : d'ordinaire, on détruisait instantanément toute trace de lien avec un ami, voire un parent, soudain compromettant, devenu, une nuit, un de ces disparus dont on ne savait trop s'ils étaient détenus ou déjà fusillés.
Enjouées ou poignantes, tragiques ou implacables, ces lettres, qui sont souvent de magnifiques lettres d?amour adressées à Nadejda Mandelstam, renouvelleront notre connaissance de l'oeuvre et du destin du poète."
Préface d'Annie Epelboin


lundi 15 janvier 2018

La bibliothèque est en feu, de René Char




à Georges Braque






Par la bouche de ce canon il neige. C'était l'enfer dans notre tête. Au même moment c'est le printemps au bout de nos doigts. C'est la foulée de nouveau permise, la terre en amour, les herbes exubérantes.



L'esprit aussi, comme toute chose, a tremblé.



L'aigle est au futur.



Toute action qui engage l'âme, quand bien même celle-ci en serait ignorante, aura pour épilogue un repentir ou un chagrin. Il faut y consentir.



Comment me vint l'écriture? Comme un duvet d'oiseau sur ma vitre, en hiver. Aussitôt s'éleva dans l'âtre une bataille de tisons qui n'a pas, encore à présent, pris fin.



Soyeuses villes du regard quotidien, insérées parmi d'autres villes, aux rues tracées par nous seuls, sous l'aile d'éclairs qui répondent à nos attentions.



Tout en nous ne devrait être qu'une fête joyeuse quand quelque chose que nous n'avons pas prévu, que nous n'éclairons pas, qui va parler à notre cœur, par ses seuls moyens, s'accomplit.



Continuons à jeter nos coups de sonde, à parler à voix égale, par mots groupés, nous finirons par faire taire tous ces chiens, par obtenir qu'ils se confondent avec l'herbage, nous surveillant d'un œil fumeux, tandis que le vent effacera leur dos.



L'éclair me dure.



Il n'y a que mon semblable, la compagne ou le compagnon, qui puisse m'éveiller de ma torpeur, déclencher la poésie, me lancer contre les limites du vieux désert afin que j'en triomphe. Aucun autre. Ni cieux, ni terre privilégiée, ni choses dont on tressaille.



Torche, je ne valse qu'avec lui.



On ne peut pas commencer un poème sans une parcelle d'erreur sur soi et sur le monde, sans une paille d'innocence aux premiers mots.



Dans le poème, chaque mot ou presque doit être employé dans son sens originel. Certains, se détachant, deviennent plurivalents. Il en est d'amnésiques. La constellation du Solitaire est tendue.



La poésie me volera ma mort.



Pourquoi poème pulvérisé} Parce qu'au terme de son voyage vers le Pays, après l'obscurité pré-natale et la dureté terrestre, la finitude du poème est lumière, apport de l'être à la vie.



Le poète ne retient pas ce qu'il découvre; l'ayant transcrit, le perd bientôt. En cela résident sa nouveauté, son infini et son péril.



Mon métier est un métier de pointe.



On naît avec les hommes, on meurt inconsolé parmi les dieux.



La terre qui reçoit la graine est triste. La graine qui va tant risquer est heureuse.



Il est une malédiction qui ne ressemble à aucune autre. Elle papillote dans une sorte de paresse, a une nature avenante, se compose un visage aux traits rassurants. Mais quel ressort, passée la feinte, quelle course immédiate au but! Probablement, car l'ombre où elle échafaude est maligne, la région parfaitement secrète, elle se soustraira à une appellation, s'esquivera toujours à temps. Elle dessine dans le voile du ciel de quelques clairvoyants des paraboles assez effrayantes.



Livres sans mouvement. Mais livres qui s'introduisent avec souplesse dans nos jours, y poussent une plainte, ouvrent des bals.



Comment dire ma liberté, ma surprise, au terme de mille détours : il n'y a pas de fond, il n'y a pas de plafond.



Parfois la silhouette d'un jeune cheval, d'un enfant lointain, s'avance en éclaireur vers mon front et saute la barre de mon souci. Alors sous les arbres reparle la fontaine.



Nous désirons rester inconnus à la curiosité de celles qui nous aiment. Nous les aimons.



La lumière a un âge. La nuit n'en a pas. Mais quel fut l'instant de cette source entière?



Ne pas avoir plusieurs morts suspendues et comme enneigées. N'en avoir qu'une, de bon sable. Et sans résurrection.



Arrêtons-nous près des êtres qui peuvent se couper de leurs ressources, bien qu'il n'existe pour eux que peu ou pas de repli. L'attente leur creuse une insomnie vertigineuse. La beauté leur pose un chapeau de fleurs.



Oiseaux qui confiez votre gracilité, votre sommeil périlleux à un ramas de roseaux, le froid venu, comme nous vous ressemblons!



J'admire les mains qui emplissent, et, pour apparier, pour joindre, le doigt qui refuse le dé.



Je m'avise parfois que le courant de notre existence est peu saisissable, puisque nous subissons non seulement sa faculté capricieuse, mais le facile mouvement des bras et des jambes qui nous ferait aller là où nous serions heureux d'aller, sur la rive convoitée, à la rencontre d'amours dont les différences nous enrichiraient, ce mouvement demeure inaccompli, vite déclinant en image, comme un parfum en boule sur notre pensée.



Désir, désir qui sait, nous ne tirons avantage de nos ténèbres qu'à partir de quelques souverainetés véritables assorties d'invisibles flammes, d'invisibles chaînes, qui, se révélant, pas après pas, nous font briller.



La beauté fait son lit sublime toute seule, étrangement bâtit sa renommée parmi les hommes, à côté d'eux mais à l'écart.



Semons les roseaux et cultivons la vigne sur les coteaux, au bord des plaies de notre esprit. Doigts cruels, mains précautionneuses, ce lieu facétieux est propice.



Celui qui invente, au contraire de celui qui découvre, n'ajoute aux choses, n'apporte aux êtres que des masques, des entre-deux, une bouillie de fer.



Enfin toute la vie, quand j'arrache la douceur de ta vérité amoureuse à ton profond!



Restez près du nuage. Veillez près de l'outil. Toute semence est détestée.



Bienfaisance des hommes certains matins stridents. Dans le fourmillement de l'air en délire, je monte, je m'enferme, insecte indévoré, suivi et poursuivant.



Face à ces eaux, de formes dures, où passent en bouquets éclatés toutes les fleurs de la montagne verte, les Heures épousent des dieux.



Frais soleil dont je suis la liane.



La bibliothèque est en feu -



René Char


in, La bibliothèque est en feu et autres poèmes


« La Bibliothèque est en feu » fut à l’origine un message codé de la Résistance qui annonçait un parachutage



René Char
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dimanche 14 janvier 2018

L'amertume des jours, poèmes de Jean-Louis Garac




5

Que sommes-nous pour certains:

Des traits fuyants, des visages

D'ombre, des repoussoirs, pages

D'ébauche sans nul destin?

Que de mouvance et de danse

Comme des algues sous l'eau,

Et la peur d'y voir bientôt

Notre propre ressemblance...

L'autre n'est qu'un confident

Occasionnel, sans substance;

Aigreurs et larmoiements rances

En font l'ami d'un moment.

La hargne seule surnage

Dans son unique plaisir,

Qui est de mordre et salir

Pour tenir face au naufrage...

Ce monde ignore l'amour

Comme le pardon immense,

L'amitié même se pense

De services en retour...

A ce jardin maléfique,

Les plus belles fleurs, partout,

Sont, de la mort, l'avant-goût,

Et, pour nos espoirs, tragiques...



Jean-Louis Garac

extrait de L'amertume des jours
© Tous droits réservés

Lire d'autres poèmes sur son très beau blog

http://espacecreationjeanlouis.blogspot.fr/2018/01/l-amertume-des-jours-recueil-de-poemes.html


Photo JLG