Ode à la jeunesse
C’est à la jeunesse de fonder aujourd’hui sa propre histoire, loin des idéologies. Fonder sa légende et inscrire ses utopies dans le marbre de l’Histoire.
C’est la jeunesse, nouvelle maturité, qui va balayer les vieilles lunes, les vieilles figures tutélaires. Dieu est mort ! De Gaulle aussi !
Les statues de commandeur ne sont plus que des statues !!
Aujourd’hui dans ce monde qui dépasse les « politiques qui ont de l’expérience » ces vieilles statues sont les béquilles des vieilles badernes, retranchées dans leur forteresse où ils poursuivent et fomentent, encore et toujours, l’art de cultiver les divisions, l’affrontement des contraires.
Fond de commerce des deux camps, l’affrontement des contraires, des oppositions est entretenu, dans une complicité tacite où chacun y trouve son compte. Où chacun cultive l’entre soi, au mépris du reste de l’humanité.
Aujourd’hui cette société qui a définitivement perdu la main, qui n’a pas su intellectuellement, moralement et spirituellement entreprendre sa reconversion, faire son aggiornamento en paye le prix. Celui de sa disparition ! C’est la circularité en spirale du Temps.
La jeunesse a su, par d’autres moyens, dans un progressisme constant à tous niveaux, lentement mais sûrement, asseoir sa présence désormais incontournable et sa forte parole.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit de cette jeunesse à l’ancienne qui, à son corps défendant, faisait le jeu des bonnes vieilles politiques.
Cette jeunesse n’a plus rien à voir avec les antiques affrontements estudiantins, motivés exclusivement par les clivages sempiternels qui faisaient le bonheur des veilles badernes de l’époque.
Non ce temps est « révolu » ! Au sens « révolutionnaire ».
La jeunesse d’aujourd’hui est totalement mûre pour mener la vraie révolution culturelle attendue. Une nouvelle révolution cognitive pour une aube nouvelle.
Mais là aussi, ne nous y trompons pas, Che Guevara aussi est mort, Castro itou.
Toutes ces révolutions sont « révolues » !!
La jeunesse d’aujourd’hui ne tombera pas dans le piège du renversement de la table, de la mise à mort du ou des systèmes, avec pour ambition, comme les antiques révolutions de mettre en place son propre système, avec tous ses attributs (idéologie, nomenklatura, etc…).
Non ! Elle ne tombera pas dans ce piège mesquin, hypocrite et imbécile qui consiste à vouloir renverser un pouvoir honni pour lui substituer le sien, aux intentions masquées dans sa première période et qui se mute comme la chrysalide en système totalitaire dans sa phase de maturité.
La « révolution » ici est celle à la manière copernicienne, qui consiste à inverser le regard.
Cette révolution est une subversion du regard. Le moyen que la jeunesse se donne de sortir de la politique des politiques, par la politique.
La subversion du regard consiste à embrasser la totalité et de celle-ci dans une politique de l’entendement de créer une dialectique qui englobe toutes les parties horizontales dans l’entendement de leur particularité. .
La jeunesse d’aujourd’hui comprend enfin qu’il y a une « action » qui relève de la systémique avec la politique de l’entendement de toutes les parties et qu’alors, alors seulement, cette politique de l’entendement pourra ensemencer une politique de la raison. Une politique de la Raison est celle du Logos. De la Parole. Celle qui racontera plus tard, beaucoup plus tard, l’histoire de cette extraordinaire aventure de la politique de l’entendement.
La jeunesse d’aujourd’hui est en mesure de créer de nouveaux mythes et construire une coopération, prélude indispensable, à l’objectif final d’amour, de solidarité et de fraternité.
C’est à une immense aventure que nous convoque notre jeunesse. Une aventure qui nous dépasse et moi en premier.
Je crois cependant qu’il est des sociétés, des peuples qui plus que tout autre et ils l’ont montré tout au long de leur histoire que l’aventure était leur étendard et leur fierté.
Au pays du Vendée Globe, au pays de ceux et celles qui admirent et aiment ses grands aventuriers, comment pourraient-ils résister à cet immense défi sans se renier ?
Je sais que l’influence des temps anciens qui est, en ce moment même, arrivée à son terminus, tente encore son va tout dans cette incantatoire incantation : « Mais où allons-nous ? Quel objectif ? Ils sont bien incapables de le dire ».
Je ne crois pas que ce soit une bonne question car elle est forcément avec ou sans réponse, celle qui dit déjà : « Non !!! ».
© Cristian Ronsmans
le 23 mars 2017
J'ai souvent parlé ici de Cristian Ronsmans, écrivain à la plume tantôt malicieuse, humoristique, tantôt grave, comme dans cette Ode à la jeunesse.
Cristian est avant tout un ami, toujours attentif à ce que j'écris, principal lecteur de mes poèmes. (FR)