vendredi 15 août 2014

Graffitis, tags et tatouages ( Cristian Ronsman )

Photo advancedcreation
http://ww3.advancedcreation.fr/galerie/selection-des-internautes/16-10-2011-street-art-hdr-street-art



Graffitis, tags, et tatouages
A l’origine, quand j’ai voulu aborder ce sujet, c’est l’ordre que je pensais respecter. Jusqu’à ce que je tombasse récemment sur cet article consacré au tatouage paru dans le N° 81, été 2014, de la revue « Philosophie ». Aussitôt, je changeai de cap et c’est par le tatouage que je décidai de commencer mon sujet. Et de remonter ensuite en sens inverse vers les tags et graffitis. Ce qui n’est pas un problème .
Le tatouage !
Le sujet n’a rien de nouveau en soi. En revanche la nouveauté réside dans l’ampleur actuelle du phénomène qui semble épargner bien peu de gens sur son passage.
Dans l’article en question, on notait, sans l’ombre d’une hésitation, que le tatouage avait acquis aujourd’hui une telle importance qu’on pouvait aisément parler d’un effet de mode.
L’ennui avec les modes est que par définition elles arrivent trop tard. Par définition, elles sont en retard sur ce qu’on appelait autrefois « l’avant-garde ». Ainsi, cette même expression « avant-garde » par une ironie du sort que réserve toute mode, est elle-même ringarde et en conséquence passée de mode.
Non! Ce qu’il convient comme il a toujours convenu, c’est d’être « tendance ». La tendance est en amont de la mode. Et quand celle-ci apparaît les « tendancieux » (jeu de mots) ne se plient en rien à la mode qu’ils auraient d’aventure suscitée. Ils se retirent pour mieux se creuser le cerveau afin de découvrir une nouvelle tendance.
Car la tendance c’est tendre vers et en même temps tirer les autres vers. En ce sens la tendance est plus proche du dandysme qui s’apparente à l’excentricité que de la vulgarité du snobisme qui professe l’imitation et la fausse élégance.
Mais revenons donc au tatouage qui, en dépit d’une longue histoire commencée dans le néolithique, avait disparu au XXème siècle sauf dans quelques cercles particuliers (tatouage d’identification du bétail, à Auschwitz, chez les yakuzas ou dans le cercle fermé de la mafia russe et les taulards et mauvais garçons de nos zonzons).
Alors comment expliquer ce retour en force du tatouage qui touche toutes les couches de la population, les diverses CSP y compris les CSP+ et les différentes tranches d’âge (il n’est pas rare de voir des ménagères de 50 ans bien sonnés et plus exhiber un joli dauphin sur le haut de l’épaule avec une distinction qui laisserait pantoise la baronne de Rothschild en personne, laquelle, si cela se trouve, je n’en serais guère étonné, s’en est fait incrusté "un beau dans la peau".
Il semblerait, à en croire l’immense majorité des intéressés, qu’il s’agit avant tout d’un critère esthétique et donc d’une motivation artistique. J’ai beau relire le traité « Aesthetica » de Baumgarten, me tourner vers Kant, Hegel et Nietzsche, philosophes qui se sont longuement penché sur la notion d’esthétique qui allait bouleverser l’historicité de l’Art, mais je ne vois rien concernant le tatouage.
Du coup, j’en reviens à l’article assez exhaustif de la revue « Philosophie » et signé par Alexandre Lacroix, rédacteur en chef de la revue.
Ainsi j’apprends qu’en France, on compterait environ sept millions de tatoués et comme toute épidémie, liée à une mode virale, « ce chiffre va selon toute vraisemblance augmenter fortement dans les décennies à venir ».
Lacroix plus délicat que moi parle de « vogue ». C’est moins péjoratif, et cela évoque un magazine à la mode mais c’est du pareil au même.
Il souligne en outre que dans le champ des sciences humaines, aucune étude sérieuse, à l’exception d’un article de Pierre Clastres (anthropologue et ethnologue français décédé en 2004), n’a été entreprise. Mais il s’avère, d’après Clastres que si l’on se base sur différents types de sociétés, on se rend compte que le tatouage est la manifestation d’un signe d’appartenance, d’allégeance encadrée souvent par un rite initiatique.
Bien évidemment, il n’est pas question de soupçonner un instant que la motivation essentielles de nos tatoués soit un signe d’appartenance. Même si c’est assez tentant eu égard à ce qu’il est convenu d’appeler « un manque de repères » de nos contemporains dans ce monde en errance (en déshérence comme disent les cuistres qui veulent faire genre en usant d’un vocabulaire qu’ils ne maitrisent pas ni ne comprennent, mais en raison d’une confusion entre deux phonèmes)
Du reste, Lacroix nous explique que c’est tout l’inverse. Il s’agit bien au contraire de s’arracher à la loi du groupe et manifester sa singularité. Je veux bien mais ils sont plus de sept millions et selon les prédicateurs en évolution exponentielle !
Toutefois, je ne suis pas contrariant et j’admets cette hypothèse.
Ainsi donc le tatoué veut montrer sa différence. Mais de quelle différence s’agit-il ? Une de plus. Comme si on n’avait pas déjà suffisamment de différences de par le monde qu’il nous est impossible de concilier.
Mais, bon. Je suis tatoué car je veux marquer ma différence. Cela étant Alexandre Lacroix poursuit prudemment en disant que les choses ne sont pas aussi simples que cela !
Il va donc interroger un certain Tin-Tin (Je pense que c’est un pseudo. A vérifier, mais j’ai pas le temps), véritable Professeur Christiaan Barnard du tatouage. A l’enseigne il devrait figurer sa devise : « Ce qui est tatoué est à moué »
On ne peut, nous fait comprendre Tin-Tin, enfermer le tatouage dans un stéréotype (celui de Clastres) et qu’étant universel il s’agit au contraire de s’arracher à la loi du groupe et que même s’il y a davantage de tatouages moutonniers qu’excentriques, cela ne renvoie plus une image de déviance ou de marginalité.
Dommage (c’est mon commentaire !)
On en déduit en conséquence que si le stéréotype de Clastres ne tient pas, celle de l’appartenance à un groupe déterminé avec ses codes et lois, celui du tatouage moutonnier renvoie à un groupe à dimension universel. Donc une mode !
La question est donc : Pourquoi cette mode et y adhérer? On verra plus loin si j’en ai le temps et l’envie, le lien avec le graffiti qu’on appelle aujourd’hui le tag.
(Ne pas confondre le tag à Bastia avec le tag à Basquiat !)
C’est ici qu’entre en jeu la justification artistique.
Il s’agirait, en l’occurrence, si l’on en croit les tatoueurs et tatoués, d’une fonction autobiographique (je raconte ma vie sur mon corps) ou encore, plus subtil, de l’impression cutanée de fragments épars d’une autobio-iconographie sauvage.
On commence enfin à deviner qu’au-delà de ce charabia aporétique se cache une raison, psychanalytiquement profonde, reliée à un problème identitaire.
Problème identitaire qui n’est pas sans rapport avec la nécessité d’appartenance ou plus exactement de reconnaissance de la communauté des tatoués, nécessité que l’on vit dans une volonté d’individuation.
Il y a donc bien de ce fait une expression de tradition initiatique qui s’élabore dans une anarchie universelle.
De sorte qu’on finira bien un jour par se demander dans un premier temps si un non-tatoué est bien normal, dans un deuxième temps si on ne doit pas le rééduquer et dans un troisième temps, le dernier, faute de progrès, carrément l’éliminer ?
En attendant, ce qui est intéressant dans ce problème identitaire c’est le chemin pris par la fibre de la création artistique qui semble animer sept millions de français. (Je vous rassure, tout le monde ne veut pas être tatoué, il y a aussi ceux qui veulent être écrivain, ceux qui veulent passer à la télévision etc… Sacré Andy, quel visionnaire).
Comme on le verra ultérieurement beaucoup d’entre eux sont des « anciens » graffeurs Ce qui devient intéressant à ce stade, c’est le changement de support.
Le support n’est plus la toile du peintre, il n’est plus l’espace du sculpteur, du plasticien ou du performer. Non il est le corps même de l’artiste.
L’instrument, l’instrumentiste et l’œuvre se confondent. Mais en même temps une question angoissante se pose. Celle de la pérennité de l’œuvre. Entre ceux qui seront bouffés par les asticots par amour de Spinoza et ceux qui veulent se bénéficier de la crémation, quelle place reste-t-il à l’œuvre et son immortalité ?
A moins que celle-ci n’ait aucune importance dès lors que mort on ne peut être spectateur de sa propre immortalité représentée par le chef d’œuvre qu’on se trimballe à longueur de journée.
On voit bien ici jusqu’où et dans quelle impasse peut conduire les déviances de ce qu’on appelle l’Art contemporain. Ou « art du en même temps que ».
On est enfin arrivé avec le tatouage à l’une des plus fabuleuses inventions, faute de mieux et par épuisement, celle du « support-surface ».
Le « support surface » qui va permettre à l’œuvre non pas d’être mais d’exister.
Je vais pouvoir en me tatouant ex-ister. Être moi et en dehors de moi. Cette notion existentielle marque bien la volonté de faire disparaître l’essence qui ne précède en rien l’existence. Voilà une question ontologique sous l’angle du tatouage qui n’est pas dénuée d’intérêt. Renvoyant du même coup à la certitude d’un cogito qui, par le fait que je pense le doute, car si je pense je doute, me permet d’avancer, sans complexe, que j’existe ! Bon courage !!!!
C'est fou comme on peut confondre réalité et Réel!
Or donc, le support-surface est totalement cartésien !
Je me rends compte que de ce fait je fais plaisir à Kant. Millediou (comme dit le vigneron sulfateur) !
J’avoue que ce narcissisme me laisse pantois !
Le corps le dispute à l’œuvre. Plus que jamais je suis plus important que ce que je crée car j’en suis le véhicule, le musée. Et en outre, à contre courant de la toile posée n’importe où, jetée à terre, car je suis debout. A 45° certes mais debout.
Je suis peint par-dessus et en dedans. Il n’y a plus d’au-delà. Je suis l’œuvre et au-delà d’elle. Je suis l’envers de mon endroit ! Je suis double et unique ! Je suis en plus un véritable happening.
Et puis, surtout, identique aux autres, je leur suis totalement différent !
Voilà pour ce syndrome dissociatif dont nul n’est à l’abri.
Je reviendrai plus tard sur les passerelles que vous devinez entre tatouages et graffitis. Et je m'efforcerai, quoique!, de vous montrer le côté réactionnaire du tag ou graffiti et subséquemment du tatouage.
A moins qu’entre temps je ne vous parle de Soulages et de son musée de Rodez.Ce n'est pas impossible, j'y vais très prochainement.


© Cristian Ronsman
14 août 2014
Tous droits réservés
Protégé par copyright

Lettre posthume de Stieg Larssons

Stieg Larsson (15 août 1954 – 9 novembre 2004), journaliste et écrivain suédois rendu célèbre par la publication posthume de sa série Millénium, a préparé, en 1977, avant son départ pour un voyage en Afrique, une lettre d’adieu à sa compagne Eva Gabrielsson. Sur l’enveloppe, une mention : « A n’ouvrir qu’après ma mort. » Vingt-sept ans plus tard, la lettre délivrait son flot épistolaire ; magnifique message posthume à la femme de sa vie.




Le 9 février 1977, Stockholm
Eva, mon amour,
C’est fini. D’une façon ou d’une autre, tout a une fin. Tout se termine un jour ou l’autre. C’est peut-être l’une des vérités les plus fascinantes que nous connaissions à propos de l’univers tout entier. Les étoiles meurent, les galaxies meurent, les planètes meurent. Et les gens meurent aussi. Je n’ai jamais été croyant, mais le jour où j’ai commencé à m’intéresser à l’astronomie, je pense que j’ai abandonné ce qui restait de ma peur de la mort. J’avais compris que, comparé à l’univers, un être humain, un seul être humain, moi… est infiniment petit. Enfin, je n’écris pas cette lettre pour donner une profonde leçon de philosophie ou de religion. Je l’écris pour te dire « adieu ». Je viens de raccrocher le téléphone où je te parlais. Je peux toujours entendre le son de ta voix. Je t’imagine, devant mes yeux… une belle image, un ravissant souvenir que je garderai jusqu’à la fin. A ce moment précis, en lisant ma lettre, tu sais que je suis mort.
Je veux que tu saches certaines choses. Comme je m’en vais pour l’Afrique, je sais ce qui m’attend. J’ai même le sentiment que ce voyage pourrait bien me tuer, mais c’est quelque chose que je dois faire, malgré tout. Je ne suis pas né pour rester assis sur un accoudoir. Je ne suis pas comme ça. Correction : je n’étais pas comme ça… Je ne vais pas en Afrique seulement en tant que journaliste, j’y vais surtout dans un but politique, et c’est pourquoi je pense que ce voyage pourrait causer ma mort.
C’est la première fois que je t’écris en sachant exactement quoi dire : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je veux que tu le saches. Je veux que tu saches que je t’aime plus que je n’ai jamais aimé personne. Je veux que tu saches que je dis ça très sérieusement. Je veux que tu te souviennes de moi mais que tu ne me pleures pas. Si je suis vraiment important pour toi, et je sais que je le suis, tu souffriras probablement en apprenant que je suis mort. Mais si je suis vraiment important pour toi, ne souffre pas, je ne veux pas que tu souffres. Ne m’oublie pas, mais continue à vivre. Vis ta vie. Le temps atténuera la douleur, même si c’est dur de l’imaginer maintenant. Vis en paix, mon plus cher amour ; vis, aime, hais, et continue le combat…
J’avais beaucoup de défauts, je sais, mais aussi quelques bonnes qualités également, je l’espère. Mais toi, Eva, tu m’inspires tellement d’amour que je n’ai jamais été capable de te l’exprimer…
Redresse-toi, carre tes épaules, tiens ta tête haute. D’accord ? Prends soin de toi, Eva. Va prendre une tasse de café. C’est fini. Merci pour les moments magnifiques passés ensemble. Tu m’as rendu très heureux. Adieu [en français dans le texte].
Je te dis au-revoir Eva, je t’embrasse
De Stieg, avec mon amour.

mercredi 13 août 2014

A Maïakovski , de Marina Tsvétaïéva

A Maïakovski


Je jetterai sur la paume
Du grain couleur de feu
Pour qu' il se tienne au-dessus de l'abîme
du monde
Rouge comme le feu.


En plein synode
Des grands seigneurs soviétiques...
__ Salut, Sérioja !
__ Salut, Volodia !

Tu n'en pouvais plus ? __ Pas trop.
__ Des raisons générales ?
__ Non, personnelles.

__ Le coup est bien parti ? __ Normal.
__ Ca a bien brûlé ? __ Excellemment.

__ Alors comme ça ta vie est bouclée ?
__ J'ai passé la main, comme on dit aux cartes.

... Ca va pas, Sérioja !
... Ca va pas, Volodia !

Tu te souviens comme tu m'avais étrillé
De toute ton énorme voix de basse
Qui secouait les planches ?
__ On peut

Laisser ça.... __ Ta barque de l'amour,
Comme canot de sauvetage !
C'est vraiment pour une jupe ?
__ Pas pire que la vodka.

Avec ton muscle gonflé
Tu es toujours entre deux vodkas ?
Ca va pas, Sérioja.
__ Ca va pas, Volodia.

Toi c'est pas un rasoir,
Du proprement fait.
Alors comme ça ta carte
Est abattue ? __ Ca coule.

__ Mets une feuille de plantain.
__ Le collodion aussi fait pas mal.
On en met, Sérioja ?
__ On en met, Volodia.

Et dans notre vieille Russie
Comment ça va ? __ C'est-à-dire
Où ? __ En U-èr-ès-ès
Quoi de neuf ? __ Ca construit.

Les parents enfantent.
Les saboteurs sapent
Les éditeurs gouvernent.
Les écrivains grattent.

Un nouveau pont a été bâti
Puis balayé par les hautes eaux.
Toujours la même chose, Sérioja !
__ Toujours la même chose, Volodia.

Et notre vol d'oiseaux chanteurs ?
__ Ces poètes, tu sais, sont des gens d'expérience !
On nous tresse des couronnes
Comme aux morts, mais c'est pour mieux

Nous piller aussitôt. La vieille ROSTA
Laquée par les lendemains qui chantent.
Pasternak tout seul
Ca fait pas beaucoup.

Si on y mettait la main
À leur chute de niveau ?
On y va, Sérioja ?
__ On y va, Volodia !

Et puis tu as le salut...
__ Comment va notre bon
Alexandre Alexandrovitch ?
__ Vois-le là-bas, devenu ange !

__ Et Fédor Kouzmitch ? __ Près du canal,
À la recherche des joues rouges de sa femme.
__ Goumiliov Nikolaï ?
__ Il es t à l'Est.

(Sur une natte sanglante,
Dans une pleine charrette...)
__ Toujours la même chose, Sérioja ?
__ Toujours la même chose, Volodia !

Mais puisque c'est pareil,
Volodia mon cher,
Si nous portions encore une fois
La main sur nous, bien que des mains

Nous n'en ayons plus ?
__ Malgré ça,
Sérioja vieux frère,
Posons une grenade
Sous cet empire aussi !

Et dans cette Aube
Que nous aurons déclenchée
Nous allons bâtir, Sérioja !
__ Oui, nous allons bâtir, Volodia !

Août 1930

Marina Tsvetaëva
in, Insomnie et autres poèmes

Poésie / Gallimard


Notes

L'épigraphe-inexacte-est tirée du roman Pétersbourgd'Andréi Biély. Le poème met en scène la rencontre dans l'au-delà entre les deux grands suicidés (Marina Tsévaiéva sera la troisième) de la poésie russe: Sergueï (Sérioja) Essénine (1895-1925), mort par pendaison et Vladimir (Volodia) Maïakovski (1893-1930), qui se tira une balle dans le coeur.

La « vieille ROSTA » est une agence télégraphique de Russie, pour laquelle Maïakovski rédigea en vers-et dessins parfois-de nombreuses affiches de propagande.

mardi 12 août 2014

Elle danse avec les anges ( Gaby Ferréol )


On ne l’entendra plus la plainte de l’impératrice. Maintenant elle danse avec les anges. Dans un improbable théâtre de verdure, des arbres passent sur un tango de Piazzolla, un long talon aiguille s’enfonce dans la boue, un homme ploie, se relève, avance une lourde armoire sur le dos, des masques de boue, assise dans un fauteuil une femme fume en observant le flot de la circulation, des courses effrénées dans les faubourgs de Wuppertal... Cette pâle silhouette frémissant sous les lumières ternes, je la connais bien : elle a brûlé mes envies, mes émotions. Quand je ferme les yeux, son fantôme sauvage se heurte aux chaises, aux murs, à la haute porte-tourniquet d’un certain café… Au matin, elle a laissé sa cigarette sur le rebord de ma fenêtre. Plus tard quand je feuilletterai mon album de souvenirs, nulle trace de son mince sourire, de l’éclatante douceur de ses yeux bleus, de ses longues robes de bal, des smokings, des œillets et d’un accordéon, des airs qui habitaient ses magnétiques créations. On ne l’entendra plus la plainte éblouissante de l’impératrice… elle danse avec les anges le sacre d’un éternel printemps.



« mon petit hommage à Pina Bausch »

Quand la lune apparaît.... ( Victor Hugo )

Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois,

Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore,
Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau,
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau ;

Si tu veux, nous irons errer dans les vallées,
Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux,
Et nous regarderons les voûtes étoilées.
C'est dans les champs qu'on voit les cieux.

Nous nous promènerons dans les campagnes vertes ;
Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit,
Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes
Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !

Nous parlerons tout bas des choses infinies.
Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur.
Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
Qui tombent du profond azur.

C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes.
Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux.
Rêveurs, nous mêlerons le trouble de nos âmes
A la sérénité des cieux.

La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
De toutes les rumeurs de la nuit et du jour ;
Nous, de tous les tourments de cette vie amère
Nous ne ferons que de l'amour !

Victor Hugo
crédit photo F.R

dimanche 10 août 2014

Shalom Palestine ( André Chenet )

http://poesiedanger.blogspot.fr/2014/07/pardon-gaza.htmlhttp://poesiedanger.blogspot.fr/




Un pays nommé Palestine
où nous aurions pu nous aimer en rêve
un pays d'une beauté légendaire
où coulait le miel du poème
un pays qui chantait le jasmin
et la fleur du citronnier
un pays de bergers et de bédoins
en pèlerinage vers la Jérusalem céleste
Palestine terre féconde de l'olivier

La destruction de Gaza
et l'extermination des palestiniens
signe la mort des "démocraties occidentales"
celle de la France surtout
Pays des Droits Humains
Symbole planétaire des luttes
contre la féodalité et toutes les formes
d'exploitation de l'homme par l'homme

Un mur de la Honte a été construit
Mur de séparation nous explique-t-on
par euphémisme pour ne pas nous effrayer
mais le champs lexical est assez vaste
pour justifier les génocides commis
depuis la Nuit des Temps
Qui pourrait nous interdire alors
de chanter l'hymne à la Paix ?

Que diraient John Lennon
Martin Luther King
Nelson Mandela
et tant d'autres amants
de la vraie humanité
s'ils revenaient parmi nous ?
"Imagine j'ai fait un rêve
un rêve d'amour en terre de Palestine
mais maintenant je vois l'enfer
l'enfer de Gaza l'enfer de Jéricho"

Des blindés comme des titans de métal
écrasant vergers et maisons sur leur passage
des nuées d'avion aux ailes assassines
larguant le feu d'une divinité colérique
sur les villes et les villages sans défense
armements d'une technologie barbare
pour mener une guerre spectaculaires
holocauste - il faut dire les mots -
se déroulant en direct
comme une coupe du monde
de la solution finale
avec ses hooligans et ses robocops programmés

Nul besoin de boulets au pied
les chaînes d'information se chargent
de conduire les esclaves dans les cales
de la pensée unique de l'universelle épopée
c'est comme au supermarché
vous payez quatre cent cadavres
pour le prix d'un seul

Combien de tonnes de bombes larguées sur Gaza
qui a été transformé en une tombe à ciel ouvert?
Entendez-vous les cris les pleurs de damnation
d'un des peuples les plus démuni de la planète?

Excusez-nous Messieurs les Présidents du Monde
si nous pensons encore à la Vie
si nous murmurons le doux nom de Varsovie
Israël à beau jeu de répéter
c'est de la faute aux victimes
qui n'avaient pas à se trouver là
Que n'ont-elles fuit auparavant !

Un pays nommé Israël
Judée Samarie Canaan
Galilée où un jeune rabbi vagabond
du nom de Jésus Christ
guérissait les aveugles
en établissant la lumière parmi les ténèbres

Maintenant nous vous saluons
femmes et hommes de bonne volonté
nous vous saluons dans le sang et les larmes
nous vous saluons dans la poussière des ruines
Shalom sur toutes vos terres
Halav hashalom sur tous les martyrs palestiniens

"Et de Jérusalem l’herbe cache les murs !
Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
Voit de son temple saint les pierres dispersées,
Et du Dieu d’Israël les fêtes sont cessées !" (Jean Racine)

Shaima la miraculée
n'a pas survécu plus de 6 jours
après être sortie du ventre déjà froid
de sa mère morte sous les décombres
après un bombardement meurtrier
qualifié cyniquement de "frappe ciblée"
par les experts des assassinats de masse
Mais Israël a tué un prophète
Shalom sur toi Gaza
Maintenant nous vous maudissons
fous furieux qui usurpez la force
Vous le peuple élu à qui nous les Gentils Vertueux
"demandons compte de toutes vos fautes"
envers les innocents sacrifiés
à votre frénétique identité
de gens à la veste pourpre.
Souvenez-vous de l'Alliance
et du voyage d'exil dans l'obscurité.
Souvenez-vous des ghettos Yiddish
et des galettes de pain au zaatar
partagé avec les poètes palestiniens.

Shalom Salaam sur la Rose des Vents,
de Babi-Yar à Odessa
de Guernica à Deir Yassim
de Saïgon à Phnom Penh
de Chabra à Chatila
de Wounded Knee jusqu'à aujourd'hui.


  André Chenet,le 9 août 2014




Tous droits réservés
Protégé par copyright

illustration :
Léon COGNIET (Paris, 1794 - Paris, 1880)
Scène du massacre des Innocents
Photo : Shalom Palestine 

 Un pays nommé Palestine
 où nous aurions pu nous aimer en rêve 
 un pays d'une beauté légendaire
 où coulait le miel du poème
 un pays qui chantait le jasmin 
 et la fleur du citronnier
 un pays de bergers et de bédoins
 en pèlerinage vers la Jérusalem céleste
 Palestine terre féconde de l'olivier

 La destruction de Gaza
 et l'extermination des palestiniens
 signe la mort des "démocraties occidentales"
 celle de la France surtout
 Pays des Droits Humains
 Symbole planétaire des luttes
 contre la féodalité et toutes les formes
 d'exploitation de l'homme par l'homme

 Un mur de la Honte a été construit
 Mur de séparation nous explique-t-on 
 par euphémisme pour ne pas nous effrayer
 mais le champs lexical est assez vaste
 pour justifier les génocides commis
 depuis la Nuit des Temps
 Qui pourrait nous interdire alors
 de chanter l'hymne à la Paix ?

 Que diraient John Lennon
 Martin Luther King
 Nelson Mandela
 et tant d'autres amants 
 de la vraie humanité
 s'ils revenaient parmi nous ? 
 "Imagine j'ai fait un rêve
 un rêve d'amour en terre de Palestine
 mais maintenant je vois l'enfer
 l'enfer de Gaza l'enfer de Jéricho"

 Des blindés comme des titans de métal
 écrasant vergers et maisons sur leur passage
 des nuées d'avion aux ailes assassines
 larguant le feu d'une divinité colérique
 sur les villes et les villages sans défense
 armements d'une technologie barbare
 pour mener une guerre spectaculaires
 holocauste - il faut dire les mots -
 se déroulant en direct
 comme une coupe du monde
 de la solution finale
 avec ses hooligans et ses robocops programmés

 Nul besoin de boulets au pied
 les chaînes d'information se chargent
 de conduire les esclaves dans les cales
 de la pensée unique de l'universelle épopée
 c'est comme au supermarché
 vous payez quatre cent cadavres
 pour le prix d'un seul

 Combien de tonnes de bombes larguées sur Gaza
 qui a été transformé en une tombe à ciel ouvert?
 Entendez-vous les cris les pleurs de damnation
 d'un des peuples les plus démuni de la planète? 

 Excusez-nous Messieurs les Présidents du Monde
 si nous pensons encore à la Vie
 si nous murmurons le doux nom de Varsovie
 Israël à beau jeu de répéter
 c'est de la faute aux victimes
 qui n'avaient pas à se trouver là
 Que n'ont-elles fuit auparavant !

 Un pays nommé Israël
 Judée Samarie Canaan 
 Galilée où un jeune rabbi vagabond 
 du nom de Jésus Christ
 guérissait les aveugles
 en établissant la lumière parmi les ténèbres

 Maintenant nous vous saluons 
 femmes et hommes de bonne volonté
 nous vous saluons dans le sang et les larmes
 nous vous saluons dans la poussière des ruines
 Shalom sur toutes vos terres
 Halav hashalom sur tous les martyrs palestiniens

 "Et de Jérusalem l’herbe cache les murs !
 Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
 Voit de son temple saint les pierres dispersées,
 Et du Dieu d’Israël les fêtes sont cessées !" (Jean Racine)

 Shaima la miraculée
 n'a pas survécu plus de 6 jours
 après être sortie du ventre déjà froid
 de sa mère morte sous les décombres
 après un bombardement meurtrier
 qualifié cyniquement de "frappe ciblée"
 par les experts des assassinats de masse
 Mais Israël a tué un prophète
 Shalom sur toi Gaza 
 Maintenant nous vous maudissons
 fous furieux qui usurpez la force
 Vous le peuple élu à qui nous les Gentils Vertueux
 "demandons compte de toutes vos fautes"
 envers les innocents sacrifiés
 à votre frénétique identité
 de gens à la veste pourpre.
 Souvenez-vous de l'Alliance
 et du voyage d'exil dans l'obscurité.
 Souvenez-vous des ghettos Yiddish
 et des galettes de pain au zaatar
 partagé avec les poètes palestiniens.

 Shalom Salaam sur la Rose des Vents,
 de Babi-Yar à Odessa
 de Guernica à Deir Yassim
 de Saïgon à Phnom Penh
 de Chabra à Chatila
 de Wounded Knee jusqu'à aujourd'hui.

 
André Chenet ,le 9 août 2014

illustration :
Léon COGNIET (Paris, 1794 - Paris, 1880)
Scène du massacre des Innocents

Vibrations ( Spyros K )

crédit photo Spyros




Des vibrations qui rendent capable
Que l'impalpable prenne corps
Ton esprit est comme le sable
Chaud diffus cherchant encore...
                     ***
Tu regardes le flux et le reflux
De la Mer qui alimente
Les sensations qui t'ont plu
Et l'espoir qui monte...
                  ***
Les instants sont des danseuses
Qui contorsionnent l'espoir
Et au détour d'une heure creuse
T'offrent l'éternité à boire...
                    ***
Je perçois les illuminations
Allumant les étoiles en toi
Un ciel bariolé de passion
Que tu ressens comme un toit...
                  ***
Tes pupilles sont dilatées
Ainsi il en est chez moi
Quand tu découvres la voie lactée
Lévitant de doux émois...
                    ***
S'astreindre aux richesses
Offertes par l'existence
Ton souffle a une tendresse
Qui définit l'intense...
                ***
Puis ensemble se relâcher
Ecouter le sang qui coule
Dans les veines qui ont caché
Les pensées  de l'âme saoule...

Spyros K

28 juillet 2014

Tous droits réservés
Protégé par copyright

©