samedi 2 août 2014

L'AU-DELA ME TEND LES BRAS ( Pascal Kin )






L'au-delà me tend les bras
je le regarde
mes lèvres s'ouvrent une dernière fois
une constellation d'étoiles se forme
d'astres primitifs
de novas dans les limbes
d'étincelants présages

Moi qui n'avais que le teint d'un mystère trop bien amené
dans le vide on m'a plongé
on m'avais promis la vierge mémoire
et des drapeaux flottant haut dans les abîmes

Le ciel se berçait dans la mer
puisque d'une vague agitée peut naître un cyclone
qui aurait tout balayé d'un grand coup d'horizon
j'ai accepté d'être un catalyseur

Les cachots comparables aux tombes antiques
les peaux anciennes , peurs et fascinations sont tombées
vieilles légendes dans un ciel d'apocalypse
j'ai enclenché le mécanisme

Les idoles au visage grimaçant
je voulais amener leur ruine , mais toi mon âme
tu t'es prise au jeu mortel de leurs défis
je n'étais qu'un instrument lucide sur son destin

Je cherchais secours et résurrections des enfants
qui disparaissent au fil des pages des saisons
ma blessure ancienne se réveille mon frère
j'ai accompli sans espoir que tu reviennes de l'ombre

Même s'il ne reste que des parcelles du temps
je ne disparaîtrais peut-être pas du réel
j'ai bâti des murs qui portent mes empreintes
il reste des trous noirs par où je veux et je peux renaître .

Pascal Kin ( extrait d'Anamorphoses et Chants d'exil à Paraître en 2015 )

Tous droits réservés
Protégé par copyright




Brel et Barbara - Chorégraphie Maurice Béjart


Brel & Barbara - Choregraphie Maurice Bejart from Polina Blinder on Vimeo.

vendredi 1 août 2014

Daniel Barenboim, chef d’orchestre de renommée internationale, exprime sa sympathie pour les Palestiniens


http://www.wsws.org/fr/articles/2014/aou2014/bare-a01.shtml
Par Fred Mazelis
1 août 2014
Au milieu de l’hystérie chauviniste attisée en Israël et les mensonges et la propagande soutenant l’Etat sioniste diffusée par les médias, une voix éminente s’est élevée avec courage s’opposant à la dernière attaque contre Gaza, qui déjà coûté la vie à plus de mille Palestiniens, y compris des centaines de femmes et d’enfants.
Daniel Barenboim
Daniel Barenboim, le chef d’orchestre et pianiste israélien mondialement connu, qui s’est opposé depuis de nombreuses années à l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, a émis une déclaration brève mais venant du fond du cœur, « Tant les Israéliens que les Palestiniens sont les perdants de ce conflit », qui a été publiée dans le journal britannique Guardian.
La toute première phrase de la déclaration de Barenboim a une connotation inhabituelle et cruciale : « J’écris ces paroles en tant que détenteur de deux passeports – un israélien et un palestinien. »
Le musicien juif, qui est né en Argentine et est arrivé en Israël avec sa famille quand il avait dix ans, défie les sionistes droitiers, en fait l’entier establishment sioniste, en osant parler en tant que Palestinien et en tant qu’Israélien. Il parle de la « profonde compassion pour la peur dans laquelle vivent mes compatriotes israéliens aujourd’hui », mais il ajoute: « j’éprouve une profonde compassion pour la détresse de mes compatriotes Palestiniens à Gaza, qui vivent dans la terreur et pleurent chaque jour des pertes si accablantes. »
« Il n’y a pas de solution militaire », écrit Barenboim, s’opposant aux attaques meurtrières entreprises régulièrement par les militaires israéliens contre Gaza ces dernières années.
Barenboim reflète l’opinion de nombreux Israéliens dont la voix est noyée dans la campagne visant à mobiliser l’opinion publique derrière l’invasion la plus récente. Des milliers ont protesté, et beaucoup plus encore ont commencé à voir que la militarisation de la société israélienne est une impasse, de même que le fait d’attiser délibérément la sorte d’arriération sociale qui a récemment mené au meurtre par vengeance d’un jeune Palestinien.
A un moment où des éléments fascistes font de la mobilisation, en Israël, avec le slogan « mort aux Arabes », la sympathie de Barenboim pour les Israéliens et Palestiniens ordinaires en fait, pour ces forces réactionnaires, une cible de haine et même de menaces de violence.
C’est précisément parce que Barenboim exprime la pensée de beaucoup de Juifs en Israël et dans le monde entier que les deux journaux les plus importants de l’establishment aux commandes en Amérique, le New York Times et le Washington Post, ont complètement ignoré sa prise de position. Le Times consacre au contraire dans son édition du 27 juillet presque une page entière à un reportage sur la popularité du premier ministre israélien Netanyahou et la prétendue unanimité de l’opinion publique israélienne en faveur de la guerre.
Le Times fait référence à la « teinte antisémite des manifestations pro-palestiniennes dans le monde ». Cette diffamation révoltante vise les millions de gens qui s’opposent à l’oppression du peuple palestinien et appellent, comme Barenboim, à l’unité des Israéliens et des Arabes. Le Times ne fournit pas de preuve pour son mensonge, prenant apparemment pour acquis que ses lecteurs vont simplement accepter que des protestations impliquant des gens d’origine moyen-orientale sont équivalentes à de l’antisémitisme.
Dans le cas de l’Ukraine, il vaut la peine de souligner que les éléments vraiment fascistes et antisémites qui furent à la tête du putsch de février dernier et maintenant des attaques contre les séparatistes pro-russes, sont ignorés par ces même médias qui soutiennent le sionisme.
Barenboim est un humaniste sincère, dans la tradition de feu le violoniste et chef d’orchestre Yehudi Menuhin et d’Albert Einstein. Il est connu en particulier pour son travail avec l’Orchestre du Divan occidental-oriental (West-Eastern Divan Orchestra, article en anglais) fondé il y a quinze ans par lui-même et feu son ami intime Edward Said, le savant palestino-américain. Cet orchestre, qui réunit de jeunes musiciens arabes et juifs, a donné des concerts partout dans le monde, avec un succès toujours croissant.
La prise de position franche et courageuse de Barenboim contre la guerre et l’oppression du people palestinien mérite le plein soutien de tous les travailleurs et socialistes partout dans le monde.
(Article original paru le 29 juillet 2014)


Fuite ( Giorgos Seferis )

crédit photo F.R


C'était cela notre amour;
Il partait, revenait, nous rapportait
Une paupière baissée, infiniment lointaine,
Un sourire figé, perdu
Dans l'herbe du matin;
Un coquillage étrange que notre âme
Essayait de déchiffrer à tout moment.

C'était cela notre amour, il progressait lentement
A tâtons parmi les choses qui nous entourent,
Afin d'expliquer pourquoi nous refusions la mort
Si passionnément.

Nous avions beau nous accrocher à d'autres tailles,
Enlacer d'autres nuques, éperdument
Mêler notre haleine
A l'haleine de l'autre,
Nous avions beau fermer les yeux, c'était cela notre amour...
Rien que le très profond désir
De faire halte dans notre fuite

Giorgos Seferis
in Poèmes (1933-1955)
trad. Jacques Lacarrière et Egérie Mavraki

mercredi 30 juillet 2014

Lettre de Gaza

 

Lettre de Gaza - 24 juillet 2014

Chers amis,
Ecrire n’est pas du tout facile ! Je ne suis pas une journaliste qui doit prendre son stylo et courir après l’actualité. Je suis une habitante de la bande de Gaza qui n’a pas dormi de la nuit à cause du massacre de Chujaeya, grand quartier à l’est de Gaza ville, qui doit son nom à Chujaa Alkordi, « Chujaa » veut dire « courageux ». Le crime des habitants de ce quartier est d’habiter tout près de la frontière avec Israël. L’armée israélienne a tiré toute la nuit. C’était une nuit très dure et triste : on n’a pas pu dormir et on a passé la nuit à côté de la radio, heureusement chargée. Des familles dont les maisons ont été bombardées demandaient aux ambulances et à la Croix Rouge d’aller sauver la vie de leurs blessés. Ni la Croix Rouge, ni les ambulances, ni la presse ne pouvaient entrer dans ce quartier à cause des obus des chars et des missiles de F16. Je n’ai fait que prier et pleurer. Quel dur réveil ... Les photos et les vidéos de ces massacres m’ont choquée. J’ai crié comme une folle, non, comme une maman qui avait perdu ses enfants : « il faut arrêter, il faut en finir avec attaques brutales et barbares.” Mon mari, qui était à l’hôpital Al Shefa, m’a appelée pour avoir de nos nouvelles, il m’a dit qu’on n’y sentait que l’odeur du sang : tellement il y avait des morts et des blessés. Beaucoup de familles de Chujaeya sont arrivées à l’hôpital pour chercher les leurs ou pour les attendre. Je ne peux jamais oublier cette femme qui suppliait de lui ramener les siens, morts ou vifs. Après plusieurs appels de la Croix Rouge à l’armée israélienne, elle a obtenu une trêve de deux heures, le temps d’extraire des décombres les corps des vivants. Durant leurs recherches de survivants, les bombardements continuent. J’ai mis deux jours à écrire ces mots, parce qu’à chaque fois où je me mets devant l’ordinateur pour écrire ce que j’ai vu et ce que je sens, je craque, je chiale. Je pleure à chaque mot qui me rappelle la douleur, la souffrance des gens. En plus, je ne peux pas m’empêcher de prendre des nouvelles de tous mes connaissances partout à Gaza. J’appelle tous les gens que je connais, quand les communications passent, car le réseau est aux mains des israéliens. Depuis hier, on a peur d’un nouveau choc d’un nouveau massacre à l’est de Khan-Younes, au sud de la bande de Gaza. Jusqu’à cet après-midi, on n’avait aucune nouvelle de ce quartier. La Croix rouge a réussi à obtenir l’accord d’entrer à Khan Younès mais dès que ses hommes y pénètrent ils essuient des tirs, ils rebroussent chemin sans pouvoir sauver personne. Cet après-midi, l’armée israélienne a arrêté une centaine de blessés et même de paramédicaux.
Les gens dont je vous parle sont des civils, ils avaient des rêves simples et faciles à réaliser : ils rêvaient d’une vie digne sans blocus et sans peur.
Certains d’entre vous n’acceptent peut-être pas le mot génocide. Je vous assure que je préfère l’utiliser sciemment parce que l’armée criminelle d’Israël rase des quartiers entiers, partout à Gaza, sans jamais épargner les civils. Plusieurs familles ont été complètement anéanties.
Des milliers de familles de Gaza vont revivre une autre Nakba, sachant que cette fois ci nous n’avons plus où aller, ni où trouver refuge. Aucun endroit n’est sûr. Les écoles de l’UNRWA ont ouvert leurs portes devant la plupart de ces familles, mais elles sont pleines ainsi que les églises. Aujourd’hui, vers 14h00, il y a eu 17 morts et une centaine de blessés suite à un bombardement d’une école de l’UNRWA qui abrite des familles réfugiées.
D’autres ont trouvé refuge chez leurs parents pensant que c’est plus sûr. En dépit de la situation très grave, je dois vous parler de ces jeunes, qui ont créé dans tous les quartiers de Gaza, des centres d’aide et de solidarité avec les familles qui ont évacué leurs maisons pour aller aux écoles de l’UNRWA. Bombardement acharné et incessant qu’ils subissent. Le propriétaire de l’immeuble résidentiel le plus beau et cher de Gaza, a proposé de mettre gratuitement des appartements à la disposition des réfugiés. Aussitôt l’armée israélienne a fait exploser l’édifice, peut-être pour empêcher les gens d’être à l’abri. Je terminerai en parlant pour la première fois du rôle que l’Egypte joue avec le poste frontière de Rafah. Certains s’imaginent les égyptiens accueillir à bras ouverts leurs frères victimes des exactions de l’armée israélienne. Pas du tout, ils refoulent les ambulances et les blessés.
La Palestine est en train de perdre tant de ses enfants, de ses femmes, de ses hommes, de ses monuments et donc son histoire...
Salma AHMED ELAMASSIE
A Gaza
Le 24 juillet 2014
P.S je ne savais même pas on était quel jour aujourd’hui, une amie française me l’a dit !!
URL de cet article 26426

mardi 29 juillet 2014

Existentielle écume

 

 

Au zénith un Soleil en gloire
Eblouit et miroite de vert et d'argent
L'Océan sauvage qui roule et dresse et brise
   les barres d'écume enneigée
      fracassées en des plaintes rugissantes
Vers l'horizon infini mon coeur voyage

Il me revient un éclat de rire
Des mots murmurés
Parfois en suspens
A l'orée de la nuit lorsque les paupières se font lourdes
       et le silence cocon protecteur
Que nos coeurs laissent éclore
Les émotions les désirs les regrets et
Qu'éclate
La douleur restée secrète

Je sais les frémissements les impatiences les appels
Je sais les âmes soeurs
Je sais le carcan des brumes
Je sais les nuages amoncelés
Je sais les traces de ta voix égrenées sur le sable fripé...

J'entends
le feu qui nous brûle et les étincelles
qui retombent
Cendres froides
Je vois l'Ile lointaine
Son corps de sirène
Ses parfums de reine
Je vois ta peine
Je vois l'exil qui te fige t'immobilise te paralyse

Ce matin le vent abat ses rafales
Des embruns s'envolent et
sur mes lèvres
déposent tes baisers de sel
Puis repartent en écho
Là-bas
Sur une terre étrangère

Je crois
entendre tes éclats de rire
Je crois
sentir la caresse triste de tes yeux
Je crois
poser mes doigts timides et amoureux
Sur tes boucles folles
Je crois
qu'elles s'envolent
                  à travers les brouillards de brume...

La passion de la Vie est en toi

Ô que ta quille éclate

Que les vents te poussent vers des rives joyeuses
Que ton sang fouette tes désirs
Tu existes tu es vivant
Tu existes je suis heureuse
Tu existes en moi
Tu existes en toi

C'est écrit

Sur le sable mouillé
Sur les embruns nacrés
Sur les ailes des goélands
Sur les nuages au firmament

Tu existes

      Le sais-tu...

   ©    F.R
le 30 avril 2012 
extrait de "L'Âme des marées"
recueil paru en octobre 2014
éditions épingle à nourrice
Tous droits réservés
Protégé par copyright  




crédit photo FR
Ce jour-là, l'Océan rugissait, sauvage... je m'enivrais des embruns et de l'écume aux parfums d'iode..

lundi 28 juillet 2014

Tu seras seulement


crédit photo F.R


Pas la racine qui s'enfonce
dans le gravier dur,
ni la radicelle, ni l'épine,
ni le tronc dans la tempête,
ni l'humble branche, ni la liane, ni l'écorce
dans le gel et la neige,
ni la sève qui monte,
ni la force qui fait croître,
ni le fruit, ni la graine,
ni la feuille qui construit
en silence sa cathédrale,
tu seras seulement
la fleur étincelante

Olav H.Hauge
Nord profond, trad. François Monnet

Israël, Hamas, clarté morale et amnésie ( Eric Leser )



Dans le déchaînement de haine qui s'exprime lors de chaque guerre israélo-arabe contre les Israéliens et de plus en plus les juifs, les faits politiques, militaires et historiques ont peu d’importance. Les étranges alliances qui se constituent alors entre extrême gauche, islamistes et extrême droite s’appuient sur une vision du monde simpliste mais efficace. Il y a les bons et les méchants, les bourreaux et les victimes.
Il suffit pour alimenter ce manichéisme d’images, révoltantes et insoutenables, d’enfants et de femmes ensanglantés. Peu importe, si l'outrage est sélectif et si les victimes à Gaza comptent mille fois plus que celles de Syrie ou d’Irak. Une disproportion encore plus spectaculaire que celle entre le nombre de morts à Gaza et en Israël.
Mais le plus troublant tient au déni ou à l’oubli de l’enchaînement des faits et des responsabilités. L’amnésie et l'ignorance sont devenues la règle.
Qui a intérêt à la guerre?
Rappelons donc qu’Israël a accepté un cessez-le-feu proposé par l’Egypte dès le 16 juillet, avant l'attaque terrestre, que le Hamas a refusé. Que le Hamas a encore refusé samedi 26 juillet en fin de journée l'extension du cessez-le-feu acceptée par Israël et a recommencé à tirer des roquettes. Cela n'a pas empêché Israël de prolonger la trêve humanitaire. Israël tente d’éviter les morts civils en prévenant les habitants d’évacuer les zones de combat ce qui met en danger parfois ses propres soldats. Plus facile à dire qu’à faire dans une enclave aussi réduite, aussi peuplée et dans des combats de rues. C’est indéniable.
Mais plus cyniquement, Israël n’a absolument rien à gagner à tuer et blesser des civils devant les caméras de toutes les chaînes de télévision de la planète. Pour reprendre une expression un peu facile de Benjamin Netanyahou:
«Israël utilise ses missiles pour défendre sa population et le Hamas sa population pour défendre ses missiles».
Venons en au fond et au fameux «cycle de violence» pour reprendre le cliché journalistique sans cesse asséné. Israël n’a également aucun intérêt à la perpétuation du cycle en question. Le Hamas lui y a un intérêt. Sa seule façon de conserver une légitimité, c'est de faire la guerre. Et si Benjamin Netanyahou est éminemment critiquable, c’est pour s’être laissé entraîner dans ce conflit pour défendre ses citoyens contre les tirs de roquettes… et de missiles.
Car il ne s’agit pas seulement de roquettes à la mode soviétique de la seconde guerre mondiale. Les engins qui ont atteint Tel-Aviv et le nord d’Israël pèsent des centaines de kilos, ont pour nom Fajr-5 et sortent directement de l'arsenal iranien. Tout comme Bachar el-Assad, le dictateur syrien, le Hamas est un client et un obligé des mollahs de Téhéran.
Gaza n'est plus occupé depuis 2005
Tout le monde feint aujourd’hui de l’ignorer, mais la raison d’être proclamée et officielle du Hamas est l’éradication d’Israël et des juifs qui y habitent. Le Hamas, considéré comme un mouvement terroriste par l'Union Européenne et les Etats-Unis, combat l’occupation. Le problème, c’est que Gaza n’est plus occupé depuis près de dix ans!
En 2005, les télévisions du monde entier montraient l’armée israélienne chassant par la force les colons des toits des synagogues des implantations à Gaza, détruisant leurs habitations, expulsant ces citoyens et rendant chaque centimètre de l’enclave aux palestiniens.
Ariel Sharon voulait faire de ce retrait unilatéral le modèle d’une cohabitation future entre deux Etats. Israël avait ainsi transmis aux habitants de Gaza 3.000 serres qui produisaient des fruits et des fleurs pour l'exportation. L’ idée était de favoriser les échanges commerciaux et le développement de Gaza notamment avec l’aide internationale. Il n'était pas question de blocus, au contraire.
On peut ajouter que les précédents «suzerains» de Gaza, les Egyptiens jusqu'en 1967, les Britanniques jusqu'en 1948 et les Ottomans jusqu'en 1917 n’avaient jamais donné une telle chance aux Gazaouis.
Qu’en ont-ils fait? Ils ont détruit les serres et mis au pouvoir le Hamas quelques mois plus tard. A l’issue d’un conflit parfois sanglant avec l’Autorité Palestinienne (113 morts), le Hamas a définitivement imposé sa dictature à Gaza en 2007 et a fait de l’enclave une base militaire impressionnante devenue une menace pour tout Israël du sud au nord et même pour le Sinaï égyptien.
Il y avait près de 1.200 tunnels de contrebande sur les 14 kilomètres de frontière entre Gaza et l’Egypte avant que le Caire ferme hermétiquement sa frontière! A la place d’infrastructures financées par la communauté internationale et notamment l’Europe, des centaines de kilomètres de tunnels bétonnés et électrifiés (en tuant plus de 160 enfants pour les construire), des fabriques d’explosifs et de roquettes et des entrepôts et des centres de commandement dans et à proximité des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des immeubles d’habitation. Résultat, il y a eu trois guerres: en 2009, 2012 et maintenant 2014.
«La guerre, c'est la paix»
Les milliers de roquettes et de missiles lancés sur les villes israéliennes n'ont qu’un seul objectif: provoquer la riposte. Leur utilité militaire et stratégique est proche de zéro. Même Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne, s’est ouvertement interrogé:
«Qu’est-ce que vous cherchez à faire en envoyant des roquettes?»
Le Hamas cherche à prouver au monde «l’inhumanité» des Israéliens. Il y parvient assez souvent. Les images de la guerre ont été uniquement celles de soldats et de matériel de guerre israéliens à l'œuvre, de civils gazaouis martyrisés et de destructions. Où étaient les combats, les combattants islamistes, les roquettes, les mortiers, les rues et les maisons piégées, les bunkers…?
Résultat, dans notre monde orwellien où les mots n’ont plus beaucoup de sens et les médias sont pavloviens, ceux qui veulent la guerre sont les victimes et ceux qui y sont entrainés les bourreaux. Pour paraphraser George Orwell dans 1984, «la guerre c’est la paix» et la «vérité c’est le mensonge».
Eric Leser





Eric Leser
Monde
27.07.2014 - 9 h 17
mis à jour le 27.07.2014 à 9 h 50
Le quartier de Shejala (Gaza) sous le feu israélien le 20 juillet 2014.  REUTERS
Le quartier de Shejala (Gaza) sous le feu israélien le 20 juillet 2014 REUTERS