Maman
Tant d'émotions
Tant de chagrin
Tant de souvenirs
Instants de joie aux larmes mêlés
Une vie s'arrête
C'est la tienne maman
En mon cœur un chaos indescriptible
Nos rendez-vous manqués
Ma petite enfance marquée
par ces secrets qui rongent un destin
le tien
le mien
Ma vie de femme éprise de liberté
trop rebelle
pas assez sage
pas Celle que tu voulais
Un deuil aussi cruel qu'injuste
celui de ton petit-fils
mon fils maman
Je t'ai bien souvent cherchée
je t'ai appelée
autant que je te fuyais
J'ai toujours su que ton départ
à jamais scellerait ma culpabilité
Et pourtant
L'une et l'autre devions vivre
L'une et l'autre devions construire
sur des sables mouvants
Qui étais-tu réellement
Qu'as-tu cherché désespérément
A l'église j'ai dit
la femme courageuse brillante
l'amie attentive dévouée
l'âme de ton village retrouvé
A l'église j'ai tu
notre part d'ombre et
ce lourd secret en toi enfoui
j'ai tu mes larmes
parfois remplies d'un sel amer
Aujourd'hui
j'essaie de te trouver
trouver la Paix de l'âme auprès de ton jardin
m'occuper de tes fleurs avec soin
donner vie à ta maison
entendre le rire des petits-enfants
eux aussi partagés à chaque instant
entre les jeux et l'adieu
Ils sont ton avenir maman
Par eux tu vivras dans l'Eternité de nos cœurs
la seule je crois.
©fruban
le 30 mai 2015
Tous droits réservés
Protégé par copyright
poème extrait de "Chorégraphie de cendres" paru en avril 2017
(épingle à nourrice édition)
crédit photo fruban |
Magnifique de sincérité, de pudeur, d'humilité. Magnifique aussi par ce désir de réconciliation à travers le départ de la mère qui remplit bien ici et maintenant son rôle de mère, l'éponge qui absorbe en cet instant précis tous les malheurs du monde pour cette réconciliation avec l'autre qui est en soi. Le départ de la mère est la révélation du non-dit qu'on avait enfoui dans les limbes d'une mémoire qui se dérobait en pleine conscience d'abord, puis par réflexe naturel issu d'un acquis cultivé par la conscience. Mais l'inconscience veille. Alors vient le temps de la culpabilité inventée pour tenter par honnêteté de vouloir réduire la faute commise à l'autre qui est en soi. Et là encore la mère et son départ font écran pour devenir l'objet de cette culpabilité. Quand la vérité oblige à dire que celle-ci n'existe pas mais que c'est bien la responsabilité au sens où l'on doit toujours "respondere", répondre à l'autre en soi et là, oui à l'autre, manifestation de son existence en face de soi. D'autant plus quand l'autre a donné ta vie. Mais cette responsabilité est partagée non dans un sens où l'un serait davantage coupable que l'autre mais bien dans le sens où le partage, l'échange n'a pas toujours eu lieu. Voilà pourquoi, toi, moi et tant d'autres à l'heure du bilan voulons épargner à celui ou celle qui s'en va de s'encombrer de sa part de responsabilité jusqu'à endosser une pseudo culpabilité quand il n'y a que de vrais regrets. Éternels! Voilà ce que je ressens et crois comprendre dans ce texte somptueux par sa qualité d'écriture intrinsèque et par cette poignante émotion. Que la paix sont avec ta maman partie dans l'autre monde et que la paix vienne en toi, ici et maintenant en ce monde!
RépondreSupprimerMille merci pour ce commentaire qui dit si bien la complexité de nos relations à l'autre, surtout lorsque cet autre nous a donné la vie. On se sent reconnaissant, on voudrait tant le montrer, le dire, remercier. Et puis, on s'aperçoit un jour, que chaque personne a sa propre route à accomplir, même si pour cela, le cordon doit être relâché, puis coupé. Les mères ne comprennent pas toujours cela, le vivent dans la souffrance. Les routes se séparent parfois, et au moment du grand départ, les regrets ds non-dits se mêlent à la douleur de la séparation définitive. Alors, sans doute la culpabilité, les remords. Comment réparer...ce qui ne pourra être ? Dans le même temps, s'impose la certitude que notre vie est "ici et maintenant", comme tu le dis justement. Là, est le chaos infernal en nous. Attendre que le temps apaise...
SupprimerAmitiés. Cristian l'anonyme cachalot!
RépondreSupprimerJe t'avais reconnu, même cachalot anonyme !!!
SupprimerTexte magnifique et très beau. Plein d émotions dans les mots, les vers, les phrases. PJ
RépondreSupprimerMerci beaucoup !
RépondreSupprimerTexte beau incarné ,qui me touche par son ton simplement juste et ses mots bien choisis . Il même entremêle plusieurs deuils et nous parle de vie et de mort et d'amour et de choix subjectifs essentiels assumés et de culpabilité mal venue mais revenue ....à perdre pour vivre continuer à vivre perdue .IL démêle poétiquement subtilement ce qui peut l'être d'une histoire singulière d'une fille, femme mère... et pointe finement la difficulté de certains liens de filiation. En creux, il nomme -logiquement- également les hommes de cette histoire sas les nommer pourtant. Perdre sa mère, c'est douloureux certes d'autant plus si des rencontres ont été "manquées" dans l'enfance. Toutefois, le "ratage " se révèle de structure dans liens de filiation ... (et parfois le dit "ravage maternel" pour une fille une future femme aggrave les choses ! ) Cela reste dans l'ordre des générations ...perdre un enfant, c'est souvent indicible inacceptable dit à grand peine. Merci Françoise pour ce texte vivant déchirant apaisant.
RépondreSupprimerC'est à moi de vous remercier Marie F, pour ce commentaire si sensible, si émouvant pour moi. Ce poème ne m'a pas été facile à écrire, vous pouvez sans peine l'imaginer... Cependant, il le fallait, cela s'imposait à moi. En effet, la culpabilité (à tort ou à raison), la profonde tristesse, malgré les relations si compliquées avec maman, ont peu à peu guidé mes mots. Je ressentais tout au fond de moi, qu'un jour ou l'autre, il me fallait dire, témoigner, sans pour autant entrer dans le détail. Dire pour moi, dire pour les miens, dire...pour ceux qui liraient ce poème. Merci encore !
SupprimerC'est magnifique Françoise. Tu approches toute la complexité de la relation mère/fille, si proche et si lointaine. Pas facile de ne pas culpabiliser.
RépondreSupprimerJe t'embrasse
Merci beaucoup Chantal ! Oui, cette relation fut des plus compliquées, ce qui rend la séparation culpabilisante, même si je lutte contre depuis longtemps. Une mère reste une mère. On voudrait ne garder que le plus beau.
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