dimanche 5 avril 2015

Et le vent, de Martine Cros


Et Le Vent














celle qui va et qui revient
entre les strates de Sylvine
collision de paupières fines
et de larmes de gypse creux
les bégaiements sont silencieux

et le vent dans
les noiseraies
étend ses bras longs et soyeux
devenir ce vent je l'aime
et ton cou semble un noyer
et la seule chose au monde
est un soupir qui vient mourir
dans les rameaux de tes vergers
tu les cultives sans savoir
que mes yeux sont retranchés
au sein de ton coeur de colombe
dans ta chair d'épouvantail

et le vent dans
les noiseraies

secoue la paille

qu'elles sont fragiles
les entailles
enracinées
tempête lève l'oripeau
et donne à voir un nu d'enfer
couvert de lanières de sang
et rose de désirs de feu
et ridé de destins douteux
l'hivers vient occulter
les secrets et mensonges
au coin du feu c'est bon
d'inventer tous les songes
en flammes donne l'illusion
au dehors il ne reste
qu'une branche vermillon
échine de l'épouvantail
à ses pieds une plume blanche

vaut-il mieux taire ou avouer
celle qui va et qui revient
à la forêt
faut il être forte et rester
sur cette terre étrange fruit
de ces vastes vergers fleuris
où la seule chose au monde
qui m'arrache les deux yeux
est de ne pas savoir qui tu es




5 avril 2015

Texte et photo Martine Cros

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