Vivre c'est survivre à un enfant mort
Jean Genet
in, Journal du voleur
Des barreaux d'hier à l'éternité demain
Il est étrange comme les mots font voyager
Entre le bleu de la Grèce la beauté de son alphabet
les barreaux de ta fenêtre ton soleil jaune
Une coïncidence devint vite connivence
Toujours ce fil qui relie deux esprits
A l'instant même j'eus le désir de t'offrir
le poème de Verlaine – Colloque sentimental -
Un déclic une impulsion subite
De barreaux en prisonniers
Me voici ici sous les nuages gris devant la page vierge
Je sais qu'au-delà de l'éternité nous continuerons
à bavarder à rire comme ces deux spectres
Jamais je ne lâcherai ta main
Des milliers des millions de prisonniers
derrière les barreaux rêvent de s'évader
Barreaux des prisons barreaux de la Vie
Ce jour-là deux se sont croisés
Deux poètes blessés par l'Amour meurtris par la Vie
un troisième les a vite rejoints
Ce fut le rendez-vous des « poètes maudits »
Réunis tous les trois au mitan de nos plumes
Journal du voleur1 ou Voleur de poules1
Rebelles de petits ou grands chemins
Verlaine avait plaisir à dire que les barreaux
à la fenêtre de sa geôle étaient en bois
Ce qui est vrai __ l'anecdote est délicieuse
Ils s'appellent Paul Jean ou Roger
Tous les trois réunis là-haut - tu sais
Trois spectres qui tiennent colloque
et qui se marrent de toute cette rigolade
dégoulinante __ Fêtes de fin d'année qu'ils disent
Tandis que s'affairent les marchands du temple
Je sais qu'un jour nous les rejoindrons
et nous regarderons s'agiter les pantins
et nous rirons comme des fous.
© fruban
19 décembre 2017
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travail en cours
1 Journal du voleur, Jean Genet
Voleur de poules, Roger Knobelpiess
Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Paul Verlaine
Jean GENET |
Roger KNOBELSPIESS Photos du Net |
Désenchaînés ils doivent O combien se déchainer eux qui bien avant de mourir l'étaient déjà. CR
RépondreSupprimerCe en quoi ils ont mille fois raisons ! Ici-bas, le monde est fou, les gens sont fous, je deviens folle !
SupprimerEt retrouver ces trois Grands que j'aime pour me moquer à mon tour, le pied !!!
Dans un monde où l'humour n'est que la courtoisie de l'horreur, ce poème conjugue le passé et le présent, la tristesse, la subtilité et un humour d’une tendresse infinie. L’éternité s’est habituée à dialoguer avec toi. Je suis bouleversée! Fabrice s'en réjouit !
RépondreSupprimerGracias Cristina !Oui, j'ai voulu que la malice, l'humour, l'emportent sur l'horreur du monde. Et l'éternité, le Colloque sentimental de Verlaine a donné le "la" !
SupprimerRéunir par les mots ceux d'hier , ceux de demain.
C'est quoi le Temps si impalpable, indéfinissable, sinon ces rendez-vous mêlant les instants.
Eh oui, Fabrice doit sourire en retrouvant ces poètes rebelles !
... Et toi as bien y réussi !
SupprimerLa poésie peut bien tromper la réalité, au moins, tandis qu'on lit le poème !
La poésie trompe assurément la réalité, chère Cristina, car elle nous ouvre les yeux sur le Réel. c'est ce que je crois. CR
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