samedi 5 octobre 2019
Angélique Ionatos, Et si l'arbre brûle
" Et si l'arbre brûle"... reste la lumière
Studio. © A Sevenier
Chanson sur le texte de Dimitris Mortoyas, poète exilé, né en 1934 et mort en 1975 à Londres.
Il s'agit d'un poète très peu connu en Grèce.
Sur ce nouvel album j'ai mis en musique deux de ses poèmes : "Et si l'arbre brûle" et "Aimez-vous les uns les autres".
Ce sont deux chansons "phares" de cet album.
Poète sombre, ironique et d'une grande lucidité. Je l'ai découvert alors que j'étais très jeune.
Ses poèmes m'ont toujours inspiré une musique particulière : syncopée, percussive, violente.
Très bel article sur Le Courrier
Angélique Ionatos, en état d’urgence
Tragédienne au chevet d’un pays exsangue, la chanteuse grecque a publié Reste la lumière, un disque irrigué par les mots des poètes hellènes. Elle se confie avant sa venue à Genève pour Poésie en Ville.
VENDREDI 9 SEPTEMBRE 2016 RODERIC MOUNIR
«Il m’est impossible de parler de l’amour et des petites fleurs quand je vois l’état du monde actuel.» YANN ORHAN
MUSIQUE
Quarante ans de carrière, près de vingt albums et de nombreux spectacles nourris de poésie et de littérature. L’an dernier, Reste la lumière a rompu un silence discographique de près de dix ans. Un enregistrement à la tonalité sombre, un cri de colère suscité par la crise grecque, pour ne pas sombrer dans le désespoir.
Nous rencontrons Angélique Ionatos alors qu’elle effectue sa rentrée scénique, fin août à Vevey. Elle revient passablement déprimée de Lesbos, où elle possède une maison et passe ses étés. «C’est un désastre, les réfugiés s’entassent dans des camps. Heureusement, l’aide s’est organisée depuis l’an dernier, quand ils étaient entre 800 et 1000 à affluer quotidiennement, errant sur l’île. La Méditerranée est devenue un grand cimetière humide. Alors me baigner, non, pas cette année.» D’Athènes, Angélique Ionatos brosse un tableau tout aussi sinistre – fermetures d’enseignes en série, clochardisation galopante…
Son nouveau disque a été réalisé dans l’urgence, comme un coup de gueule. «Il y a eu cet espoir très fort avec Tsipras, et tout s’est effondré. Il s’est couché, sans doute n’a-t-il pas eu le choix…» L’espoir et le réconfort, la chanteuse est allée les puiser chez les poètes, ces phares de la Grèce par tous les temps. A commencer par Odysseus Elytis, prix Nobel de littérature 1979 (disparu en 1996), qu’elle a traduit et interprété à maintes reprises. Elle dit ne pas pouvoir le lire sans avoir les larmes aux yeux. «C’était un homme austère, sévère. J’allais souvent le voir pour lui demander l’autorisation de reprendre ses poèmes. Une relation de confiance s’est nouée entre nous.»
Témoigner de son temps
«Courage», qui ouvre l’album, est une adresse aux femmes et à leur contribution mésestimée dans un monde d’hommes. «Elytis la termine en disant ‘Donne-moi la fierté et débarrasse-moi de la colère’. Moi, la colère, il ne me l’a pas enlevée…» Angélique Ionatos s’avoue pessimiste, constatant que la «stratégie du choc» dirigée contre le peuple a pour but de l’accabler et de le réduire à la passivité.
Pourquoi chanter la révolte, obstinément? «Parce que je ne sais rien faire d’autre!», répond sans surprise l’intéressée. «Un artiste, à mon sens, doit témoigner de son temps. Il m’est impossible de parler de l’amour et des petites fleurs quand je vois l’état du monde actuel.» Angélique Ionatos déplore d’ailleurs le manque d’engagement des artistes. «Je ne comprends pas ce silence, c’est pourtant le moment!» Elle déteste le terme «divertissement», s’inscrit dans la tradition des poètes engagés, des lanceurs d’alerte.
Parmi les auteurs choisis figure aussi Dimitri Mortayas, à l’origine du titre de l’album: «Et si l’arbre brûle, reste la cendre et la lumière», dit son poème, tandis que «le vent mauvais s’épuise» et que «notre détermination à nous battre reste intacte». Pas de femmes parmi les auteurs de ces textes? «Si, une: moi», rétorque celle qui a jadis célébré Sappho de Mytilène, Rosa Luxembourg, Frida Kahlo ou Alfonsina Storni, rebelles et atypiques. Son texte pour Reste la lumière s’intitule «Mes Sœurs sorcières», parce que les fées l’«ennuient» et qu’en grec, le même mot (mágissa) désigne la sorcière et la magicienne.
(lire la suite sur Le Courrier)
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Angélique Ionatos est avant tout une voix. Mais pas n'importe quelle voix. Une voix au sens bien sûr de l'organe chantant, hurlant aussi la souffrance et l'incompréhension qui tétanise. C'est aussi une voix qui témoigne et proteste. Elle est complétude de la voix. CR
RépondreSupprimerC'est tout à fait exact, elle est très engagée et musicienne de talent.Grace à elle nous découvrons de grands poètes grecs comme Odysseas Elytis, d'autres moins connus. Elle a interprété Ferré "Cette blessure" et bien d'autres. Je l'aime et l'écoute beaucoup, j'ai eu la chance de la voir sur scène il y a plusieurs années.
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