lundi 23 mars 2020

Le menuisier amoureux, de Cristian Ronsmans





Le menuisier amoureux.

Un menuisier bien charpenté, de corps bien bâti,
Goûtait au repos bien mérité d’un Boaz endormi.

Voilà qui était, il faut le dire, pour le moins étonnant
De voir cet homme dont la réputation de battant
N’était plus à faire, ainsi tétanisé. Était-il donc paralysé,
De n’avoir pu combler cette baie tant convoitée,
Brèche dans la sympathie de la belle enfin ouverte?

Alanguie dans une pose, ma foi, fort bien découverte.

Y avait-il donc du mou dans la butée souple,
Plongeant le menuisier d’autant plus dans le trouble
Qu’il se sentait de moins en moins à l’aise
Dans ce face à face avec la belle mortaise?

Hésitait-il à enfoncer, sans scrupules , le tenon,
Sidéré devant l’incroyable beauté du téton ?

Il se peut. Mais le menuisier est ferme et déterminé.
Et farouchement, sans plus longtemps barguigner,
Besognant, sans relâche, son remarquable ouvrage,
Assuré de gagner la voie de fait du compagnonnage,
D’un coup, d’un seul, enfoncé dans le chambranle,
D’une foi sans faille et que rien n’ébranle,
Bandant son arc de décharge, maintenant la paumelle,
Il rive son clou à mortaise la belle !

Voici donc contée sur un air de chaconne,
La belle histoire des amants de Crémone.

Pour une fois je signe.

CR

© le 10 mars 2020







© photo Cristian Ronsmans




2 commentaires:

  1. Ma chère Françoise, quelle surprise au réveil de revoir cette publication et cette photo. C'est proche du daguerreotype pour la photo et un pseudepigraphe pour le texte
    Je te remercie et pense bien à toi que je sens bien triste à l'égard du monde. Sentiment que je partage. Ton vieil ami que tu honores sur ton blog

    RépondreSupprimer
  2. Quand j'apprécie je ne compte pas mon cher Cachalot

    RépondreSupprimer