dimanche 16 novembre 2014

Brouillard endeuillé

Brouillard endeuillé


Ce matin de novembre
S'est lourdement abattu
Sur mon âme
Un drap de cendre plombée
Chagrin comme en exil
Yeux levés vers le ciel
Je cherche une respiration
un souffle un espoir
De fines gouttelettes glacées
déposent ce pesant linceul
L'herbe humide gèle mon sang
Mon corps appelle le feu
la braise brûlante

- Cherche mon amie...

Elles sont là ces minuscules lueurs de flammes
au travers de ta prison de brouillard
Il suffirait d'une lumière
Quelques rayons sous tes paupières
pour que s'embrasent les couleurs d'automne...

- J'y vois des taches de sang

Ma pensée mélancolique vire au cauchemar
ILS ont assassiné à Gaza
ILS ont assassiné en Grèce
Inlassablement se déroule le film de tant de mises à mort
Hier avant-hier peut-être
Contre Federico Garcia Lorca
les couteaux se sont aiguisés
Contre Victor Jara
la hache s'est levée
Les balles en rafales meurtrières
ont sifflé
Vous fûtes humiliés mutilés
Assassinés
Pablo Neruda
Salvador Allende...
Vos rêves brisés
Vos espoirs piétinés
Vos cris se sont tus
Le Silence
est tombé

Ce matin
Nature immuable
tu prends le deuil
ta beauté drapée de cendre pétrifiée
tu me refuses un abri
Sous cette énorme nappe écrasée
sur ma bouche
sur mon coeur
Tu m'ensserres m'enfermes m'oppresses
J'étouffe

Enfants suicidés
Femmes immolées lapidées
Vies brisées ensanglantées
Avenirs sacrifiés
Mon enfant mon amour
Douleur et colère m'égarent
Sur la dalle de granit
Mes larmes seront à jamais mêlées
Aux larmes inépuisables
De toutes ces mères
Qui pleurent
Leur enfant
Mort

F.R
le 16 novembre 2012
©
Tous droits réservés
Protégé par copyright

extrait du recueil "L'Âme des marées" publié en octobre 2014
( Epingles à nourrices éditions)

http://editozap.jimdo.com/livres/


crédit photo fruban

3 commentaires:

  1. Ce poème est saisissant et bouleversant car il dit la vérité. Il l'a dit sans fard ni artifices comme c'est trop souvent le cas de ceux qui ont oublié ou ne savent pas que la poésie n'exige pas des agencements incongrus, des tournures qui se veulent extraordinairement complexes et savantes.
    Faire preuve d'originalité c'est surtout et à tout prix ne pas la rechercher.
    La vraie poésie, celle que tu as si bien su faire tienne, élève toujours l'âme et l'esprit par l'originalité de sa pensée et la simplicité de son expression. Simplicité que d'aucuns, ils sont nombreux redoutent, confondent avec le simplisme et pensent, de ce fait, qu'il faut impérativement moult fioritures sans fondements ni raisons pour atteindre l'indicible.
    Il y a nonobstant de la marge et elle est considérable entre la simplicité de la colombe de Picasso et la peinture alambiquée de certains qui voudraient exprimer la paix sans en avoir les moyens.
    C'est une affaire de travail, de talent, de maîtrise. Voilà les ingrédients et autres pigments dont se sert le maître pour créer son œuvre unique entre toutes.
    Vu sous cet angle, il y a du Picasso en toi Françoise.
    La justesse de ton dire, de ton cri, de ta plainte, de ta rage, de ta tristesse, de ton désespoir, par l'usage d'une économie de mots, de syntaxe, et d'images, est le témoignage de ton talent qui, une fois de plus, transparait avec éclat dans le brouillard, sorte de sfumato dont se parent les autres, poètes du dimanche, dépourvus de talent mais dotés d'une ambition indexée à leur démesure. L'hybris est un juge impitoyable.
    Merci pour ton texte avec toute mon affection.
    Cristian

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    1. Très cher Cristian, je m'aperçois aujourd'hui seulement, que je n'avais pas répondu à ton commentaire...Sans doute à l'époque, n'étais-je pas très à l'aise ici, sur ce blog.
      Ce que tu écris me touche beaucoup... Encore une fois (ou déjà...) tu es l'une des seules personnes à parler de mes poèmes en ayant finement ressenti ce qu'y s'y trouve. Oui, comme toi je suis étrangère à la poésie alambiquée, confuse par intention...oubliant que les mots simples expriment souvent bien mieux les complexités des émotions et de la Vie.
      Pour tout cela, et bien plus encore, je te remercie du plus profond de mon coeur ! Merci ami !

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  2. C'est à moi te remercier de me donner l'occasion de pouvoir commenter de si jolis poèmes.

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