Ce livre vient d'arriver chez moi. Déjà je me précipite dans la découverte. Après avoir écouté Marceline Loridan-Ivens, d'abord sur France Inter, puis dans La Grande Librairie, j'étais si émue, bouleversée même, que j'ai voulu tout savoir de sa vie, notamment sa détention au camp de concentration de Birkenau. FR
J'ai été quelqu'un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon, pour se venger d'être triste et rire quand même. Les gens aimaient ça de moi. Mais je change. Ce n'est pas de l'amertume, je ne suis pas amère.C'est comme si je n'étais déjà plus là. J'écoute la radio, les informations, je sais ce qui se passe et j'en ai peur souvent.Je n'y ai plus ma place. C'est peut-être l'acceptation de la disparition ou un problème de désir. Je ralentis.
Alors je pense à toi. Je revois ce mot que tu m'as fait passer là-bas, un bout de papier pas net, déchiré sur un côté, plutôt rectangulaire.Je vois ton écriture penchée du côté droit, et quatre ou cinq phrases que je ne me rappelle pas.Je suis sûre d'une ligne, la première, "Ma chère petite fille", de la dernière aussi, ta signature, "Shloïme". Entre les deux, je ne sais plus. Je cherche et je ne me rappelle pas. Je cherche mais c'est comme un trou et je ne veux pas tomber.
incipit de Et tu n'es pas revenu, p 7-8
J'ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l'ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T'écrire m'a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m'enserre le coeur.
Je voudrais fuir l'histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille.
M.L.-L
quatrième de couverture, opus cité
Marceline Loridan-Ivens naît à Epinal le 19 mai 1928 de parents juifs polonais émigrés en France. Arrêtée avec son père par la Gestapo en 1944, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau puis au camp de Theresienstadt jusqu’à sa libération en mai 1945. Elle livrera une évocation poignante du difficile retour à la vie après le camp dans le film Chronique d’un été (1960) de Jean Rouch et Edgar Morin, dont elle est l’un des protagonistes principaux. Devenue journaliste et réalisatrice, elle coréalise avec Jean-Pierre Sergent Algérie année zéro (1962), qui montre les débuts de l'indépendance algérienne pour laquelle ils se sont engagés. En 1963, elle rencontre et épouse le documentariste Joris Ivens avec lequel elle travaillera jusqu’à la mort de ce dernier en 1989. Ensemble, ils réalisent des films sur la guerre du Viêt-Nam, sur le Laos, une série de six films sur la Chine en pleine révolution culturelle (Comment Yukong déplaça les montagnes, 1976) et enfin Une histoire de vent. En 2003, Marceline Loridan-Ivens écrit et réalise son premier long-métrage de fiction, La Petite prairie aux bouleaux, très largement inspiré par sa vie et son expérience des camps. Elle a publié ses mémoires, Ma vie balagan, en 2008.
(France Inter)
http://www.franceinter.fr/personne-marceline-loridan-ivens
Vous pouvez regarder le replay de La Grande Librairie, en cliquant sur le lien ci-dessous :
http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie/marceline-loridan-ivens-209615
Marceline vient de nous quitter, alors il me faut passer un moment avec cette Grande Dame que j'aime. fruban, 18 septembre 2018
Merceline Loridan Ivens est une femme de caractère. Elle dit les choses, sans tours, détours ou atours superfétatoires?
RépondreSupprimerElle a d u caractère parce que dans les heures atroces qu'elle a vécues,alors qu'elle était adolescente, elle a résisté pour conserver ses valeurs fondamentales et la vie.
En même temps sa force nous émeut. La force de son regard franc, bon, mais sans concessions, assorti d'une gouaille qui la rend terriblement sympathique. Elle mérite le respect et notre compassion pour ce qui fut, ce qui est et restera sa douleur.
On lui doit l'amour, qu'elle, comme tous ceux encore vivants, il n'en reste plus beaucoup, et comme les millions morts sous la botte nazie,ont été privés par la face noire et hideuse de l'humanité,, au prétexte que leur plus grand crime était d'être juif.
Je n'ai pas signé mon commentaire. Désolé. Nanouckka i tu peux le corriger, merci. Cristian Ronsmans
RépondreSupprimerMerci pour ce beau commentaire Cristian ! Je ne peux pas corriger, juste publier ou non, éventuellement supprimer. Heureusement d'ailleurs !
RépondreSupprimerMais ton ajout rectifie le tout ! Encore merci, et je te recommande ce livre bouleversant !