crédit photo fruban |
Bien sûr il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr tout ce manque de tendre
Il n'y a plus d'Amérique
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Mais voir un ami pleurer
Jacques Brel
Bien sûr la planète en feu
Bien sûr en Afrique sub-saharienne la sécheresse
et ses cohortes d'affamés au ventre rond
déserts de dunes oueds asséchés
Ici gaspillage éhonté __ là-bas
germe la mort en millions de linceuls
sur les terres arides aux chacals abandonnés
Mais ici ton cœur se serre
En ton jardin et dans les champs voisins
en ce milieu d'été la terre craquelée
les arbres dépouillés __ feuillages lâchés
nappes jaunes et fripées sur l'herbe grillée
parure d'une année pour la survie mise à nu
Bien sûr le réchauffement climatique
plages blondes menacées îles englouties
Los Angeles arche de Noé en partance
et tous ces peuples errants migrant encore et encore
poursuivis anéantis __ sur les flots bleus fuyant
l'Homme apprenti sorcier
Mais chez toi tout près un petit Eden
qui souffre et appelle les pluies
plantes et arbres par tes soins nourris
cajolés enserrés __ aux heures sombres de ta vie
compagnons de détresse ta fierté ta consolation
tant on aime ce qui nous est proche
Bien sûr les catastrophes en chaîne
océans qui se soulèvent terres tremblantes qui s'ouvrent
crachent le feu jusqu'à la cendre
corps ensevelis calcinés __ encore et encore fuir
autres tornades tsunamis séismes ravageurs et vengeurs
Ô Nature aussi cruelle que belle
Mais à ta porte ces incendies
meules de paille parties en fumées
forêts anéanties carcasses brûlantes de suie
tant de mégots insouciants abandonnés
Et les oiseaux s'enfuient et les abeilles meurent
Sans pleurs __ à jamais nous quittent les travailleurs de la terre
Bien sûr un roi à crinière noire suscite vos émois
Mais je ne vois que ce bébé palestinien brûlé vif par les colons
Bien sûr les fous de dieu renversent les statues
Mais ma vie appelle mes amis perdus
Bien sûr il y eut les guerres d'Irlande
Mais voir un ami pleurer
fruban
le 10 août 2015
©Tous droits réservés
Recueil en cours
photo du Net sécheresse au Mali, 2013 |
photo du Net troupeaux décimés par la sécheresse au Kenya |
Ce magnifique poème sonne le glas de l'espérance, comme un battement sourd, dans une régularité implacable, frappé sur la peau de nos tempes. Et ce bruit, toujours ce bruit, ce fracas dont seul est capable l'homme pour tenter de donner sens à sa manifestation, son existence. Plus ce fracas résonne plus l'homme se perd dans le tourbillon de son nombrilisme telle une étoile mourante emporté dans un trou noir.
RépondreSupprimerJ'entends souvent dire "L'homme est un loup pour l'homme". Cependant le loup n'a rien d'ubuesque,et aucun narcissisme ne le pousse à tuer. Seul la survie de son espèce en fait un prédateur. Quand l'homme, vulgaire assassin de lui-même, de son autre et de l'autre,ne se soucie en rien de son espèce. Il n'est en rien prédateur. N'insultons pas les loups! Et si tant est qu'entre un roi à crinière noire et un bébé palestinien il y a une considérable et abyssale différence en termes d'espèce, pour ce qui concerne l'assassin pas autant qu'on pourrait le croire. Tout sociopathe, tueur en série, commence par arracher les pattes des mouches quand il est enfant!
Merci Cristian pour ces mots si justes, que je fais miens, bien évidemment. Oserais-je dire, hélas...
RépondreSupprimerCe poème m'est venu à force d'entendre le monde frapper à ma porte avec fracas. Où tourner le regard, sans recevoir en plein coeur, la cruauté, la barbarie. .. des hommes ? Et puis, découvrir que mon coeur est bien trop petit pour souffrir à chaque instant, des ravages à chaque coin de la planète. Vivre. Être touchée au plus profond par ce qui m'est proche. M'est venue à l'esprit cette belle chanson de Brel. Il m'a pris la main, m'a guidée. Le proche, le lointain... Aucune indifférence à la vie de ces millions d'êtres en souffrance. Dire combien je ressens dans mes tripes ce que je côtoie de près. "Mais voir un ami pleurer"....