mercredi 12 août 2015

Bien sûr la planète en feu, poème de F.Ruban

crédit photo fruban

Bien sûr il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr tout ce manque de tendre
Il n'y a plus d'Amérique
….......................................
Mais voir un ami pleurer

Jacques Brel

                           



   Bien sûr la planète en feu 



Bien sûr en Afrique sub-saharienne la sécheresse
et ses cohortes d'affamés au ventre rond
déserts de dunes oueds asséchés
Ici gaspillage éhonté   __  là-bas
germe la mort en millions de linceuls
sur les terres arides aux chacals  abandonnés


Mais ici ton cœur se serre
En ton jardin et dans les champs voisins
en ce milieu d'été la terre craquelée
les arbres dépouillés  __  feuillages lâchés
nappes jaunes et fripées sur l'herbe grillée
parure d'une année pour la survie mise à nu


Bien sûr le réchauffement climatique
plages blondes menacées îles englouties
Los Angeles arche de Noé en partance
et tous ces peuples errants migrant encore et encore
poursuivis anéantis  __   sur les flots bleus fuyant
l'Homme apprenti sorcier


Mais chez toi tout près un petit Eden
qui souffre et appelle les pluies
plantes et arbres par tes soins nourris
cajolés enserrés   __   aux heures sombres de ta vie
compagnons de détresse ta fierté ta consolation
tant on aime ce qui nous est proche


Bien sûr les catastrophes en chaîne
océans qui se soulèvent terres tremblantes qui s'ouvrent
crachent le feu jusqu'à la cendre
corps ensevelis calcinés   __    encore et encore fuir
autres tornades tsunamis séismes ravageurs et vengeurs
Ô Nature aussi cruelle que belle


Mais à ta porte ces incendies
meules de paille parties en fumées
forêts anéanties carcasses brûlantes de suie
tant de mégots insouciants abandonnés
Et les oiseaux s'enfuient et les abeilles meurent
Sans pleurs   __   à jamais nous quittent les travailleurs de la terre


Bien sûr un roi à crinière noire suscite vos émois

Mais je ne vois que ce bébé palestinien brûlé vif par les colons

Bien sûr les fous de dieu renversent les statues

Mais ma vie appelle mes amis perdus



Bien sûr il y eut les guerres d'Irlande
Mais voir un ami pleurer


fruban

le 10 août 2015
©Tous droits réservés

Recueil en cours



photo du Net
sécheresse au Mali, 2013



photo du Net
troupeaux décimés par la sécheresse au Kenya

2 commentaires:

  1. Ce magnifique poème sonne le glas de l'espérance, comme un battement sourd, dans une régularité implacable, frappé sur la peau de nos tempes. Et ce bruit, toujours ce bruit, ce fracas dont seul est capable l'homme pour tenter de donner sens à sa manifestation, son existence. Plus ce fracas résonne plus l'homme se perd dans le tourbillon de son nombrilisme telle une étoile mourante emporté dans un trou noir.
    J'entends souvent dire "L'homme est un loup pour l'homme". Cependant le loup n'a rien d'ubuesque,et aucun narcissisme ne le pousse à tuer. Seul la survie de son espèce en fait un prédateur. Quand l'homme, vulgaire assassin de lui-même, de son autre et de l'autre,ne se soucie en rien de son espèce. Il n'est en rien prédateur. N'insultons pas les loups! Et si tant est qu'entre un roi à crinière noire et un bébé palestinien il y a une considérable et abyssale différence en termes d'espèce, pour ce qui concerne l'assassin pas autant qu'on pourrait le croire. Tout sociopathe, tueur en série, commence par arracher les pattes des mouches quand il est enfant!

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  2. Merci Cristian pour ces mots si justes, que je fais miens, bien évidemment. Oserais-je dire, hélas...
    Ce poème m'est venu à force d'entendre le monde frapper à ma porte avec fracas. Où tourner le regard, sans recevoir en plein coeur, la cruauté, la barbarie. .. des hommes ? Et puis, découvrir que mon coeur est bien trop petit pour souffrir à chaque instant, des ravages à chaque coin de la planète. Vivre. Être touchée au plus profond par ce qui m'est proche. M'est venue à l'esprit cette belle chanson de Brel. Il m'a pris la main, m'a guidée. Le proche, le lointain... Aucune indifférence à la vie de ces millions d'êtres en souffrance. Dire combien je ressens dans mes tripes ce que je côtoie de près. "Mais voir un ami pleurer"....

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