Orage révélateur
L'orage d'hier soir a sans doute été la goutte d'eau qui a fait déborder ma coupe trop pleine. Overdose de fatigue physique, surmenage, tempêtes sous mon crâne, questions existentielles qui me taraudent. Culpabilité accumulée au fil des années. Ma mère, la ferme de Berthe mise en vente...
Comme trop souvent au cours de mon existence, je surestime mes capacités, je veux faire front. Et lorsque je demande enfin de l'aide, nul ne comprend. Pourquoi ne s'en sortirait-elle pas toute seule ? Elle le peut. Elle n'a qu'à...
Hier, il faisait beau, je me suis battue contre l'herbe envahissante qui avait profité de ma semaine d'absence ! Tondeuse, orties et chardons arrachés à la main, début de plantations au potager. Après avoir fait la même chose dans la maison de mon enfance ! Chaque geste était comme un bras d'honneur, une claque, un coup de pied au cul des emmerdeurs et.... un défi à moi-même !
Tu m'as vue... en sueur, exténuée, sale... mais si heureuse d'être avec toi ! Je n'allais pas gâcher notre rencontre qui est une fête, à chaque fois.
Nourrie, remplie de toi, j'ai continué, continué... jusqu'au soir. Folle que je suis !
L'orage annoncé, menaçant, grondant, fut l'effet boomerang ! Tremblante, j'ai reçu en plein cœur une cascade de remords, d'angoisses, de peurs « ancestrales ».
Les paroles assassines de certains membres de mon entourage claquaient encore plus fort dans mon cœur. Et ce fut le défilé des échecs, des ratages...qui remontaient du gouffre.
Nuit difficile et courte, arrivée bien tard. J'aurais voulu pleurer, les larmes apaisent. Mes yeux restaient secs. J'aurais voulu crier.... STOP ! Je ne pouvais que gémir comme un chiot.
Tes mots puis ceux d'Erri de Luca ( « Le plus et le moins » ) ont été une bouée de sauvetage. Je lisais, me répétais en boucle tes paroles si tendres, si douces, encore et encore ! Avec toi je ne suis jamais seule.
Ce matin je me suis levée tard. J'ai bu mon café en somnambule, les jambes flageolantes. Mon corps entier me faisait mal. Comme après une soirée à boire. J'ai pleuré un peu. Les larmes qui coulaient étaient douces à ma peau. Je suis restée près d'une heure sous la douche chaude. Purificatrice. Chasser, décrasser extérieur et intérieur. Me faire belle. M'estimer de nouveau. Penser à toi. Prononcer ton nom.
Il pleuvait, le vent agitait les branches. Je me suis endormie près de la cheminée.
A mon réveil, j'ai vu tes messages. Mon cœur s'est mis à battre très fort.
Les yeux grand ouverts je rêve..... Je saute dans ma voiture. Je roule. Je cours vers toi. Prends-moi garde-moi aime-moi ! Tu es le Premier homme. Tu es le Dernier. Je suis jeune et je t'aime.
Mais la vie est là, la vie au sourire de harpie me rappelle à la réalité.
Je sais que toujours je serai cette petite fille qui court après l'amour. Cet amour que réclame le petit animal blessé en moi, parce que sa mère l'a abandonné.
« De toutes les blessures celles de l'enfance sont les pires » (Barbara)
Par sa mort, ma mère a fait resurgir tous les abandons. Toutes les culpabilités. Cet héritage est bien trop lourd à porter pour mes épaules et mon cœur si fragiles aujourd'hui.
Le 21 mai 2016
crédit photo fruban |
Très beau texte qui traduit l'émotion véritable de la quête. Mais n'est ce pas le propre de la quête de n'avoir jamais de fin, faute d'assouvir la faim et la soif d'amour.
RépondreSupprimerL'amour, petite arme bien dérisoire et néanmoins vitale pour combattre la mort toujours présente entre les phrases assassines, les remises en question permanentes, les dotes, les questions qui ne seront jamais résolues et les coups de foudre que l'orage promet en "grondissant" soufflant le chaud et le froid avant de mettre un terme à tout cela.
Paradoxalement, c'est la désespérance qui maintient la vie car elle est le présage d'un "on ne sait jamais" qui n'arrivera pas. Seule certitude dans l'océan de doutes. Il n'y a rien à faire.
C.R.
Tu as raison, nous nous retrouvons sans cesse pris entre les feux d'Eros et Thanatos. L'amour me semble effectivement une petite arme vitale bien que dérisoire. Quant à la quête, Brel l'a si bien chantée cette "inaccessible étoile".
RépondreSupprimerMerci à toi pour tes mots, à une époque où l'être humain a désappris la parole vraie, se contentant de parler pour ne rien dire, ou asséner des vérités qui ne sont que clichés !
J'aime les mots qui disent, les mots qui interrogent, les mots qui cherchent (et qui se cherchent). Il ne s'agit pas de "belles paroles" mais de paroles justes. Difficile à notre époque...