vendredi 15 juillet 2016

Métaphore, de Jean-Louis Garac poète niçois

Nice 84 morts. Des hommes, des femmes, des enfants, de diverses nationalités, de diverses religions, ou philosophies ou athées, ou indifférents à ces questions, et de différentes opinions, et de cultures très variées...Comment leur rendre hommage? Comment les célébrer tous? Comment retrouver leur point commun? Peut-être à travers l'enfance, la leur comme celle de leurs enfants, comme la nôtre...
"Métaphore"
L'enfant de Bodrum est un fantôme terrible, en touches rouge et bleue, en forme évanouie; ce fantôme se retrouve partout sur terre: en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et aux Amériques! Il laisse sur son passage autant d'échos qu'un vol d'oiseaux noirs, et d'autres enfants, d'autres corps, d'autres doudous se retrouvent ainsi gisants et dupliqués à l'infini sur les plages, sur les trottoirs et dans tous les lieux dévastés par l'homme...
L'enfant de Bodrum est né et mort si rapidement dans le silence du coeur et de la raison! Il est l'indice irréfutable du vide humain, et il porte à demi-clos tous nos regards et nos pleurs.
Dans la poussière du monde, l'enfant de Bodrum est devenu malgré lui un symbole et une métaphore, et il a basculé dans le champ des philosophes et des poètes. Il est mort en Irak, en Syrie, au Bangladesh, en Belgique, et je ne sais même plus où; et ici, en France, à Toulouse, à Paris et à Nice...
L'enfant de Bodrum a pris ce nom d'emprunt un jour de soleil sur une plage lointaine, mais son identité réelle est simplement la nôtre, ici justement; et il a vécu partout où les lois ne savent jamais agir, et partout où les pays cessent de ressembler à leur légende... Il continue de mourir.

Jean-Louis Garac 15 juillet 2016


Jean-Louis Garac, le blog


street art Brésil, et dessin de Simon Vouet.
Photo de Jean-Louis Garac.

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