Sylvie Brès, crédit DR |
**Sylvie Brès pour « Cœur troglodyte », éditions Le Castor Astral**
Sylvie Brès n'a cessé de s'interroger sur les pouvoirs rédempteurs de l'écriture. Ses textes ont déjà suscité l'attention, parmi d'autres, de Bernard Noël, de Marcel Moreau, de Zéno Bianu, d'André Velter et d'Yves Bonnefoy. Elle se bat depuis plusieurs années contre la «longue maladie», celle qu'on hésite toujours à nommer. Mais elle cherche précisément les mots pour la dire sous toutes ses facettes. En poète. Ambition singulière, on ne peut plus risquée, dont son livre témoigne au jour le jour.
« Et soudain le pas manque », écrit à l'hôpital, s'attache à faire comprendre dans toute son ampleur cette bascule qui, du jour au lendemain, renverse l'individu et ses valeurs, le suspend entre la vie et la mort, et le soumet à la conscience entière et désespérée de sa fragilité.
« Coeur troglodyte » marque le temps d'une rémission possible, d'un espoir entrevu, une voie pour dépasser la solitude, en quête de solidarité et de réémerveillement. La poésie redonne chair à l'image de soi que la maladie avait dévastée. Littéralement, et dans tous les sens, elle la re-vivifie.
« Au regard de tous les discours lénifiants à propos du cancer, qui touchent parfois au grand n’importe quoi, ce livre témoigne d’un immense désir : que cette souffrance puisse avoir une forme d’utilité à la fois tendre et révoltée à travers le langage poétique et qu’elle touche l’autre dans son humanité profonde. Cœur troglodyte réunit chronologiquement deux ensembles de poèmes : Et soudain le pas manque et Cœur troglodyte proprement dit. Et soudain le pas manque s’attache à dire, à faire comprendre dans toute son ampleur, cette bascule qui, du jour au lendemain, renverse l’individu et ses valeurs, l’oblige à une révolution copernicienne, le surprend, le suspend entre vie et mort, et le soumet à la conscience entière et désespérée de sa fragilité. C’est le temps de l’hôpital, un temps non pas de chien, mais de patient, qui enferre, enferme une vie devenue autre et suspendue aux traitements, une vie défigurée par l’ennemi intérieur. À cela, pour Sylvie Brès, à cette prison de mots, d’images, de conventions, seule la poésie peut résister. Cœur troglodyte marque le temps d’une rémission possible, d’un espoir entrevu, une voie pour dépasser cette solitude ontologique, en quête de moments de bienveillance, de solidarité, de ré-émerveillements. Une façon, malgré tout, de ressentir à nouveau et de rejoindre la vie au-delà de l’enfermement. Une vie désirable, qui ne serait plus assujettie au couperet des résultats d’analyses. La parole alors se refait chant pour tenter d’habiter le monde sans les entraves du lendemain. La poésie redonne chair à l’image de soi que la maladie avait dévastée. Littéralement et dans tous les sens, elle la re-vivifie. »
Musique
Babies de Colleen, extrait de l'album Everyone Alive wants Answers , paru chez Leaf (BAY31CD) en 2003
The Golden Morning Breaks de Colleen, extrait de l'album éponyme, paru chez Leaf (BAY48CD) en 2005
FRANCE CULTURE
Intervenants
Sylvie Brès : Poète
(1954-2016)
Lire ce très beau et émouvant recueil et écouter l'émission de France Culture (ci-dessous)
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