mercredi 15 février 2017

Sonnet 83, Pablo Neruda, in La Centaine d'amour





Sonnet 83

Bonheur de te sentir près de moi, dans la nuit,
invisible endormie, sérieusement nocturne
tandis que je démêle, amour, tous mes soucis
comme je le ferais de filets embrouillés.

Ton coeur est loin, parti naviguer dans ses rêves,
dans l'abandon, pourtant, me cherchant sans me voir,
ton corps en respirant complète mon sommeil
comme une plante que redoublerait son ombre.

Debout, une autre vie t'attend, et c'est demain.
De l'être et du non-être où nous nous rencontrâmes,
des frontières perdues dans la nuit, il demeure

quelque chose pourtant, unissante clarté
de la vie, on dirait que c'est le sceau de l'ombre
qui marque de feu ses créatures secrètes.

Pablo Neruda

La Centaine d'amour




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