photo Cristian Ronsmans |
La fascination de l’horreur
Quand la désespérance gagne le cœur, quand celle-ci atteint les sommets d’une profondeur insondable, au-delà des limites du supportable, alors la fascination pour l’horreur, que la morale saine se refuse cependant, elle provoque une sensation de vertige auquel on ne peut échapper.
Quand le corps, l’âme et l’esprit ne peuvent plus résister à cette désespérance, telle un tourbillon qui entraîne le désespéré vers les fonds de l’abîme, un goût morbide envahit l’être avec son envie mortifère d’aller jusqu’au bout de l’horreur, comme un joueur de poker, désespéré de son jeu fait tapis, "pour voir".
La force morale n’existe plus. La tentation d’en finir devient la psychose d’une âme égarée qui veut partager son infortune, cette envie meurtrière d’entraîner le plus grand nombre de ses semblables
Le suicide collectif ou non est souvent à ce prix.
Cette fascination pour l’horreur, un peuple l’a connue, et s’y est plongée avec un délice extatique qui eut les conséquences que l’on sait pour le monde de cette époque jusqu’à nos jours, encore récents, où elle commence doucement à s’en remettre..
Il semble bien qu’aujourd'hui, un corps de 65 millions d’âmes soit tenté par le renouvellement de ce type de suicide collectif.
Si tel est le cas qui se profile, la chute vers les abîmes de l’enfer deviendra inévitable. Il faudra une force mentale et morale extraordinaire, une force inévitablement venue de l’extérieur pour sortir le désespéré, ou ce qu’il en restera, des entrailles du monstre.
Auriez-vous l’audace de penser que la compassion de l’autre monde qui vous regarde, affligé, sera de si tôt au rendez-vous ? N'y comptez pas trop.
Car l’envie de condamner le fou désespéré, de le séparer de la société saine afin d’éviter toute contagion, risque fort de l’emporter sur la compassion, qui , je le crains, ne viendra jamais.
Ne vous leurrez pas. Nos choix font et fondent notre réelle identité. On n’a, en conséquence, que le destin que l’on se forge. Cette loi est valable pour les faibles comme pour les forts.
Qu’on le veuille ou non, qu’on se dupe ou non, le passage par les ténèbres est une épreuve inévitable, incontournable dans toute vie humaine.
L’issue que nous trouvons pour sortir de cette épreuve est la résultante d’une grande volonté, indexée à une force morale forte, hors normes. C’est une condition indispensable pour se dépasser soi-même. Le pire est le refus de l'obstacle. Refuser de l’affronter se paie cher, car la lumière qui illumine le cœur prend alors augmente la distance qui nous en sépare jusqu’à disparaître à jamais.
Et plutôt que de se dépasser, c’est la régression comme une damnation éternelle qui prend le pouvoir sur nous !!
Nul ne pourra se défausser. On ne s’ampute pas de notre bras qui portait le couteau du crime pour s’en exonérer. Nous serons tous coupables, tous responsables sans la moindre exception et moi plus que tout autre.
© Cristian Ronsmans
le 25 avril 2017
Cristian Ronsmans est l'auteur d'Ostraka, publié aux Editions du Pont de l'Europe.
"Au fil des années, Cristian Ronsmans a rempli des carnets de notes et de pensées dont le livre Ostraka constitue un premier jaillissement. / La compassion est une faiblesse de caractère. La pitié en est l’étendard. Le fort s’en garde avec prudence. En contrepartie, il n’y a aucune contrepartie. Nada, que dalle, peau de balle et balai de crin ! En fait, l’absence de compassion, due au vide sentimental, qui en est la source, procure une joie qu’on a le plaisir de ne partager qu’avec soi. Malheur au faible qui ne mérite pas qu’on s’attarde une seconde sur sa misérable personne et ses appels incessants à l’altérité, altruisme, partage, machin, truc et autres billevesées humanistes du même cru. En revanche, il n’est pas interdit et même conseillé au fort, d’user de la feinte. Feindre le sentiment pour mieux duper le faible vous permet d’exploiter toutes les ressources de celui-ci, si tant est qu’il en a, et de vous en débarrasser ensuite sans autre forme de procès.
Ostraka (Extrait) - Cristian Ronsmans " (en quatrième de couverture)
Chère Françoise,chère Sirène, mille mercis.Mille mercis de ton attention constante pour mes écrits. merci aussi de les publier. Merci encore et surtout d'être une amie précieuse et exceptionnelle, au talent poétique immense et incontestable. C.R, alias le Cachalot.
RépondreSupprimerJe t'en prie Cristian, c'est un plaisir et un honneur pour moi de te publier ici. Tes textes, celui-ci notamment sont toujours profonds et d'une qualité d'écriture rare. Le relire dans le contexte actuel fait peur aussi, il est tellement juste. Quant à l'amitié... la nôtre est précieuse pour moi, tu le sais bien ! Cachalot et Sirène, une sacrée paire d'amis ! Alors, merci à toi !
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