dimanche 9 juillet 2017

Ta vie comme un puzzle, poème de Françoise Ruban



                                               
 Rien ne remplace l'épreuve des choses. Les mots demeurent des ombres à côté de la vie. 
Laurence Tardieu, Comme un père (Arléa 2002)





  Ta vie comme un puzzle




Petit enfant hésitant balbutiant
tu cherches où placer ton premier regard
Par hasard tu choisis de poser ta main ici
ton centre dans ce grand vide étrange
noir trop noir pour tes yeux si curieux
Comment peu à peu trouver le bleu le rouge
cet arc-en-ciel de l'enfance



Solitaire tu pioches tu réunis tes pensées
au gré de tes désirs de tes émois
Mettre tes pas ici ou bien là
Il y a au fond de toi ce manque cette absence
Ta boussole ce seront tes crayons tes pinceaux
ton ciseau de sculpteur ta terre à modeler
Déjà l'artiste sourit en toi



Rouge passion ou rouge sang
Tes mains tâtonnent de ci de là
Les arbres les animaux de transhumance
parcours tant aventurier qu'initiatique
Gagner sa croûte continuer à créer créer encore et toujours
D'amours en amourettes tu façonnes ta vie d'homme
Tu avances vagabond écorché vif en quête de la juste place



Ta plume célébrée enfin la joie t'illumine
Harmonie trop vite bosselée cabossée
que masquent ta malice et tes pitreries
S'éparpillent rêves et désirs et le bleu encore quitte la scène
Le noir te rejoint en pleine fête de la liberté
Le souffle court le petit clown peine à respirer et
les larmes inondent ses doigts



Je m'endors ici ou là pour un oui pour un non
Automate somnambule aux souliers de papier imprimé
partition d'une sonate qui égraine les heures du jour et de la nuit 
Chercher se placer construire
Fragmenter morceler s'égarer dé-construire
Naître et mourir
Notre Vie amour 
Ensemble continuons.



© fruban, le 9 juillet 2017

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recueil en cours




René Magritte, La Condition humaine (1933)
photo du Net








2 commentaires:

  1. Etre poète c'est bien cela. Voir encore voler les papillons de l'enfance et les cerfs-volants de la plage. Ecouter les pépiements des oiseaux, contempler le bleu du ciel et sur le papier dessiner l'étoile de soleil. Puis grandir, devenir adulte en s'écorchant les mains écorchés sur les murs de l’incompréhension. Rechercher alors le retour à l'innocence raisonnée de l'artiste. Le combat commence.Les batailles se succèdent et la guerre ne finira jamais. Il faut le savoir.

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    1. Oui, tu as raison, sans aucun doute. Au départ, je me suis sentie inspirée, guidée par l'image du puzzle. Tous ces éléments que nous plaçons, déplaçons, cherchons, au cours d'une vie. La Vie avec ses aléas, ses hésitations... et la Mort. Construire, déconstruire, reconstruire.
      Comme toi, je pense que le poète garde en lui quelque chose de l'enfance, du moins dans son regard. Mais l'enfance est parfois lourde à vivre, on n'en guérit jamais tout à fait. Je pense à quelques beaux textes de Brel, de Barbara...
      Merci pour tes mots !

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