mardi 7 janvier 2020

Sommes-nous toujours Charlie

 Très bel article dans LE DEVOIR

Séverine Rouby - Agence France-Presse à Paris
6 janvier 2020

quelques extraits


Cinq ans après la tuerie à Charlie Hebdo en France et malgré la vague de soutien à la liberté d’expression qui s’en est suivie, le dessin de presse reste un genre menacé dans le monde, entre des journaux de plus en plus frileux et des réseaux sociaux prompts à l’indignation. « Partout, un vent mauvais souffle sur la satire et le dessin de presse en général, et 2019 aura été une année noire dans ce domaine », déplorent Claire Carrard, directrice de la rédaction de Courrier international, et Kak, président de l’association Cartooning for Peace, dans le supplément 2019 en cartoons, actuellement en kiosques.

Le coup de tonnerre de 2019 est venu du New York Times, qui a décidé en juin d’arrêter toute publication de dessins de presse dans les pages de son édition internationale, après une polémique liée à une caricature jugée antisémite. Bien qu’il n’en soit pas l’auteur, le dessinateur historique du journal, Patrick Chappatte, se retrouve sur la touche. « Nous vivons dans un monde où la horde moralisatrice se rassemble sur les médias sociaux et s’abat comme un orage subit sur les rédactions. Cela oblige les éditeurs à prendre des contre-mesures immédiates, paralyse toute réflexion, bloque toute discussion », déplore-t-il dans une longue tribune.

Au sein de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, où la publication de caricatures a été payée au prix fort il y a 5 ans avec une attaque qui a fait 12 morts, dont plusieurs figures de la rédaction comme Cabu ou Wolinski, on se demande si « le dessin satirique est une forme de la liberté d’expression en voie de disparition », dans un récent hors série « Caricature, mode d’emploi ».

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La publication de caricatures de Mahomet dans l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo a été payée au prix fort il y a 5 ans avec une attaque qui a fait 12 morts.
Photo: Thomas Coex Agence France-Presse

"La publication de caricatures de Mahomet dans l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo a été payée au prix fort il y a 5 ans avec une attaque qui a fait 12 morts."

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Frédéric Boisseau
Franck Brinsolaro
Cabu
Elsa Cayat
Charb
Honoré
Bernard Marris
Ahmed Merabet
Mustapha Ourrad
Michel Renaud
Tignous
Wolinski


© photo du Net
 Il faut ajouter les autres cérémonies en hommage aux victimes de l'Hyper Cacher, entre autres.

ICI sur CNEWS

Deux autres cérémonies auront lieu Boulevard Richard-Lenoir (Paris 11e), à 11H20, en hommage au policier Ahmed Merabet, qui a tenté de stopper les djihadistes sortant de Charlie Hebdo, ainsi qu’à Porte de Vincennes (Paris 20e), à 12 heures, devant l’Hyper Cacher, cette supérette de l'est parisien où Amedy Coulibaly avait tué le 9 janvier 2015 quatre hommes de confession juive et retenu en otage 29 personnes, avant de périr dans l'assaut policier.

Sur le mur de l’enseigne, une plaque porte les noms des trois clients et de l'employé du supermarché casher tués, ainsi que leur âge : Philippe Braham, 45 ans, Yohan Cohen, 20 ans, Yoav Hattab, 21 ans, François-Michel Saada, 63 ans.

Un autre hommage se tiendra à Montrouge (Hauts-de-Seine), où le délinquant radicalisé Coulibaly a tué d’une balle dans le dos, le 8 janvier 2015, la policière municipale de 25 ans Clarissa Jean-Philippe. Une plaque a été installé en sa mémoire et une allée portant également son nom a été inaugurée dans le square du Serment-de-Koufra (14e) le 11 janvier 2019.

A noter que les Parisiens souhaitant rendre hommage aux victimes pourront se recueillir à proximité des lieux.

(dans CNEWS)

3 commentaires:

  1. "Être ou ne pas être Charlie". La question est tout aussi éthique dans un premier temps que métaphysique dans un second temps et soulève donc la même problématique que la question posée par Hamlet.
    On peut parfaitement "ne pas être Charlie" pour des raisons diverses, défendables et qui ont été défendues, sans autoriser quiconque à condamner celui qui n'est pas Charlie. Sauf à défendre un comportement de type religieux radicalisé qui condamne à l'opprobre celui qui ne croit pas.
    Celui en cette occurrence qui ne se fonde pas sur l'éthique, qui condamne l'attentat terroriste mais néanmoins refuse une forme d'embrigadement sous couvert d'humanisme et de bien pensance.
    Ce n'est pas mon avis. Cependant, au nom de Ma liberté d'expression, il serait malvenu de ma part, que je condamne La liberté de celui qui n'est pas de mon avis et que je le livre au bûcher des salauds.
    Cela étant, quand on est ou se déclare Charlie, ce ne peut être, comme il y en a beaucoup et même une majorité, hélas, une déclaration d'intention ou d'opérette circonstancielle pour faire genre. En termes d'éthique, à savoir le rapport qu'on entretient avec sa conscience, consiste à entrer en cohérence totale avec les valeurs et vertus que l'on défend, non en un instant précis ( comme c'est le cas des cérémonies officielles de la mémoire, qu'on oublie aussitôt qu'elles sont passées).
    Dire "Je suis Charlie" est donc un engagement sur le plan éthique, métaphysique et même eschatologique auquel on ne peut plus déroger. Comme on entre en religion sans que cela en soit une vu qu'aucun dogme ne prévaut sur l'éthique de conviction et encore moins de responsabilité.
    Donc quand on est Charlie, c'est tout le comportement au quotidien, comportement physique, physiologique, mental, psychologique d'un individu orienté vers un tropisme particulier: "le sens de l'autre"
    Après cinq ans ce ne sont pas les préposés officiels qui sont les vrais Charlie. Peut-être, je le souhaite et je le crois, y en a-t-il parmi eux.
    Les vrais Charlie ne sont cependant pas là. Pas plus que ceux qui barbouillent leur mur de "je suis Charlie" pour 24 ou 48 heures.
    Être Charlie c'est être toujours là quand il faut et où il faut.
    Je préfère un "je ne suis pas Charlie "intellectuellement honnête à "Un je suis Charlie" qui n'en a rien à faire sauf à parader. Cristian Ronsmans dit le cachalot.

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  2. Merci Cristian, mais je t'avoue avoir du mal à te suivre ! Ce qui m'intéresse dans cet article c'est l'analyse de l'intolérance, de la censure.... qui sévissent actuellement à cause de la tyrannie exercée par les réseaux sociaux.
    Pour ma part, je sais que je n'oublierai jamais le massacre de la liberté d'expression début janvier 2015, comme fin 2015.... et partout ailleurs.
    Je le commémore, oui, dans mes poèmes, des reportages photos lors des marches auxquelles j'ai participé.
    Qu'il y ait des personnes qui se donnent bonne conscience en célébrant puis.....oubliant tout le reste du temps, assurément, ce n'est pas moi !!!!!!

    Je partage tes mots
    "Être Charlie c'est être toujours là quand il faut et où il faut."

    Je ne suis jamais suiveuse de l'air du temps dont je me moque de plus en plus !
    Je souhaite conserver cette liberté, cette indépendance d'esprit, jusqu'au bout du bout du bout de ma vie.
    Je tiens aussi à la simplicité des mots, autre trait de ma personnalité auquel je tiens....
    Bonne soirée Cachalot ! Je vais relire cet article et me recueillir à ma façon.

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  3. Ma chère Sirène, je ne pensais en rien du tout à quoi que ce soit te concernant.
    Non, simplement, et ce n'est pas seulement valable pour "Je suis Charlie", je suis agacé par cette commémorationite aiguë et de circonstance, à la manière de la Toussaint qui commémore nos morts, puis hop à l'année prochaine même heure.
    "Je suis Charlie", c'est un combat au quotidien qui n'est pas fait de clichés. C'est un combat contre l'injustice, la souffrance et bien d'autres misères.
    Il est évident pour mopi que à ta façon, moi à la mienne, nous sommes dans le même combat.
    Je n'ai pas un seul instant considéré que tu étais suiveuse de l'air du temps. Bref je ne m'adressais pas à toi. Désolé si tu as pu le penser. Je suis souvent maladroit et je me suis certainement mal exprimé. Bisous.

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