dimanche 13 septembre 2020

Impossible, Erri de Luca







                                                Impossible (Erri de Luca)


Avec toi, j'ai appris le mot « amour » et les jours œufs de Pâques, chacun avec une surprise à l'intérieur.
J'avais déjà été amoureux avant de te connaître, mais jamais longtemps. Je cessais de l'être aux premières contradictions.
Avec toi, j'ai appris l'amour qui maintient sa prise et sa dureté au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu'à les aimer aussi. C'est l'amour pour ton air contrarié, tes explosions et le retour des sourires ensuite.
C'est comme en montagne, toutes les expressions me plaisent, même la pluie, la saucée prise en grimpant qui ne refroidit pas le corps et n'a pas besoin d'abri.
Aussi ai-je décidé que ma définition du mot « amour » était : toi. Je t'appelle « ammoremio » ou bien « ammoremi ». Tu dis que ça devrait être plus que ça, que je dois t'aimer encore plus. Je ne sais pas ce qu'est ce « plus », en quoi il consiste.
Je reconnais que je suis médiocre avec toi.

Erri de Luca

Impossible 

Gallimard p 29








"Le romancier italien Erri De Luca donne dans Impossible (Gallimard) paru le 20 août dans la rentrée littéraire, la quintessence de ce qui anime son œuvre et sa vie depuis ses débuts.

Dans son précédent ouvrage, Le tour de l'oie, un dialogue avec le fils qu'il n'a jamais eu, le romancier Italien de 70 ans entamait déjà une forme d'introspection, un état des lieux d'une existence riche et singulière.

Avec Impossible, Erri de Luca dessine un personnage qui compte avec lui-même de nombreux points communs. Dans un dialogue entre un juge d'instruction et un homme soupçonné de meurtre et placé en garde à vue après la mort accidentelle d'un autre en montagne, l'auteur de Montedidio met en scène tous les grands thèmes qui lui sont chers : la justice, la liberté, le combat politique, la trahison, l'amour et la montagne... Tout ça dans une forme quasi platonicienne." (extrait article France Culture)


Impossible Erri de Luca





1 commentaire:

  1. Intéressante, et comme toujours bien écrite, cette perspective sur l'amour
    Trop masochiste? C'est possible.
    Mais je pencherais plutôt, même si le doute subsiste, pour une approche d'une humilité toujours plus grande comme un Graal à conquérir jusqu'à l'obtention d'une certaine forme de sainteté, ardemment désirée, depuis l'origine.
    Cela a le mérite de mettre en évidence que si nous devons sans cesse tendre vers l'impossible perfection, il convient en amour, qui n'a d'existence réelle que dans le partage, d'accepter que cette quête de perfection soit aussi totalement partagée par l'autre.
    Sans quoi le contrat amoureux qui préside à l'essentiel, je veux dire "la relation", est léonin.CR

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