vendredi 4 avril 2014

Poème XV ( Pablo Neruda )



Tu me plais quand tu te tais
( Mi gustas cuando callas )

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente,
Et tu m'entends de loin, et ma voix point ne te touche.
On dirait que tes yeux se seraient envolés
Et on dirait qu'un baiser t'aurait scellé la bouche.

Comme toutes les choses sont emplies de mon âme
Tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
Et tu ressembles au mot mélancolie.

Tu me plais quand tu te tais et sembles distante.
Et tu sembles gémir,papillon dans la berceuse.
Et tu m'entends de loin, et ma voix ne t'atteint pas:
Laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence
Clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, muette et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et simple.

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente.
Distante et endolorie comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et la joie que ce ne soit pas vrai, la joie m'emporte.




Pablo Neruda
Poésie/Gallimard, juillet 2013 pour la dernière édition ( bilingue).
Traduction de Claude Couffon et Christian Rinderknecht.



 Ce poème m'a été offert par mon amie Martine C. pour le jour anniversaire de Fabrice.
Je la remercie du fond du coeur

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