Rien de plus affreux que le langage poétisé, que des mots trop jolis
gracieusement liés à d'autres perles. La poésie véritable s'accommode de
nudités crues, de planches qui ne sont pas de salut, de larmes qui ne
sont pas irisées. Elle sait qu'il y a des déserts de sable et des
déserts de boue, des parquets cirés, des chevelures décoiffées, des
mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables, des idiots
superbes, toutes les sortes de chiens, des balais, des fleurs dans
l'herbe, des fleurs sur les tombes.
Paul Eluard,
Les Sentiers et les routes de la poésie
https://ec56229aec51f1baff1d-185c3068e22352c56024573e929788ff.ssl.cf1.rackcdn.com/attachments/original/1/5/1/002624151.pdf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire