dimanche 3 août 2014

Yannis Livadas

Yannis Livadas [Népenthès N°7/Juillet 2013]

Posté le 17 juillet 2013 par bernardlherbier dans Yannis Livadas
Yannis Livadas [Népenthès N°7/Juillet 2013] dans Yannis Livadas livadas
Yannis Livadas est né en Grèce, en 1969. Il est poète, éditeur, chroniqueur et traducteur. Il a fait une grande variété de travaux dans sa vie. Ses poèmes ont paru en langue grecque, américaine, française, indienne, croate, irlandaise, espagnole et serbe. Il vit à Paris.
Bibliographie:
Réaction expressionniste (Athènes, Akron 2000), Réception de la poésie de détail (Athènes, Akron 2002), L’annexe de l’émotion tempérée (Athènes, Indiktos 2003), Novembre dans le monde (Athènes, Akron 2005), Les Vers suspendus de Babylone (Athènes, Melani 2007), John Coltrane et 12 Poèmes pour Jazz (Athènes,  Apopeira 2007), Victoire Aptère /Business/Sphinx (Athènes, Heridanos 2008), John Coltrane et 15 Poèmes pour Jazz (C.C. Marimbo San Francisco, USA 2008), 40a (Athènes 2009), l’Étoile Espace électrique / Une anthologie internationale des écrivains marginaux [Est inclus avec 4 poèmes] (Inde, Graffiti Kolkata, 2010), Les marges d’un homme central (Inde, Graffiti Kolkata 2010), Ati – Poèmes Dispersés 2001-2009 (Athènes, Kedros Publications 2011), Kelifus (France, Cold Turkey Press 2011), Ravaged By The Hand Of Beauty (France, Cold Turkey Press 2012), Bezumlje (Serbie, Peti Talas 2012), La Chope Daguerre et poèmes de Coquille (Athènes, Kedros Publications 2013).
Site: http://livadaspoetry.blogspot.fr
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Sans titre

Ceci est la coutume de l’écriture d’un poème
dans la vigile de Noël –
attrapé certaines fois au piège
de la conclusion il boit à son propre sang
avec Dex Gordon une chaise crasseuse
et des mégots –
hélas dans cet isolement esthétique
il se sent un peu joyeux là où il se sent un peu
enivré un peu joyeux pour peu de temps
depuis des années maintenant dans cette coutume dissolvante
un peu plus encore attristé avec ce
torse inébranlablement emporté des soupirs ;
les notes dansent avec la poussière sur le plancher
il agrippe le bras de la chaise
un océan qui empoigne
ses lèvres s’ouvrent et se ferment silence
on dirait qu’il y a du silence
il regrette de se souvenir
mais c’est la coutume d’un poème
(il va écrire à nouveau à présent)
le monde s’assure en éteignant les lampes
lui il a la nuit pour costume
et l’obscurité pour
lumières intérieures.
 __________
 Samedi

Samedi
Je suis là
lui
Qui vient et vit
Ma vie
Quelque chose nous rapproche
Une chaussette usagée de la mort
Et d’autres choses
Je vois l’utérus de sa mère
Qui s’est desséché à attendre son retour
L’utérus de ma propre mère
Qui à l’entour a étalé des journaux
Pour au plus tôt m’entendre arriver
Je marche sur les premières pages
Habillé en l’autre et il me reconnaît
Samedi
Je reste immobile
Je fais comme si j’attendais que le poème
Soit passé.
 __________
 Capra Black

Des odes enterrées
Usurpées
Souvent je les vois qui balayent
Les allées que j’avais l’habitude de contempler
À travers ces yeux –
Mais à présent il faut que je me taise à nouveau
Et peut-être a-t-il prouvé son erreur cet
Oracle qui parla de quelque chose qu’avait montré
La télévision –
Des arbres qui parlèrent dans leur sommeil
Avec le rêve de l’étrangeté de leur voix.
Loin de villes que je connus
De carrières inexprimables
Où la lune gravait la forme d’un
Bouddha.
Le silence
Dit-on (!)
Il apparaît tel un funambule
Et d’en dessous des troncs gigantesques
Des arbres de la Mort fleurissent
à chaque mouvement.

Je bois donc à ta coupe
Comme le mort à ton âme.
__________ 
 Poème Lacune

C’est le premier poème
Le premier que j’écris éveillé
Avec les cloches liées à mes mains
Semblables aux
Meules émoussées
Par l’usage aux endroits ordinaires

Je ne veux pas que ce que j’écris
Soit

De meilleurs mots
Les mots ne m’intéressent pas

Le poème c’est la fougue dans le poème

Pantalons retroussés aux jambes de la mort

Ce premier poème est
Comme tout le
Reste
Tu ne viens que de loin

Par conséquent persévère

Je t’attends
À l’intérieur.
 __________
 Je m’assieds sur toutes les chaises

Je m’assieds sur toutes les chaises
Parce qu’il n’y a pas de place
Pour l’art
Quand a commencé
2008 2011
Ou 2012

Des gouttes de ma chemise
Qui sèche
Les carillons de Sainte Geneviève

Vu que les branches ne sont pas des dépositaires
Les démocrates sont faits
Pour tomber des nuages.

L’impitoyable en tête.
Une couronne de nuit dans l’évidence.
Les problèmes sont solution.

Mes os soupe
À l’intérieur dans la boue
de ma tombe.
 __________
 Ma poésie

1.
Ma poésie
Brûle dans tous les feux du monde
Billet d’entrée
Mon cœur
Avec les flammes venant de tous les cœurs du monde
Passeport
Les rythmes des moyennes
Latitudes
J’écris de l’intérieur de mon estomac
Chaque petit rien ouvert
À demi fermé
Et aussi les lignes qu’ont sur elles mes paumes
La lombalgie du temps ;
Toutes ces choses adviennent
Pour que je ne parle pas à nouveau
C’est si inadéquat
Que tu parles
D’une certaine manière.
Laisse-moi.

 2.
Ier Juillet 2009 2:21
Je passe la nuit avec du vin de liqueur
Et je fais que cesse un recommencement
Comme quelqu’un qui change le papier toilette quand il n’y en a plus
Je suis un homme qui ne pense pas
Et n’a qu’une deuxième personne
La première personne je l’ai flinguée un matin
Qui voulait me contraindre par force
Mais des mois ont passés depuis
Et elle est éradiquée
Et vint Juillet
Je compte mes sous : je ne gagne pas de quoi finir le mois
Mais c’est exactement ce dont j’ai besoin
Pour le voyage non justifié de ma vie
Tout ce que je peux dire
emporte au loin les mots
Et les viole.
 _________________________
Tous textes : © Yannis Livadas
Traductrice : Anne Personnaz 

http://paraphes.unblog.fr/2013/07/17/yannis-livadas-nepenthes-n%C2%B07juillet-2013/?fb_action_ids=790756527621329&fb_action_types=og.likes&fb_source=feed_opengraph&action_object_map={%22790756527621329%22%3A331850256947537}&action_type_map={%22790756527621329%22%3A%22og.likes%22}&action_ref_map=[]

1 commentaire:

  1. Voilà une poésie nerveuse. Des mots, des ellipses, des images comme sorties d'un lance-flamme. On sent le brasier qui en est l'origine et la soif permanente de l'entretenir.
    Cristian

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