dimanche 15 mars 2015

A quatre mains, de F.Ruban

                                                                       Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
                                                                       Et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne

                                                                                            G.Apollinaire




Sous le regard tendrement aveuglé
de la dame blanche assise solitaire
sur le rebord de ma fenêtre
à la lueur de l'astre lunaire
Ecouter tes silences
Respirer les mots égrenés
au crépuscule - ou à l'aube naissante
Déployer mes poumons resserrés
Tendre mon coeur assoiffé
A la tièdeur du ciel de juin
Sonate au clair de lune
Solstice de l'âme
Feux de la St Jean

T'offrir les senteurs musquées
entrées
sur la pointe des pieds
    dansantes sous mes paupières
        entrouvertes
           à la Vie

Emotions croisées ébouriffées
cavales sauvages envolées
avec le bruissement d'ailes de ma visiteuse nocturne
sur une mélodie de Barbara

T'offrir ce désir
     de partir de courir et surtout
          tout près
me réjouir de ton rire

De mes doigts impatients enfiévrés
Ô caresser sur tes lèvres
ces mots-images
beaucoup trop sages
ces mots dessinés
sur la feuille blanche
avec l'encre bleue des vagues gonflées
au rythme des marées

Ecrire à quatre mains
enfin...

Suspendre un instant
les rumeurs souillées de sang
sous les coups assourdissants des tueurs fous
qui massacrent et déboisent l'âme humaine

Je veux pour cet instant
l'Eternité
de la Vie qui frémit
de l'Amour qui prie
Je veux pour cet instant
l'Immortalité
au-delà du linceul
enfoui
sous la pierre tombale

 ©     FR

le 29 juin 2012

Tous droits réservés
Protégé par copyright

Poème extrait de "L'Âme des marées"
recueil publié en octobre 2014
Epingle à nourrice éditions


crédit photos fruban

2 commentaires:

  1. Quelle belle architecture poétique faite d'élans émotionnels toujours maitrisés afin que la pudeur qu'ils véhiculent, accompagnée d'une grande sensibilité, dévoile sans ambiguïté une belle lucidité.
    La langue, ciment de cette architecture, est belle, simple, chaleureuse, fiévreuse, chatoyante, ou ténébreuse selon nécessité. Mais le choix n'est jamais dû au hasard. Il est pensé, voulu pour coller au plus près du ressenti.
    Ton vieil ami, le cachalot remonté de ses fonds océaniques.
    Cristian R.

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  2. Cristian, mon très cher Cachalot, merci pour l'accueil bienveillant et chaleureux que tu as toujours offert à mes poèmes ! Ta lecture, ton regard et tes mots m'encouragent et me donnent des ailes pour continuer le chemin poétique emprunté presque par hasard. Beckett disait que "les mots sont des trous dans le silence"... cette idée me plaît et me correspond si bien.
    Françoise, ta sirène qui bientôt va rejoindre l'Océan.

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