mercredi 18 mars 2015

Noctuelles de Jacques Calonne, par Cristian Ronsmans et conférence Frédéric Baal

Jacques et Edouard au Salon du livre de Bruxelles, photo Cristian R




Marcher dans les pas de Jacques Calonne un soir de mars, empruntant le dédale de ses pérégrinations de chasseur de noctuelles qui se brûlent à la flamme, comme il le dit dans sa chanson, relève d’un parcours effectué dans un étant donné, qui se mute en remembrance.
Ce parcours de métalepse jusqu’à Pierre le Grand, tsar de toutes les Russies, en passant par « le bossu » et ses clochards encordés jusqu’à l’aube, est une déambulation en noir et blanc, avec le plus surprenant des géants, comme au temps des Frères Lumière projetant « l’arroseur arrosé » sous le « Parapluie de Bruxelles »
Ce géant est notre ami Jacques Calonne, à la toque voltairienne aujourd’hui, qui nous a convié hier soir à prendre la foulée des ses grandes enjambées de dandy dégingandé d’autrefois, dans un Bruxelles, couleur de billes et d’hidalgo Sandeman, bel enténébré sur métal ou sur la brique rouge de nos façades.
Nous étions tous là, où presque.
Une petite cinquantaine de ses vieux amis qui ont égrenés son existence, à moins que ce ne soit lui qui en vérité a égrené la nôtre, dans cette délicieuse quiétude du souvenir en compagnie d’un Jacques à la fois heureux, un peu troublé, et toujours aussi prompt à charger son fusil à tirer dans les coins. Pas de balles perdues avec Jacques !
Et soudain l’étant donné, dans sa remembrance atteinte, devient un étant-être et nous étions, oui, nous étions…. bien, entre nous, Claude, Tito, Noël, Monique, et les autres, tous avec Jacques, entre soupe et spaghetti, bières et vins rouges à échanger nos souvenirs, Cobra, Dotremont, Marïen , tout cela …… dans la chaleur d’une fleur en papier dorée aux allures de Cerisaie marollienne et poétique.
Merci ,cher Jacques, merci, j’allais l’oublier, pour ce joli pot à tabac aux motifs de Delft qui trône sur ma cheminée, et que tu m’as offert un jour là, dans cette maison, au 4ème étage où tu rentres …à la fin du film !
On t’embrasse.

Cristian Ronsmans







3 commentaires:

  1. Ah merci ma chère Nanouchka. Voilà 43 ans que je connais cet improbable ténor mondain, plus jeune membre du mouvement surréaliste Cobra, compositeur de musique dodécaphonique (salué par Stockhausen et Pierre Boulez qui dirigea son œuvre "Metalepse" et gastrosophe. Il reste aujourd'hui encore le plus excentrique te le plus dandy de tous les artistes marginaux belges. Tous ces amis de l'extravagance culturelle et intellectuelle tenaient à rendre hommage à celui qui leur a ouvert la voie et tant d'autres pistes qu'on découvre encore aujourd'hui. Jacques Calonne habite Bruxelles, il a 85 ans, ricane toujours autant et se porte bien.

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  2. Frédéric Baal21 mars 2015 à 10:55

    Merci Françoise de relayer la sortie de ce magnifique livre autour de mon ami et mentor, Jacques Calonne. Grand merci aussi à Cristian Ronsmans pour son brillant commentaire.

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  3. Relire cet article, regarder la vidéo le 9 février 2022,alors que Jacques Calonne vient de nous quitter, est bouleversant. J'en ai les larmes aux yeux.

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