mercredi 22 avril 2015

Le noir éclabousse le bleu, par Françoise Ruban

Il me devient de plus en plus difficile, de jour en jour, de savoir que penser, que dire, qu'échanger, face à la lourdeur du monde. Devrais-je me taire, puisque les mots sont si dérisoires ? Devrais-je dénoncer encore et encore, faire oeuvre militante ? Devrais-je feindre d'ignorer toutes ces victimes, en Méditerranée, parce qu'ils rêvaient d'un monde meilleur qu'ils achetèrent au prix de la mort ? Devrais-je offrir poèmes, musiques ou photos, quand bien même le coeur n'y est plus ? Devrais-je continuer à croire que seuls la Beauté et l'Amour sauveront le monde, alors qu'à chaque instant, on massacre au nom de la religion ? Alors qu'autour de moi, je ne vois qu'insolence, mensonge, et impuissance des politiciens ?
Et pourtant, la Nature est tellement belle ! Il suffirait de la contempler, d'écouter les promesses qu'elle renouvelle au rythme des saisons. Je le fais bien sûr, mais est-ce ma faute si le noir éclabousse le bleu?

fruban

le 20 avril 2015


Dessin de Plantu

1 commentaire:

  1. N'y voir que du bleu dans le tableau que le monde nous donne à voir revient à se laisser abuser par sa noirceur. Cette noirceur lui va très bien car elle est le reflet, quelles que soient les époques, de la capacité extraordinaire du monde non sans une complaisance morbide à se détruire au quotidien. Ce noir souille le bleu depuis toujours avec plus ou moins de force, selon le contexte général de l'état du monde, ce grand malade sado-maso.
    Le bleu a toujours du mal à s'imposer et échapper à la tyrannie de la haine. Le bleu est une utopie et le monde est suicidaire en raison de la haine comme un cancer que le monde porte en lui depuis son origine. Le bleu est donc une utopie. Une utopie qui rêve que la haine peut être refoulée. Le jour où le bleu disparaitra le monde disparaitra dans la noirceur des ténèbres et le vide du silence absolu.
    Le bleu est indispensable pour nous donner à y croire encore quand on sait qu'il ne sert à rien de croire. Le mal et la haine sont viscéraux et le propre de l'homme qui n'arrive pas à se faire à l'idée qu'il n'est pas Dieu.

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